lundi 28 août
- « Manouche Partie, Jo Privat, featuring Matelot Ferret », 1991 Nocturne, Paris.
J’ai une affection particulière pour ce disque et même beaucoup de tendresse. Quand j’essaie d’en comprendre les raisons, j’en découvre plusieurs, de natures différentes :
- D’abord, la couverture qui se présente comme une sorte de chromo aux couleurs saturées. On croirait une image colorisée. Mais de plus, cette photographie présente une visite de Jo Privat et de quelques uns des musiciens du disque à Naguine, seconde femme de Django Reinhardt sur le seuil de sa verdine. On sent que cette visite a provoqué la réunion de la famille et de quelques amis musiciens… et que les enfants présents seront forcément musiciens à leur tour, guitaristes ou violonistes… par imprégnation.
- Ensuite, le fait que dans ce disque il y a un violoniste hongrois dont le nom reste inconnu, parce qu’il est parti comme il était venu, sans laisser de traces de son passage.
- Enfin, cette anecdote rapportée par Jo Privat lui-même, à savoir qu’il a pu faire ce disque en l’imposant quasiment à sa maison de production parce qu’il avait fait une grosse vente avec « Les danses du balai ». C’est bien la seule raison qui puisse me faire apprécier, indirectement, ce style d’accordéon… que Privat lui-même semblait ne pratiquer qu’à son corps défendant, si l’on en croit son témoignage.
Mais d’autres éléments concernant ce disque m’intéressent beaucoup. J’en retiens quelques uns :
- Il a été conçu par Noël Hervé et Didier Roussin.
- Le livret, très complet, comprend un article de Didier Roussin, intitulé « Un peu d’histoire », un autre, de première main, intitulé « La petite histoire de Manouche-Partie », qui est une interview de Jo Privat par le même D. Roussin et un troisième, intitulé "Manouche Partie", par François Billard. Roussin et Billard, c’est une garantie de sérieux et d’informations puisées à la source.
- Dans cette interview, on apprend que le disque a d’abord été un 33 tours, 25 centimètres, de 10 titres, enregistrés le 3 novembre 1960. 5 titres le matin, repas bien arrosé de vin de Bordeaux dans un bistrot du quartier, 5 titres l’après-midi. Jamais plus de deux prises. Comme le disque a du succès, un nouveau tirage est décidé en 1966. Mais alors les 25 centimètres sont devenus des 30 centimètres… d’où l’ajout de 4 titres enregistrés le 16 décembre 1966. Au total donc 14 titres.
- Pour les dix premiers titres, la formation comprend Jo Privat, accordéon, Jean Matelot Ferret, guitare, « Inconnu », violon, Jacques Montagne, 2nd guitare, Baptiste « Mak Kak » Reilhes, batterie, René Dubois, contrebasse
- Pour les quatre supplémentaires, on note Jo Privat, Jean Matelot Ferret et René Dubois, auxquels se joignent Jean Tordo, clarinette, Jo Privat Junior, 2nd guitare et René Motta, batterie
Mais l’essentiel, ce sont évidemment les morceaux, tous calibrés entre 2 et 3 minutes. Un format qui me plait bien eu égard à l’unité et à la densité qui en découlent. Ce qui me frappe, c’est l’impression de spontanéité, je dirais de naturel, qui émane de chaque interprétation. Parmi les titres, je note quatre compositions de Jo Privat (Rêve bohémien, Rythmes gitans, Java Manouche et La Zingara), quatre de Django Reinhardt (Nuages, Chez Jacquet, Minor Swing, avec Grappelli, Crépuscule), trois traditionnels (Les yeux noirs, arrangement Jo Privat, Les deux guitares, Kalinka) et enfin trois œuvres de Gusti Malha (Valse des niglos), Francisco Cavez (Tamboo) et Archibald Joyce (Songe d'automne). Je ne sais pas si l’on peut parler de classique, mais ça y ressemble drôlement.
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