mercredi 6 février - adaptation assimilation accommodation
En rangeant quelques bouquins, j’ai retrouvé un texte de Jean Piaget, épistémologue et psychologue suisse, qui a retenu mon attention. Dans « Biologie et Connaissance », J. Piaget écrit en effet ceci : « L’assimilation et l’accommodation ne sont pas deux fonctions séparées mais ce sont les deux pôles fonctionnels opposés l’un à l’autre de toute adaptation ».
L’adaptation, autrement dit l’intelligence (je m'adapte à... ; j'adapte les choses à...) , serait donc fonction d’un jeu entre deux pôles fonctionnels ou deux processus, distincts, opposés mais inséparables. L’assimilation, c’est ce processus par lequel on intègre un objet ou un phénomène nouveau à une structure mentale déjà constituée. L’accommodation, c’est le processus inverse, par lequel, en présence d’un objet nouveau et incompréhensible, on cherche à construire une solution, une réponse nouvelle pour dépasser le déséquilibre dans lequel on se trouve.
Assimilation et accommodation sont comme les deux faces d’un Janus, comme l’avers et le revers d’une médaille. L’assimilation est efficace si l’on est confronté à une situation connue, identique ou semblable à une situation déjà rencontrée. Mais elle est facteur d’inadaptation devant la nouveauté ; elle génère de la rigidité quand on veut à toute force ramener le monde à du déjà-connu. Elle peut conduire à nier le présent s’il est source de dérangements trop coûteux. L’accommodation est efficace quand elle conduit à modifier ses manières de penser, ses attitudes et ses choix spontanés pour accepter la nouveauté, l’étrangeté, la surprise. Elle est efficace quand elle conduit à admettre qu’un dérangement est toujours source de progrès à condition de faire l’effort nécessaire pour le surmonter et pour le penser, ce qui implique la mise en question de ses manières de penser, de ses convictions actuelles pour les dépasser dans une conception plus complexe. Elle peut être source d’inadaptation quand on se perd dans le tourbillon de la nouveauté et que tout est perçu comme changement radical, sans repères de référence, ni passé.
J’ai eu plaisir à retrouver ce texte de Piaget parce que j’ai toujours eu grande admiration pour ce penseur et qu’en l’occurrence son enseignement me sert de guide dans l’exploration du monde de l’accordéon et dans mon cheminement d’autodidacte. Ce cheminement est en effet délibérément fondé sur les deux pôles évoqués par la citation : d’une part, le travail d’assimilation, qui consiste à explorer un compositeur, un interprète, un type d’accordéon, etc… pour en faire quelque chose de familier, de connu, une manière de se retrouver en pays de connaissance. « C’est bien ça, je reconnais bien ce son, ce style, etc… ». Ce que j’entends prend place dans des cadres déjà construits et vient me conforter dans mes connaissances, dans mes choix, dans mes goûts. D’autre part, l’accommodation, qui fait que je suis toujours content d’être dérangé et déstabilisé par l’écoute d’un disque que je n’arrive pas d’emblée à situer ou à comprendre. Je sais en effet, dans ces cas-là, que l’effort de compréhension, l’effort pour cadrer cette nouveauté sera source de progrès. C’est pourquoi, j’ai toujours sous le coude un ou deux disques dérangeants.
Je note aussi, à l’occasion des échanges que j’ai pu avoir avec telles ou telles personnes à propos de l’accordéon, qu’on rencontre souvent des gens qui, à partir d’un certain moment, campent en pays d’assimilation, décrétant que ce qui est nouveau ou autre, ça n’est pas de la vraie musique (je repense à ce spectateur, lors d’un festival, se levant bruyamment et quittant la salle en pestant contre la musique de sauvage de Lacaille ; ou à cet autre, ulcéré qu’on ait osé programmer Nano). Inversement, et je l’assimile à du snobisme, on trouve d’autres personnes pour qui il n’est de beau que ce qui est radicalement nouveau et à proprement parler jusqu’ici inouï. Dans l’un et l’autre cas, nul progrès possible.
