mardi 22 juillet - jazz à junas
« Jazz à Junas, 16-19 juillet : le Languedoc rencontre la Sardaigne ». 15 ème édition ! Nous avons retenu deux soirées sur notre agenda, les 17 et 18, pour cause - évidemment ! - de présence d’accordéons. Le premier soir, concert de « Mare Nostrum » avec Galliano, Lundgren et Fresu. Le second soir, un premier concert donné à 21 heures par Daniel Mille Quintet, suivi d’un autre donné par PAF Trio : Paolo Fresu, Antonello Salis et Furio Di Castri.
Dans un premier temps, je rassemble quelques repères chronologiques, ce qui va me permettre ensuite de puiser parmi nos photonotes pour fixer quelques moments privilégiés et cultiver les plaisirs éprouvés durant ces deux jours et autour de ces deux jours. Double bonheur : celui de « prendre des photographies sur le vif » ; celui, plus tard, d’en choisir quelques unes comme traces, comme indices, et pour ce faire de les regarder ensemble encore et encore pour en extraire tous les signes qu’elles recèlent, signes manifestes, qui sautent aux yeux, ou latents, qui ne se dévoilent qu’après une nième lecture.
Le 15, après-midi, nous rejoignons Toulouse, où nous profitons de la maison des « petits » actuellement à Hossegor. Durant le parcours, nous écoutons « Histoires de Jo », un hommage que je trouve magnifique à Jo Privat. Ce sera le seul disque que nous écouterons en voiture au cours de notre voyage, car la circulation, très dense, style rodéo, surtout avec les camions qui se doublent entre eux, nous empêche d’y prendre le moindre plaisir. Nous arrosons les plantes et la pelouse puis, en fin d’après-midi, l’envie nous prend d’aller faire un tour à la Fnac… à tout hasard. Heureuse idée. Sans avoir besoin d’entreprendre une recherche, nous tombons littéralement sur trois disques :
- « Tref, accordéon diatonique », Wim Claeys, Didier Laloy, Bruno Le Tron et Frédéric Malempre aux percussions.
- « Cryptonique », Fabian Beghin et Didier Laloy
- « Piazzolla – Teatro Regina, Astor Piazzolla y su quinteto » [Edicion critica], disque que je cherchais vainement depuis que j’en avais lu une excellente critique par William Sabatier dans un numéro de la revue « Accordéon & accordéonistes ».
Avant de rentrer à la maison, nous prenons l’apéritif sur la place du Capitole. Le temps est délicieux. Nous déchirons les enveloppes des trois disques pour commencer à les apprivoiser ou à nous les approprier. Ce moment d’attente de l’écoute est délicieux, comme le temps.
Le 16, circulation hyperdense, souvent sur trois voies, entre Toulouse et Montpellier. Peu après midi, arrivée à Sommières où nous avons retenu une chambre à l’hôtel « L’Estelou ». Sommières est à cinq kilomètres de Junas ; nous aimons la ville ; l’hôtel est magique. A double titre. D’une part, en tant que bâtiment : c’est l’ancienne gare de Sommières, rénovée de manière magnifique. D’autre part, en tant que lieu où logent de nombreux musiciens. C’est ainsi que nous croiserons, au petit matin ou en pleine nuit, dans le hall d’entrée, sur la terrasse au petit déjeuner ou au bord de la piscine, Richard Galliano, Jan Lundgren, Daniel Mille et les quatre autres membres du quintet, et, éclatant comme un perroquet, dès le matin, Antonello Salis. Manque Paolo Fresu, que nous croiserons le lendemain « Aux délices du Liban », à l’heure du déjeuner. Paolo en famille avec sa femme et Andrea, cinq mois.
En milieu d’après-midi, quand le soleil cogne un maximum, nous allons repérer les lieux : les anciennes carrières de Junas.
En soirée, deux concerts :
- Caïtos Quintet & Hautbois Languedociens : un octet qui transmue des airs languedociens traditionnels jusqu’à une bourrée en créations de jazz.
- « Mare Nostrum ». Le trio nous frappe par son homogénéité dans les capacités créatrices de chacun de ses membres. De morceau en morceau, un univers se construit avec, comme cet hiver à la salle Gaveau, en rappel magnifique, « Que reste-t-il de nos amours ? ». Il faudrait tout citer. Pour l’instant, nous nous rappelons « Mare Nostrum », « Chat Pitre », « Valzer del Ritorno », « Ma mère l’Oye » et quelques autres thèmes fragiles et obstinés dans la fraicheur de la nuit tombante.
