vendredi 8 décembre
Je reviens sur cette idée, que j’évoquais hier, de posture adéquate pour écouter de la musique, accordéon ou bandonéon en l’occurrence. Bien entendu j’écoute de l’accordéon dans des conditions multiples et variées et il n’est pas question d’établir une relation terme à terme entre telle musique et telle posture correspondante. Mais, si j’observe mes propres comportements, force m’est de constater que j’ai tendance à adopter spontanément des postures adaptées, pour moi bien sûr, à ce que j’écoute. Voyons quelques éléments de ce qui pourrait être une ébauche de typologie.
- d’abord, les incompatibilités. Il m’est impossible, physiquement impossible, d’écouter de l’accordéon en travaillant, en lisant un texte qui requiert une certaine attention continue ou en réfléchissant à un problème intellectuel. Les interférences sont telles entre l’attention à l’écoute et l’attention aux idées que tout se brouille et que très vite l’une des activités doit laisser place exclusive à l’autre. A cette interférence des attentions s’ajoute une composante morale, à savoir que j’ai pour ainsi dire honte d’entendre de la musique sans l’écouter, car j’ai le sentiment de manquer de respect au compositeur et aux interprètes. Autre incompatibilité : je suis physiquement incapable d’écouter quelque musique que ce soit avec ces suppositoires que beaucoup de gens, de plus en plus nombreux, se collent dans les oreilles… semble-t-il pour leur plus grand plaisir si j’en juge par leur apparente béatitude au milieu des pires flux de foule ou de circulation… Dans cette incompatibilité, il y a certes l’inconfort de ces prothèses auditives, mais aussi une réticence morale du type évoqué ci-dessus.
- ensuite, il y a l’accordéon que j’écoute, sans scrupule, en voiture, notamment sur autoroutes. Par exemple, « 17 rue du plaisir » de B. Roy et sa bande. Je me rappelle encore un parcours entre Pau et Hossegor, en été, où la dame du péage, au moment où j’avais baissé la vitre, avait pris en pleine figure une telle bouffée d’accordéon que, de saisissement, elle n’avait pu que proférer : « Oh ! là, là ! »… avant de se reprendre pour me demander le titre du disque. Autre exemple, « Alma » de Dazibao, écouté avec Françoise, l’an dernier, en janvier, au retour de Tulle vers Toulouse.
- tout en faisant cette ébauche de typologie, je prends conscience que, lorsque j’écoute du bandonéon, en général donc du tango, j’ai tendance à me lever, à ne pas pouvoir rester assis, à bouger, à faire les cent pas, sans précipitation et comme pour accompagner l’instrument par cette déambulation.
- il y a aussi tous les disques que je ne peux écouter qu’à travers de baffles, à l’exclusion de casques, et avec un son assez fort. J’ai besoin de sentir l’air vibrer et le son remplir la pièce. C’est le cas des disques de Galliano et peut-être de tout ce qui se regroupe sous la catégorie « jazz ».
- autre catégorie, que j’évoquais hier à propose de « Memories » : les disques qui impliquent une écoute au casque, bien calé dans un siège très confortable, fauteuil ou canapé, plutôt dans une atmosphère de pénombre, propice voire nécessaire pour entrer dans une musique de l’intériorité. Je pense ici encore à « 7x7 » de Pacalet ou à certaines interprétations d’Anzellotti. Curieusement, Daniel Mille est difficile à situer : parfois proche de Galliano, parfois proche de cette catégorie de l’intériorité.
