lundi, septembre 22, 2008

lundi 22 septembre - l'autre bistrot...

Depuis quelques jours, j'ai beaucoup de difficultés techniques pour enregistrer mes messages sur ce blog. Est-ce un problème de capacité ? De toute façon, j'ai décidé de traverser la rue et d'aller m'installer en face, à "L'autre bistrot des accordéons"... de tous les accordéons et même des bandonéons.

http://www.autrebistrotaccordion.blogspot.com/

jeudi, septembre 18, 2008

dimanche 21 septembre - les blérots de ravel

Jeudi, à 21 heures, sur les pelouses de l'école supérieure de commerce de Pau, "Les blérots de Ravel". Une formation de musiciens multi-instrumentistes, dont l'énergie est communicative. Chaque titre est comme une chorégraphie singulière. L'ensemble est comme les pièces d'un puzzle qui est à chaque instant sur le point d'exploser comme un feu d'artifice.


Accoudés aux barrières au pied de la scène, nous regardons l'accordéoniste, comme une grenade dégoupillée.

Bon, il est temps de rejoindre "les petits" à Toulouse. Je reviendrai en images sur ce concert d'ici peu.


samedi 20 septembre - daqui a dix ans

En consultant le site de Bruno Maurice, je vois que le trio Miyazaki sera enregistré le 20 de ce mois, à 20 heures, au studio 105 de la maison de la radio à Paris. Avec ce trio d'autres musiciens comme Angel Parra, Michel Macias et d'autres. En tout cas, il sera question du label Daqui à l'occasion de ses dix ans.

Cet enregistrement sera diffusé dans l'émission "Couleurs du monde" sur France Musique, le mercredi 24 de 20 heures à 22 heures 30.

Cette information me réjouit !

mercredi, septembre 17, 2008

vendredi 19 septembre - accordéon amoriental

Suite à un courriel de Sylvie Jamet, où il était question d'un reportage d'un certain José Leilo, intrigué par le contenu, je suis allé faire un tour du côté de YouTube.

http://fr.youtube.com:80/watch?v=ClPLYKtkZQU

http://fr.youtube.com/results?search_query=accordeon+amoriental&search_type=&aq=f

Etonnant, non ? Une curiosité ou un instrument nouveau de la famille des accordéons ? Une branche nouvelle de l'arbre généalogique de notre instrument préféré ou un rameau sans avenir, un avorton, quoi ? Affaire à suivre.

jeudi 18 septembre - miroirs

J'avais besoin de remplacer mes vieilles pantoufles. J'y étais si bien dedans. Comment m'en séparer ? En même temps, comment supporter de les voir éventrées, se vidant de leurs tripes à chaque nouveau pas ? Sans compter que leur ouverture béante au niveau du gros orteil m'entravait au risque de me casser la gueule à chaque fois que je montais au premier étage ou que j'en descendais.

Le choix fut délicat. Choisir des pantoufles neuves, ce n'est pas rien. Il faut savoir deviner dès à présent comment nous vieillirons ensemble. Le risque est d'importance. Mais j'y suis arrivé.

Mes pantoufles sous le bras, forcément j'ai fait un détour par le rayon des disques. A tout hasard. Et justement, mon premier regard rencontre un disque dont la couverture délicate attire mon attention. Une sorte de masque de théâtre japonais. Enigmatique. Sur le côté, de haut en bas, "Quatuor de saxophones inédits & Marcel Azzola".

- "Miroirs", Codaex France, 2008.

Quatre saxophones donc : soprano, alto, ténor et baryton. Un accordéon : Marcel Azzola.

La première écoute est un pur émerveillement. La finesse du jeu de Marcel Azzola est tout simplement extraordinaire. Délicatesse et netteté. Toute une tradition revisitée.

Quelques titres : "Swing Valse", "Oblivion", "Indifférence", "Salut l'artiste", "Vesoul", etc...

En parcourant les pages de présentation, on apprend qu'un disque précédent est sorti en 2007 : le quatuor, Sylvain Kassap, Marcel Azzola, Lina Bossati et Hélène Labarrière. On peut en attendre beaucoup.

