vendredi, juillet 11, 2008

samedi 12 juillet - les augustins

Les cloîtres sont des lieux qui littéralement me fascinent. Outre la quiétude et la sérénité que j'éprouve en me retrouvant dans cet espace clos, je ne me lasse pas d'admirer comment une forme d'apparence si simple - quatre côtés identiques - génère des variations infinies. Variations liées au mouvement du soleil et donc aux jeux de l'ombre et de la lumière ; variations liées aux pas du promeneur, qui provoque à tout instant des variations de points de vue, d'angle et même de focale.
Dressées comme des sphinx, une allée de gargouilles. On dirait qu'elles hurlent à la lune.

Ce graphisme m'a touché. Dans la pierre grise, un tracé si pur, comme une esquisse à la plume. On pense à quelque chose qui pourrait être, dans le monde occidental, l'équivalent d'un graphisme oriental, chinois ou japonais. Combien d'années de pratique et de méditation pour cette fulgurance ?


Ce tableau, dans l'église, m'a frappé par son aspect symbolique, comme un moment de passage dans l'histoire de la peinture. Le christ en croix dans la partie supérieure, des notables toulousains dans la partie basse. Des donateurs sans doute. Des commerçants vraisemblablement, des magistrats, des puissants de ce monde en somme. Le ciel et la terre. Deux formes de la figure humaine : le christ, figure idéalisée, épurée. Un visage qu'il ne s'agit pas de reconnaitre dans la rue. Le modèle disparait ; ne doit rester que le symbole. Tout au contraire, les notables entendent bien être portraiturés avec exactitude. Peut-être pas avec une fidélité absolue, on peut embellir, mais il faut pouvoir être identifié par tout le monde. C'est déjà le portrait bourgeois qui pointe sous la représentation de la figure humaine. Dieu s'est fait homme et ainsi l'image du corps humain est entré en représentation comme par un biais, une effraction ; bientôt Dieu sera renvoyé au ciel ou ailleurs et ne restera que le portrait réaliste. La photographie avant la lettre. Ce tableau m'a intéressé, non pour ses qualités esthétiques, mais pour sa valeur significative.
Je ne sais pas ce qu'en aurait pensé Michel, encore moins ce qu'il aurait pu m'en dire, mais il est présent à ma réflexion et c'est bien... Il continue d'exister par cette peinture, même si je ne saurais la qualifier d'oeuvre d'art, au contraire de la calligraphie sur pierre dont je parlais plus haut.