jeudi, avril 19, 2007

vendredi 20 avril

Françoise est à Toulouse, où elle doit signer un contrat d’édition. A mon grand regret je n’ai pu l’accompagner. Vers 4 heures, je me réveille avec cette impression bizarre de ne pas savoir si j’ai dormi ou non, tant le flux des idées qui me traverse l’esprit est clair et étroitement lié aux pensées que j’avais en tête au moment de m’endormir. En ouvrant les yeux, dans la nuit noire et silencieuse, j’ai une impression de lueur diffuse, verte et rouge. C’est comme un léger scintillement qui se fait écho de pièce en pièce…

Dans la chambre, sur le coffre qui me sert de table de nuit, l’heure s’affiche en jaune sur fond vert ; sur la table de nuit de Françoise, l’heure s’affiche en blanc. Dans le bureau, l’alimentation des deux ordinateurs éclaire nos tables de travail. La live box est là, blanche, avec ses diodes rouges. Mon téléphone mobile clignote, indiquant que sa batterie est chargée. Le téléphone fixe affiche l’heure. Le commutateur d’une prise multiple marque sa position, rouge, sur la moquette. La chaine hi-fi affiche l’heure en chiffres verts. Le poste de télévision a aussi sa veille en rouge. Le magnétoscope affiche l’heure. Au rez-de-chaussée, dans la cuisine, la veilleuse du chauffe-eau se signale par un rectangle vert fluorescent. Dans la salle de bain, mon rasoir électrique clignote pour signaler qu’il est chargé. Dans le séjour, le poste de télévision, le magnétoscope et le décodeur TNT brillent comme des petites lumières de Noël ; la chaine hi-fi donne l’heure…

En parcourant ainsi la maison dans une obscurité toute relative, je me rends compte, en dépit de la mauvaise conscience de la partie écologique de mon cerveau, que ces petits signaux sont une présence rassurante : c’est comme si la maison était sous la protection de petits veilleurs à la vigilance sans failles.

Avant de me recoucher, je prends conscience du silence de la maison et du jardin. J’ai envie d’écouter « quelque chose » de Saluzzi :

- « Duetto », 6 minutes, in « Ojos Negros ».

Seul, dans le calme de la nuit, j’écoute « Duetto » comme je ne l’avais jamais entendu. C’est comme si le violoncelle et le bandonéon se livraient à une sorte de danse lente et ambigüe. Je pense à cette phrase qui, pour moi, est la définition la plus pertinente du tango : « Je t’aime, moi non plus ».

Après avoir remis le cd à sa place, je m'endors en rêvant, la tête pleine de pensées "tango".