- il y a aussi tous ces disques que nous aimons particulièrement écouter à la belle saison, éventuellement en déjeunant sur la terrasse arrière, ce sont les disques que l’on écoute toutes portes et fenêtres ouvertes : Lassagne, Sopa, Macias, Amestoy, Colin, Corti, etc…
- et puis enfin, il y a tout ce que l’on écoute sur cd, mais qui ne s’écoute vraiment qu’en direct, sur place, tout ce qui se consomme « à chaud », dans l’instant, et qui perd sa saveur à être réchauffé ou mis en boite : par exemple, Lacaille, Rivas ou FreeBidou…
Voilà, cette typologie n’a pas l’ambition d’être complète ou systématique ; elle exige encore du travail pour affiner les catégories, les développer et vérifier son opérationalité, mais déjà elle a le mérite d’exister et de me permettre d’avancer un peu dans cette idée de correspondance entre la posture et l’accordéon que j’écoute…
- d’abord, les incompatibilités. Il m’est impossible, physiquement impossible, d’écouter de l’accordéon en travaillant, en lisant un texte qui requiert une certaine attention continue ou en réfléchissant à un problème intellectuel. Les interférences sont telles entre l’attention à l’écoute et l’attention aux idées que tout se brouille et que très vite l’une des activités doit laisser place exclusive à l’autre. A cette interférence des attentions s’ajoute une composante morale, à savoir que j’ai pour ainsi dire honte d’entendre de la musique sans l’écouter, car j’ai le sentiment de manquer de respect au compositeur et aux interprètes. Autre incompatibilité : je suis physiquement incapable d’écouter quelque musique que ce soit avec ces suppositoires que beaucoup de gens, de plus en plus nombreux, se collent dans les oreilles… semble-t-il pour leur plus grand plaisir si j’en juge par leur apparente béatitude au milieu des pires flux de foule ou de circulation… Dans cette incompatibilité, il y a certes l’inconfort de ces prothèses auditives, mais aussi une réticence morale du type évoqué ci-dessus.
- ensuite, il y a l’accordéon que j’écoute, sans scrupule, en voiture, notamment sur autoroutes. Par exemple, « 17 rue du plaisir » de B. Roy et sa bande. Je me rappelle encore un parcours entre Pau et Hossegor, en été, où la dame du péage, au moment où j’avais baissé la vitre, avait pris en pleine figure une telle bouffée d’accordéon que, de saisissement, elle n’avait pu que proférer : « Oh ! là, là ! »… avant de se reprendre pour me demander le titre du disque. Autre exemple, « Alma » de Dazibao, écouté avec Françoise, l’an dernier, en janvier, au retour de Tulle vers Toulouse.
- tout en faisant cette ébauche de typologie, je prends conscience que, lorsque j’écoute du bandonéon, en général donc du tango, j’ai tendance à me lever, à ne pas pouvoir rester assis, à bouger, à faire les cent pas, sans précipitation et comme pour accompagner l’instrument par cette déambulation.
- il y a aussi tous les disques que je ne peux écouter qu’à travers de baffles, à l’exclusion de casques, et avec un son assez fort. J’ai besoin de sentir l’air vibrer et le son remplir la pièce. C’est le cas des disques de Galliano et peut-être de tout ce qui se regroupe sous la catégorie « jazz ».
- autre catégorie, que j’évoquais hier à propose de « Memories » : les disques qui impliquent une écoute au casque, bien calé dans un siège très confortable, fauteuil ou canapé, plutôt dans une atmosphère de pénombre, propice voire nécessaire pour entrer dans une musique de l’intériorité. Je pense ici encore à « 7x7 » de Pacalet ou à certaines interprétations d’Anzellotti. Curieusement, Daniel Mille est difficile à situer : parfois proche de Galliano, parfois proche de cette catégorie de l’intériorité.
- il y a aussi tous ces disques que nous aimons particulièrement écouter à la belle saison, éventuellement en déjeunant sur la terrasse arrière, ce sont les disques que l’on écoute toutes portes et fenêtres ouvertes : Lassagne, Sopa, Macias, Amestoy, Colin, Corti, etc…
- et puis enfin, il y a tout ce que l’on écoute sur cd, mais qui ne s’écoute vraiment qu’en direct, sur place, tout ce qui se consomme « à chaud », dans l’instant, et qui perd sa saveur à être réchauffé ou mis en boite : par exemple, Lacaille, Rivas ou FreeBidou…
Voilà, cette typologie n’a pas l’ambition d’être complète ou systématique ; elle exige encore du travail pour affiner les catégories, les développer et vérifier son opérationalité, mais déjà elle a le mérite d’exister et de me permettre d’avancer un peu dans cette idée de correspondance entre la posture et l’accordéon que j’écoute…
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