jeudi, octobre 05, 2006

jeudi 5 octobre

Hier, l’idée m’est venue à l’esprit qu’il y avait un accord, une correspondance, une sorte d’identité de nature entre la sagesse stoïcienne et la musique de D. Saluzzi dans « Cité de la Musique » ou de F. Couturier dans « Nostalghia – Song for Tarkovsky ». Déjà, les couvertures d’ECM annoncent si j’ose dire la couleur : rigueur et rigueur sur toute la ligne. Cette identité réside, me semble-t-il, dans une certaine distance au monde, dans une manière de mettre le monde à distance pour en faire un objet de réflexion et non seulement d’impressions ou de sensations. Cette mise à distance vient elle-même d’un travail patient et systématique de ces deux musiciens pour prendre de la distance par rapport à leurs perceptions immédiates et à leurs sentiments spontanés. La distance au monde découle de la distance à soi-même. Je dirais que c’est une musique réflexive. Et dans ce jeu, Saluzzi comme Couturier se sont entourés de musiciens complices, je dirais de musiciens sur la même longueur d’onde. Résultat, une musique épurée, fragile mais obstinée, tendue. A aucun moment on ne sent de la détente ou de l’abandon, encore moins du laisser aller… La beauté et le plaisir que l’on éprouve à les écouter viennent assurément de cette absence absolue de concessions. Je crois que René Char parlait d’une sérénité crispée. L’expression me parait ici tout à fait pertinente. L'esthétique classique distingue Apollon et Dionysos. Ici, on a affaire de toute évidence à un art apollinien. Aux antipodes de "chauffe Marcel..."