vendredi, septembre 15, 2006

samedi 16 septembre




Tout en feuilletant le bouquin de Doisneau, je me rappelle un autre bouquin de photographies de Brassaï, dans lequel il y a aussi des clichés d’accordéons et de bistrots. Je n’arrive pas à me rappeler le titre, mais une recherche rapide me permet d’y mettre la main dessus :

- « Paris Tendresse », Brassaï & Modiano, éditions Hoëbeke, 1990.

Ce livre est tiré d’une exposition du même nom, présentée à la Fnac en 1988, lors du mois de la photo à Paris. Les photographies ont été prises dans les années 30-50. Jai une grande admiration pour Brassaï, que je tiens pour l’égal de Cartier-Bresson, même si sa production est moins abondante et moins diversifiée. Comme Cartier-Bresson, il a le sens de l’instant décisif. Ses images de Paris la nuit sont, à mon sens, définitives. La géométrie des constructions, le jeu des noirs et des blancs… on peut parler de rencontre du hasard et de la nécessité, ce qui est bien le propre des œuvres d’art.

Dans ce bouquin donc, je retrouve trois photographies :

- page 35, « le vieil accordéonistes », sans date.
- page 51, « le bal musette à la Boule Rouge », vers 1935-36
- page 52, « mon cœur balance, la chanteuse Kiki de Montparnasse », 1933.

L’accordéon du « vieil accordéoniste » porte ces indications : Comm. Paolo Soprani & Figli, Castelfidardo, Italia. Une lyre entourée de deux angelots figure comme marque de fabrique. Castelfidardo, ça fait rêver. Tout y est : la perfection technique, le regard plein de tendresse de Brassaï pour l’accordéoniste et, en retour, le regard plein d’attention de celui-ci pour Brassaï.

Quant à la photographie de « La Boule Rouge », en observant bien, on voit au fond à droite un accordéoniste à côté du guitariste. Inutile d’insister encore sur la perfection technique. On sent bien ce qu’est le bal musette.

Sur la dernière photographie, on peut lire ces indications : Ranco Guglielmo, Vercelli Italia et un nom : Jean Marouis. Est-ce celui de l’accordéoniste ? J’en doute, car une adresse figure au-dessous, où je ne peux déchiffrer que « rue » et « Paris » et peut-être « de Flandre ». Il ne me parait guère d’usage que l’accordéoniste ait son adresse sur son instrument. Est-ce celui d’un facteur d’accordéons ? Je regarde les mains de l’accordéoniste et je me dis que l’on dirait plutôt celles d’un bucheron. Il s’en dégage une impression de puissance qui me fascine.

Pour accompagner cette déambulation imaginaire, un disque s’impose :

- « Balajo » de Jo Privat.

Ce qui me frappe dans la rencontre entre ce disque et ces photographies, ce n’est certes pas la nostalgie qui pourrait s’en dégager, c’est plutôt la manifestation d’un monde avec ses correspondances : la rue, la nuit, l’habitat, le bal musette, les amoureux, les artisans, les gamins, les retraités, les cours intérieures, les fêtes foraines… Un monde sans doute en grande partie imaginaire. Il y a de l’inconscient là-dedans. En tout cas, il m’apparaît de plus en plus évident, à la troisième écoute de « Balajo » que le disque et le bouquin sont indissociables.

.......

En fin d’après-midi, je suis allé à la Fnac pour réserver deux places pour le concert de Daniel Mille Trio à Caveirac, près de Nîmes, le 6 octobre. Ce concert a lieu dans le cadre de « L’agglo au rythme du jazz » et il est situé dans la cave à vin, le Dolium. Tout un programme a priori sympathique.

En parcourant les présentoirs de disques, je tombe sur le dernier opus du groupe de jazz manouche « Les pommes de ma douche », nom qui pourrait intriguer jusqu’à ce que l’on sache qu’il a été obtenu par glissement de « pompe manouche ». Humour verbal !

- « On n’est pas là pour se faire engueuler », 2006, Les pommes de ma douche – Le chant du monde.

Malgré mes recherches, je ne trouve pas leur second disque « J’ai connu de vous Monsieur Trenet ». J’aurais bien aimé compléter la série commencée avec « Y va tomber des cordes », mais pour l’instant il manque à l’appel.

Du coup, en rentrant à la maison, je fais un détour par l’espace culturel de l’hypermarché Leclerc… le dernier disque est là, en bonne place, mais celui que je cherche est tout aussi absent qu’à la Fnac. Alors que j’hésite à le commander, je m’aperçois que le dernier Kepa Junkera est présenté à la vente. Il vient d’arriver et le responsable « musique » m’explique qu’il compte bien en vendre un grand nombre, car cet accordéoniste basque a un public fidèle. C’est pourquoi il en a installé une trentaine d’exemplaires. Je renonce provisoirement à Monsieur Trenet…

- « Hiri », Kepajunkera, Elkar KD-725, l’Autre Distribution, 2006.

« Hiri » signifie la cité, la ville. Je note que le texte de présentation est en quatre langues : basque, anglais, espagnol et français. Il y est question de cité, de désir et d’accordéon. Kepa Junkera, comme dans ses créations précédentes, joue sur plusieurs instruments Zero Sette.