Le site : www.quatuordesaxinedits.com

Je ne pouvais rêver mieux pour étrenner mes pantoufles.

mardi, septembre 16, 2008

mercredi 17 septembre - la panika

Suivant un rituel maintenant bien établi, courses alimentaires et autres dans les rayons de l’hypermarché, rencontres inévitables avec un certain nombre de connaissances, rangement des sacs dans le coffre de la voiture, retour vers l’espace culturel, « Le Parvis », à la recherche d’un disque d’accordéon ou de bandonéon et, parfois, d’un dvd ou d’un livre, en général un polar pour Françoise.

Aujourd’hui ne déroge pas à la règle. Mais la moisson s’annonce plutôt pauvre. Beaucoup de disques que je qualifierais de régionaux avec des bandeaux dithyrambiques, ce qui a pour effet sur moi de susciter surtout des doutes. Trop, c’est trop. Un génie par cd, c’est trop. Nous déambulons donc mollement, d’autant plus que les extraits de trente secondes ne donnent qu’une idée très imparfaite du contenu de chaque morceau. De plus, sous prétexte que le lecteur de cds est toujours en réparation, il n’est plus possible d’écouter des morceaux entiers. On est sur le point de repartir bredouille quand Françoise repère un album :

- « Afan Toufan, La Panika », production de la compagnie Tire-Laine, distribution L’Autre Distribution.

http://www.myspace.com/lapanika


La Panika est une fanfare composée de musiciens français, belges et bulgares. Ils sont une dizaine auxquels s’ajoutent ici ou là des invités : darbouka, percussions, samples, flûte, etc… Formation classique : saxophones, trompette, tuba, soubassophone, trombone, clarinette, banjo, etc… et un accordéon. Beaucoup de gros ! L’accordéoniste ? Un rom : Pesho Elmazov. Treize morceaux, dont plusieurs sont des arrangements originaux de morceaux traditionnels.

L’axe Balkans / France / Belgique se porte bien. En première écoute on reconnaît des airs, un rythme, une énergie que l’on a souvent entendus, mais après coup on perçoit une véritable personnalité de cette fanfare. Bien évidemment, j’ai eu l’écoute sélective, j’ai essayé de percevoir prioritairement les apparitions de l’accordéon, et je n’ai pas été déçu. Il y a dans cette musique quelque chose du mouvement des vagues de l’océan : ça chahute pas mal, on est souvent bien près de perdre l’équilibre, ça tournoie un peu, ça tangue, mais finalement, si l’on veut bien admettre qu’il n’est de bon chemin que tortueux, que la ligne droite est à jamais prohibée, alors on arrive assez bien à aller du début à la fin. Autre image : un bouchon à la surface d’une eau agitée, malmené, secoué comme un prunier dans la bise, un bouchon tantôt la tête en haut, tantôt la tête en bas, mais qui finalement surnage sans jamais couler.

En tout cas, une musique de passe-frontières, une musique pour accompagner les voyages et les pérégrinations, une musique nomade qui s'interprète et se réalise chemin faisant. Suivant l'image du poète, pour jouer cette musique, il faut des musiciens aux semelles de vent... et la tête dans les nuages.

lundi, septembre 15, 2008

mardi 16 septembre - photonotes jesus aured

Avant de quitter ce concert d'improvisation en duo de B. Achiary et J. Aured, quelques photonotes pour prolonger le plaisir et éprouver quelque satisfaction nouvelle à l'évocation de ce moment.

17h51. Ils se sont installés sur un banc, en plein centre de la scène. De minute en minute, l'accordéon va, si j'ose dire, monter en puissance.
17h56. B. Achiary lit un poème. J. Aured s'en imprègne et s'en inspire. L'un lit un texte, l'autre lit dans sa tête les échos de cette lecture.

18h03. De plus en plus duo.

18h06. C'est comme si l'on avait passé un seuil, comme si l'on était entré dans un autre monde. Il y a du duende là-dedans.



18h08. B. Achiary se déchaine ; J. Aured tient le choc et, si je puis dire, en rajoute encore. Fandango !



