lundi, juillet 03, 2006

lundi 3 juillet

Retour sur les concerts de Macias et de Lacaille.

Le concert du quartet de Michel Macias se déploie entre Germaine et Indifférence. Au milieu, Caï Caï Caï, que j’attends toujours avec la même envie et qui chaque fois m’émeut avec la même intensité. Je trouve que c’est un vrai air traditionnel, qui dit quelque chose de primordial. C’est cette profondeur et cette simplicité qui sont si émouvantes. Et l’interprétation sans fioritures y ajoute une authenticité rare. Je sens comme un accord essentiel entre cette chanson et l’âme du quatuor. On a droit aussi à Lo curé de la capéla, que je trouve rigolo. Mais il y a aussi d’autres morceaux que j’écoute toujours avec un même plaisir : Romska Elégija, La morsure, Salé fort, Salsa Lubat (hommage à Bernard Lubat et à la musique de Gascogne et d’ailleurs).

Chaque fois que j’ai l’occasion d’écouter Michel Macias, je suis frappé par deux de ses comportements opposés l’un à l’autre : d’une part, une sorte de détente et d’abandon, soufflet déployé et, si j’ose dire, relâché, état fugitif certes mais nettement perceptible, que je qualifierais de pôle zen de son jeu ; d’autre part, une sorte de tension, de crispation extrême, de densité dans le repliement sur son accordéon, comme s’il s’agissait d’atteindre un degré de concentration à la limite du supportable, un état de cristallisation… avant, parce que ce n’est pas longtemps soutenable, de rejeter sa tête en arrière, les yeux clos, tendu vers… ailleurs !

Le concert du quintet de René Lacaille est d’une tout autre nature. L’organisation de sa formation est caractéristique : au centre, René Lacaille avec son accordéon et bien d’autres instruments : de percussions, à cordes, à vent (disons, à nez)… Il en joue comme un gamin émerveillé par ses propres trouvailles. Il est entouré par trois percussionnistes placés derrière lui. Tous des Lacaille ! Ceux-ci, beaucoup plus jeunes que lui, le soutiennent en permanence, mais en même temps on sent bien que c’est lui, le repère. L’heureux père ! A sa droite, sur le même plan, Aldo Guinard, saxophone ou flute traversière. Plusieurs dialogues entre eux ont un punch (des iles) étonnant. On retrouve avec joie et gourmandise plusieurs morceaux de « Patanpo » et de « Mapou » et quelques titres authentiquement jazz (il s’agit bien d’un festival de jazz à Oloron).

Et puis, le final, après deux longs rappels, un final quelque peu délirant. On pose l’accordéon, on oublie tous les instruments, les mains suffisent comme percussions… Tout le monde en scène pour de longues minutes. Chauffe René !