dimanche 30 mars - asperges et tempête
Mercredi après-midi. Réunion avec l'architecte à Hossegor. Du vent par bourrasques et des grains sans aucun répit. Les giboulées de mars en mars. Tout est en ordre. Pour accompagner notre trajet, nous écoutons un cd inédit et même pour ainsi dire unique. Il y a quelques jours en effet, j'ai dit le cadeau que nous avons reçu d'un ami accordéoniste et compositeur : onze compositions originales, dont j'ai fait le cd en question. Nous l'écoutons deux fois à l'aller, deux fois au retour. Sans se lasser le moins du monde. Chaque morceau est une histoire. On tend l'oreille dès les premières mesures, on attend la suite, on a envie de connaitre la fin, comme dans un récit captivant. Il y a du "Il était une fois..." dans le charme qui opère ainsi.
A quelques kilomètres d'Hossegor, au milieu d'une plaine déboisée, un champ immense de sable noir strié de longues lignes brillantes. Un champ d'asperges. Nous nous arrêtons pour en acheter quelques poches, pour nous et pour des amis. Elles ont été récoltées et lavées le matin même. Leur peau à la texture fine sous les doigts est de couleur blanc nacré avec des reflets roses. La tête que l'on devine moelleuse et savoureuse à souhait est de couleur parme, comme des paupières à peine marquées de fatigue.
A quelques kilomètres d'Hossegor, au milieu d'une plaine déboisée, un champ immense de sable noir strié de longues lignes brillantes. Un champ d'asperges. Nous nous arrêtons pour en acheter quelques poches, pour nous et pour des amis. Elles ont été récoltées et lavées le matin même. Leur peau à la texture fine sous les doigts est de couleur blanc nacré avec des reflets roses. La tête que l'on devine moelleuse et savoureuse à souhait est de couleur parme, comme des paupières à peine marquées de fatigue.
Géomètrie du champ traversé de lignes parallèles. La couverture de plastique fin bruisse sous le vent rasant. C'est une sorte de sifflement continu, à peine modulé, comme un son de flûte indienne.
En quittant Hossegor, nous longeons la plage. Déserte. Le vent et les vagues rivalisent de brutalité. Le vent siffle, les vagues grondent. Chacun joue sa partition à sa façon.
L'estacade de Capbreton encaisse de lourds coups de boutoirs. Il y a quelques jours, une partie de ses vieilles poutres a cédé sous les chocs incessants. Ce qu'il en reste se dresse, noirs entrelacs, au-dessus de l'écume qui éclate comme des flocons de neige et retombe en mousse sur le sable.
Le soleil perce à travers la masse sombre des nuages. En un instant, une déchirure apparait. On croit avoir rêvé. Un bleu très pâle, un bleu d'aquarelle, s'empare du ciel . Bientôt, à gauche, à l'horizon, les côtes espagnoles vont à nouveau être visibles. Quelques instants, car déjà de noirs desseins se trament au-dessus de l'océan.
Sur le chemin du retour, nous écoutons encore et encore les onze morceaux dont j'ai parlé plus haut. Il y est question de l'Espagne, du Japon, de l'Irlande, de valse et de bien d'autres pays imaginaires. Nous sommes dans notre bulle. Nous étions partis d'Hossegor en notant que la température était de 9°. Cent-vingt kilomètres plus loin, au péage de Pau, nous lisons 4°.
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