jeudi, mars 20, 2008

mercredi 19 mars - paris "mare nostrum" : le concert

Nous sommes partis de Pau, lundi matin, peu après 8h. Nous sommes logés dans un hôtel en face de la gare Saint Lazare, à quinze minutes à pieds de la salle Gaveau. Nous rejoignons un embryon de file d'attente à 19h45. Nous entrons à 20h. Le concert a lieu à 20h30, comme prévu. "Mare Nostrum". Paolo Fresu, trompette et fluegelhorn, Richard Galliano, accordéon et accordina, Jan Lundgren, piano. S'il n'est pas formellement interdit de prendre des photographies, on peut dire que c'est fortement déconseillé. C'est pourquoi je fais quelques clichés de la scène pendant ces instants qui précédent le début du concert. C'est toujours pour moi un moment magique où mon attente se peuple d'images suscitées par les nombreuses écoutes du disque que nous avons faites. Ecoutes qui ont accompagné depuis plusieurs semaines la préparation de ce voyage et de ce concert.
Le concert sera acoustique ou ne sera pas. Nul micro, nulle prothèse sonore. Le son pur ; tel il sort de l'instrument, tel il nous parvient.

Richard Galliano joue assis. Aucun mouvement inutile. Sa posture est significative du jeu des trois musiciens. J'ai rarement entendu une telle créativité servie par une telle économie de moyens. Je parlerais volontiers de classicisme : introduction, développement, conclusion. Chaque morceau est une histoire. On retient sa respiration. On reste suspendu aux mouvements du dialogue entre les trois membres du trio. On retrouve les titres de l'album, mais en direct, sur le vif et notre mémoire en est transfigurée.
Je ne peux résister au désir de voler un cliché. Un seul.



Salut final après deux rappels : un aria de Monteverdi d'abord, puis "Que reste-t-il de nos amours ?" commencé comme une improvisation de free jazz.



Après le départ du trio, il reste sur le sol la bouteille d'eau de Paolo Fresu et son siège, l'accordéon de Richard Galliano et des feuillets de partitions. Françoise et moi, nous voulons garder le souvenir de cette image. Nous nous attardons pendant que la salle se vide. Nous sortons sans mots dire tant la force des impressions nous rend encore incapable de les analyser. Notre premier échange est pour vérifier que nous avons été particulièrement émus par les deux morceaux où Richard Galliano joue de l'accordina. Une fragilité tenace et obstinée.



Ce concert était beau. Que dire de plus ? Il me manque les notions et les mots pour expliquer comment cette beauté a été produite. D'ailleurs je ne pense pas que ce registre analytique et explicatif pourrait rendre raison de ce qui s'est passé, ce lundi de mars, salle Gaveau. Pour en donner une idée, il faudrait être capable d'en donner des équivalences dans le registre poétique. Je n'en suis pas non plus capable. Reste le sentiment d'un moment rare...