18h16. La voix et l'accordéon devant et les autres tous derrière. On reconnait, entre B. Achiary et J. Aured, le contrebassiste X. Hayet, et en rouge la chanteuse L. Mollier.




18h17. La voix s'éloigne, se répercutant dans le sous bois, entre les vignes, au fond du vallon, contre les pierres du chemin... L'accordéon hésite un instant, puis s'arrête. L'accompagnement est terminé.







18h18. J'aime cette photographie, car elle a fixé l'instant où, à gauche, B. Achiary disparait à nos yeux, non à nos oreilles. J. Aured, dubitatif, se ressource.











lundi 15 septembre - domaine du cinquau

Ainsi donc, le concert d'improvisation de B. Achiary et J. Aured a eu lieu, samedi 13, dans la salle de spectacle du domaine de Cinquau. Un beau bâtiment, classique, sobre, accueillant. Accueillant comme le sont les propriètaires. Très "classe", si j'ose dire. On peut se faire une idée de ce domaine en consultant son site web. Pour savoir ce que c'est que du vin, il faut avoir goûté son jurançon doux 2006, sélection petit manseng, "vendanges tardives" (décembre). Il faut d'abord l'avoir contemplé. On n'en croit pas ses yeux tant sa couleur est d'un jaune unique, à la fois transparent et lourd, si je puis oser cette image.

http://www.jurancon.com/A l'entrée du domaine, le théâtre des vignes, d'une capacité de cinq cents places. Quelque chose des amphithéâtres antiques. Au fond la chaine des Pyrénées. Je pense inévitablement à un monde cartésien. "Se rendre comme maître et possesseur de la nature", non en la détruisant et en la violentant, non en l'exploitant à outrance et sans mesure, mais en l'aménageant, en la ménageant et en l'ordonnant suivant une géométrie rigoureuse. On pense à la définition des parallèles euclidiennes devant le spectacle des vignes. Bien avant que le thème soit tendance, bien avant que les penseurs des villes ne s'en soient emparé, je me dis qu'on avait de longue date déjà affaire à un développement durable.

En entrant dans ce lieu magique qu'est la salle de spectacles, ce monde de reflets qui annoncent l'odeur et la couleur du vin, comment résister au plaisir narcissique de me tirer l'autoportrait ?




dimanche 14 septembre - jesus aured et benat achiary

Samedi, 17 heures. Domaine du Cinquau. Théâtre des vignes. Entrée libre. J'ai l'intention de dire quelques mots, un jour prochain, pour rendre compte de l'impression que nous a faite ce lieu. Beau, simplement beau. Pas sublime, malgré la proximité des sommets. Il y a dans le sublime en effet quelque chose qui nous dépasse et nous écrase. Ici, tout est à hauteur d'homme. L'homme comme mesure de toute chose. J'aurai plaisir à produire quelques photographies du domaine et à donner l'adresse de son site. Et puis, que dire de ses vins ?

La photographie ci-dessous donne une idée de la salle de spectacle où nous avons dû nous réfugier à cause des incertitudes du temps. Des sièges confortables, du bois de charpente et des barriques pleines de promesses derrière des vitres qui transforment l'espace en jeu de reflets.
Peu avant 17 h 30, surgi du sol, dans un coin sombre de la salle, B. Achiary : voix et percussions. Martèlements comme une prière venue du fond des âges. Quelque chose de préhistorique, en tout cas pré-chrétien. On hésite entre souffrance et exaspération, entre le jaillissement d'un cri primordial et les modulations délicates d'un oiseau inconnu. En tout cas, il y a quelque chose d'obsédant dans l'air.
Au moment où B. Achiary se redresse et où il se fond dans les murs, l'accordéon fait son apparition. Son apparition, si l'on peut dire, car si l'on perçoit sa musique, on ne le voit pas. Il est quelque part derrière le rideau noir du fond de scène. On est d'autant plus attentif à l'improvisation de J. Aured. Improvisation tendue, pleine de retenue, comme des propositions d'écoute.


