mercredi 19 juillet
Cette nuit, vers minuit, gros coup de vent sur Pau. Une sorte d’orage sec, mais non sans éclairs. Deux heures plus tôt, Françoise m’avait téléphoné d’Hossegor. Le coup de vent était alors en train d’y faire des dégâts en brisant quelques branches ici et là. Cette fois, c’est l’arbousier, qui se dresse devant la terrasse, qui en est la victime : la tempête l’a fendu quasiment en deux. Après cette tornade, vers une heure, alors que le calme est revenu et avec lui une moiteur peu propice au sommeil, j’écoute encore quelques titres de « Crazy Rhythm », comme on prend quelques provisions pour la route. Mais, pas de chance ! Au cinquième titre, je veux arrêter là cette écoute, d’autant plus que j’ai laissé toutes les fenêtres et portes ouvertes, et là… le lecteur de cd refuse obstinément d’ouvrir son tiroir. « Open » s’affiche, mais rien ne se passe… Dès 9 heures donc, je suis allé porter la machine malfaisante au réparateur, la machine et bien sûr le disque que j’avais voulu écouter. Délai : lundi ou mardi… En attendant, je dois donc me contenter des « Nuits parisiennes ».
Finalement, ce sera l’occasion de focaliser toute mon attention sur ce seul disque. Pour savourer au mieux cette écoute et en tirer le plus de plaisir possible, j’ai décidé d’adopter une attitude compréhensive ou, si l’on veut, phénoménologique. En d’autres termes, je mets entre parenthèse tout regard objectif ou technique sur cet album, je ne m’intéresse pas aux caractéristiques proprement musicales des différents titres, tout simplement d’ailleurs parce que j’en suis incapable et que je laisse cela aux professionnels (musiciens et critiques ou chroniqueurs), et je me demande uniquement d’où vient le plaisir que j’éprouve. Qu’est-ce qui se passe, qu’est-ce qui fait que l’écoute des différents titres de ce disque me fait plaisir ?
D’abord, au fur et à mesure que les titres se succèdent, je me rends compte que je situe René Sopa dans un réseau. Il ne s’agit pas d’identifier des influences ou de repérer des filiations, mais de mettre en relation ce que j’entends avec d’autres noms. C’est ainsi que le premier titre fait surgir les noms de Galliano, Berthoumieux, Mille ; le deuxième, « Lucie », évoque pour moi Galliano. Le troisième, « Artillerie lourde », me fait penser à Joss Baselli, à Art Van Damme et à Schlick… Plus tard, c’est « Viver sen ti » qui me donne à penser à Hermeto Pascoal et à Galliano encore… et encore lui pour « Maria ». Enfin avec le 13, « Portugal em festa », c’est au forro brésilien que je pense. Tout cela fait une bien belle galaxie ou, en termes plus techniques, un bien beau réseau.
D’écoute en écoute, je suis toujours aussi attentif au jeu de René Sopa et à ce que j’appellerais volontiers la souplesse et la netteté de son phrasé, mais je suis plus attentif aux autres instruments : guitare, batterie, percussions, contrebasse. Par exemple, dans « Sonéro », j’aime beaucoup la complicité entre les percussions, la contrebasse et la guitare. Idem pour la guitare, la batterie et la contrebasse dans « Artillerie lourde ». Dans le jeu leader / accompagnement, le comportement de René Sopa me fait souvent penser à Galliano : dans tous les cas, une présence sans failles.
Pour beaucoup de titres, je pense à des aquarelles : il y a comme une espèce de fragilité et en même temps on sent bien que le trait est immédiatement juste et définitif. Je pense à des croquis de voyages comme ceux de Titouan Lamazou. Un art de la composition qui a l’extrême finesse de se donner comme si tout cela venait naturellement…
A l’écoute des différents titres, je pense aussi à cette expression des systémiciens, que je trouve si pertinente : « il y a plus dans le tout que dans la somme des parties ». Les titres se succèdent, mais pas seulement comme une juxtaposition, comme une somme d’éléments ; chacun renvoie à tous les autres et en modifie la perception. C’est là la caractéristique d’un système ou, en d’autres termes, d’une œuvre. Cette mise en système ou en réseau des quatorze titres signe ce que l’on appelle une œuvre.
