dimanche, février 03, 2008

lundi 4 février - jo basile et son orchestre

Il y a quelques mois, j’avais ironisé sur la politique commerciale d’Alapage, car j’avais été irrité par le comportement de cette boutique de vente en ligne. Qu’on en juge. Quelques semaines avant la sortie de « Tangaria, live in Marciac », Alapage proposait en effet ce cd à un prix très promotionnel. Disons que la promotion était vraiment exceptionnelle. Mais longtemps après cette sortie, ce cd était toujours en commande. La raison ? Indisponible chez le fournisseur. J’avais trouvé cela étrange : un cd proposé à un prix promotionnel pour sa sortie et qui est provisoirement indisponible chez le fournisseur… jusqu’à ce qu’il soit déclaré définitivement indisponible. S’en suivit un échange de courriels fort courtois avec des correspondants, qui n’ont jamais répondu à ma demande d’explication précise sur ce dysfonctionnement. En revanche, plusieurs considérations sur le nombre de colis servis quotidiennement, sur les performances de la boutique, etc…

A d’autres reprises, il m’est arrivé de ne pas recevoir une partie de mes commandes, mais dans ces cas-là, j’ai pu vérifier qu’il s’agissait de cds difficiles à se procurer auprès d’autres distributeurs en ligne et j’ai bien admis les « indisponible », « épuisé », « rupture de stock », dont j’au dû me contenter.

Ce matin, en ouvrant mes courriels, j’ai reçu celui-ci, qui m’a surpris et qu’il me parait honnête de rapporter ici puisqu’en des circonstances inverses j’avais décrit les dysfonctionnements d’Alapage avec une certaine mauvaise humeur :

"Chère cliente, cher client, Vous avez effectué une ou plusieurs commandes sur alapage.com en fin d'année 2007 et nous vous remercions pour la confiance que vous nous avez témoignée. Vos commandes n'ont pas été livrées dans les délais annoncés, voire annulées pour certaines d'entre elles.Or, le respect de nos engagements et l'assurance de votre satisfaction restent nos priorités.
Nous vous prions d'accepter toutes nos excuses pour les désagréments occasionnés et vous offrons à titre de dédommagement un bon d'achat de 15 euros.
Nous souhaitons que ce geste vous permette de profiter pleinement de l'étendue de nos produits et nos services. "

…..

D’autre part, j’ai profité d’un petit séjour à Toulouse pour aller faire un tour du côté de « Toulouse Accordéon ». Cette boutique a quelque chose de fascinant. D’abord, elle est située dans le quartier des Minimes chanté par Claude Nougaro. Ensuite, c’est une pièce de dimension relativement modeste, dont les murs sont tapissés d’accordéons, et dont surtout le sol aussi est couvert d’accordéons, si bien qu’en poussant la porte on entre dans un labyrinthe. Il faut regarder où l’on pose les pieds pour éviter de s’entraver et de faire des dégâts. En vitrine, des méthodes d’apprentissage, des partitions et le livre de Marcel Azzola, « Chauffe Marcel ! » avec son cd. Derrière la porte, un présentoir rond, que l’on peut faire pivoter sur lui-même avec un délicieux grincement, façon volière. Au maximum, une trentaine de disques : quelques cds d’une série intitulée, je crois, « PlayBack », tous les disques solo et duo de Roman Jbanov et de Domi Emorine. De couverture en couverture, on les voit passer de la fin de l’adolescence, à la jeunesse, puis au début de la maturité. Lors d’une précédente visite, j’avais acheté « Paris-Moscou ». Cette fois, après hésitations, je tombe sur deux disques de Jo Basile (Joss Baselli):

- « Bossa Três e Jo Basile » ; enregistré à New York en 1963, UBCD 311
- « Jazz Accordion, Jo Basile & Orchestra » ; Blue Moon BMCD 1623, 2005. Enregistré en 1968.

Je connaissais déjà le premier des deux disques ; en revanche, je cherchais le second depuis quelque temps. Mon choix se porte donc sur celui-ci, malgré la présence de prestigieux classiques.

L’écoute de ce cd « Jazz Accordion » a quelque chose de suave et de délicieux. Ecrasé dans le canapé, aux pieds, des chaussettes confortables et des pantoufles à tissu écossais, gris et bleu, en pantalon de pyjama, enfoui dans un pull qui a doublé de longueur depuis son tricotage, à la main, une grande tasse de tisane, j’écoute les yeux fermés une musique tout en nuances et en toucher subtil, un zéphyr, un battement d’ailes de papillon. La scène se passe dans une boite de New York, la salle est enfumée, les alcools sont forts, les hommes sont habillés de costumes gris rayés, très élégants et que dire des chaussures vernies ; chemises blanches immaculées et cravates en soie ; les cheveux gominés ; les femmes, blondes évaporées ou brunes fatales, cherchent à capter la lumière des projecteurs pour faire exploser les éclats de leurs bijoux… Et Jo Basile joue avec son orchestre. De vrais professionnels. Ils peuvent tenir jusqu’au petit jour. Par moments, j’ouvre les yeux et je ne sais pas si j’ai entendu ce que je crois avoir entendu ou si je l’ai rêvé. Mais peu importe puisque l’essence de cette musique est d’être subliminale.

Et, pour couronner le tout, l’enregistrement a eu lieu en 1968 ! J’imagine : Jo Basile et son orchestre en 1968. Peut-être même en mai 68. Ce Jo Basile, tout de même, quelle manière d’aller à contre-courant !