mardi 18 mars - phénoménologie de l'écoute
Il y a peu, j'écrivais, en substance, que Françoise et moi nous sommes de plus sensibles dans l'écoute de Piazzolla à la tension extrême qui traverse toutes ses compositions. Au point d'avoir de plus en plus de difficultés à écouter en totalité un de ses albums, à cause de cette tension. Il y a une face écorché vif chez Piazzolla. Une sorte d'inquiétude féconde certes, mais difficile à soutenir dans la durée. J'ajoutais que d'une certaine façon cette tension est peut-être intrinsèque à la beauté même. Comme pour le feu, la beauté ne permet pas une exposition trop prolongée ou trop proche.
Cette observation m'était venue spontanément pour essayer de saisir au plus près l'impression que j'éprouve aujourd'hui à l'écoute de Piazzolla. Mais, en y réfléchissant, je me rends compte que sa portée est plus générale et qu'elle correspond en fait à une sorte de méthode d'écoute de ma part, à une démarche systématique, même si elle est spontanée et d'abord non délibérée.
Cette méthode se déroule en quelques moments-clés : dans un premier temps, si le disque m'accroche, j'écoute en boucle. C'est le moment de l'immersion, jusqu'à la saturation. Au bout d'un certain temps en effet, j'ai l'impression de reconnaitre ce que j'écoute et cette impression continue débouche inévitablement sur une sorte de coup de pompe. Trop de choses belles et fortes, c'est trop. J'hésite puis je range le disque, je le mets en attente. Quand, dans un troisième temps, je le reprends, mon écoute devient sélective. Je suis incapable d'enchainer tous les titres de l'album. C'est le moment de l'écoute en diagonale ou sélective. Du coup, j'oublie certains titres. Plus tard, c'est un quatrième moment, je reviens au disque et j'ai envie de retrouver les morceaux que j'avais mis de côté. Je découvre alors que j'avais oublié ce qui d'abord m'avait ému ou bien des aspects que je n'avais pas d'abord perçus.
Au terme de cette description un peu phénoménologique, il me semble que je peux parler à bon droit de méthode : écoute jusqu'à saturation, mise en attente, écoute sélective ou diagonale, écoute complémentaire. Il faudrait ajouter qu'après un certain temps, quelques semaines, voire quelques mois, sans que je sache pourquoi, une sorte de travail inconscient de décantation s'opère et, quand je reprends l'album en question, je sais de toute évidence quels sont mes titres de prédilection. Je les écoute et je ne suis jamais déçu.
Voilà. C'était ma petite contribution à une phénoménologie de l'écoute de beaux morceaux d'accordéon... telle que je la pratique. Je prends conscience du peu de place que je fais ainsi à une approche technique ou culturelle de l'oeuvre... et en un sens je le regrette, même si je me méfie des risques d'une approche savante de l'écoute. Par savante, j'entends une approche qui filtre l'écoute à travers des a priori de savoirs (technique, culturel, historique, musicologique, etc...). C'est sûr que je ne cours pas ce risque et c'est sûr que je le regrette. Mais, bon, on ne peut tout faire...
Cette observation m'était venue spontanément pour essayer de saisir au plus près l'impression que j'éprouve aujourd'hui à l'écoute de Piazzolla. Mais, en y réfléchissant, je me rends compte que sa portée est plus générale et qu'elle correspond en fait à une sorte de méthode d'écoute de ma part, à une démarche systématique, même si elle est spontanée et d'abord non délibérée.
Cette méthode se déroule en quelques moments-clés : dans un premier temps, si le disque m'accroche, j'écoute en boucle. C'est le moment de l'immersion, jusqu'à la saturation. Au bout d'un certain temps en effet, j'ai l'impression de reconnaitre ce que j'écoute et cette impression continue débouche inévitablement sur une sorte de coup de pompe. Trop de choses belles et fortes, c'est trop. J'hésite puis je range le disque, je le mets en attente. Quand, dans un troisième temps, je le reprends, mon écoute devient sélective. Je suis incapable d'enchainer tous les titres de l'album. C'est le moment de l'écoute en diagonale ou sélective. Du coup, j'oublie certains titres. Plus tard, c'est un quatrième moment, je reviens au disque et j'ai envie de retrouver les morceaux que j'avais mis de côté. Je découvre alors que j'avais oublié ce qui d'abord m'avait ému ou bien des aspects que je n'avais pas d'abord perçus.
Au terme de cette description un peu phénoménologique, il me semble que je peux parler à bon droit de méthode : écoute jusqu'à saturation, mise en attente, écoute sélective ou diagonale, écoute complémentaire. Il faudrait ajouter qu'après un certain temps, quelques semaines, voire quelques mois, sans que je sache pourquoi, une sorte de travail inconscient de décantation s'opère et, quand je reprends l'album en question, je sais de toute évidence quels sont mes titres de prédilection. Je les écoute et je ne suis jamais déçu.
Voilà. C'était ma petite contribution à une phénoménologie de l'écoute de beaux morceaux d'accordéon... telle que je la pratique. Je prends conscience du peu de place que je fais ainsi à une approche technique ou culturelle de l'oeuvre... et en un sens je le regrette, même si je me méfie des risques d'une approche savante de l'écoute. Par savante, j'entends une approche qui filtre l'écoute à travers des a priori de savoirs (technique, culturel, historique, musicologique, etc...). C'est sûr que je ne cours pas ce risque et c'est sûr que je le regrette. Mais, bon, on ne peut tout faire...
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