mercredi 19 avril
A plusieurs reprises, je me suis interrogé sur le rapport entre l’accordéon et la culture, l’accordéon et les cultures, populaire versus savante, de masse versus élitiste, légitime versus non légitimée, etc… C’est en quelque sorte, suivant le jargon à la mode, un thème récurrent de ce blog. Tout porte à croire d’ailleurs que cette dichotomie est trop grossière pour rendre compte de la complexité des goûts pour l’accordéon ; tout porte à croire donc que ce problème doit être posé de manière plus complexe si l’on veut avoir quelque chance de le résoudre.
Connaissant mon intérêt pour cette problématique, Françoise vient de me monter un texte qui me semble de nature à faire avancer ma réflexion. Ce texte est extrait d’un ouvrage dirigé par Christian Baudelot :
- Baudelot Christian, Cartier Marie, Detrez Christine, Et pourtant ils lisent… Seuil, L’épreuve des faits, mars 1999.
Page 166, je lis ceci : « Cette distinction entre lecture ordinaire et lecture savante ne vise pas à opposer des modèles de lecture en les référant à des catégories d’écrits ou des classes d’individus. La distinction entre « lecture ordinaire » et « lecture savante » ne sert ni à décrire les lectures ni à classer les lecteurs, mais à comprendre comment s’articulent ou s’opposent des manières de lire en train de se construire ».
Ce texte est très éclairant quant à la fausse opposition traditionnelle entre deux formes ou deux modes de lecture. Le rapport à la lecture n’est pas déterminé par la nature des œuvres, il n’est pas déterminé non plus par les positions sociales des lecteurs, ni plus généralement par leurs classes d’appartenance ; il se construit en fonction de la signification que le lecteur attribue à sa pratique de lecture. Transposons ce texte dans le monde de l’accordéon…
« La distinction entre accordéon ordinaire ou populaire et accordéon savant ou élitiste ne vise pas à opposer des modèles de pratiques de l’accordéon en les référant à des catégories d’œuvres ou à des classes d’individus. La distinction entre « accordéon populaire » et « accordéon savant » ne sert ni à décrire des catégories d’œuvres ni à classer des amateurs d’accordéon, mais à comprendre comment s’articulent ou s’opposent des manières d’apprécier l’accordéon et comment elles se construisent ».
L’idée est intéressante : l’attribution des caractéristiques « populaire » ou « savante » ne dépend pas des choses (les œuvres), ni des sujets (les amateurs d’accordéon), mais de la relation qui s’établit entre les deux, de la lecture que les sujets font des œuvres. On peut en effet facilement imaginer du Bach à l’accordéon, diffusé comme fond sonore pour les foules qui parcourent à l’affût des « affaires » les travées d’un hypermarché en période de promotions ou - pourquoi pas ?- du Vivaldi ou du Satie pour stimuler les acheteurs de soldes… En revanche, il me parait plus difficile de concevoir une écoute savante de « La danse des canards », de « La mazurka du Viaduc de Millau » ou du « Petit bonhomme en mousse ». Quoique... Il n’y a aucune raison suffisante a priori d’exclure une approche ethnologique, voire ethnométhodologique de ces compositions ou de leurs interprétations, même si la palette des interprétations, pour le coup, parait limitée.
Après un tel effort intellectuel, il est temps de casser une petite croûte :
- boudin béarnais tiède aux trois pommes
- petits pains aux lardons
- plateau de fromages de la Vallée d’Ossau : chèvre, vache et brebis
- un verre de Madiran, Château Peyros 1999
- trois petites tasses d’un café des hauts plateaux du Salvador, torréfié par « Le Gascon ».
Connaissant mon intérêt pour cette problématique, Françoise vient de me monter un texte qui me semble de nature à faire avancer ma réflexion. Ce texte est extrait d’un ouvrage dirigé par Christian Baudelot :
- Baudelot Christian, Cartier Marie, Detrez Christine, Et pourtant ils lisent… Seuil, L’épreuve des faits, mars 1999.
Page 166, je lis ceci : « Cette distinction entre lecture ordinaire et lecture savante ne vise pas à opposer des modèles de lecture en les référant à des catégories d’écrits ou des classes d’individus. La distinction entre « lecture ordinaire » et « lecture savante » ne sert ni à décrire les lectures ni à classer les lecteurs, mais à comprendre comment s’articulent ou s’opposent des manières de lire en train de se construire ».
Ce texte est très éclairant quant à la fausse opposition traditionnelle entre deux formes ou deux modes de lecture. Le rapport à la lecture n’est pas déterminé par la nature des œuvres, il n’est pas déterminé non plus par les positions sociales des lecteurs, ni plus généralement par leurs classes d’appartenance ; il se construit en fonction de la signification que le lecteur attribue à sa pratique de lecture. Transposons ce texte dans le monde de l’accordéon…
« La distinction entre accordéon ordinaire ou populaire et accordéon savant ou élitiste ne vise pas à opposer des modèles de pratiques de l’accordéon en les référant à des catégories d’œuvres ou à des classes d’individus. La distinction entre « accordéon populaire » et « accordéon savant » ne sert ni à décrire des catégories d’œuvres ni à classer des amateurs d’accordéon, mais à comprendre comment s’articulent ou s’opposent des manières d’apprécier l’accordéon et comment elles se construisent ».
L’idée est intéressante : l’attribution des caractéristiques « populaire » ou « savante » ne dépend pas des choses (les œuvres), ni des sujets (les amateurs d’accordéon), mais de la relation qui s’établit entre les deux, de la lecture que les sujets font des œuvres. On peut en effet facilement imaginer du Bach à l’accordéon, diffusé comme fond sonore pour les foules qui parcourent à l’affût des « affaires » les travées d’un hypermarché en période de promotions ou - pourquoi pas ?- du Vivaldi ou du Satie pour stimuler les acheteurs de soldes… En revanche, il me parait plus difficile de concevoir une écoute savante de « La danse des canards », de « La mazurka du Viaduc de Millau » ou du « Petit bonhomme en mousse ». Quoique... Il n’y a aucune raison suffisante a priori d’exclure une approche ethnologique, voire ethnométhodologique de ces compositions ou de leurs interprétations, même si la palette des interprétations, pour le coup, parait limitée.
Après un tel effort intellectuel, il est temps de casser une petite croûte :
- boudin béarnais tiède aux trois pommes
- petits pains aux lardons
- plateau de fromages de la Vallée d’Ossau : chèvre, vache et brebis
- un verre de Madiran, Château Peyros 1999
- trois petites tasses d’un café des hauts plateaux du Salvador, torréfié par « Le Gascon ».
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