mardi, novembre 14, 2006

mercredi 15 novembre

… écouté à nouveau, page 46 du blog de Caroline Philippe, que j’ai cité à plusieurs reprises comme une référence, le début d’un reportage sur Richard Galliano. Dès la première minute, Claude Nougaro explique que d’emblée il a eu la certitude qu’avec celui-ci s’ouvrait une ère nouvelle pour l’accordéon. Et, ce qui me parait tout à fait intéressant, c’est la distinction qu’il fait ensuite entre les musiciens pour éclairer son propos. Il dit en substance qu’en tant que chanteur, il a observé qu’il y avait deux grandes catégories de musiciens : ceux qui chantent et ceux qui ne chantent pas. Richard Galliano, on s’en serait douté, lui est apparu immédiatement, dit-il, comme un musicien qui chante.

Cette remarque me parait très éclairante pour comprendre comment et pourquoi j’éprouve immédiatement du plaisir à l’écoute de certains accordéonistes, alors que d’autres, quel que soit l’intérêt que je peux leur porter, « me laissent froid ». Les uns chantent, parfois malgré leurs défauts ou leurs faiblesses ; les autres, en dépit de leurs qualités, voire de leur virtuosité, ne chantent pas… pour moi. Il me semble comprendre, grâce aux propos de Claude Nougaro, qu’en effet j’applique spontanément cette distinction et qu’il est quasiment impossible ensuite de la remettre en question.

Parmi ceux qui chantent, Galliano, Viseur, Azzolla, Mille, Amestoy, Macias… et bien d’autres. Il ne s’agit pas ici de faire un palmarès. Parmi ceux qui ne chantent pas, Nano, Contet et quelques autres… mais je ne désespère pas, avec de l’écoute assidue et de l’information, d’arriver à saisir en quoi, eux aussi, chantent. Ecoute assidue et information, c’est déjà de la culture… culture qui pour l’instant me fait défaut.

Cette notion de culture me parait en l’occurrence tout à fait fondamentale. On la considère habituellement comme quelque chose qui se surajoute aux perceptions et aux impressions immédiates, comme quelque chose qui serait de l’ordre de l’intellect ; en fait, je pense que tout jugement esthétique immédiat, c’est-à-dire spontané, est déjà culturel. La culture ne se surajoute pas au goût naturel ; le goût, en tant que tel, est culturel. Cette idée me parait importante, car elle justifie à mes yeux de chercher encore et toujours à se cultiver pour agrandir sans cesse le cercle des accordéonistes qui chantent… Et s’il est difficile d’agrandir ce cercle, c’est justement parce que la culture, ça demande beaucoup de travail.