samedi, septembre 30, 2006

dimanche 1er octobre


Le café passe, le percolateur commence à siffler ; le thé infuse ; une odeur de pain grillé se répand dans la cuisine. Avant d’entamer le petit déjeuner, nous faisons le tour du jardin. L’herbe est encore humide de la rosée du lever du jour. La lumière du soleil bas fait scintiller les toiles d’araignées accrochées aux branches des cyprès dorés. Celle qui figure sur la première photographie est installée depuis plusieurs jours. Elle est suspendue au centre de son hamac comme un acrobate sur un mur d’escalade immatériel. Elle bouge au gré des coups de vent sans jamais perdre son sang-froid ni son flegme très britannique. Elle sait que sa survie tient à la perfection de la géométrie de sa toile. L’araignée sera euclidienne ou ne sera pas ! Elle vit au grand air malgré les intempéries.

Mais toutes les araignées n’ont pas les mêmes mœurs ni les mêmes goûts. Il en est une autre qui a élu domicile dans le parasol. Chaque fois que j’ouvre celui-ci, je fais bien attention à le faire sans mouvements brusques et j’explique à celle-là qu’elle n’a aucune raison de s’inquiéter. Je doute qu’elle comprenne mes propos, mais peu importe, elle entend bien, au son et au rythme de ma voix, qu’elle peut continuer sa vie tranquille. Je l’appelle « Black Note »… Je crois qu’elle aime bien la géométrie des lignes du parasol.

Toute cette géométrie me fait penser à Bach… plus précisément aux « Variations Goldberg »… plus précisément à un disque, que nous écoutons en petit-déjeunant :

- « Johann Sebastian Bach, The Goldberg Variations », Mika Väyrynen, accordion.

M. Väyrynen joue sur un Bayan Jupiter ; il est lui-même le producteur du disque, qui a été enregistré à l’église St. Peter, Siuntio, les 16-19 et 25-26 août 2003. Durée, 75 :37.

C’est ainsi que j’associe, par l’intermédiaire de la rigueur géométrique, Bach et les araignées.



L’après-midi nous accrochons au prunier deux tresses de piments d’Espelette que nous avons achetées au marché. C’est la promesse de pipérades et d’omelettes parfumées. Encore de la géométrie, mais avec la couleur en plus. Rien qu’en voyant l’éclat de ces piments, le rouge monte aux joues. Ce soir on ouvre une bouteille d’Irouléguy, on coupe quelques tranches de jambon de chez Oteiza et on écoute un disque venu du Pays basque :

- « Tapia Eta Leturia, Amuriza, Bizkaiko Kopla Zaharrak », 1999.

Tout le livret est en langue basque… Je comprends tout de même que « Musikariak » signifie « musiciens », que « txikia » signifie « accordéon », que le leader est Joseba Tapia… je comprends aussi quelques mots comme « perkusioak », « gitarrak », « mandolina », etc…


jeudi, septembre 28, 2006

samedi 30 septembre - graffiti





Au moment de mettre un terme sans doute provisoire à ce projet de mise en correspondance entre l’accordéon et des graffitis, je me rends compte que tout naturellement je ressens un accord profond entre ceux-ci et du bandonéon. Il y a comme une nécessité à associer les graffitis et Gotan Project : les couleurs, les thèmes, l'atmosphère... tout concorde !

Je retiens aujourd’hui trois disques de Gotan Project et pour m’en tenir à la règle du jeu, bien difficile à appliquer en l’occurrence, je choisis un titre par album :

- « La revancha del Tango », 2001. Titre n° 6, « Una musica brutal »
- « Inspiracion / Espiracion », 2004. Titre n° 3, « Gotan Project meets Chet Baker »
- « Lunatico », 2006. Titre n° 6, « Tango Cancion »

Il ne me reste plus qu’à dénicher d’autres graffitis à Pau, mais à première vue ce n’est guère facile pour deux raisons : d’une part, les entreprises en activité sont bien protégées, d’autre part les services de la voirie sont d’une redoutable célérité pour les effacer. Mais je fais confiance à la créativité et à la ruse des artistes. Déjà j’ai repéré un wagon du train Pau – Oloron joliment bariolé…

ps : aux lecteurs potentiels et éventuels de ce blog... Lisez le commentaire ajouté par Frédéric S. au jeudi 28 septembre ! Il vous ouvrira des horizons sonores encore inexploités et pratiquement sans limites... sauf si l'on consacre tout son temps à l'écoute musicale.

Frédéric, je profite de l'occasion pour te remercier pour la piste que tu ouvres ; ça résout le problème insoluble pour moi jusqu'ici de l'écoute légale d'extraits.

vendredi 29 septembre - graffiti


















Il y a actuellement, en Argentine, tout un courant très prolifique de tango électronique ou « electrotango ». A mes oreilles, la production se ressemble souvent et j’ai quelque difficulté à différencier les différents groupes. Parmi ceux-ci cependant, j’en identifie bien deux : « Ultratango » et « Tanghetto ».

En les écoutant, je perçois une analogie immédiate avec les graffitis, à savoir que leur musique développe des tangos sur un fond que je ressens comme les pulsations de mon cœur, comme le mouvement lourd, profond et régulier de mon sang dans tout mon corps. Il y a quelque chose de fondamentalement vital dans cette musique. De même, je perçois beaucoup de graffitis comme une sorte d’imagerie corporelle, comme le résultat d’une sorte d’autopsie qui met à jour l’intérieur du corps, les entrailles. Dans les deux cas, c’est la vie interne du corps qui s’exhibe.

