mardi, juin 13, 2006

mardi 13 juin

Quelques nouvelles du jardin de curé de Françoise. Avec l’arrivée brutale de la chaleur (plusieurs jours autour de 32 / 34° dans l’après-midi), il a besoin de beaucoup d’eau. On ne compte plus les arrosoirs qu’il engloutit la nuit venue, mais il nous les rend au centuple sous forme de couleurs et d’odeurs.

Trois lys blancs, le cœur safran et le dessous rose tendre ; des hortensias violets et bleus à l’aube de leur floraison ; des pétunias violets et bleus ; des œillets roses et blancs ; quelques pensées oranges, ce qui est assez inhabituel ; des impatiens blancs, roses ou rouges : tout cela dans un savant fouillis, dont le maître d’œuvre a bien compris que la ligne droite n’est pas le plus court chemin pour aller d’une couleur à une autre. Au-dessus de ce frémissement fragile, deux roses trémières de couleur vieux rose. Très aristocratiques dans leur allure. Bien sûr, il y a les rosiers qui vont fleurir à nouveau et, au milieu de la pelouse, l’olivier avec son petit jardin méditerranéen, couleur pastel. Plus loin, des gardénias blancs et des bégonias tubéreux. Une masse énorme de lauriers roses et rouges, qui tendent leurs fleurs vers le soleil. Un grenadier aux délicates fleurs rouges ; des pétunias violets et blancs… et toujours le chèvrefeuille qui envahit la haie du voisin. Le jasmin jaunit, mais il embaume de plus en plus. Deux framboisiers aux fruits pâles et comme décolorés, mais cependant sucrés et savoureux.

Minuit est passé. Tous les volets sont ouverts pour laisser passer un peu d’air. Il reste juste assez de temps pour écouter deux versions douces comme un foulard de soie de « Daphné ».

« Gipsy Project, Biréli Lagrène », Dreyfus Jazz, 2001.

Dans ce disque, largement inspiré de Django Reinhardt, Biréli Lagrène s’est entouré de Holzman Lagrène et Hono Winterstein aux guitares rythmiques, de Florin Niculescu au violon et de Diego Imbert à la contrebasse. C’est évidemment un pur plaisir. Mais il y a plus : deux versions de « Daphné » pour lesquelles Richard Galliano et son accordéon ont été invités. L’une longue (2 :58), l’autre courte (2 :25). On se rappelle que Gus Viseur l’interprétait dans les années 40. C’est ce que j’appelle volontiers « de la musique sans avoir l’air d’y toucher ». Aucun effet gratuit, aucun effet forcé ; personne ne tire la couverture à soi. Simplement un vrai dialogue, comme ça, en passant. La nuit sera douce...