Un peu plus tard, B. Achiary et J. Aured se retrouvent sur un même banc, au milieu de la scène. L'accordéoniste cherche, essaie, approfondit, interrompt, reprend le fil de son inspiration. A côté de lui, son collègue chanteur qui est son premier auditeur. Est-il en train de mûrir quelque improvisation ?

Cette photographie ci-dessous me plait beaucoup. On voit bien qu'ils sont à l'unisson. Leurs postures me disent beaucoup de choses sur leur accord et leur regard clos beaucoup sur leur inspiration qui ne se dévoile que dans une coupure avec l'environnement visible.


Un moment fort du duo. B. Achiary comme une sorte de sorcier, comme un passeur mythique. A nouveau, une voix qui vient de très loin. Le rythme pourrait emporter et déborder l'accordéoniste. Pas du tout. Il nous emporte dans ce fandango primitif, non pas primaire, mais primitif au sens de primordial.



Cette image exprime pour moi toute la complicité des deux improvisateurs. Leur amitié.






Et puis, J. Aured se retrouve seul sur scène. Que se passe-t-il ?




B. Achiary est sorti de la salle, l'accordéoniste le suit et le public aussi. C'est comme si l'on marchait attirés par cette voix qui se répercute dans le vallon planté de vignes, sur ce chemin qui traverse le domaine et qui est un fragment de l'un des chemins de Saint Jacques de Compostelle. La voix, les vignes en leur présence géométrique, l'accordéon, les chemins de Saint Jacques... quelque chose de profondément culturel, qui émeut tous les participants.









Petit à petit, le chanteur accélère le pas. L'accordéon, un Pigini, est lourd. Je me dis en cet instant que J. Aured décide de ne plus accompagner cette voix qui s'éloigne et qui semble vouée à se perdre dans sa solitude. Cette image me touche. Un instant d'hésitation et puis cette posture immobile. Et puis le décor des vignes impeccables.




Enfin, cette dernière photographie. Je l'avoue, elle me touche. Cet accordéoniste, seul. Géométrie des rangs de vignes, géométrie de l'accordéon. Je ne peux m'empêcher de penser en cet instant que J. Aured se charge de forces venues de cette terre fertile. C'est en ce sens que je parlerais volontiers de source d'inspiration.








En revenant vers le domaine où une merveilleuse dégustation nous attend, je me retourne une dernière fois vers ces vignes et je crois entendre J. Pellarin jouer "Champlong".









samedi 13 septembre - jesus aured et laure mollier

En consultant le programme des "fêtes des vendanges 2008 en Jurançon", nous avions noté la présence d'un accordéoniste, Jesus Aured, en particulier le 12, à 21 heures, au "Rallye bar", et le 13, à 17 heures", au domaine du Cinquau, au coeur du Jurançon. Dans un premier temps, suivant ma méthode habituelle, je décrirai les faits ; dans un second temps, je reviendrai, en toute subjectivité, sur ces moments que l'on garde précieusement en mémoire parce qu'ils ont été source de sensations heureuses et qu'il importe de fixer par les mots ou par des images, ce que j'appelle mes photonotes.

Le "Rallye bar" donc. Après un contrebassiste Xabi Hayet improvisant, voix et cordes mêlées, après un poète venu du Nord, Lucien Suel, lisant quatre de ses textes, après deux entractes pour se restaurer et boire un peu, Laure Mollier et Jesus Aured improvisent entre cheminée et piano. L'espace est exigu, mais leur présence suffit à nous transporter quelque part dans des paysages vastes et lointains. Un espace sans frontières. La voix de Laure Mollier me donne à deux ou trois reprises la chair de poule. Je pense à ces voix venues du Tibet, de Sibérie ou des indiens d'Amérique.

Jesus Aured me frappe par son attention, par son écoute de sa partenaire. Au sens propre, il l'accompagne. D'une certaine façon il la suit, mais en même temps il l'aide à trouver de nouvelles pistes.
En même temps que se déroule le concert, je regarde attentivement Jesus Aured. Sa concentration m'impressionne. Sa discrétion aussi. J'ai envie de l'écouter dans un autre contexte. Demain, à 17 heures, avec Benat Achiary au domaine du Cinquau. Autre voix, autre lieu. Voix de femme ici, voix d'homme là-bas ; espace clos ici, espace ouvert demain.


