samedi 19 janvier - sur la route
Mardi matin, 10h30. Le facteur dépose dans la boite à lettres un paquet contenant un cd que j'avais commandé à Olivier Cahours. Il y a quelques jours en effet, en relisant le numéro de "Jazzman", numéro 112, d'avril 2005, numéro consacré aux relations entre le jazz et l'accordéon, j'avais découvert quelques lignes sur Jacky Lignon. Il y est présenté comme élève de Marcel Azzola et Joe Rossi. Comme référence discographique, il y est indiqué un cd autoproduit en 2002, "Sur la route", et il est écrit qu'il partage "avec le contrebassiste Thierry Colson et le guitariste Olivier Cahours une musique de chambre très écrite aux influences world laissant à penser qu'il n'a pas oublié sa collaboration avec Daniel Goyone".
Un coup d'oeil sur le verso du boitier. Douze morceaux : six d'Olivier Cahours, six de Jacky Lignon. Enregistrement en août 2002.
Et voilà la galette qui tourne. Un jazz précis et intimiste, qui nous plait immédiatement. On pense en écoutant certains morceaux à l'album "3 temps pour bien faire" de Marcel Azzola, Marc Fosset et Patricine Caratini : accordéon, contrebasse, guitare. On est entre gens de la même famille. Evidemment, ça tourne en boucle, tant et si bien qu'une fois encore on laisse filer le temps. Une heure dix... il serait temps de penser à manger une petite croûte. Mais on a la flemme d'ouvrir les huitres que nous avions prévu de déguster ce midi. On se contentera d'un sandwich dans la galerie marchande de l'hypermarché. "L'ile aux sandwiches" ! Deux "béarnais" : pain de campagne grillé, jambon du pays, fromage itou, eau minérale. Mais, à cette heure, la file d'attente nous décourage d'attendre. Donc, avant de déjeuner, petit tour à l'espace culturel pour en explorer les ressources.
Françoise déniche quatre albums magnifiques pour Charlotte et Camille :
- "Va-t'en, Grand Monstre vert !", Ed Emberley, Ecole des loisirs
- "Je veux de la lumière !", Tony Ross, Gallimard Jeunesse
-"Max et les maximonstres", Maurice Sendak, L'école des loisirs
- "La vie des cailloux", Camille Guillon et Jean-Marc Fies, Le baron perché
Comme nous nous dirigeons vers la caisse, lorsque nous passons devant les disques, notre regard est attiré par l'abondance renouvelée des cds de musique basque. C'est fou le nombre d'albums sur lesquels figure un accordéon, au point que je ressens un peu cette présence manifeste comme une provocation. Heureusement qu'ils sont pour la plupart "indisponibles en lecture" sur les appareils ad hoc. Tout de même, l'un d'entre eux se laisse écouter :
- "Amorrua", Iker Goenaga, Elkar, collection Triki, 2005.
Et toujours le même accordéon, Zero Sette, qui semble avoir le monopole dans le monde des accordéonistes basques. La musique est bien du même tonneau que celle de Kepa Junkera ou de Gozategi, dont j'ai noté plusieurs albums dans les rayons. Je la qualifierais de néo-folklore. C'est en effet, à n'en pas douter, d'un folklore très typé qu'il s'agit, mais en même temps ouvert à toutes sortes d'influences et ouvert à des instruments modernes, comme par exemple la guitare électrique.
Bon, je résume. "L'ile aux sandwiches" est enfin accessible un peu avant deux heures. On tient nos "béarnais" bien croustillants. Pour le café, il suffit de se déplacer d'une boutique. "Théoucafé" ! On y a nos habitudes et nos cartes de fidélité. Et justement, comme elles sont pleines (dix tampons), on a nos deux cafés à l'oeil. Du coup, on remet ça. Café de la semaine. Ouf ! Il est raide, surtout sans sucre.
Dès que nous sommes installés dans la voiture, sur le parking, on lance la lecture de l'album basque. Dès les premières notes, on se regarde et l'on se comprend. On ne va pas rentrer comme ça à la maison, directo. On décide tacitement d'écouter Iker Goenaga en se dirigeant vers la montagne, précisément vers Lourdes.
Après avoir passé la passerelle d'Henri IV, la route plonge sur la plaine de Nay : maraîchages et maïs. Une région, sinon riche, du moins aisée. La terre rend bien le travail et le soin qu'on lui donne.
Quand les nuages masquent le soleil, la terre à maïs est noire comme de la tourbe. Au loin le col du Soulor. Hier, les sommets étaient enneigés, recouverts de neige fraîche ; aujourd'hui, ils sont couverts de grandes taches sombres. Un vent du sud les a traversés ce matin au lever du jour. Il fait 16° en ce début d'après-midi.
A gauche de l'axe Pau-Lourdes, le magnifique Pic du Midi de Bigorre, dont la coupole étincelle au moindre rayon de soleil.
Dès que le soleil a pu percer les nuages, la terre à maïs apparait blanche comme recouverte de sable ou de cendres. Du noir au blanc et vice-versa en un clin d'oeil. A gauche donc le Pic du Midi qui surplombe Tarbes.
De l'autre côté de la route, à droite, la ligne des sommets qui semble se confondre avec le ciel en descendant doucement vers l'océan. Ce sont les contreforts basques que l'on aperçoit au loin pendant que les rythmes réguliers de "Amorrua" accompagnent les mouvements du volant. Un virage à gauche, un virage à droite et ainsi de suite... jusqu'à ce qu'en prenant de l'altitude on arrive au niveau de la terre à vaches ou à moutons. Le Pic du Midi est toujours là quels que soient les tours et détours de la route ou ses ondulations. Il est temps de rentrer prendre un bon chocolat chaud en écoutant "Sur la route" . J'ai gardé de mon enfance du goût pour le Van Houten.
Alors que je suis sur le point d'enregistrer cette page, je reçois sur mon ordinateur ces deux photos de la part de Françoise. Elles ont été prises, cet après-midi, lors de notre circuit aux alentours de Pau. Une question les accompagne : "Ces photos ne te font pas penser à "Champlong" de Jacques Pellarin ?". "Si !"
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