samedi, février 09, 2008

lundi 11 février - déjeuner dehors
























Le temps est tellement agréable que nous décidons de déjeuner sur la terrasse. Le soleil entre à flots par les portes et fenêtres ouvertes. Il découpe l’espace entre ombre et lumière comme avec un scalpel. Les parties sombres sont encore plus sombres ; les parties éclairées font mal aux yeux tant leur éclat est vif. Les bouleaux projettent leurs ombres décharnées sur le mur sud. On a peine à croire que l’air puisse être si doux, immobile et léger. Les chats des voisins ne s’y trompent pas, qui passent leurs journées sous les lauriers entre ombre et soleil. Les camélias se sont couverts de boutons en un clin d’œil. Pas un bruit dans le quartier.

Nous écoutons « Musique à la mode » de Marcel Azzola et Lina Bossatti. 1993, Universal Music France / 2007, Universal Music France, collection « Héritage ».

Je ne sais plus ce que j’avais écrit pour dire mon admiration lorsque nous avions écouté ce disque pour la première fois, mais, en l’occurrence, c’est la finesse et la subtilité du jeu des deux interprètes qui nous sidère. Je crois que j’avais oublié aussi la modernité de ce jazz. Pas d’éclats inutiles ; juste ce qu’il faut. Je serais tenté, à propos de Marcel Azzola, de parler de virtuosité, mais ce mot sert trop à qualifier un jeu d’accordéon que je n’apprécie pas, du genre « voyez combien je peux mettre un maximum de notes dans un minimum de temps, avec les dents blanches en prime », que je ne veux pas l’utiliser ici. On est bien au-delà de la virtuosité en effet ; je parlerai plutôt de maîtrise expressive, au sens où l’on perçoit bien que Marcel Azzola dispose de toute la technique nécessaire pour traduire directement ses intentions et sa lecture des oeuvres qu'il interprète. Parfois, on pense à Pascal Contet. Le meilleur de Pascal Contet !

Tous les morceaux sont des sortes d’esquisses très épurées et parfaitement achevées, mais l’un d’entre eux nous a frappés particulièrement, le premier : « Rhapsody in Blue ». On a pu parler de piano à bretelles, si j’osais je dirais qu’ici on a affaire à un orchestre à bretelles. L’accordéon seul sonne comme un orchestre symphonique. Etonnant !