J’ai retenu aujourd’hui :

- le titre n° 9, « Vida moderna en 2/4 », in « Emigrante (electrotango) » de Tanghetto, 2004, by Tanghetto & Constitution Music
- le titre n° 4, « Invierno Porteno », in « Astornautas » de Ultratango, Notorious nova, 2003.

Dans ce dernier disque, qui est un hommage à Astor Piazzolla, la voix de Raul Lavie sur deux titres, dont le n° 4, c’est quelque chose ! Le tango, c’est vraiment une musique urbaine, une musique en phase avec les mouvements nocturnes de la ville.

mercredi, septembre 27, 2006

jeudi 28 septembre - graffiti





Il y a, au Nord de Pau, une zone plutôt high tech : cité multimedia, Zénith, Palais des Sports, Jaï Alaï avec des paris sur les parties de pelotes basques ; plutôt clean aussi : hippodrome, parcours sportifs, parcours de sauts d’obstacles, entreprises de services, très haut débit pour les cadres des entreprises de la région parisienne en train de délocaliser, centre de recherche Total, etc… Il n’y a pas de graffitis ! Il commence à y avoir des bistrots : "Le pain parasol" ou "Mie-temps"...

Au Sud, dans la périphérie de la gare, derrière les stands et les tribunes du grand prix, il y a la friche industrielle où j’ai photographié nombre de graffitis. Les murs des hangars, des entreprises et des entrepôts ou des transformateurs électriques d’où s’écoulent différents liquides aux reflets moirés, tout cela, désaffecté, délabré, disloqué, éventré, tout cela est un véritable laboratoire à graffitis. Comme il y a des pépinières d’entreprises, il y a des pépinières à graffitis. Simplement, on ne confond pas les genres. Chacun sa zone. Au Nord, les nouvelles technologies ; au Sud, la nouvelle figuration, le rap visuel, la vie qui prolifère, l’énergie baroque, la végétation apparemment anarchique, la vie quoi…

Evidemment, cette exubérance me fait penser à la musique du Taraf de Haïdouks : ça part dans tous les sens, chacun pour soi et Dieu pour tous. On part ensemble, chacun trace sa route et on se retrouve au bistrot… de bistrot en bistrot avec les accordéons et les reste de la fanfare.

Comme le disait en substance Bergson : le désordre, ça n’existe pas, le désordre, c’est le jugement porté par quelqu’un qui n’a pas compris le principe supérieur d’ordre qui organise ce qui ne lui apparaît que comme confusion, fouillis, n’importe-quoi… La musique du Taraf, c’est cela, un ordre supérieur… une organisation aléatoire.

Pour aujourd’hui, je retiens :

- « Taraf de Haïdouks, Dumbala Dumba », 1998 ; le titre 12, « Pe drumul minastiresc »
- « Taraf de Haïdouks, musique des tziganes de Roumanie », 1991 ; le titre 2, « Ardeneleasca, Sirba Bulgara »
- « Taraf de Haïdouks, Honourable Brigands, Magic Horses and Evil Eye », 1994 ; le titre 12, « Sirba »

mardi, septembre 26, 2006

mercredi 27 septembre - graffiti



Hier, mardi, j’ai noté en post-scriptum combien j’avais eu plaisir à découvrir le commentaire que Frédéric S. avait ajouté à mon blog de lundi. Il y disait en effet qu’il écoutait « Train to Heaven », titre n° 1 de « Pictures from the Street » du Motion Trio, après l’avoir téléchargé par iTunes Music Store, suite à mon article sur la correspondance entre des graffitis et ce groupe de musiciens polonais.

Du coup, j’ai envie de modifier un peu mon projet d’écoute des disques que j’ai retenus hier dans le sens suivant : au lieu de m’en tenir à une correspondance générale entre des disques et des graffitis, je vais essayer, comme si je m’adressais à un copain pour lui communiquer mes goûts et mes préférences, de dégager un titre par disque ; celui qui, à mon sens, vaudrait la peine d’être acheté et téléchargé par iTunes Music Store pour se faire une idée pertinente du disque en question et du style de musique correspondant.

J’observe qu’en regardant attentivement les graffitis que je peux avoir sous les yeux à Pau ou en examinant les photographies que j’ai prises, j’ai d’abord eu l’impression d’une sorte d’entrelacs compliqués, colorés, géométriquement très construits, où chaque ensemble est difficile à individualiser et à différencier des autres. Mais bien vite des styles me sont apparus et déjà je n’ai plus besoin d’aller voir quelle est la signature pour identifier son auteur. Un peu comme pour la peinture dite abstraite. Au début, on peut avoir l’impression que tout ça se ressemble et mal discerner la touche spécifique de chaque auteur, mais bien vite les individualités se manifestent, soit par la couleur, soit par le format, soit par le trait, soit par le thème ou par toute autre caractéristique qui, une fois repérée, saute aux yeux.

Aujourd’hui donc, j’associe le graffiti reproduit ici et deux titres (au choix) d’un disque qui associe des musiciens de Bucarest et d’anciens membres d’orchestres militaires du temps de Ceaucescu (!) :

- « Mahala Raï Banda », 2004, Crammed Discs.