Le 17, nous louons des vélos à l’hôtel pour rejoindre Junas par la voie tracée sur l’ancienne voie de chemin de fer. Une montée en pente douce. Un pot sur la terrasse d’un bistrot du village. Le patron nous fait visiter sa cave où se produisent des musiciens venus de Paris qu’il a connus autrefois dans la capitale. Il est très fier de ses concerts sous les voutes. Nous échangeons quelques mots avec l’accordeur de piano. Comme nous l’avons reconnu, je lui demande l’autorisation de le photographier. Il est étonné de ma démarche, mais finalement plutôt flatté.
Déjeuner à Sommières où nous sommes voisins de table de Fresu. Il accepte de nous donner un autographe, mais nous ne voulons pas le déranger. Rita Marcotulli, qui partage le repas avec lui, nous donne aussi un autographe.
Le soir, deux concerts :
- d’abord, Daniel Mille Quintet, avec Alfio Origlio, piano, Julien Alour, bugle, Pascal Rey, batterie et Jérôme Regard, contrebasse. C’est avec plaisir que le lendemain matin nous prendrons le petit déjeuner en discutant avec Julien Alour, qui aurait bien piqué une tête dans la piscine si des obligations ne l’avaient obligé à partir rapidement, et que nous échangerons quelques mots avec Daniel Mille au sujet des thés et des confitures proposés au buffet. Un concert délicat… je veux dire construit sur un certain nombre de thèmes pleins de finesse et de délicatesse et où Daniel Mille sait encourager la créativité de ses collègues.
- en seconde partie, PAF Trio. Un feu d’artifice musical. Sans cesse dans la prise de risques. Ne parlons pas de Fresu, ni de Di Castri, prodigieux de maitrise, parlons un peu de Salis : un expérimentateur (il faut le voir torturer le piano ou sortir une à une de son sac à dos des poches de plastique ou des feuilles de papier qu’il manipule très musicalement contre les micros), mais plus que tout un mélodiste fou… d’une folie très contrôlée. On est au-delà du free jazz. En tout cas, son jeu à l’accordéon piano est d’une puissance rabelaisienne. On s’en remet difficilement, comme après plusieurs tours de manèges dont on sort étourdi de vertige.
Le 18, nous quittons Sommières et « L’Estelou » pour aller visiter le musée Fabre à Montpellier :
- une exposition temporaire, d’une richesse extraordinaire, sur Courbet.
- une exposition permanente dédiée à Soulages. Soulages, peintre du noir. Des œuvres immenses, noires, des salles immenses, blanches, construites spécialement pour recevoir la donation du peintre. On reste sans voix devant quelque chose d’aussi beau de puissance. On pourrait croire que « noir, c’est noir », en fait le noir change sans cesse suivant la position du spectateur, suivant le mouvement du soleil et la luminosité, suivant les déplacements du public. Une œuvre certes austères, mais propice à la méditation. Une œuvre dans laquelle, littéralement, on peut s’immerger.
Nous déjeunons place de la Comédie. Une chaleur lourde, mais les parasols diffusent une brume bienfaisante. Moules au menu. En fin d’après-midi, retour à Toulouse. Circulation de style rodéo. Dès notre arrivée chez les « petits », nous arrosons les fleurs et la pelouse.
Le 19, retour à Pau. La circulation est plus fluide, mais encore dense. Les Pyrénées sur notre gauche sont magnifiques. Du coup, nous décidons de sortir de l’autoroute à Saint-Gaudens pour déjeuner dans une brasserie où nous nous arrêtions au temps de la nationale. Repas simple, mais agréable. Nous sommes les seuls clients. Comme rien ne nous presse, nous faisons la dernière partie du retour par la nationale. Circulation quasi nulle. Traversée de villages endormis depuis leur contournement par l’autoroute. La route de piémont serpente à travers des prairies grasses et des bois touffus. Les plus hauts sommets sont encore enneigés. Nous nous extasions devant la variété infinie de la couleur bleue des montagnes. On croirait voir des aquarelles. Les lignes et les formes du paysage ont pour ainsi dire disparu ; ne restent que des dégradés de bleu, du quasi noir au gris clair. Glissement des sensations. Frémissement lumineux.
En soirée, courses alimentaires à l’hypermarché. Le quotidien nous rappelle à l’ordre.
