lundi 31 décembre -
En ce dernier jour de l’année 2007, entre deux courses ou autres obligations de dernière minute, j’écoute deux disques que j’avais commandés à « Paris Jazz Corner » :
- « Hradcany », Quoi de neuf docteur, 2003
- « Reed Song », Clean Feed, 2002
J’avais souhaité écouter « Hradcany » pace que j’avais écouté, il y a un certain temps déjà, un disque d’accordéon solo de David Venitucci, "Cascade", et que cela m’avait donné envie de l’entendre à nouveau. De même, j’avais souhaité écouter « Reed Song » parce que j’avais eu l’occasion d’entendre Will Holshouser d’une part dans le cadre de la formation de David Krakauer, d’autre part dans le cadre de son trio sur « Singing to a Bee ». A partir de là, je voulais en savoir plus.
Dans le premier cd, David Venitucci joue en trio avec Serge Adam à la trompette et Philippe Botta au saxophone ou à la flûte. Dans le second, Will Holshouser joue en trio avec Ron Norton à la trompette et David Phillips à la contrebasse. Kevin Norton, à la batterie, se joint à eux pour deux morceaux. Ce trio est le même qui interprète « Singing to a Bee », cd de 2006, donc postérieur à "Reed Song".
Curieusement, alors que j’avais commandé ces deux cds pour les deux accordéonistes qui s’y produisent, dans l’un et l’autre cas, j’ai eu affaire à un trio et dans chacun de ces trios à une trompette. Une trompette très présente. Et, comme cela m’est arrivé à plusieurs reprises, je trouve ces deux albums plutôt difficiles en première écoute. Ce sentiment de difficulté est toujours l’annonce d’une ouverture et d’une appréhension plus complexe ce l’accordéon, mais évidemment cela demande un effort d’attention et de compréhension.
« Hradcany » évoque pour moi un monde turc ou en tout cas de l’est du bassin méditerranéen, même si l’un des titres est « Bucarest ». En tout cas, les arrangements à partir d’airs traditionnels me font penser à ces mélodies qui ont leur origine autour du Bosphore. L’accord accordéon / trompette / saxophone ou flûte « fonctionne » parfaitement et d’écoute en écoute j’entre de mieux en mieux dans le monde construit par le trio. « Reed Song » me fait penser au monde du jazz new-yorkais. L’ombre de Woody Allen est pour ainsi dire dans les coulisses, derrière le trio. Du musette ou de la ballade au free-jazz, ça transpire l’intelligence et la distance, donc l’humour.
A propos d’intelligence, un trait commun aux deux albums : le sentiment qu’il s’agit de deux formations où les musiciens ont réfléchi à la musique qu’ils interprètent. C’est-à-dire qu’il y a, sous-jacente à leurs interprétations, un travail réflexif approfondi qui donne parfois à leur jeu quelque chose de conceptuel. Je parlerais volontiers ici de musique réflexive. Même si l’impression n’est pas toujours fondée, il me semble qu’il y a des musiques que l’on perçoit d’emblée comme spontanées, quasi « naturelles », pour autant qu’en la matière cette expression ait un sens, d’autres que l’on perçoit comme construites à partir d’une réflexion plus ou moins théorique. « Hradcany » et « Reed Song » appartiennent pour moi plutôt à la deuxième catégorie. Si je devais situer ce que j’écoute entre deux pôles : nature et culture, corporel et conceptuel, assurément ils seraient plus proches du second. Mais évidemment, il y a matière à plaisirs dans l’un et l’autre cas. Pour illustrer cette esquisse de distinction, disons que René Lacaille serait pour moi un représentant caractéristique de la première catégorie et qu’aujourd’hui Michel Macias me semble évoluer de cette catégorie vers quelque chose de plus conceptuel, sans rien perdre de son talent. c'est ainsi que René Lacaille s'efforce toujours avec insistance de faire danser ses auditeurs, il joue pour des danseurs, alors que je note que Michel Macias, de plus en plus solo, semble de plus en plus renoncer à cette visée qui s'exprimait dans la formule "concert emballant, bal concertant".
