mardi, avril 11, 2006

mercredi 12 avril

Après avoir conduit Charlotte à son école et Camille chez Martine Nounou, nous rentrons à Pau. Aux environs de Toulouse, sur quelques kilomètres, il y a, de part et d'autre de l'autoroute, d'immenses surfaces carrées ou rectangulaires, à la géométrie parfaite. On les dirait tracées par un artiste plasticien, adepte du Land Art. Ces surfaces semblent être placées ici et là pour orienter le paysage et pour en donner la mesure. En ce sens, on peut à bon droit parler d'agriculture géométrique. On pourrait croire que leur couleur, si pure qu'elle semble être le produit de quelque artifice, est destinée à mieux faire percevoir, par contraste les bruns ou les verts des sols alentour. Cette couleur, à peine moirée par une brise nonchalante, est d'un jaune si intense qu'il oblige à cligner des yeux. Ce sont des champs de colza. Ensuite, la route est superbe avec les Pyrénées encore enneigées sur notre gauche...

… depuis notre retour à Pau, nous écoutons attentivement le dernier opus de Gotan Project :

- « Gotan Project Lunatico », Ya Basta ! / Science & Mélodie, 2006.

Une pochette minimaliste, façon art conceptuel. J’ai cru reconnaître sur les photographies en noir et blanc des joueurs de polo… argentins. Par contre, j’ai bien reconnu la musique hypnotique des disques précédents, les pulsations lourdes issues du croisement délibéré entre des rythmes industriels et biologiques, artificiels et vitaux. Une musique pour un monde de mégalopoles, imaginé par des urbanistes de la nuit associés à des ingénieurs en biologie des passions. Un monde d'êtres fluides, en flux et reflux perpétuels.

J’ai beaucoup aimé…

- le son de Gotan Project
- la voix de Cristina Villalonga : Amor Porteno, Diferente, Celos, Tango Cancion
- le piano de G. Beytelmann
- les bandonéons
- les violons, façon Orquesta tipica ou grand orchestre de Juan-José Mosalini : Lunatico, Criminal
- l’intervention de Juan Carlos Caceres : Notas
- le rap / tango de Mi Confesion
- le bandonéon de La Vigüela
- la voix et le bandonéon de Domingo
- les percussions, façon Afrique, de Minimo Garay : Paris, Texas
- et, entre les pistes, les échos assourdis de conversations chics, les fumées bleues et languides d’énormes cigares, les odeurs froides d’alcools forts, une ambiance façon cafés rétros de Buenos-Aires…

A propos de la voix de Cristina Villalonga, une phrase m’est venue à l’esprit :

- sa voix instille entre nos sensations des langueurs de ciguë sucrée…