Ces deux titres sont :

- « L’homme qui boit »
- « Kibori »

lundi, septembre 25, 2006

mardi 26 septembre - graffiti



Les associations d’idées sont un principe de sélection qui en vaut bien d’autres. Comme j’écoutais les deux disques de Motion Trio, « Pictures from the Street » et « Play Station », et comme je me disais qu’ils mériteraient d’avoir des graffitis comme couvertures, l’idée m’est venue de me faire une petite sélection, que je pourrais appeler : accordéons et graffitis. A écouter sans modération dans un bistrot ad hoc. Bistrot imaginaire, cela va de soi. Mais la bière, elle, ne l’est pas ! J’ai donc parcouru, en diagonale et suivant ce principe sélectif, l’ensemble de mes disques d’accordéons en me demandant pour chacun si je le verrais bien avec un couverture-graffiti.

Finalement, je suis arrivé à me préparer un petit programme qui va assurément m’occuper quelques jours. J’ai retenu dix disques :

- en premier, « Sanatorium Under the Sign of the Hourglass », The Cracow Klezmer Band play the music of John Zorn.
- trois disques du Taraf de Haïdouks
- « Mahala Raï Banda »
- « Astornautas », Ultratango
- « Emigrante (electrotango) », Tanghetto
- enfin, trois disques de Gotan Project.

Pour aujourd ‘hui, je m’en tiens à un seul disque, vu les différents impedimenta qui m’empêchent de donner à l’écoute tout le temps que j’aurais souhaité. Mais, quel disque !

- « Sanatorium Under the Sign of the Hourglass »,. Tzadik, 2005. A Project of Hips Road.

On a déjà une petite idée en lisant sur la couverture : “The Cracow Klezmer Band play the music of John Zorn” et au dos : “All music composed by John Zorn, all music arranged by Jaroslaw Bester”. N’oublions pas que les trois membres du Motion trio sont diplômés de l’école nationale de musique de Cracovie. Il y a des rapprochements qui ne doivent rien au hasard. Le « Cracow Klezmer Band » est composé de quatre musiciens qui jouent respectivement du violon ; de l’accordéon bayan ; du bayan, de la clarinette et des percussions ; de la contrebasse, et d’une chanteuse.

Dire que c’est une musique étrange, c’est peu dire !

ps : je viens de lire un commentaire de Frédéric S. qui, ayant consulté ce blog, est allé chercher Motion Trio pour l'écouter sur son ipod haut de gamme... L'idée qu'ainsi l'accordéon nous tient lieu de relais est pour moi un grand plaisir. Si tu passes à Pau, Frédéric, fais-nous signe... Il y aura toujours une place pour toi au bistrot familial.

dimanche, septembre 24, 2006

lundi 25 septembre - graffiti
















Il y a, à Pau, dans le prolongement des ateliers et des voies de garage de la gare, et derrière les tribunes du grand prix automobile, une zone que l’on peut à juste titre qualifier de friche industrielle. Des anciens ateliers, des petites usines, des hangars, des espaces où viennent s’échouer des voitures hors d’usage ou des machines à laver… tout cela est éventré, recouvert peu à peu par une végétation de ronces et d’arbres maigres. On reconnaît ici ou là, sous leurs bariolages compliqués, les portes et les portails de bâtiments ouverts aux quatre vents. On croise deux anciens transformateurs qui ont été visités. Il n’y a plus, depuis longtemps, ni serrures, ni cadenas. Cette zone quasiment abandonnée aujourd’hui est destinée à devenir une base internationale de sports nautiques en eaux libres, c’est-à-dire une zone d’entrainement et de compétitions de canoë-kayak.

En attendant, comme nous le supposions avec Françoise, c’est un lieu béni pour les graffiteurs et autres tagueurs. Tous les murs sont recouverts de ces fresques modernes et de signatures comme des caractères inscrits dans le béton. Il y en a tant que je ne sais quoi photographier pour en garder trace avant que les travaux d’aménagement de la base nautique ne commencent. Alors que nous faisons quelques repérages en marchant, des échos nous parviennent d’un groupe de musiciens en répétition. Les guitares saturées semblent faire tressaillir les graffitis sur leurs supports. On sait bien que cet art est éphémère, mais cela ne doit pas nous empêcher d’en garder quelques traces… Nous faisons une quinzaine de photographies.

De retour à la maison et alors que nous transférons les photographies du Nokia sur un ordinateur, une évidence s’impose à nous : le désir d’écouter Motion Trio, tellement il nous semble que leur musique et les graffitis sont deux expressions d’un même monde, d’une même conception du monde. Voilà pourquoi maintenant nous sommes en train d’écouter « Pictures from the Street » et « Play Station ».

