vendredi, avril 14, 2006

samedi 15 avril

L’herbe de la pelouse a poussé ; elle est parsemée de fleurs de pissenlits. Il y a aussi les lilas, les glycines, les camélias, dont les fleurs continuent à tomber en abondance, et toutes ces feuilles vertes et grises qui palpitent au moindre souffle de vent. Les terrasses sont recouvertes d’une fine pellicule jaunâtre. « Tu as vu tout ce pollen, me dit Françoise ! Il ne faudra pas s’étonner d’éternuer ! ». Le printemps, promesse de fruits et d’allergies. L’arbre de Judée, l’olivier, le prunier et le cerisier changent sans cesse de couleur suivant le moment de la journée et l’état du ciel. Eclatants en un instant, éteints l’instant suivant, si un nuage sombre passe devant le soleil. Je me dis que seul un regard d’impressionniste pourrait fixer cette variété. Je me dis aussi que c’est parce que les peintres impressionnistes ont su saisir cette variété instable que j’ai la chance de la percevoir maintenant dans la réalité. Ils m’ont appris à la voir. Mais finalement, réflexion faite, je crois qu’il serait plus juste de dire que si je perçois ces impressions, c’est non pas parce que des peintres ont su, à un moment donné, saisir ce que la réalité avait d’impressionniste, mais parce qu’ils ont su nous la montrer comme telle, non la reproduire, mais la créer comme telle par leur regard impressionniste.

Sans transition avec ces quelques réflexions sur le rapport entre la création artistique et la représentation du réel, j’ai envie d’écouter un accordéon tonique, tonifiant, reconstituant, stimulant, bref bourré de vitamines ; de l’accordéon qui me montre le monde non pas tel qu’il est, mais tel que l’on veut qu’il soit, et tel qu’il finit par être pour peu qu’on choisisse les bons titres :

- Les yeux noirs, Reproche et Passion gitane in « Passion gitane », Daniel Colin
- C’était bien et Le chaland qui passe in « Couka », Jean Corti
- La valse des Niglos et Minor Swing in « Manouche Partie », Jo Privat
- Le bal du p’tit jardin et Geneviève in « De Clichy à Broadway », Gus Viseur
- Bois de la Cambre et Harlem Swing in « Gus Viseur à Bruxelles »
- Mystérieuse et Jalousie in « Le tournis », Armand Lassagne

Bon, maintenant, en route… après ce retour aux sources revigorant !

post-scriptum 1 : en sous-titre de "Passion gitane", on peut lire "swing-musette & jazz manouche". Tout un programme !
post-scriptum 2 : ce soir, après une nouvelle écoute de "Passion gitane", j'ajouterais volontiers les titres où intervient Dominique Vernhes à la clarinette. Soit, outre Les yeux noirs déjà mentionné, Dinette, Folie à Amphion et Jacqueline. J'avoue que le son boisé de cette clarinette me touche particulièrement et que son accord avec l'accordéon me semble parfait.