lundi, janvier 14, 2008

vendredi 18 janvier - jurançon vigneron champlong

Dédié à Jacques Pellarin...







Une heure moins le quart. Françoise s'est attelée à un travail d'écriture assez technique. Moi-même, je continue à parcourir le pourtour de la mer Caspienne en tous sens. Nous n'avons pas vu le temps passer. Nous n'avons pas non plus envie de nous mettre à la cuisine. "Barasser/débarrasser", non, merci, pas pour ce midi. Tout ça, ça finit invariablement chez le chinois. Sur le coup de 14 heures, en sortant du chinois donc, le ciel tout en désordre, traversé par des nuages sombres ou blancs comme du métal en fusion, le vent qui souffle en bourrasques, tout cela nous donne envie d'aller boire un café dans quelque bistrot sur les coteaux de Jurançon. Un petit tour par la route des vins sur les hauteurs de Pau. Vue imprenable sur les Pyrénées qui viennent de se couvrir de neige après quelques jours de redoux.







Le regard, guidé par les rangs de vigne rectilignes, comme par une perspective horizontale, court par delà les différents plans de coteaux jusqu'aux sommets immaculés.




Blanc de la neige, blanc des nuages. Ils ne se confondent pas.












A chaque instant, suivant le régime des vents, le paysage change. Pastel et plein de nuances, il devient tout à coup brutalement contrasté. Les couleurs disparaissent presque pour ne laisser place qu'au noir, au blanc et à des nuances de gris.







Au loin, on entend le bruit du travail des vignerons qui remplacent les poteaux auxquels s'attachera la vigne. Les terres de vignes sont terres de haute civilisation. Il y a de la géomètrie cartésienne là-dedans et de la passion aussi. D'une certaine façon, on retrouve la justesse de l'adage :"In vino veritas". Avec la vigne, on ne peut pas tricher. Je serais bien tenté de risquer une autre traduction :"Le vin, il n'y a que ça de vrai". Mais, bien sûr, je rigole... En ces temps de pensée hygiéniste, on ne doit pas plaisanter avec de telles choses. Donc, j'ajoute :"Avec modération". Ouf !








Le temps de faire un demi-tour sur soi-même et la lumière a changé du tout au tout. Les rangs de vigne semble éclairés de l'intérieur.









Un paysage à géomètrie variable. Le mouvement du soleil trace sur le sol des tissages éphémères. Le mouvement est à peine perceptible ; le sol est comme un tissu écossais tissé peu à peu, jusqu'à ce que le passage de nuages sombres ne vienne tout effacer.










Bien entendu, une fois de plus, je ne résiste pas au plaisir narcissique de me tirer l'auto-portrait. Comme une sorte d'officiant bénissant le vin de messe à venir.



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Mais, me dira-t-on, si l'on voit bien le lien avec le bistrot (le café, le vin), où est le lien avec l'accordéon ? S'il m'est difficile de l'argumenter, ce lien m'est cependant apparu comme une évidence. Alors que je regardais ce piémont à perte de vue en pensant que ce paysage avait été entièrement fabriqué par le travail de plusieurs générations, alors que je le regardais, frappé par le contraste entre le ciel désordonné et la pesanteur formidable de la montagne, un mot m'est venu à l'esprit : "Champlong". De retour à la maison, nous avons écouté l'album de Jacques Pellarin. Et c'est un vrai plaisir. D'autant plus vif qu'il est double : celui de retrouver des airs que l'on avait en tête et celui de redécouvrir ceux que l'on avait oubliés.