En les écoutant, nous nous disons qu’en effet leurs accordéons n’auraient pas détonné dans cet univers. Comme rien n’est jamais parfait, il ne manque en ces lieux qu’un bistrot pour les accueillir.

samedi, septembre 23, 2006

dimanche 24 septembre - graffiti

L'art des graffitis peut sembler impersonnel. En fait, il a des auteurs identifiables. Les artistes du graf et du tag ont une identité : ils signent leurs traces et s'assurent ainsi de leur propre existence. Je trouve bien normal de reconnaitre leur identité artistique et personnelle...

dimanche 24 septembre








Hier, samedi, nous avons écouté en boucle, je ne sais combien de fois, « J’ai connu de vous… Monsieur Trenet » et « Veselina ». Chacun des deux disques a ses caractéristiques et ses qualités propres, c’est pourquoi nous ne nous lassons pas de les écouter… de plus en plus attentivement. Jazz manouche d’un côté avec ses airs connus, ses interprétations bien huilées, sa machinerie comme une horloge. Pas vraiment de coups de folie, mais un ensemble qui assure. Un monde de standards. Jazz balkanique de l’autre avec son enracinement dans la tradition et sa créativité. Des moments surprenants où l’inventivité explose. Le free jazz n’est pas loin.

Accordéon, guitare solo, guitare, violon, contrebasse : un quintet pour le jazz manouche ; accordéon, contrebasse, batterie, saxophone : c'est le quatuor de base du jazz balkanique, plus deux invités, un cornemuseur et un pianiste. En tout cas, je suis certain que je reviendrai encore et encore à ces deux disques : vers l’un, pour la nostalgie et, pourquoi ne pas le dire, une certaine forme de gentillesse ; vers l’autre, pour l’inventivité, l’énergie et la virtuosité décontractée.

En fin d’après-midi, nous sommes allés nous approvisionner au « Point Gourmand ». A quelques encablures de chez nous, sur la route de Tarbes, il s’agit d’un site où se sont regroupées cinq commerçants de l’alimentation : fruits et légumes, épicerie fine et traiteur, producteur fermier de viandes et conserves, boulanger-pâtissier, poissonnerie. Le parking est à la porte des boutiques. On est loin de la noria des grandes surfaces. En plus, on a une carte de fidélité ; c’est sympathique. Il ne manque qu’un bistrot, où l’on pourrait prendre un pot en écoutant un air d’accordéon.

Au retour, la route longe une zone industrielle. Je ne résiste pas au plaisir de photographier les graffitis qui de semaine en semaine on finit par recouvrir les hangars. J’ai plaisir à photographier les signatures de quelques uns des auteurs de ces graffitis. C’est une façon de les reconnaître.

vendredi, septembre 22, 2006

samedi 23 septembre

Le temps de s’occuper de la maison : épousseter les meubles, faire les vitres, passer l’aspirateur, et de répondre à du courrier en attente, midi nous tombe dessus sans crier gare. Le ménage et quelques autres tâches domestiques nous ont tellement occupés que nous n’avons aucune envie de nous mettre à présent à des tâches alimentaires. Nous décidons d’aller déjeuner dans un bistrot du centre ville, « Le Goya ». Nous y avons nos habitudes. Le chef est jeune et inventif, le service est rapide, vigilant et efficace, le vin du mois est toujours agréable, qu’il s’agisse d’un bordeaux ou d’un vin d’une autre région, d’un rouge ou d’un blanc. Il reste toujours une table libre dans l’espace « non fumeurs » pour nous deux.

Retour à la maison à 14 heures. Françoise doit travailler avec une amie à un bouquin qu’elle a mis en chantier. Son après-midi sera donc consacré à l’avancée de ce projet. Pour ma part, j’ai fini ce que je voulais finir avant le week-end… Coup de téléphone à la boutique « Harmonia Mundi » de Tarbes.

- Bonjour Bruno… Michel R. à l’appareil… Je vous téléphone pour savoir si vous auriez le second disque des « Pommes de ma douche »…
- Je l’ai sous les yeux…
- J’arrive !

Départ à 14 h 30 de Pau. Je prends la nationale. Une petite quarantaine de kilomètres. Je me gare à Tarbes dans le parking souterrain qui est à deux pas de la boutique où j’entre à 15 h 30. Bruno a mis de côté le disque des « Pommes… » :

- « J’ai connu de vous… Monsieur Trenet », Le Chant du Monde / Harmonia Mundi, 2004.

Mais il m’avait réservé aussi un disque d'accordéon dont j’ignorais l’existence :

- « Veselina », Martin Lubenov & Jazzta Prasta Band. 2005, Martin Lubenov / Connecting Cultures Records.

Bien entendu, je n’écoute aucun des deux disques pour préserver la surprise et cultiver le désir. Avant mon départ, il m’offre pour Françoise le disque des nouveautés du catalogue « Harmonia Mundi ». Il y figure un extrait d’un disque qu’elle attend avec impatience et dont la sortie est prévue pour le 28 septembre :

- « Sonate Arpeggione D. 821 », Franz Schubert. J.-G. Queyras, violoncello, A. Tharaud, piano.

Quelques minutes encore à discuter de choses et d’autres, de la politique culturelle de la ville, de son dynamisme, du rôle des associations, de la place grandissante prise par « Le Parvis », l’espace culturel « Leclerc », qui semble avoir acquis une situation de monopole… et de quelques autres sujets sans importance. Retour par la nationale encore une fois. Dérogeant à mes principes : ne pas écouter un disque la première fois en voiture, je fais ce chemin de retour accompagné par « J’ai connu de vous… Monsieur Trenet ». Bien entendu, mon attention n’est pas constante et les conditions ne sont pas propices à la perception de nuances, mais malgré cela j’y trouve beaucoup de plaisir. Je connais toutes les mélodies de Trenet. On est dans le monde des standards. C’est bien fait. Des artisans du jazz manouche. Il faudra que nous écoutions ça attentivement et dans de bonnes conditions. Retour à Pau, à la maison, à 18 h 30.