Durant la dernière partie du concert, trois improvisations et une berceuse basque traditionnelle, intervient un pianiste : piano préparé utilisé comme un instrument de percussions. Cris et crissements. Je me dis que l'accordéoniste et son Pigini vont bien ensemble. Sobres. Présents !





jeudi, septembre 11, 2008

vendredi 12 septembre - cézame, ouvre-toi !

Dans le dernier numéro de la revue « Accordéon & accordéonistes », numéro 78 de septembre 2008, on peut lire un portrait de Frédéric Daverio, « magicien d’images sonores », pages 38-40. Son site : http://www.myspace.com/fdaverio

On peut lire aussi, page 41, un portrait de Frédéric Leibovitz, « carte blanche aux artistes ». Cet éditeur a créé une nouvelle collection, « carte blanche » dans le cadre de sa société Cézame Music Agency. C’est dans cette collection qu’il a édité « Silence… on tourne » de F. Daverio. Son site : http://www.cezame-fle.com/

Je viens d’explorer ce site. Je le trouve remarquable tant au point de vue esthétique que fonctionnel. Sans parler de l’originalité et de la créativité du projet. Un projet vraiment artistique, je veux dire au service de la création artistique sous des formes multiples.

Parmi les richesses que l’on y trouve, je retiens ces quelques éléments (mais il faut tout parcourir) :

- D’abord le plaisir de pouvoir écouter le dernier album de F. Daverio :

http://www.cezame-fle.com/liste_titres_album.php?id_album=219

- Ensuite, le plaisir de découvrir deux « albums virtuels », concept et réalisation qui valent le détour :

http://www.cezame-fle.com/lire_article.php?id_article=38

En fait, ce site de Cézame Music Agency m’a enthousiasmé et je pense que mon sentiment est bien fondé eu égard à la qualité des propositions qu’il offre.

On pourra écouter, par exemple, un morceau, accordéon et guitare, « Noix de Coco », de l’album « Jardins ».

http://www.cezame-fle.com/liste_titres_album.php?id_album=223#ancre6

Et bien d’autres choses… Je continue…

Les deux portraits de F. Daverio et F. Leibovitz sont de F. Jallot. Ils sont excellents. Forcément !


Post-scriptum : simple association d’idées… Je me demande encore avec une certaine perplexité pourquoi « Accordéon & accordéonistes » n’a pas de site web. Problème de logistique, problème technique, problème de conception et de réalisation ou choix éditorial et, si j’ose dire, politique ? Vu l’intérêt de la revue, on imagine facilement ce que serait celui d’un tel site.

jeudi 11 septembre - live tango

Ma mère, 87 ans, très handicapée du point de vue moteur : ses jambes ne la portent plus, sa main droite est pétrifiée par l’arthrose. Sa vie s’écoule dans une maison de retraite, à vingt kilomètres de Pau. Mon père, 88 ans, vient d’être opéré de l’estomac. Il est actuellement dans une maison de convalescence, à Gan, où se trouve la coopérative des vins de Jurançon, à une quinzaine de kilomètres de Pau.

Lorsque je rends visite à ma mère, j’essaie d’adoucir sa vie en lui coupant les ongles, en l’aidant à se laver les dents, en vérifiant que ses robes ont toutes leurs boutons, en remplissant sa carafe d'eau et en changeant les trois mouchoirs qu’elle met dans son sac à main. Quand tout cela est fini, un moment de silence nous tombe dessus comme une eau glacée. Son regard se perd sur sa droite, comme absorbé par le sol. Elle murmure : « Procure-moi quelque chose !». Je lui réponds : « Tu n’y penses pas !». Que dire ? Que faire ? Intimement, je la comprends. Ses yeux sont secs. Je crois qu’elle ne peut plus pleurer.

Ensuite, je la quitte, je lui promets de revenir bientôt. Je passe par Baliros où se trouve la villa de mes parents. Elle est vide. Une femme de ménage vient l’aérer chaque jour et ramasser le courrier. Les pièces ne sont plus animées par leur présence. Une atmosphère étrange : je pense à quelque chose comme à des salles funéraires. Reverront-ils jamais ces lieux ?

