dimanche 6 juillet - ...
Hier matin, à 10 heures, un message sur mon mobile. Michèle P. me demande de la rappeler d'urgence. Je crains le pire et en effet ses premiers mots sont pour me dire :"Michel est décédé cette nuit." Voilà, tout est dit. Tous les mots que l'on pourra ajouter seront vains. Pas tout à fait : ils vont permettre de se donner un peu de temps pour prendre conscience du scandale et de l'absurdité de ce fait. Cette annonce n'est pas inattendue, mais le choc, même prévisible, reste imparable. Depuis quelques semaines, Michel, un collègue et ami, avec qui j'ai écrit quelques articles et trois bouquins et animé quelques sessions de formations d'auditeurs ici ou là en France, Michel donc était attaqué de toutes parts par une saloperie de crabe, qui vient d'avoir sa peau. Il était épuisé.
Bien entendu, je me refuse à l'embaumer et à garder de lui ces dernières images, endormi sur son lit du centre anti-cancéreux, cherchant sa respiration et ses mots, incapable de tendre le bras jusqu'à son mobile... Je me rappelle qu'il y a quelques années, pour son départ à la retraite, je lui avais préparé une sélection de deux cds, que j'avais appelés "Accordéon Jazz". Mon goût pour l'accordéon l'avait d'abord intigué, puis amusé, puis intéressé. Il m'avait dit à quel point ma sélection avait été pour lui une révélation. Je le revois, souriant à la terrase d'un café, place Wilson à Toulouse, et me dire :"Tu en parles bien [de l'accordéon]". Bien entendu, je conserve précieusement ce compliment. Pour m'accompagner dans la rédaction de ces quelques lignes, bien entendu j'écoute les deux "Accordéon Jazz". Et pour tout dire je suis content de lui avoir fait connaitre ces morceaux...
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