Alors que j’écris ces lignes, c’est la troisième fois que j’écoute le disque de Martin Lubenov. Auparavant, j’ai lu attentivement les pages de présentation. J’y ai trouvé grand intérêt, en particulier en ce qui concerne le jazz des Balkans et sa tradition. La rencontre de ce jazz balkanique, que j’ignorais, et des orchestres de noces bulgares, que je connaissais par quelques disques, dont un de Panseluta Feraru, « Chants Lautar de Bucarest », est pour moi une vraie découverte. J’avais déjà apprécié un autre disque de Martin Lubenov, « Dui Droms », mais ici le style est différent. A partir d’une sorte de fonds commun avec l'accordéon et le style de Roberto de Brasov, je trouve que le Jazz Prasta Band développe un jazz très original. Pour l’instant, je suis dans la phase d’imprégnation. Je ne cherche à prendre aucun recul, aucune distance.

« Carpe diem » disait la philosophie la plus humaine qui n’ait jamais été pensée. A l’instar de cette sagesse, nous pourrions dire : «Carpe temporis punctum » et ajouter « car il serait sacrilège de laisser passer ce plaisir par inattention »…

jeudi, septembre 21, 2006

vendredi 22 septembre





En feuilletant un bouquin de photographies de Robert Doisneau, « Trois secondes d’éternité » [Editions Contrejour, 1989], je tombe, page 129, sur un cliché de 1953 intitulé « Les tueurs mélomanes ». Cette photographie fait partie d’une série dont j’ai produit quelques éléments, que j’ai commentés vendredi dernier, 15 septembre.

La construction est évidemment classique, carrée, dirais-je, ce qui donne à l’image sa très grande lisibilité. Je suis frappé par trois choses :

- la posture de cariatide et le visage extatique de l’accordéoniste,
- les regards des deux bouchers, qui convergent vers elle,
- le regard du client, au comptoir entre les deux bouchers mélomanes, qui lui regarde le photographe qui « prend la scène ».

Du coup, tout en regardant cette photographie et peut-être pour mieux la regarder, j’écoute deux titres tirés du « Couka » [2001, Editions Mon Slip] de Jean Corti :

- le 7, « Le temps des cerises »
- le 9, « Le chaland qui passe »

… et je me fais mon film. Décidément, le bistrot et l’accordéon sont faits l’un pour l’autre. Je note au passage combien il y a de géométrie dans l’un et dans l’autre : soufflet, touches-piano, d’une part, le zinc, les vitres, les robinets à bière, d’autre part. Deux mondes structurés par des lignes verticales…

mercredi, septembre 20, 2006

jeudi 21 septembre


Pendant le déjeuner, nous avons écouté « Lunatico ». Nous ne l’avions pas écouté depuis sa sortie et cette mise à jour nous a fait grand plaisir. « Lunatico » pour accompagner un repas de bœuf grillé sur une pierre, c’est tout à fait agréable. Température ambiante : 25° ; pas un souffle de vent ; vin frais « Côtes de Bourg ». Nous avons eu envie d’écouter à nouveau ce disque, car nous avions exploré toute la matinée des sites dédiés à Gotan Project en vue du concert au Zénith de Montpellier, le 7 octobre. La lecture de ces sites nous renforce dans l’idée que nous avons eu raison de retenir deux places. Il y a un côté décalé, qui surprend plus d’un commentateur, qui nous donne envie d’aller voir de visu et entendre par nos propres oreilles.

En début d’après-midi, je suis revenu à la « Communauté d’Emmaüs » à Pau-Lescar, car dans notre prurit de rangement nous avons encore trouvé une imprimante Epson Stylus et trois postes à transistors, dont nous avons souhaité nous débarrasser. Il y a, comme on dit, un monde fou. J’ai déposé mes paquets et j’ai flâné entre les différents sites :

- appareils de photographie, postes de radio, électrophones, malles, armes, poupées, …
- vêtements de toutes sortes, …
- matériels d’informatique, postes de télévision, chaînes plus ou moins hi-fi, etc…
- meubles, vaisselle, appareils d’éclairage, etc…
- boutique du Burkina Faso

Je n’ai pas résisté au plaisir d’ajouter quelques photographies à celles que j’avais prises hier :

- un autre wagon tenant lieu de bistrot. Toujours l’ambiance jungle,
- deux jeunes filles en robes de mariées à l’entrée du hall des vêtements,
- la machine à écrire emblématique des privés américains, des grands reporters, des auteurs de polars et autres bourlingueurs de l’écriture,
- un tourne-disque, avec son disque, du type Teppaz des premières surboums…

J’aurais pu en photographier dix, ainsi que dix postes de T.S.F. Mais il n’y avait toujours qu’un accordéon, un peu édenté, un peu déboutonné, si je puis oser ce terme ici pour dire qu’il avait perdu beaucoup de boutons, un peu asthmatique enfin…


mardi, septembre 19, 2006

mercredi 20 septembre - emmaüs suite





A côté du wagon qui fait office de bistrot, il y a un bateau repeint de neuf. Il n’y a pas de rails sous les roues du wagon ; il n’y a pas d’eau sous le bateau, mais simplement une pelouse. Ils n’en ont pas besoin, car le voyage qu’ils proposent est purement imaginaire.