Mais déjà a commencé notre travail de rumination et d’assimilation de notre « Jazz à Junas ». Comme support, le programme et les photographies que nous avons prises… Déjà je me réjouis à l’idée de les voir et de les revoir pour les trier et en choisir quelques unes. En choisir d’abord en fonction de leur signification chronologique, ensuite en fonction de leur je-ne-sais-quoi expressif… Un je-ne-sais-quoi par lequel certaines me font signe.
Dans un premier temps, je rassemble quelques repères chronologiques, ce qui va me permettre ensuite de puiser parmi nos photonotes pour fixer quelques moments privilégiés et cultiver les plaisirs éprouvés durant ces deux jours et autour de ces deux jours. Double bonheur : celui de « prendre des photographies sur le vif » ; celui, plus tard, d’en choisir quelques unes comme traces, comme indices, et pour ce faire de les regarder ensemble encore et encore pour en extraire tous les signes qu’elles recèlent, signes manifestes, qui sautent aux yeux, ou latents, qui ne se dévoilent qu’après une nième lecture.
Le 15, après-midi, nous rejoignons Toulouse, où nous profitons de la maison des « petits » actuellement à Hossegor. Durant le parcours, nous écoutons « Histoires de Jo », un hommage que je trouve magnifique à Jo Privat. Ce sera le seul disque que nous écouterons en voiture au cours de notre voyage, car la circulation, très dense, style rodéo, surtout avec les camions qui se doublent entre eux, nous empêche d’y prendre le moindre plaisir. Nous arrosons les plantes et la pelouse puis, en fin d’après-midi, l’envie nous prend d’aller faire un tour à la Fnac… à tout hasard. Heureuse idée. Sans avoir besoin d’entreprendre une recherche, nous tombons littéralement sur trois disques :
- « Tref, accordéon diatonique », Wim Claeys, Didier Laloy, Bruno Le Tron et Frédéric Malempre aux percussions.
- « Cryptonique », Fabian Beghin et Didier Laloy
- « Piazzolla – Teatro Regina, Astor Piazzolla y su quinteto » [Edicion critica], disque que je cherchais vainement depuis que j’en avais lu une excellente critique par William Sabatier dans un numéro de la revue « Accordéon & accordéonistes ».
Avant de rentrer à la maison, nous prenons l’apéritif sur la place du Capitole. Le temps est délicieux. Nous déchirons les enveloppes des trois disques pour commencer à les apprivoiser ou à nous les approprier. Ce moment d’attente de l’écoute est délicieux, comme le temps.
Le 16, circulation hyperdense, souvent sur trois voies, entre Toulouse et Montpellier. Peu après midi, arrivée à Sommières où nous avons retenu une chambre à l’hôtel « L’Estelou ». Sommières est à cinq kilomètres de Junas ; nous aimons la ville ; l’hôtel est magique. A double titre. D’une part, en tant que bâtiment : c’est l’ancienne gare de Sommières, rénovée de manière magnifique. D’autre part, en tant que lieu où logent de nombreux musiciens. C’est ainsi que nous croiserons, au petit matin ou en pleine nuit, dans le hall d’entrée, sur la terrasse au petit déjeuner ou au bord de la piscine, Richard Galliano, Jan Lundgren, Daniel Mille et les quatre autres membres du quintet, et, éclatant comme un perroquet, dès le matin, Antonello Salis. Manque Paolo Fresu, que nous croiserons le lendemain « Aux délices du Liban », à l’heure du déjeuner. Paolo en famille avec sa femme et Andrea, cinq mois.
En milieu d’après-midi, quand le soleil cogne un maximum, nous allons repérer les lieux : les anciennes carrières de Junas.
En soirée, deux concerts :
- Caïtos Quintet & Hautbois Languedociens : un octet qui transmue des airs languedociens traditionnels jusqu’à une bourrée en créations de jazz.
- « Mare Nostrum ». Le trio nous frappe par son homogénéité dans les capacités créatrices de chacun de ses membres. De morceau en morceau, un univers se construit avec, comme cet hiver à la salle Gaveau, en rappel magnifique, « Que reste-t-il de nos amours ? ». Il faudrait tout citer. Pour l’instant, nous nous rappelons « Mare Nostrum », « Chat Pitre », « Valzer del Ritorno », « Ma mère l’Oye » et quelques autres thèmes fragiles et obstinés dans la fraicheur de la nuit tombante.
