vendredi, janvier 06, 2006

vendredi 6 janvier

Hier, jeudi 5 janvier, entre onze et midi sur France Inter, Yvette Horner présente son livre « Le biscuit dans la poche ». L’animateur Stéphane B. s’amuse visiblement de l’originalité de son invitée, mais il lui pose de vraies questions et attend de vraies réponses. En revanche, son équipe de chroniqueurs essaie de se comporter comme elle pense qu’elle doit le faire, c’est-à-dire avec goujaterie et, comme on dit, en balançant de grosses vannes. Malgré les rires gras ainsi déclenchés, Yvette Horner, qui n’est pas dupe et qui le montre, répond avec sérieux.
Le même jour, vers vingt-trois heures trente, sur la même chaîne, l’animateur Thierry D. reçoit Daniel Mille et un harmoniciste. Ceux-ci évoquent la parenté de leurs instruments à la surprise de l’animateur. Daniel Mille précise alors qu’il s’agit en effet d’instruments à anches libres. L’animateur : « A quoi ? ». Daniel Mille commence alors une rapide explication, mais Thierry D. ne connaissant pas la réponse passe rapidement à autre chose… sans doute pour ne pas ennuyer l’auditeur. On manque une occasion d’information de première main.

Dans les deux cas, l’accordéon est au centre d’émissions de grande écoute sur France Inter. Dans le premier cas, on continue à l’enfermer dans un stéréotype : l’accordéon, c’est bon pour les « gens de peu », masse colorée mais indifférenciée au bord des routes du Tour de France. Il s’agit pour les animateurs de bien montrer qu’on ne se confond pas avec ces gens-là. La seule chose qui pourrait sauver l’accordéon, c’est le fait qu’un couturier très à la mode a imaginé une robe tricolore pour habiller Yvette Horner : ça, c’est délicieusement kitsch au nième degré. Dans le second cas, on l’enferme dans l’autre stéréotype, celui d’un instrument compliqué, lourd et de plus en plus intello… On a quand même pu écouter un titre du dernier cd de Daniel Mille « Après la pluie ». Merci France Inter !



A propos sinon d’intello du moins de musique composée et, disons-le, savante, on écoute aujourd’hui le disque reçu hier à 8h00 : « Tango Futur, Paris – Buenos Aires ». A tout à l’heure…

Le 4 et le 13 décembre, nous avions évoqué la notion de studium / punctum, conçue par R. Barthes à propos de la photographie, pour essayer de rendre raison de l’impression esthétique éprouvée en présence de certaines œuvres. Nous l’avions appliquée à la musique, en particulier à l’écoute de cd d’accordéon ou de bandonéon. "Tango Futur, Paris – Buenos Aires" pourrait parfaitement en être une illustration.

Je n’apprécie guère les expressions comme « un disque que vous devez absolument écouter », « un disque indispensable » ou toute autre forme d’injonction de ce type ; je n’apprécie pas non plus les classements ni les palmarès. Je dirais seulement que l’écoute d’un tel disque rend plus heureux. Encore une fois, je suis très sensible au livret d’accompagnement, qui manifeste une considération extrême pour l’acheteur. Les interprètes s’y présentent sans fausse modestie et chaque titre est sinon expliqué du moins contextualisé. Il ne s’agit pas de ces commentaires qui signent « la mort de l’art », mais de quelques mots pour situer l’œuvre dans une perspective historique qui bien loin de la réduire à sa dimension conceptuelle en multiplie les significations, donc les sources de plaisir.

J’ai particulièrement aimé :

- Fuga y Misterio, A Piazzolla
- En una petite garçonnière de Montmartre, G. Senanes
- Mano Brava, O. Strasnoy et L’extravagant, J.M. Viera
- La casita de mis Viejos, J.M. Viera
- Café de la Musique, Tango pour Claude, G. Gandini
- Comun Requiebro, L. Naon
- Chiquilin de Bachin, A. Piazzolla


Et, plus que tout, les deux versions, récitée et instrumentale, de :

- Griseta, Julio-Martin.

Les interprètes ?

- Max Bonnay, bandonéon
- Eric Chalan, contrebasse
- Odile Catelin-Delangle, piano
- Claude Delangle, saxophone
- Jean Geoffroy, percussions
- Susanna Moncayo, mezzo-soprano



…Du coup, maintenant, j’ai envie d’écouter à nouveau :

- "Tango Vivo ! Noches de Buenos Aires", Music Edition, Winter & Winter, 1997.



… Du coup, maintenant, j’ai envie d’écouter « Tango Futur »…

Et ainsi de suite… à l’affût des correspondances, comme dans un jeu de miroirs indéfini…

Chemin faisant on a fait du mal à la boite de marrons glacés de Josuat. Il fallait bien cette demie bouteille de Jurançon du domaine Cauhapé pour les accompagner et pour rester en consonance avec ce « Tango Futur / Tango Vivo ».