mercredi 20 août - feria de dax : rituels sociaux

Parmi les innombrables rituels sociaux qui structurent le temps durant la feria, j'en retiens trois, tous liés à la corrida. En premier lieu, les gradins rouges et blancs. Le spectacle est étonnant. Il ne faut cependant pas s'y tromper, cette homogénéité n'est que d'apparence. Il y a des spectateurs à l'ombre et parmi ceux-ci ceux qui sont accoudés à la barrera ; il y a des spectateurs assis aux places soleil et d'autres encore tout à fait en haut. Mais comme l'on vit d'illusions on veut croire que les clivages sociaux et les différences de classes sont abolis. C'est vrai... pour un temps. Le temps d'une corrida, le temps pour six toros de passer de vie à trépas.

Second rituel, l'un des plus fort sans doute : la corrida commence à six heures de l'après-midi. Cette règle est scrupuleusement respectée. Le respect de ce principe d'ordre est surprenant eu égard aux pratiques sociales habituelles. Je pense par exemple à l'heure de début le plus souvent aléatoire des concerts d'accordéon. Mais quand on aime, on peut attendre, même si en l'occurrence j'apprécie cette ponctualité. On ne plaisante pas avec la mise en scène de la mort violente sur le sable roux entre sol y sombra. On ne plaisante pas quand, comme on dit dans le milieu tauromachique, des hommes "vont se jouer la peau" devant un fauve et donner cette tragédie en spectacle.

Chacune des cinq photographies ci-dessous a été prise, du mercredi au dimanche, à l'instant précis où les clarines retentissent

Au cours de la feria, à raison de six par corrida, ce sont trente toros qui sortent dans l'arène pour être combattus dans les règles de l'art et mis à mort. Trente toros. A chaque sortie du toril, chacun retient son souffle. Pas de surprise, mais un vrai suspense au sens de la distinction théorisée par Hitchcock.

Ici, le premier toro sort d'un couloir obscur, sans doute aveuglé par la violence de la lumière et par les exclamations de la foule.

Le dernier toro sort du toril, si semblable et si différent du premier et de tous les autres. Il lui reste moins de vingt minutes à vivre... On sent bien que la corrida n'est pas simplement un spectacle !