Parmi les postes de T.S.F., j’en ai retenu un. C’était difficile, car chacun a un charme particulier. En les voyant, je pense aux dimanches après-midi où, au début des années cinquante, dans la cuisine, j’essayais, l’oreille collée au haut-parleur, d’entendre à travers les bruits, crépitements et autres parasites les résultats du championnat de football. En m’approchant, je retrouve même l’odeur de la cire et les reflets sur la façade vitrée.

Parmi les tables, les armoires, les bahuts et les fauteuils, quelques pianos et un harmonium. Placide !

Un dernier regard enfin sur l’accordéon, que j’ai remis en position couchée et qui me fait penser à un être animé, usé, fourbu… Je pense aux vers du poète… « Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage / Ou comme cestui-là qui conquit la Toison / Puis s’en est revenu plein d’usage et raisons / Vivre entre ses parents le reste de son âge ».

mercredi 20 septembre - emmaüs


















Quatre photographies de notre visite aux "Compagnons d'Emmaüs" : le wagon-bistrot, comme un air de jungle ; l'accordéon fatigué, mais digne ; l'armoire qui ne reflète pas mon image dans ses miroirs. Cela me rappelle le film "La moustache". Ne devrais-je pas douter de mon identité ?

mercredi 20 septembre

L’arrière saison en pays béarnais est magnifique. Les fortes pluies de ces derniers jours ont lavé le paysage. L’herbe et les arbres sont d’un vert profond, avec ici ou là quelques taches jaunes ou déjà rouges. Pas un seul nuage dans le ciel. Aux portes de la ville de Pau, la muraille des Pyrénées, grise, bleue, verte, avec deux ou trois taches blanches. Les premières neiges sont tombées sur les plus hauts sommets. A peine a-t-on rangé les affaires de plage qu’il faut penser à farter les skis. Pas de répit !

Nous profitons de ce temps idéal, 25 ° et pas un souffle de vent, pour faire la route des vins de Jurançon. Une cinquantaine de kilomètres à partir de Pau, des vignes en terrasses ou en amphithéâtres, à flancs de coteaux. La géométrie des ceps de vignes annonce la finesse et la douceur des vins à venir. Il faut avoir vu la couleur des vins de Jurançon, l’infinie variété de leur couleur jaune ; il faut avoir goûté ces vins, secs ou moelleux, pour saisir intimement ce que signifie « in vino veritas ». Le jurançon sera philosophique ou ne sera pas !

Au retour, nous faisons un détour par le « village » des « Compagnons d’Emmaüs », dans la banlieue de Pau. A l’entrée, un curieux wagon, réformé par la SNCF et décoré par les compagnons, tient lieu de bistrot. Nous apportons du matériel informatique antédiluvien : ordinateur Thomson TO7 avec ses périphériques et des disquettes en basic ; Atari avec des logiciels de jeux, à quoi s’ajoutent un magnétophone Gründig à quatre pistes avec plusieurs galettes de bandes et une machine à écrire électrique à marguerites…

Nous en profitons pour parcourir les allées où sont exposés les objets mis en vente, certains restaurés et garantis en état de marche, d’autres présentés en l’état, bruts de décoffrage. Parmi un grand nombre de ces choses que la vie a amenées ici, nous remarquons des malles, des sacs de voyage en cuir avec des fermoirs métalliques, des appareils de photographie, dont plusieurs « Kodak », une « Remington » en très bon état, façon "privé de New-York" des années d'après guerre, des appareils de T.S.F. avec leurs lampes, des poupées, des chaussures et parmi celles-ci des sabots, des meubles, en particulier des tables et des armoires, de la vaisselle et des brocs pour la toilette. Un capharnaüm d’où émergent pour nous un accordéon et une armoire à glace.

Je photographie l’accordéon. Un compagnon s’approche et, croisant mon regard, me dit : « Il a beaucoup vécu… ». J’acquiesce. Je lui dis : « Oui… il a vu du pays ! ».
Plus tard, je photographie une armoire. Chose étrange, je suis face à celle-ci, mais mon image ne s’y reflète pas. Sans doute un miroir à la manière de Cocteau…

lundi, septembre 18, 2006

mardi 19 septembre

Dimanche, nous avions donc enregistré l’émission repérée par Françoise : « Accordéon / Bandonéon – Marc Perrone / Cesar Stroscio ». Emission diffusée sur Arte entre 19h00 et 19h45. Et qui sera rediffusée le samedi 23 septembre entre 8h00 et 8h45.

En regardant et en écoutant l’enregistrement, nous avons été frappés, Françoise et moi, par une interprétation de Cesar Stroscio, « La casita de mis viejos ». Du coup, nous avons eu envie d’écouter d’autres interprétations. Une recherche rapide et au feeling, nous a permis d’en retrouver trois :

- « Astor Piazzolla, Tango sensations », Daniel Binelli, bandonéon / Camerata Bariloche. « La casita… » est le titre 2, d’une durée de 2 :42. Elle est jouée en solo par D. Binelli. Composée par Cobian & Cadicamo, arrangement A. Piazzolla.
- « Una voz de Bandonéon », Cholo Montironi. Titre n° 10. Durée de 3 :33.
- « Tango Futur, Paris –Buenos Aires ». « La casita… » (1932). Juan-Carlos Cobian [1896-1953] / Enrique Cadicamo. Arrangements Viera, Julio-Martin [né en 1943]. 3 :52. Pour mezzo-soprano, saxophone alto, piano, bandonéon et contrebasse. Max Bonnay, bandonéon.

