mardi, septembre 19, 2006

mercredi 20 septembre

L’arrière saison en pays béarnais est magnifique. Les fortes pluies de ces derniers jours ont lavé le paysage. L’herbe et les arbres sont d’un vert profond, avec ici ou là quelques taches jaunes ou déjà rouges. Pas un seul nuage dans le ciel. Aux portes de la ville de Pau, la muraille des Pyrénées, grise, bleue, verte, avec deux ou trois taches blanches. Les premières neiges sont tombées sur les plus hauts sommets. A peine a-t-on rangé les affaires de plage qu’il faut penser à farter les skis. Pas de répit !

Nous profitons de ce temps idéal, 25 ° et pas un souffle de vent, pour faire la route des vins de Jurançon. Une cinquantaine de kilomètres à partir de Pau, des vignes en terrasses ou en amphithéâtres, à flancs de coteaux. La géométrie des ceps de vignes annonce la finesse et la douceur des vins à venir. Il faut avoir vu la couleur des vins de Jurançon, l’infinie variété de leur couleur jaune ; il faut avoir goûté ces vins, secs ou moelleux, pour saisir intimement ce que signifie « in vino veritas ». Le jurançon sera philosophique ou ne sera pas !

Au retour, nous faisons un détour par le « village » des « Compagnons d’Emmaüs », dans la banlieue de Pau. A l’entrée, un curieux wagon, réformé par la SNCF et décoré par les compagnons, tient lieu de bistrot. Nous apportons du matériel informatique antédiluvien : ordinateur Thomson TO7 avec ses périphériques et des disquettes en basic ; Atari avec des logiciels de jeux, à quoi s’ajoutent un magnétophone Gründig à quatre pistes avec plusieurs galettes de bandes et une machine à écrire électrique à marguerites…

Nous en profitons pour parcourir les allées où sont exposés les objets mis en vente, certains restaurés et garantis en état de marche, d’autres présentés en l’état, bruts de décoffrage. Parmi un grand nombre de ces choses que la vie a amenées ici, nous remarquons des malles, des sacs de voyage en cuir avec des fermoirs métalliques, des appareils de photographie, dont plusieurs « Kodak », une « Remington » en très bon état, façon "privé de New-York" des années d'après guerre, des appareils de T.S.F. avec leurs lampes, des poupées, des chaussures et parmi celles-ci des sabots, des meubles, en particulier des tables et des armoires, de la vaisselle et des brocs pour la toilette. Un capharnaüm d’où émergent pour nous un accordéon et une armoire à glace.

Je photographie l’accordéon. Un compagnon s’approche et, croisant mon regard, me dit : « Il a beaucoup vécu… ». J’acquiesce. Je lui dis : « Oui… il a vu du pays ! ».
Plus tard, je photographie une armoire. Chose étrange, je suis face à celle-ci, mais mon image ne s’y reflète pas. Sans doute un miroir à la manière de Cocteau…