Dans cet ensemble, le titre 14, « Paris anachronique », sonne pour moi différemment. Le piano modifie le climat et esquisse une ouverture sur un autre monde. L’accordéon me semble jouer une mélodie qui est autre que celles des titres précédents. Je pense à l’univers de Daniel Mille. Je pense qu’il y a là un autre disque en germe.
Deux expressions pour finir, expressions que je recueille telles quelles, sans essayer de les analyser : « demi-teintes ; pas d’éclats ni d’effets de virtuosité gratuite », « une trajectoire tendue, une ligne claire ».
Finalement, ce sera l’occasion de focaliser toute mon attention sur ce seul disque. Pour savourer au mieux cette écoute et en tirer le plus de plaisir possible, j’ai décidé d’adopter une attitude compréhensive ou, si l’on veut, phénoménologique. En d’autres termes, je mets entre parenthèse tout regard objectif ou technique sur cet album, je ne m’intéresse pas aux caractéristiques proprement musicales des différents titres, tout simplement d’ailleurs parce que j’en suis incapable et que je laisse cela aux professionnels (musiciens et critiques ou chroniqueurs), et je me demande uniquement d’où vient le plaisir que j’éprouve. Qu’est-ce qui se passe, qu’est-ce qui fait que l’écoute des différents titres de ce disque me fait plaisir ?
D’abord, au fur et à mesure que les titres se succèdent, je me rends compte que je situe René Sopa dans un réseau. Il ne s’agit pas d’identifier des influences ou de repérer des filiations, mais de mettre en relation ce que j’entends avec d’autres noms. C’est ainsi que le premier titre fait surgir les noms de Galliano, Berthoumieux, Mille ; le deuxième, « Lucie », évoque pour moi Galliano. Le troisième, « Artillerie lourde », me fait penser à Joss Baselli, à Art Van Damme et à Schlick… Plus tard, c’est « Viver sen ti » qui me donne à penser à Hermeto Pascoal et à Galliano encore… et encore lui pour « Maria ». Enfin avec le 13, « Portugal em festa », c’est au forro brésilien que je pense. Tout cela fait une bien belle galaxie ou, en termes plus techniques, un bien beau réseau.
D’écoute en écoute, je suis toujours aussi attentif au jeu de René Sopa et à ce que j’appellerais volontiers la souplesse et la netteté de son phrasé, mais je suis plus attentif aux autres instruments : guitare, batterie, percussions, contrebasse. Par exemple, dans « Sonéro », j’aime beaucoup la complicité entre les percussions, la contrebasse et la guitare. Idem pour la guitare, la batterie et la contrebasse dans « Artillerie lourde ». Dans le jeu leader / accompagnement, le comportement de René Sopa me fait souvent penser à Galliano : dans tous les cas, une présence sans failles.
Pour beaucoup de titres, je pense à des aquarelles : il y a comme une espèce de fragilité et en même temps on sent bien que le trait est immédiatement juste et définitif. Je pense à des croquis de voyages comme ceux de Titouan Lamazou. Un art de la composition qui a l’extrême finesse de se donner comme si tout cela venait naturellement…
A l’écoute des différents titres, je pense aussi à cette expression des systémiciens, que je trouve si pertinente : « il y a plus dans le tout que dans la somme des parties ». Les titres se succèdent, mais pas seulement comme une juxtaposition, comme une somme d’éléments ; chacun renvoie à tous les autres et en modifie la perception. C’est là la caractéristique d’un système ou, en d’autres termes, d’une œuvre. Cette mise en système ou en réseau des quatorze titres signe ce que l’on appelle une œuvre.
Dans cet ensemble, le titre 14, « Paris anachronique », sonne pour moi différemment. Le piano modifie le climat et esquisse une ouverture sur un autre monde. L’accordéon me semble jouer une mélodie qui est autre que celles des titres précédents. Je pense à l’univers de Daniel Mille. Je pense qu’il y a là un autre disque en germe.
Deux expressions pour finir, expressions que je recueille telles quelles, sans essayer de les analyser : « demi-teintes ; pas d’éclats ni d’effets de virtuosité gratuite », « une trajectoire tendue, une ligne claire ».
0 Comments:
Enregistrer un commentaire
<< Home