samedi, février 10, 2007

mercredi 14 février

Toujours dans la dernière livraison d’« Accordéon & accordéonistes », je suis frappé par l’encart de six pages intitulé « Boutique », qui se trouve au milieu de la revue. C’est une telle prolifération de cds que je me demande comment une telle production est possible. Je dis bien production et non création, car il me semble bien qu’il est plus question de produire que de créer. Je suis d’ailleurs effaré, à la lecture de certaines interviewes d’accordéonistes spécialisés dans les bals, soirées dansantes, thés dansants et autres animations de croisières, par la quantité quasi industrielle des œuvres qu’ils ont déposées à la SACEM. On pense à Bashung : « ma petite entreprise ». Sauf que l’entreprise n’est pas si petite que ça ! On est bien, me semble-t-il, dans une logique de productivité et non de créativité. Il s’agit de « mettre sur le marché » des produits calibrés, des sortes de clones, dont l’audition place d’emblée le récepteur en terrain connu, ce récepteur étant d’abord un danseur, et non de faire « émerger » des œuvres, originales et surprenantes, que l’on ne peut apprécier qu’avec beaucoup d’attention. Même si je n’arrive pas à apprécier ces produits de grande consommation, je constate qu’ils constituent une facette fort importante du monde de l’accordéon. Et j’admets fort bien que l’on puisse apprécier d’écouter de l’accordéon pour retrouver toujours de la même chose, même si, quant à moi, je préfère y trouver de la surprise et matière à étonnement. On pourrait d’ailleurs m’objecter que moi aussi, quand j’écoute Galliano, je cherche bien à me retrouver en pays connu. Oui, sauf que le pays de Galliano est, en tant que tel, varié, surprenant et inépuisable. Il faudra aussi qu’un jour je me renseigne sur la réalité de ce marché et que j’aille voir justement si la diffusion de cette production de cds et, de plus en plus, de dvds a lieu préférentiellement sur des marchés. Pour l’instant, les cds de la « Boutique » sont à 23 euros, ce qui a priori me parait fort élevé par rapport aux prix habituels de la grande distribution.

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Après avoir sacrifié au rite de l’achat de produits alimentaires, ce qui n’est pas sans lien avec mon propos ci-dessus, je suis allé voir ce qu’il en était du rayon des cds à prix réduits à l’espace culturel de l’hypermarché. Parcourir ces présentoirs, au nombre de huit maintenant, est toujours un ravissement. Comme les gens fouillent et déplacent les disques, il finit par se produire des rapprochements surréalistes. Par exemple, « Le soldat rose » et « Les fanfares militaires »… Lors de mes dernières visites, j’y ai trouvé plusieurs « Noir Désir », « Arno », « Sanseverino », etc… Parmi les disques ainsi proposés, il y a quantité de disques d’accordéon. « Les rois de l’accordéon », « Les plus beaux airs d’accordéon », « La France de l’accordéon », « Accordéon Séduction », « 100 ans de succès à l’accordéon » ou « Les 100 plus grands succès d’accordéon », « Les disques d’or de l’accordéon », etc… Dois-je dire que je n’ai guère envie de les acheter ? Mais je regarde toujours attentivement les titres et les interprètes qui y figurent, à la recherche d’une perle rare. Et justement, j’en ai trouvé une : « Paris Bal Musette », compilation Vogue de 1984, remasterisée en 1988. A côté du « Bal à Jo » (Privat 1969), de « Soir de dispute » (Gus Viseur 1969), de « La migliavacca » (Armand Lassagne 1961), il y a neuf titres de Georgette Plana. Je ne résiste pas au plaisir de les recopier :

- « Le dénicheur », 1956
- « Du gris », 1969
- « Le tango du chat », 1965
- « La vipère du trottoir », 1969
- « Là où y’a des frites », 1962
- « Les nocturnes », 1956
- « La java bleue », 1956
- « Dans les bouges la nuit », 1970
- « Les roses blanches », 1959

Et tout ça, pour la somme modique de 4,99 euros…