mercredi 25 juin - logique floue
Comme je lisais un article, page 38, du numéro 11 des « Grands dossiers » de la revue « Sciences Humaines », article intitulé « l’histoire paradoxale de la notation musicale », une réflexion m’est venue à l’esprit, que je note tout de suite pour ne pas l’oublier. Brut de décoffrage. On verra plus tard quels en seront les prolongements, s’il y en a. Ou plus exactement, j’ai l’intuition que des prolongements intéressants pourraient en découler, mais je ne suis pas certain d’être capable de les penser.
L’idée est la suivante : si je comprends bien le rôle de la notation musicale, la fonction de la partition, il me semble qu’il s’agit de se donner une image lisible, décodable, des notes, de leur hauteur, de leur durée et de leurs positions relatives (simultanéité / succession). En première approche, la partition apparait comme un support prescriptif et normatif, puisqu’elle signifie par son agencement ce qui doit être joué, qu’elle institue pour ainsi dire la permanence de la musique à interpréter à la différence de la musique improvisée. Mais quelque chose échappe à la prescription et à la norme, c’est le tempo, c’est-à-dire ce qui, finalement, donne vie aux signes lus et au travail de décodage de l’interprète. Le tempo, en effet, même dans le cas de notations explicites, écrites en toutes lettres, n’est ni strictement quantifiable, ni réductible à des indications objectives, c’est-à-dire dépourvues de toute ambigüité, quels que soient les lecteurs-interprètes-traducteurs qui en font un objet concret.
Par exemple, « allegro ma non troppo », « andantino », « rondo-allegro », etc… et toute autre indication de ce type n’ont pas de sens en soi, pas de sens fixe ; elles n’ont de sens que par référence au système-tempo de chaque interprète. Le sens n’est pas dans la formule en tant que telle ; il ne prend corps, littéralement parlant, que par rapport à une totalité temporelle, à un réseau de notes, propre à chaque interprète, qui traduit la partition qu’il lit. Comme dans tout système, on peut dire que chaque partie ne prend sens que par son rapport au tout ou encore que le tout précède la manifestation de chacune de ses parties. C’est pourquoi aussi telle partie, quand on a affaire à un interprète et pas à un simple déchiffreur de partition, est en quelque sorte significative de toutes les autres et du tout. La partie est dans le tout ; le tout est en chacune de ses parties.
Je ne sais pourquoi cette réflexion m’a fait penser à ces petites annonces du type « cherche appartement pas trop cher, proche du centre ville, bien ensoleillé, à proximité du métro » ou « à vendre maison de style, bien située, finitions soignées, travaux à prévoir, combles aménageables ». Ou encore à des informations comme celles-ci : « au cours de la matinée, il est possible que la circulation soit ralentie sur la rocade nord » ou « on peut s’attendre à des bouchons en fin de soirée sur le périphérique intérieur ». Dans tous ces cas, l’information est irréductible à la logique binaire ou exclusive du vrai/faux. Ici, l’information est trop complexe et trop chargée d’incertitudes pour se réduire à un raisonnement du type « ou bien… ou bien… », à l’exclusion de tout intermédiaires. Cette complexité et cette incertitude, bien loin d’être un défaut, sont précisément des modalités de l’information qui font place à la prise de décision et, en amont, à l’interprétation. On a pu parler à ce sujet de logique floue, de traitement d’informations imprécises. C’est cette même imprécision qui permet la liberté et disons-le l’existence même des interprètes. C’est ce qui fait que chaque concert est un moment radicalement imprévisible, un moment unique. C’est ce flou qui explique que si Richard Galliano joue « Indifférence », ici et maintenant, à la fois je reconnais cette valse et je reconnais que c’est bien « du Galliano ». Paradoxe ! Je reconnais cette composition comme je la reconnaitrais interprétée par un autre accordéoniste et en même temps je le reconnais comme étant « du Galliano » même si je ne l’ai jamais entendue auparavant interprété par lui.
