mercredi, janvier 23, 2008

mercredi 23 janvier - alan bern accordéon klezmer

20h31. Dans la pénombre de la scène en attente de musiciens, les instruments se concentrent comme des athlètes de haut niveau : accordéons, marimba, percussions, harpe, guitare. Assis au premier rang, Bruno Maurice et Alan Bern se mettent d'accord sur leurs discours de présentation respectifs. Alan Bern dit à Bruno Maurice qu'il a apprécié au plus haut point la qualité de ses étudiants au cours de la master-classe qu'il a animée et il lui dit qu'il tient à exprimer publiquement son sentiment. Ce qu'il fera en effet en fin de soirée. Quelque chose de cette satisfaction d'Alan Bern passera tout au long de la soirée et donnera à ce concert sa couleur très particulière. Exigence et simplicité. Tellement exigeant qu'on peut se comporter avec la plus grande simplicité. Cette dimension morale n'est pas dissociable de la qualité musicale des prestations.
20h41. En quelques mots, Bruno Maurice présente le programme, ses étudiants, le cadre de la soirée et Alan Bern, musicien klezmer.

20h46. Bruno Maurice et deux de ses élèves donnent deux ou trois pièces avec deux percussionnistes, une harpiste et un guitariste. Ils ont, dit-il, l'habitude de travailler ensemble.




21h13. Bruno Maurice dirige ici vingt de ses étudiants dans l'exécution de quelques arrangements originaux dont il est l'auteur.


21h31. Après une présentation verbale où Alan Bern s'est situé dans la tradition klezmer et dans la perspective d'une ouverture à d'autres traditions et d'un renouvellement incessant de celle-ci, la magie opère. Comment dire ? C'est comme une voix, venue de très loin, qui nous parle et nous insuffle une sorte de nostalgie paradoxalement désespérée et sereine. Une sorte de conscience aigue, comme un scalpel, crispée et apaisée à la fois.


Mais on sent bien qu'Alan Bern ne pourra pas rester longtemps assis. L'accordéon sera un mouvement total ou ne sera pas. En tout cas, on sent bien aussi que la méditation musicale ne peut pas rester longtemps étrangère à une véritable aspiration religieuse, voire mystique. Ce n'est certes pas un hasard si Alan Bern fait allusion à un mouvement religieux juif qui s'efforce de créer un langage musical immédiat et sans paroles, sans support discursif. Au-delà des mots et des phrases, l'accordéon, seul avec son souffle, son âme.





21h39. C'était inévitable. il ne pouvait rester assis. Il devait se lever et danser.



21h59. Un moment que je qualifierais de sublime. "Angel Blue", duo Alan Bern et Bruno Maurice. J'ai longuement hésité avant d'écrire ce mot, sublime, mais je crois qu'il est pertinent. Dois-je l'avouer, j'aurais voulu que chaque instant dure indéfiniment.



22h08. La fin approche. Il n'est plus question de rester en place. Les vingt jeunes accordéonistes sont emportés dans le tourbillon de leurs deux maîtres. In fine, tout le monde descend de la scène, se disperse dans les coulisses, puis revient en scène, etc...


Dernière remarque enfin : tous ceux qui le connaissent auront reconnu Yvan M ... sur presque toutes les photos. Je garde trace, je prends date. On en reparlera dans dix ans... D'ici là, on aura pu parler, je l'espère, des relations entre l'accordéon et l'orchestre et de la manière dont l'accordéon, suivant la belle expression d'Yvan, lui-même, "vient" aux compositeurs non accordéonistes eux-mêmes. La problématique m'intéresse en effet, car j'imagine qu'elle n'est pas sans rapport avec l'orchestre en tant que système et avec l'accordéon en tant qu'il se situe dans une configuration orchestrale. Rapport du tout et de la partie : dans un système, les parties, les éléments font partie du tout, c'est évident, mais réciproquement le tout est en chacune de ses parties, ce qui est moins évident.