jeudi, avril 06, 2006

jeudi 6 avril

- « Marc Perrone / Velverde », Le Chant du Monde, 1988 & 2005.


Outre le son de Marc Perrone, et son phrasé, j’aime bien retrouver dans ce disque un certain nombre de caractéristiques fortes de son œuvre. C’est comme retrouver un copain avec qui on a un telle complicité qu’on peut se perdre de vue (ou d’ouïe) quelque temps, aussitôt qu’on est ensemble, on est en accord. On se dit immédiatement, c’est bien lui, il a peut-être un peu changé, plutôt en bien, mais il est resté le même.

Parmi ces caractéristiques, il y a ce que j’appelle des enchaînements. Je préfère ce mot à celui de mélange, car pour moi le mélange évoque l’idée que les éléments mis ensemble perdent leurs propriétés et leur identité, alors que la notion d’enchaînement évoque l’idée d’articulation entre des maillons et que c’est bien l’articulation, la jointure, l’attache qui me paraissent définir l’originalité de Perrone. L’interprétation de chaque morceau est évidemment fondamentale, mais ce que j’aime particulièrement, c’est l’attente et la surprise du passage. On est encore ici et déjà ailleurs…

Enchaînements éclectiques, chansons populaires, « swing musette », musiques de films, les îles, les Caraïbes et l’Irlande :

- A Paris dans chaque faubourg / Nous sommes seuls (4 :22)
- Suite Merengue (4 :55)
- Germaine / Soir de Paris (3 :19)
- Hommage à Nino Rota (9 :05)
- Suite irlandaise (3 :39)… et ses percussions à pieds
- Jeannette / La valse à Jo (3 :30)
- Des anches passent (4 :50)

« Des anches passent », ce pourrait être un beau titre d’album. Ce dernier titre nous rappelle que, parmi ses copains, Marc Perrone compte Bernard Lubat et André Minvielle.. Le jeu avec les mots, jeu qui n’est jamais gratuit, est une préoccupation permanente, une manière de percevoir et de construire le monde. Ce n’est certes pas par hasard si Uzeste Musical figure dans les remerciements. C’est ainsi que, tel le diable de sa boite, on voit surgir l’intrigant Rocarocolo, dont on aura la clé dans « Jacaranda ». Perrone, Minvielle, Sclavis, c’est quelque chose ! Les derviches tourneurs au cœur des landes girondines…

Mais il faut encore parler des compagnons… toujours nombreux. Il faut les citer : Azzolla, Chantran, Chartrand, Duprat, Lubat, Minvielle, Sclavis, Ringenbach, Texier, Tuveri. Cinq ne sont plus là, quatre sont les mêmes, six sont venus les rejoindre. Un groupe vivant ! Identité : permanence et renouvellement.

Le disque s’ouvre et se clôt sur son titre éponyme : « Velverde » et c’est superbe ! Perrone compositeur, sans oublier les arrangements de Lubat pour la version d’ouverture.