lundi, février 11, 2008

mardi 12 février - monsieur jo de compostelle

Il n'est question à la télévision et sur les radios nationales que d'élections municipales et des manoeuvres assez fétides autour de la mairie de Neuilly. Ailleurs d'autres manoeuvres sont tout aussi nauséabondes. On a besoin de respirer de l'air pur. Un petit tour dans les environs de Pau fera l'affaire. Les couleurs délavées du Béarn lui donnent des allures de Toscane. Le piémont nous fait penser aux horizons des tableaux de Léonard de Vinci. La route des vins de Jurançon délimite le vignoble à la manière d'un territoire insulaire. Nous en faisons le tour tout en écoutant le magnifique album dédié à Jo Privat : " Histoires de Jo", "un hommage musical au poéte disparu de l'accordéon swing musette". Tous les invités se surpassent : Azzola, Berthoumieux, Bruel, Buirette, Venitucci et tous les autres. Chacun, à sa manière, dit son admiration pour Jo Privat en perpétuant sinon son souvenir, du moins son esprit. Evidemment, le cd tourne en boucle et rythme notre allure. Chemin faisant, les tours de roues et du cd nous conduisent jusqu'à Lacommande, étape sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle.

J'avoue que je suis toujours profondément ému par la sérénité de ce lieu, par la qualité de sa géométrie et de sa lumière. L'espace est magnifique. La commanderie est fermée. Pas un visiteur. Pas un bruit. Tout cet espace pour nous tout seuls. Le luxe !

En parcourant le tour de l'édifice, je ne peux m'empêcher de penser à Le Corbusier. Tout est conçu à hauteur d'homme. Les proportions nous dépassent tout en restant humaines.

Le demi-cloitre protège des pierres tombales dont la plupart, de forme circulaire, datent du dix-septième siècle. Leur contemplation me touche, car en voyant ces pierres dressées comme des hommes, je pense à ces générations qui ont vécu ici.


Chacune de ces pierres est comme un portrait avec son identité propre. Je les regarde comme des individus et je suis fasciné par les expressions que le cours du soleil inscrit sur leurs visages.




Ici, une pierre gravée d'une croix. Rien de plus simple. Un message essentiel, sans fioritures.


Une affichette sur une porte indique qu'il est possible de loger en ces lieux. Le prix de la nuitée au "Gîte des pélerins" est indiqué, de même que le nom des personnes à contacter. C'est la tradition de Compostelle qui se perpétue. Comme si le temps se dédoublait en un temps fragmenté, éclaté, explosé - celui des municipales, par exemple - et en un temps long, quasi immobile, un temps dont on pourrait dire qu'il permane - celui du cheminement spirituel sur le parcours de Compostelle. La considération de ce temps permet de relativiser les changements et les ruptures.



Bien entendu, narcissisme oblige, dès que le soleil bas projette mon ombre sur le sol, je ne résiste pas au plaisir de me tirer l'autoportrait.


Mais je n'avais pas vu jusqu'à ce jour, que ma tête était auréolée d'une sorte de lumière venue d'ailleurs. Certes Pau est proche de Lourdes, certes on commémore aujourd'hui les apparitions de Bernadette... mais jusqu'à plus ample information je veux croire que cette aura est une illusion. Quoique...


De retour à Pau, nous faisons une halte à la boutique "Théoucafé" après un petit détour par l'espace culturel de l'hypermarché. Thé ou café ? Finalement, ce sera un chocolat. Nous prenons le temps de lire le fascicule de présentation de l'album "Histoire de Jo". J'y suis d'autant plus attaché qu'il vient de "Paris Jazz Corner". Un disque que je porte dans mon coeur. A côté, un bouquin, dont tout me porte à croire qu'il est d'une importance primordiale pour comprendre les jeux politiques de notre époque, "Storytelling - la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits" de Christian Salmon, édité par La Découverte, 2007.