Trois interprétations. Trois mises en forme d’une méditation.

ps.- Dernières minutes avant minuit : un salut très amical à Kyoneko !

dimanche, septembre 17, 2006

lundi 18 septembre

Il y a dans le disque de Kepa Junkera, « Hiri », un dépliant en huit volets, qui comporte au recto huit photographies de scènes urbaines et au verso sept pages de textes, dont deux pour la description des titres et deux d’informations techniques, plus une photographie de Kepa Junkera lui-même. Ces photographies en noir et blanc me font penser quant au style à certaines de William Klein ; elles sont signées Aitor Ortis.

D’écoute en écoute, il me semble saisir de mieux en mieux la complexité de cette musique qui a parfois des accents méditerranéens et arabes. Les chœurs d’enfants, le chœur Intermezzo, les voix féminines bulgares prennent peu à peu toute leur place ; je perçois mieux aussi les cordes d’Alos Quartet et l’originalité du Melonious Quartet, à base de mandolines. Les percussions me sont de mieux en mieux perceptibles. C’est en ce sens que je parlais de la complexité de cette musique, d’abord étrange, puis de plus en plus construite. Avec toujours, en fil rouge, l’accordéon.

Au fur et à mesure des écoutes, je me rends compte que j’apprécie particulièrement trois titres : « Nagoya », « Napoli » et « Agadir ».

Du coup, et c’est bien naturel, il nous vient une petite faim et l’idée d’aller la satisfaire dans un restaurant basque aussi sympathique qu’un vrai bistrot, « La cidrerie ».

Quelques tapas en attendant de passer à table : omelette à la morue, piquillos farcis à la morue, chiffonnades de jambon de Bayonne, beignets de seiche. Après, du classique : lotte à la galicienne, brebis label Idoki accompagné de confiture de tomate verte, gâteau basque. Quelques verres de cidre Etzigar et deux cafés légers avec un carré de chocolat noir.

De retour à la maison, on entend dans « Hiri » encore d’autres nuances et je découvre qu’en cet instant ma préférence va au titre « Kiruna ».



Dimanche, Françoise a repéré sur le programme de télévision une émission fort intéressante intitulée « Accordéon / Bandonéon – Marc Perrone / Cesar Stroscio ». Diffusion sur Arte, dimanche 17 septembre, 19h00 – 19h45. Enregistrement au Théâtre des Bouffes du Nord à Paris au printemps 2005.

Perrone et Stroscio parlent de leurs instruments respectifs avec passion et de façon très émouvante. Leur instrument, de toute évidence, est une partie de leur propre corps. Il faut entendre comment ils parlent du soufflet et de sa respiration. On entend aussi Jacques Di Donato, Marie-Odile Chantran, André Minvielle avec Perrone et Angélique Ionatos avec Stroscio. Perrone et ses musiciens jouent « Leçon de valse », « 14 juillet », « Jacaranda », « Esperanza ». M.-O. Chantran joue une suite de bourrées à la vielle. Stroscio et le trio Esquina interprètent « Un placer », « tango a mi padre », « La casita de mis viejos », « le sanglot des anges », « Azul y voz ».

Si j'osais être un peu grandiloquent, je dirais que cette émission, outre le plaisir esthétique, est une sorte de leçon de sagesse. En l'occurrence d'ailleurs le plaisir esthétique et la densité morale ne sont guère séparables.

L’émission, co-produite par Arte France, sera rediffusée le samedi 23 septembre à 8h00.

samedi, septembre 16, 2006

dimanche 17 septembre

Hier soir, juste avant la fermeture de la Fnac, nous sommes revenus chercher deux billets pour le concert de Gotan Project au Zénith de Montpellier, le 7 octobre. Nous nous sommes rendu compte en effet que ce concert avait lieu le lendemain de celui de Daniel Mille à Caveirac, près de Nîmes, et que, d’autre part, Montpellier est sur la route entre Nîmes et Toulouse, où nous ferons étape avant de rentrer à Pau.

Tout ça fait un assez joli programme d’accordéon pour octobre : Mille près de Nîmes, Gotan Project à Montpellier, Macias près de Pau, Galliano à Perpignan… d’autant plus que nous essaierons d’en profiter pour goûter de la cuisine locale et découvrir quelques bistrots. Les concerts de Caveirac et de Monein (près de Pau) sont de surcroit sous le signe des vendanges.

En attendant, depuis quelques jours, on est sous le signe de l’eau. La météorologie nationale a décrété l’état d’alerte orange. Tout est humide, le bruit monotone de la pluie finit par être lancinant. La pluie, la pluie… dans tous ses états : crachin, bourrasques, bruine, tornades, rigoles le long des trottoirs, flaques dans le bitume, feuilles qui s’égouttent, imperméables qui dégoulinent, etc…

On décide d’écouter d’abord le disque du groupe « Les pommes de ma douche » : guitare solo, guitare, accordéon, violon et contrebasse. Un groupe stable au fil des disques : trois maintenant. Cinq musiciens pour un swing qui tourne rond. En fait, ils me font l’impression d’une machinerie tout à fait bien rodée et qui a atteint en quelque sorte sa vitesse de croisière. Ce n’est pas surprenant, mais c’est efficace et agréable. Françoise apprécie beaucoup. Du coup, je suis plus attentif et je découvre des nuances ou des subtilités qui m’avaient échappé.