- « Hradcany », Quoi de neuf docteur, 2003
- « Reed Song », Clean Feed, 2002
J’avais souhaité écouter « Hradcany » pace que j’avais écouté, il y a un certain temps déjà, un disque d’accordéon solo de David Venitucci, "Cascade", et que cela m’avait donné envie de l’entendre à nouveau. De même, j’avais souhaité écouter « Reed Song » parce que j’avais eu l’occasion d’entendre Will Holshouser d’une part dans le cadre de la formation de David Krakauer, d’autre part dans le cadre de son trio sur « Singing to a Bee ». A partir de là, je voulais en savoir plus.
Dans le premier cd, David Venitucci joue en trio avec Serge Adam à la trompette et Philippe Botta au saxophone ou à la flûte. Dans le second, Will Holshouser joue en trio avec Ron Norton à la trompette et David Phillips à la contrebasse. Kevin Norton, à la batterie, se joint à eux pour deux morceaux. Ce trio est le même qui interprète « Singing to a Bee », cd de 2006, donc postérieur à "Reed Song".
Curieusement, alors que j’avais commandé ces deux cds pour les deux accordéonistes qui s’y produisent, dans l’un et l’autre cas, j’ai eu affaire à un trio et dans chacun de ces trios à une trompette. Une trompette très présente. Et, comme cela m’est arrivé à plusieurs reprises, je trouve ces deux albums plutôt difficiles en première écoute. Ce sentiment de difficulté est toujours l’annonce d’une ouverture et d’une appréhension plus complexe ce l’accordéon, mais évidemment cela demande un effort d’attention et de compréhension.
« Hradcany » évoque pour moi un monde turc ou en tout cas de l’est du bassin méditerranéen, même si l’un des titres est « Bucarest ». En tout cas, les arrangements à partir d’airs traditionnels me font penser à ces mélodies qui ont leur origine autour du Bosphore. L’accord accordéon / trompette / saxophone ou flûte « fonctionne » parfaitement et d’écoute en écoute j’entre de mieux en mieux dans le monde construit par le trio. « Reed Song » me fait penser au monde du jazz new-yorkais. L’ombre de Woody Allen est pour ainsi dire dans les coulisses, derrière le trio. Du musette ou de la ballade au free-jazz, ça transpire l’intelligence et la distance, donc l’humour.
A propos d’intelligence, un trait commun aux deux albums : le sentiment qu’il s’agit de deux formations où les musiciens ont réfléchi à la musique qu’ils interprètent. C’est-à-dire qu’il y a, sous-jacente à leurs interprétations, un travail réflexif approfondi qui donne parfois à leur jeu quelque chose de conceptuel. Je parlerais volontiers ici de musique réflexive. Même si l’impression n’est pas toujours fondée, il me semble qu’il y a des musiques que l’on perçoit d’emblée comme spontanées, quasi « naturelles », pour autant qu’en la matière cette expression ait un sens, d’autres que l’on perçoit comme construites à partir d’une réflexion plus ou moins théorique. « Hradcany » et « Reed Song » appartiennent pour moi plutôt à la deuxième catégorie. Si je devais situer ce que j’écoute entre deux pôles : nature et culture, corporel et conceptuel, assurément ils seraient plus proches du second. Mais évidemment, il y a matière à plaisirs dans l’un et l’autre cas. Pour illustrer cette esquisse de distinction, disons que René Lacaille serait pour moi un représentant caractéristique de la première catégorie et qu’aujourd’hui Michel Macias me semble évoluer de cette catégorie vers quelque chose de plus conceptuel, sans rien perdre de son talent. c'est ainsi que René Lacaille s'efforce toujours avec insistance de faire danser ses auditeurs, il joue pour des danseurs, alors que je note que Michel Macias, de plus en plus solo, semble de plus en plus renoncer à cette visée qui s'exprimait dans la formule "concert emballant, bal concertant".
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