Plus tard encore, je rends visite à mon père. Je lui porte du linge propre. J’emporte le linge sale. Il faut insister beaucoup pour qu’il consente à s’habiller et à ne pas se contenter d’une chemise d’hôpital. Il se plaint de douleurs au ventre. Il se plaint depuis un demi-siècle. Les médecins parlent d’état hypochondriaque. Il est profondément déprimé. J’essaie de lui parler des nouvelles du journal qu’il reçoit, des jeux à la télévision, des repas qu’il grapille ; j’essaie de lui faire faire quelques pas dans le couloir. Il est vite fatigué. Il me dit : « Je suis très malade, je ne reviendrai pas chez moi». Je lui dis : « D’ici trois semaines, tu auras repris assez de forces pour t’installer à nouveau à Baliros». Est-ce que je crois moi-même ce que je dis ? Je n’en suis pas sûr.

Mardi, en fin d’après-midi, à mon retour de Gan, nous étions convenus avec Françoise de nous retrouver, dans la galerie marchande de l’hypermarché, à la boutique « Théoucafé ». Deux thés glacés et, forcément, l’envie ensuite d’aller faire un tour au Parvis. Un album attire immédiatement notre attention :

- « Juan José Mosalini Orchestra, Live Tango », 2006 J.-J. Mosalini, 2008 Le Chant du Monde. Distribution Harmonia Mundi.

Cet album contient deux disques. Direction de l’orchestre : J.-J. Mosalini ; quatre violons ; un alto et un violoncelle ; deux bandonéons ; un piano et une contrebasse ; deux chanteurs.

Je connaissais les disques de Mosalini avec son grand orchestre. Je trouve ceux-ci encore plus achevé. Musique d’écriture et de direction rigoureuse. Je parlerais volontiers de belle mécanique, si cette métaphore ne réduisait pas la dimension vitale du jeu de l’orchestre. Je serais tenté de parler de système vivant. Mais cela reste encore trop abstrait. En tout cas, deux disques magnifiques. Une musique ample et claire, complexe et lisible. Il faudra écouter ces deux disques plusieurs fois pour en saisir les plans multiples. Pour l’instant, la première écoute est déjà un vrai bonheur.

En écoutant cet album, je pense que mes parents n’avaient guère de goût pour la musique. Je ressens ce manque avec regret et tristesse, car je me dis que c’est une source de plaisirs qui auraient pu leur rendre leur vie vivable. En tout cas, je sens bien, à côté du plaisir esthétique que j’éprouve, à quel point la musique, ici le tango joué par un grand orchestre, a des vertus de consolation. En particulier parce que, suivant l’expression du poète, quand je m’immerge dans ces deux disques, le temps suspend son vol. Une parenthèse. Une manière de dénouer les liens qui me relient au flux de la vie quotidienne. Plus je suis attentif à cette musique et en particulier au jeu des deux bandonéons, plus j'oublie ce travail de Sisyphe qui occupe des parties de plus en plus grandes de mes journées.

lundi, septembre 08, 2008

lundi 8 septembre - hosgor week end

Nous avions tous envie d'un week-end à Hossegor. Françoise et Nadja pour aller une fois encore à la plage et pour la dernière corrida de la temporada dacquoise. Sébastien pour faire un tour à vélo sur les petites routes à la limite des Landes et du Pays Basque. Charlotte et Camille pour jouer sur la plage. Moi-même pour écouter de l'accordéon ou du bandonéon sur la terrasse ou sur les balcons à hauteur d'arbre. Tout le monde avait une bonne raison de faire son bagage...



Vendredi, départ de Pau pour nous vers 18 heures. J'ai choisi huit disques. Un choix éclectique. Galliano, Jbanov, Flaco Jimenez, Bolognesi, Flukt pour l'accordéon ; Glorvigen, Otros Aires, Mederos pour le bandonéon. Pour la route, "Otros aires". L'électrotango est l'une des rares musiques que j'écoute volontiers en voiture.



