mardi, avril 10, 2007

mercredi 11 avril







La journée de mardi a été contrastée et pleine d’heureuses surprises. Voyons les faits. Les démarches pour faire admettre ma mère en maison de retraite s’apparentent à un parcours de labyrinthe et ne me laissent que peu de loisirs à consacrer à l’écoute de l’accordéon. La visite de ces maisons m’inspire un sentiment partagé. Je ne peux m’empêcher de penser à la pièce de Beckett, « En attendant Godot ». Peu à peu, profitant des longs moments d’attente avant de rencontrer les administrateurs de ces institutions, je cultive mon sens de l’observation et je sens bien que je progresse dans la connaissance technique et ergonomique des déambulateurs. Plus tard, quand le moment sera venu, je saurai choisir le meilleur matériel…

Mais je parlais d’heureuses surprises. J’en retiens deux :

- un courriel de Tony, spécialiste ès-Jo Privat. Son site vaut le voyage :

http://swingjo.apinc.org/home.php

A l’occasion de ce courriel, il me donne une autre adresse que je répercute à mon tour :

http://swingjo.apinc.org/phpBB217/viewtopic.php?t=971

Mais il y est aussi question de Pau, d’Hossegor, de Vieux-Boucau, de Gourette et de la Pierre Saint Martin, des noms de lieux chargés de souvenirs d’enfance et d’adolescence, pays de glisse, pays de vagues, souvenirs indélébiles, à tout jamais inscrits dans l’écume des déferlantes ou dans les explosions de poudreuse. Il est question aussi de bouteilles de vin. On pense à ces terroirs qui sonnent comme des noms de mousquetaires : Madiran, Jurançon, Tursan, Saint Mont, Armagnac, Pacherenc…

Deuxième surprise. A dix heures, je découvre dans ma boite à lettres, une enveloppe, venue de l’autre côté de la France, du pays de Rimbaud, Charleville-Mézières. Je suppose qu’elle contient un cd. Et pourtant je n’avais aucune commande à venir. Suivant un rituel que j’affectionne j’ouvre l’enveloppe sur un coin de tapis marocain : un cd se trouve bien à l’intérieur accompagné d’une page manuscrite. Patrick E. m’explique que, lisant parfois ce blog et étant lui-même amateur d’accordéon, il a pensé que cet album du Quintet Soledad pourrait m’intéresser. Et en effet je ne connaissais pas cette formation. Ma surprise est complète, mais bien plus encore je suis très sensible à ce geste de générosité. Peut-être n’aurons nous jamais l’occasion de nous rencontrer, mais peu importe car la passion de l’accordéon et le désir de la faire partager suffisent pour nous rapprocher. Je ne peux m’empêcher, en recevant ce cd, de penser à la force du don et de trouver cela émouvant. Malgré la distance, il y a comme la certitude qu’une communauté existe, fondée sur l’attachement au plaisir esthétique, particulièrement à la musique de l’accordéon ou du bandonéon. J’ai eu plusieurs fois l’occasion de dire à quel point esthétique et éthique me paraissent proches. En voilà, me semble-t-il, une preuve de plus. Il n’y a pas de plaisir esthétique sans désir de le partager, sans générosité donc. Un monde existe qui n’est pas purement marchand, qui n’est pas nécessairement conflictuel et fondé sur la compétition. Le goût partagé de l’accordéon fabrique du lien social, en toute spontanéité. C’est cela que je n’hésite pas à qualifier d’émouvant.

A mon tour, spontanément, j’ai envie de faire connaître « Champlong » à mon correspondant, de lui faire partager le plaisir que j’éprouve à écouter cet album, et je vais immédiatement m’employer à le faire.

Comme les circonstances ne sont guère favorables à une écoute sereine, je me donne un peu de temps pour apprécier ce cd à sa juste valeur. Pour l’instant, je retiens qu’une première écoute, en diagonale, m’a tout de suite donné envie d’approfondir mes premières impressions. Je note aussi que la présentation du disque est de grande qualité, que la couverture en noir et blanc est énigmatique – elle me fait penser à une photographie de Cartier-Bresson – et qu’enfin la qualité technique m’a paru irréprochable.

- « Del Diablo », Quintet Soledad, Virgin 2003.

Manu Comté, accordéon & bandonéon, Nicolas Stevens, violon, Alexander Gurning, piano, Patrick de Schuyter, guitares, Philippe Cormann, contrebasse.

Mais je n’en dirais pas plus pour aujourd’hui, car le travail artistique de ce quintet, comme le geste de Patrick E., méritent toute mon attention. A suivre…