samedi, août 11, 2007

dimanche 12 août























Alors que l’été n’est pas encore parvenu au 15 août, les feuilles jaunes et craquantes sous les pas tombent comme en automne. En ouvrant les volets, je découvre les terrasses jonchées de ces petits parchemins, comme si les semaines précédentes avaient manqué d’eau. La terre se craquèle sous les cyprès et l’herbe est rare. Les lauriers roses ont explosé sous le soleil, mais déjà leurs feuilles s’entremêlent au sol comme un tapis de grosses aiguilles. Le temps est délicieux : pas un souffle d’air, pas une trace de nuages, pas un bruit dans le quartier. Les voisins ou bien dorment encore, ou bien sont partis soit en montagne soit à la plage. Les machines font leur office : le lave-vaisselle lave de la vaisselle et le lave-linge lave du linge. Tout est en ordre. Le grille-pain grille des tranches de pain de mie et la bouilloire fait bouillir l’eau pour le thé, que les sachets attendent dans la théière. Chaque chose à sa place tient son rôle avec application et sérieux.
Dans ces conditions, il ne s’agit pas d’écouter n’importe quoi au risque de briser ou simplement d’altérer cette harmonie.

Je choisis l’un de mes disques de prédilection :
- « Accordance », Guy Klucevsek et Alan Bern, Winter & Winter 2000.

Guy Klucevsek, accordéon Titano Piano Bayan et Alan Bern, accordéon Guerrini Classic, Fortepiano Erard 1850 et mélodica Hohner.

Ce disque est l’un de mes préférés pour plusieurs raisons, mais la principale est sans doute ce que j’appellerais la virtuosité culturelle des deux accordéonistes. Par virtuosité culturelle, j’entends que chaque morceau est comme saturé de culture et de références culturelles, mais sans aucun pédantisme, avec tout au contraire une vitalité extraordinaire et pour ainsi dire une spontanéité qui pourrait laisser croire que ça coule de source. Et puis, quel humour, ce qui dénote une distance pleine de santé par rapport à la culture. Il faudrait citer chacun des titres, mais pour m’en tenir à quelques uns je retiens « Life, Liberty and the Prosciutto Happiness », « Angel Blue », « The Gunks », « Astor Place », « Scarlati Fever », « Dueling Dovidls » et « Happy ». Pourquoi d’ailleurs retenir ces titres et non les autres ? C’est l’humeur du moment qui me dicte ce choix, mais je sens bien que la liste pourra se modifier dès la prochaine écoute.
Tout de même, quel plaisir ! Et puis, un disque Winter & Winter, quel bel objet ! Tout cela, c'est de la culture en acte. Si ça n'est pas le bonheur, c'est déjà une image qui en donne une idée.