lundi, avril 10, 2006

mardi 11 avril

… Retour en arrière. Samedi après-midi, 15h30. Médiathèque José Cabanis. Nadja emprunte quelques livres et deux cds pour Camille et Charlotte. Je profite de l’occasion pour jeter un coup d’œil sur le rayon jazz. En général, les disques de Galliano sont toujours indisponibles. Par chance, cette fois-ci, il reste une pochette plastique, souple mais assez lourde, dont je vois d’emblée qu’elle est constituée d’un livret de plusieurs pages, de trois fiches cartonnées et de trois disques. Je reconnais tout de suite les « Concerts inédits ». Sauf erreur de ma part, cet intitulé ne figure nulle part, même s’il est en toute lettres sur le ticket d’emprunt :

titre : concerts inédits
auteur : Richard Galliano
n° de docu 30170007134633
dû : 29/04/2006, 23 :59


La couverture, à partir d’une photographie de scène, dans des tons chauds, brun, orange, miel, blanc et noir, représente le visage de Richard Galliano, les yeux clos, son avant-bras gauche maintenant son Victoria contre son corps. En surimpression, traversant le milieu de la page horizontalement, le nom « GALLIANO » et, encore en surimpression sur ce nom, « la scène jusqu’à la transe ». Le livret, fort intéressant, relève de ce que j’appelle une biographie de l’intérieur. J’entends par biographie de l’intérieur une biographie qui essaie de retracer le vécu d’un parcours personnel à travers ses moments psychologiques cruciaux, en particulier les rencontres, par opposition à une biographie de l’extérieur qui reconstitue une vie comme une trajectoire à travers des faits et des dates, précis et objectifs mais dépourvus de sens. J’en retiens surtout deux images : un portrait de Richard Galliano à 7 ans et une photographie où il est près de son père, tous les deux jouant de l’accordéon. Petit Galliano deviendra grand… J’en retiens aussi plusieurs autres photographies où la relation fusionnelle entre Richard Galliano et son Victoria « saute aux yeux ».

Les trois fiches cartonnées décrivent le contenu des trois disques :

- « Solo, Richard Galliano », Enregistrement public au Museo Emilio Greco à Orvieto (Italie), le 31 décembre 1998, lors du festival Umbria Jazz Winter.
- « Duo, Richard Galliano / Michel Portal », Enregistrement public dans les studios de la radio NDR à Hambourg (Allemagne), le 29 octobre 1998.
- « Trio, Richard Galliano / Daniel Humair / Jean-François Jenny-Clark », Enregistrement public au Festival de Jazz de Montreux (Suisse), le 10 juillet 1996.

Je note, en observant l’ordre chronologique, que ces enregistrements vont de juillet 1996 pour le trio, à octobre 1998 pour le duo et enfin au dernier jour de 1998 pour le solo. On passe ainsi du trio au solo. Faut-il donner un sens à ce passage ? Faut-il y voir un travail de recherche et d’approfondissement qui conduirait nécessairement au solo ? Je ne le crois pas… Il me semble en effet que ce qui caractérise le parcours de Richard Galliano, c’est plutôt la pulsation et l’alternance entre différentes sortes de formations et différents styles : septet, quatuor, trio, duo, solo… Mais en même temps on peut se demander si le solo n’est pas une manière de se situer, de se donner des repères, à partir de quoi tous les compagnonnages deviennent possibles. Je pense par exemple à Piazzolla interprété en solo, puis quelques années plus tard en septet. On trouverait sans effort bien d’autres exemples dans l'oeuvre de Richard Galliano.

En tout cas, j’en suis à la deuxième écoute des trois disques… et je sens bien que ce n’est pas fini de sitôt. Je note qu’on ne retrouve aucun titre présent sur les trois, mais qu’en revanche quelques uns figurent sur deux d’entre eux. Par exemple :

- Tango pour Claude ou Libertango en « Trio » et « Duo »,
- Taraf en « Duo » et « Solo ».

J’ai bien conscience que notre époque manie facilement le superlatif et que plusieurs fois par an on nous annonce des enregistrements historiques, qui finiront d’ici peu dans l’oubli, remplacés par d’autres enregistrements mythiques, et ainsi de suite… mais en l’occurrence, au moment même où j’écoute « Solo » et ces trois « Concerts inédits » en écrivant ces lignes, j’ai le sentiment d’écouter un chef-d’oeuvre.

Un dernier mot : durant le week-end, les catalpas et les figuiers du jardin se sont couverts de feuilles quasiment à vue d’œil. Celles des catalpas sont comme des rosaces ; celles des figuiers sont plus arrondies. Elles ont le même vert tendre ourlé de blanc. On pense déjà à l’ombre bienfaisante des catalpas et aux allées mauves et sucrées sous les figuiers.

Post-scriptum : ce lundi 10 avril, 14h05, Virgin, près du Capitole, nous achetons le dernier opus de Gotan Project :

- "Gotan Project, Lunatico", Ya Basta ! Science & Mélodie, 2006.

Sur le chemin du retour vers la maison, nous écoutons quelques titres pour avoir une première impression. Le son Gotan Project est bien là ; à première écoute, ce son est moins brutal que dans les disques précédents. Impression à vérifier. La force hypnotique est bien présente.

Nous notons au passage les noms de Nini Flores, Nestor Marconi, JuanJo Mosalini, Victor Villena aux bandonéons. Mais aussi Minimo Garay, Rudi Flores, Gustavo Beytelmann, Patrice Caratini, et bien d'autres que nous ne connaissons pas et que avons hâte de découvrir...