Le soir, nous attendons "les petits". La nuit est tombée, le fond de l'air reste agréable malgré la succession de grains plus ou moins violents apportés par la marée haute. Il n'y a pas âme qui vive dans le quartier. Parfois une voiture passe en faisant éclater les flaques qui se sont formées sur la chaussée. Aussitôt après leur passage, le silence revient, à peine troublé par le chuchotement des feuilles des chênes-lièges ou par le bruissement des aiguilles de pins. Nous attendons en écoutant "Coloriage" de Galliano et Mirabassi. Je ne l'avais pas encore écouté dans de telles conditions. C'est une découverte.


Samedi. Alternance de nuages menaçants, de grains et de soleil. Le sol est sec en quelques minutes. Les aiguilles de pins craquent sous les pas. Mon ombre me précède. Je tire mon autoportrait. Par les portes et fenêtres ouvertes me parvient l'accordéon de Flaco Jimenez. Je craque sur "Morenia Mia", que j'associe à Ibrahim Ferrer.



Le salon de jardin a déjà pris ses quartiers d'automne. "Hermetotico" de Bolognesi et Fosset, accompagnés soit par Ponthieux, soit par Sorin à la contrebasse, accompagne ma déambulation un peu nostalgique. Pas de tristesse, non, juste un moment comme un livre que l'on referme.




Comme Françoise et Nadja sont parties à Dax retrouver "Toro y Salsa", que Sébastien et les filles sont allés faire le tour du port de Capbreton, je continue mon écoute de "Hermetotico" sur le balcon de devant, les pieds en éventail dans mes vieilles baskets aux trois bandes. Elles sont confortables comme un vieux pull et, en plus, c'est assez snob. Elles sont en effet authentiques. Vingt ans d'âge au moins.




Pendant que Françoise et Nadja dînent à Dax, dans le parc des arènes, à une table d'un restaurant en plein air, et que Sébastien a amené les filles jusqu'à la plage entre Hossegor et Capbreton où est tiré le feu d'artifice de la fête du chipiron, seul dans la villa, comme dans un ilôt de lumière, j'écoute Roman Jbanov. "Intérieur". L'accordéon de concert dans la douceur de la nuit agitée par le lent mouvement des pins, c'est un plaisir divin. Vers minuit, toute la troupe débarque, les têtes pleines d'images.

Dimanche après-midi. Sébastien accumule des kilomètres de route casse-pattes. Montée, descente, montée, descente. Quand on croit que l'on est sur le plat, il s'agit d'un faux plat et si c'est un vrai plat, alors c'est le vent qui est de face. Seul dans la villa, je me suis installé sur le balcon arrière, un balcon en forêt. J'ai remplacé mes vieilles baskets trois bandes par des "Crocs", très tendance cette année. Une technologie sophistiquée au service du confort des pieds. Les pieds, en éventail, forcément en éventail. Je n'aurais jamais imaginé un tel accord entre le tango de Rodolfo Mederos et la suavité de ces chaussures du futur. Et pourtant, ça marche.

Après le départ des "petits", il est temps de fermer la villa. "Virgin and Whore" nous accompagne dans ce travail nostalgique. Le temps s'est stabilisé au beau fixe. Un regard sur la villa à travers les vitres d'une porte. L'espace devient incertain : un monde de reflets, dont on ne sait plus très bien s'ils sont les images de choses devant ou derrière.



Déjà le rideau est à moitié baissé. Atmosphère sombre et feutrée. Tango. Bach, Piazzolla. Tout cela s'accorde bien ensemble. La pénombre sied au tango.



Le store est maintenant quasi fermé. Il reste à couper le compteur d'eau et à disjoncter le compteur électrique. Un tour de clé au portail extérieur.


Pour faire le retour vers Pau en évitant les idées moroses, rien de mieux que Flukt "Stille for Stormen". Tonique en diable. On ne voit pas passer les kilomètres.
Vers 23 heures, les "petits" nous téléphonent qu'ils sont bien arrivés après une pause pique-nique. Nous sommes rassurés. Demain sera une autre semaine...