jeudi, mars 20, 2008

jeudi 20 mars - paris "mare nostrum" : accordéons du métro

Dès notre arrivée à Montparnasse, notre attention est attirée par un son qui ne nous est pas étranger. Au milieu de l'un des couloirs interminables de cette gare, un vieil homme, l'air las et usé, joue sur un bandonéon un air déchirant : fragile et obstiné. Il fait froid, mais lui le regard fixé sur l'horizon de ses rêves, semble écouter les chuchotements de son instrument. Le reste du monde passe ; il demeure. Le lendemain, nous le retrouvons à la même place. Il joue de l'accordéon. Un Fratelli Crosio. A côté de lui, des partitions et des cassettes. Il fait toujours très froid. Les gens passent ; il demeure.

Peu avant notre départ, nous croisons un dernier accordéoniste. Il joue sur un Piermaria. Il semble fier de nous voir attentifs à sa présence. Il pose pour la postérité.

Et puis, lundi après-midi, une surprise magnifique. Alors que nous parcourons un couloir de la station Champs Elysées - Clémenceau vers un quai de correspondance, une musique d'accordéon attire notre attention. Plus tard la correspondance... De couloirs en couloirs, nous finissons par découvrir l'accordéoniste qui au fur et à mesure de notre approche nous enchante.


Il interprète "La foule" à sa façon et c'est superbe. C'est comme s'il donnait vie et couleur à la masse des "métronomades" qui montent ou descendent les escaliers en le frôlant. En tout cas, il est certain que sa musique, même s'il n'en sont pas conscients, donne forme et rythme aux pas des automates de ce monde souterrain.
Avec son autorisation, je fais une photographie de cet accordéoniste dont, je le répète, le jeu nous tient en haleine.

Nous restons un moment à l'écouter, puis nous remontons l'escalier. Avant de tourner le dos, nous lui faisons un dernier signe amical. C'est alors qu'à son tour il nous fait signe, comme pour nous rappeler. Je descends. Il me tend sa carte de visite. Je n'en crois pas mes yeux : "François Parisi". Nous échangeons quelques mots à propos de "Paris Musette" et de "Jazz in my Musette" . En tout cas, nous lui disons combien nous apprécions son jeu d'après ce que nous avons pu écouter de lui sur ces cds.


Au fond, le hasard n'existe pas. Ou du moins, s'il existe une dimension objective du hasard, ici la rencontre improbable de nos projets : celui de François Parisi, installé dans cette station, le nôtre, qui nous a conduits à cette même station, il existe aussi une dimension subjective qui rend ce hasard possible. Ici, cette dimension subjective, c'est notre décision de changer de couloir pour aller à la rencontre de l'accordéon qui nous faisait signe. Le hasard, pour exister, exige qu'on le laisse advenir... Leçon à retenir et à respecter.