Bon, il faudra creuser un peu ce filon, mais d’ores et déjà j’aime assez l’idée d’une relation étroite et quasi essentielle entre les morceaux d’accordéon que j’apprécie et la logique floue…
L’idée est la suivante : si je comprends bien le rôle de la notation musicale, la fonction de la partition, il me semble qu’il s’agit de se donner une image lisible, décodable, des notes, de leur hauteur, de leur durée et de leurs positions relatives (simultanéité / succession). En première approche, la partition apparait comme un support prescriptif et normatif, puisqu’elle signifie par son agencement ce qui doit être joué, qu’elle institue pour ainsi dire la permanence de la musique à interpréter à la différence de la musique improvisée. Mais quelque chose échappe à la prescription et à la norme, c’est le tempo, c’est-à-dire ce qui, finalement, donne vie aux signes lus et au travail de décodage de l’interprète. Le tempo, en effet, même dans le cas de notations explicites, écrites en toutes lettres, n’est ni strictement quantifiable, ni réductible à des indications objectives, c’est-à-dire dépourvues de toute ambigüité, quels que soient les lecteurs-interprètes-traducteurs qui en font un objet concret.
Par exemple, « allegro ma non troppo », « andantino », « rondo-allegro », etc… et toute autre indication de ce type n’ont pas de sens en soi, pas de sens fixe ; elles n’ont de sens que par référence au système-tempo de chaque interprète. Le sens n’est pas dans la formule en tant que telle ; il ne prend corps, littéralement parlant, que par rapport à une totalité temporelle, à un réseau de notes, propre à chaque interprète, qui traduit la partition qu’il lit. Comme dans tout système, on peut dire que chaque partie ne prend sens que par son rapport au tout ou encore que le tout précède la manifestation de chacune de ses parties. C’est pourquoi aussi telle partie, quand on a affaire à un interprète et pas à un simple déchiffreur de partition, est en quelque sorte significative de toutes les autres et du tout. La partie est dans le tout ; le tout est en chacune de ses parties.
Je ne sais pourquoi cette réflexion m’a fait penser à ces petites annonces du type « cherche appartement pas trop cher, proche du centre ville, bien ensoleillé, à proximité du métro » ou « à vendre maison de style, bien située, finitions soignées, travaux à prévoir, combles aménageables ». Ou encore à des informations comme celles-ci : « au cours de la matinée, il est possible que la circulation soit ralentie sur la rocade nord » ou « on peut s’attendre à des bouchons en fin de soirée sur le périphérique intérieur ». Dans tous ces cas, l’information est irréductible à la logique binaire ou exclusive du vrai/faux. Ici, l’information est trop complexe et trop chargée d’incertitudes pour se réduire à un raisonnement du type « ou bien… ou bien… », à l’exclusion de tout intermédiaires. Cette complexité et cette incertitude, bien loin d’être un défaut, sont précisément des modalités de l’information qui font place à la prise de décision et, en amont, à l’interprétation. On a pu parler à ce sujet de logique floue, de traitement d’informations imprécises. C’est cette même imprécision qui permet la liberté et disons-le l’existence même des interprètes. C’est ce qui fait que chaque concert est un moment radicalement imprévisible, un moment unique. C’est ce flou qui explique que si Richard Galliano joue « Indifférence », ici et maintenant, à la fois je reconnais cette valse et je reconnais que c’est bien « du Galliano ». Paradoxe ! Je reconnais cette composition comme je la reconnaitrais interprétée par un autre accordéoniste et en même temps je le reconnais comme étant « du Galliano » même si je ne l’ai jamais entendue auparavant interprété par lui.
Bon, il faudra creuser un peu ce filon, mais d’ores et déjà j’aime assez l’idée d’une relation étroite et quasi essentielle entre les morceaux d’accordéon que j’apprécie et la logique floue…
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