Le 17, nous louons des vélos à l’hôtel pour rejoindre Junas par la voie tracée sur l’ancienne voie de chemin de fer. Une montée en pente douce. Un pot sur la terrasse d’un bistrot du village. Le patron nous fait visiter sa cave où se produisent des musiciens venus de Paris qu’il a connus autrefois dans la capitale. Il est très fier de ses concerts sous les voutes. Nous échangeons quelques mots avec l’accordeur de piano. Comme nous l’avons reconnu, je lui demande l’autorisation de le photographier. Il est étonné de ma démarche, mais finalement plutôt flatté.
Déjeuner à Sommières où nous sommes voisins de table de Fresu. Il accepte de nous donner un autographe, mais nous ne voulons pas le déranger. Rita Marcotulli, qui partage le repas avec lui, nous donne aussi un autographe.
Le soir, deux concerts :
- d’abord, Daniel Mille Quintet, avec Alfio Origlio, piano, Julien Alour, bugle, Pascal Rey, batterie et Jérôme Regard, contrebasse. C’est avec plaisir que le lendemain matin nous prendrons le petit déjeuner en discutant avec Julien Alour, qui aurait bien piqué une tête dans la piscine si des obligations ne l’avaient obligé à partir rapidement, et que nous échangerons quelques mots avec Daniel Mille au sujet des thés et des confitures proposés au buffet. Un concert délicat… je veux dire construit sur un certain nombre de thèmes pleins de finesse et de délicatesse et où Daniel Mille sait encourager la créativité de ses collègues.
- en seconde partie, PAF Trio. Un feu d’artifice musical. Sans cesse dans la prise de risques. Ne parlons pas de Fresu, ni de Di Castri, prodigieux de maitrise, parlons un peu de Salis : un expérimentateur (il faut le voir torturer le piano ou sortir une à une de son sac à dos des poches de plastique ou des feuilles de papier qu’il manipule très musicalement contre les micros), mais plus que tout un mélodiste fou… d’une folie très contrôlée. On est au-delà du free jazz. En tout cas, son jeu à l’accordéon piano est d’une puissance rabelaisienne. On s’en remet difficilement, comme après plusieurs tours de manèges dont on sort étourdi de vertige.
Le 18, nous quittons Sommières et « L’Estelou » pour aller visiter le musée Fabre à Montpellier :
- une exposition temporaire, d’une richesse extraordinaire, sur Courbet.
- une exposition permanente dédiée à Soulages. Soulages, peintre du noir. Des œuvres immenses, noires, des salles immenses, blanches, construites spécialement pour recevoir la donation du peintre. On reste sans voix devant quelque chose d’aussi beau de puissance. On pourrait croire que « noir, c’est noir », en fait le noir change sans cesse suivant la position du spectateur, suivant le mouvement du soleil et la luminosité, suivant les déplacements du public. Une œuvre certes austères, mais propice à la méditation. Une œuvre dans laquelle, littéralement, on peut s’immerger.
Nous déjeunons place de la Comédie. Une chaleur lourde, mais les parasols diffusent une brume bienfaisante. Moules au menu. En fin d’après-midi, retour à Toulouse. Circulation de style rodéo. Dès notre arrivée chez les « petits », nous arrosons les fleurs et la pelouse.
Le 19, retour à Pau. La circulation est plus fluide, mais encore dense. Les Pyrénées sur notre gauche sont magnifiques. Du coup, nous décidons de sortir de l’autoroute à Saint-Gaudens pour déjeuner dans une brasserie où nous nous arrêtions au temps de la nationale. Repas simple, mais agréable. Nous sommes les seuls clients. Comme rien ne nous presse, nous faisons la dernière partie du retour par la nationale. Circulation quasi nulle. Traversée de villages endormis depuis leur contournement par l’autoroute. La route de piémont serpente à travers des prairies grasses et des bois touffus. Les plus hauts sommets sont encore enneigés. Nous nous extasions devant la variété infinie de la couleur bleue des montagnes. On croirait voir des aquarelles. Les lignes et les formes du paysage ont pour ainsi dire disparu ; ne restent que des dégradés de bleu, du quasi noir au gris clair. Glissement des sensations. Frémissement lumineux.
En soirée, courses alimentaires à l’hypermarché. Le quotidien nous rappelle à l’ordre.
Mais déjà a commencé notre travail de rumination et d’assimilation de notre « Jazz à Junas ». Comme support, le programme et les photographies que nous avons prises… Déjà je me réjouis à l’idée de les voir et de les revoir pour les trier et en choisir quelques unes. En choisir d’abord en fonction de leur signification chronologique, ensuite en fonction de leur je-ne-sais-quoi expressif… Un je-ne-sais-quoi par lequel certaines me font signe.
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