Muni de cette méthode, j’ai bien l’intention de continuer à explorer ce monde de l’accordéon à la recherche de morceaux qui m’assurent dans mes préférences et de morceaux qui me dérangent, comme les deux pôles fonctionnels d’un travail d’adaptation indéfini.
L’adaptation, autrement dit l’intelligence (je m'adapte à... ; j'adapte les choses à...) , serait donc fonction d’un jeu entre deux pôles fonctionnels ou deux processus, distincts, opposés mais inséparables. L’assimilation, c’est ce processus par lequel on intègre un objet ou un phénomène nouveau à une structure mentale déjà constituée. L’accommodation, c’est le processus inverse, par lequel, en présence d’un objet nouveau et incompréhensible, on cherche à construire une solution, une réponse nouvelle pour dépasser le déséquilibre dans lequel on se trouve.
Assimilation et accommodation sont comme les deux faces d’un Janus, comme l’avers et le revers d’une médaille. L’assimilation est efficace si l’on est confronté à une situation connue, identique ou semblable à une situation déjà rencontrée. Mais elle est facteur d’inadaptation devant la nouveauté ; elle génère de la rigidité quand on veut à toute force ramener le monde à du déjà-connu. Elle peut conduire à nier le présent s’il est source de dérangements trop coûteux. L’accommodation est efficace quand elle conduit à modifier ses manières de penser, ses attitudes et ses choix spontanés pour accepter la nouveauté, l’étrangeté, la surprise. Elle est efficace quand elle conduit à admettre qu’un dérangement est toujours source de progrès à condition de faire l’effort nécessaire pour le surmonter et pour le penser, ce qui implique la mise en question de ses manières de penser, de ses convictions actuelles pour les dépasser dans une conception plus complexe. Elle peut être source d’inadaptation quand on se perd dans le tourbillon de la nouveauté et que tout est perçu comme changement radical, sans repères de référence, ni passé.
J’ai eu plaisir à retrouver ce texte de Piaget parce que j’ai toujours eu grande admiration pour ce penseur et qu’en l’occurrence son enseignement me sert de guide dans l’exploration du monde de l’accordéon et dans mon cheminement d’autodidacte. Ce cheminement est en effet délibérément fondé sur les deux pôles évoqués par la citation : d’une part, le travail d’assimilation, qui consiste à explorer un compositeur, un interprète, un type d’accordéon, etc… pour en faire quelque chose de familier, de connu, une manière de se retrouver en pays de connaissance. « C’est bien ça, je reconnais bien ce son, ce style, etc… ». Ce que j’entends prend place dans des cadres déjà construits et vient me conforter dans mes connaissances, dans mes choix, dans mes goûts. D’autre part, l’accommodation, qui fait que je suis toujours content d’être dérangé et déstabilisé par l’écoute d’un disque que je n’arrive pas d’emblée à situer ou à comprendre. Je sais en effet, dans ces cas-là, que l’effort de compréhension, l’effort pour cadrer cette nouveauté sera source de progrès. C’est pourquoi, j’ai toujours sous le coude un ou deux disques dérangeants.
Je note aussi, à l’occasion des échanges que j’ai pu avoir avec telles ou telles personnes à propos de l’accordéon, qu’on rencontre souvent des gens qui, à partir d’un certain moment, campent en pays d’assimilation, décrétant que ce qui est nouveau ou autre, ça n’est pas de la vraie musique (je repense à ce spectateur, lors d’un festival, se levant bruyamment et quittant la salle en pestant contre la musique de sauvage de Lacaille ; ou à cet autre, ulcéré qu’on ait osé programmer Nano). Inversement, et je l’assimile à du snobisme, on trouve d’autres personnes pour qui il n’est de beau que ce qui est radicalement nouveau et à proprement parler jusqu’ici inouï. Dans l’un et l’autre cas, nul progrès possible.
Muni de cette méthode, j’ai bien l’intention de continuer à explorer ce monde de l’accordéon à la recherche de morceaux qui m’assurent dans mes préférences et de morceaux qui me dérangent, comme les deux pôles fonctionnels d’un travail d’adaptation indéfini.
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