David Rivière, l’accordéoniste des « pommes… », a fait par ailleurs un disque que j’apprécie beaucoup et que je réécoute souvent avec grand plaisir :

- « From Valse to Swing », David Rivière, 2004, Le Chant du Monde.

On en écoute quelques titres ainsi que les versions « originales » qui se trouvent sur un cd donné en bonus avec ce disque. On pourrait dire que c’est vraiment un objet de studium et de punctum, si l’on emprunte à Roland Barthes son vocabulaire de critique esthétique.


Après quoi, à l’heure du thé et des beignets aux pommes, nous écoutons plusieurs titres du dernier opus de Kepa Junkera, « Hiri ». Autant « Les pommes… » sont stables, autant les formations qui ont interprété les morceaux de ce disque sont à géométrie variable. On reconnaît bien un noyau dur de titre en titre, mais le nombre de musiciens et de chanteurs varie de la dizaine à la trentaine… avec l’accordéon de Kepa Junkera comme fil rouge et comme garant du style de l’ensemble. Le son est étrange et complexe, en tout cas il résulte d’influences multiples, assimilées et traduites dans une langue originale.

La composition des formations qui ont créé les différents titres suffit à me faire rêver. A titre d’exemple, j’en retiens deux :

- « Tbilisi ». 4 :04. K. Junkera, trikitixa en C ; Etxak (Inaki Plaza & Ion Garmendia) txalaparta, txalaparta de piedras, tutuak ; Kepa Calvo, platos ; Dani Tomas, guittara ; Alain Bonnin, piano ; Gilles Chabenat, vielle ; Eliseo Parra, voz ; Mercedes Peon, voz ; Enzo Avitabile, voz, sopranino mib, clarello ; Melonious (Patrick Vaillant, mandoline, Thomas Bienabe, mandoline, Pascal Giordano, mandole alto, Jean-Louis Ruf-Costanzo, mandoloncelle) ; Tactequete (Marc Vila, Antonio Sanchez, Tito Busquets, percusiones). Soit dix-sept interprètes.
- « Kerman-Sunne-n ». 3 :58. Junkera, trikitixa en C ; Etxak (Inaki Plaza & Ion Garmendia) txalaparta, txalaparta de piedras, tutuak ; Kepa Calvo, platos ; Jose Antonio Ramos, timple ; Alain Bonnin, piano ; Glen Velez, pandero brasileno, shaker, caxixi ; Alos Quartet (quatre), cuerdas ; Jean Wellers, contrabajo ; Bulgarka (quatre), voces ; Coro intermezzo (cinq), voces ; Coro de ninos (cinq), voces ; Andy Narell, steel drum. Soit vingt-sept interprètes.

vendredi, septembre 15, 2006

samedi 16 septembre




Tout en feuilletant le bouquin de Doisneau, je me rappelle un autre bouquin de photographies de Brassaï, dans lequel il y a aussi des clichés d’accordéons et de bistrots. Je n’arrive pas à me rappeler le titre, mais une recherche rapide me permet d’y mettre la main dessus :

- « Paris Tendresse », Brassaï & Modiano, éditions Hoëbeke, 1990.

Ce livre est tiré d’une exposition du même nom, présentée à la Fnac en 1988, lors du mois de la photo à Paris. Les photographies ont été prises dans les années 30-50. Jai une grande admiration pour Brassaï, que je tiens pour l’égal de Cartier-Bresson, même si sa production est moins abondante et moins diversifiée. Comme Cartier-Bresson, il a le sens de l’instant décisif. Ses images de Paris la nuit sont, à mon sens, définitives. La géométrie des constructions, le jeu des noirs et des blancs… on peut parler de rencontre du hasard et de la nécessité, ce qui est bien le propre des œuvres d’art.

Dans ce bouquin donc, je retrouve trois photographies :

- page 35, « le vieil accordéonistes », sans date.
- page 51, « le bal musette à la Boule Rouge », vers 1935-36
- page 52, « mon cœur balance, la chanteuse Kiki de Montparnasse », 1933.

L’accordéon du « vieil accordéoniste » porte ces indications : Comm. Paolo Soprani & Figli, Castelfidardo, Italia. Une lyre entourée de deux angelots figure comme marque de fabrique. Castelfidardo, ça fait rêver. Tout y est : la perfection technique, le regard plein de tendresse de Brassaï pour l’accordéoniste et, en retour, le regard plein d’attention de celui-ci pour Brassaï.

Quant à la photographie de « La Boule Rouge », en observant bien, on voit au fond à droite un accordéoniste à côté du guitariste. Inutile d’insister encore sur la perfection technique. On sent bien ce qu’est le bal musette.

Sur la dernière photographie, on peut lire ces indications : Ranco Guglielmo, Vercelli Italia et un nom : Jean Marouis. Est-ce celui de l’accordéoniste ? J’en doute, car une adresse figure au-dessous, où je ne peux déchiffrer que « rue » et « Paris » et peut-être « de Flandre ». Il ne me parait guère d’usage que l’accordéoniste ait son adresse sur son instrument. Est-ce celui d’un facteur d’accordéons ? Je regarde les mains de l’accordéoniste et je me dis que l’on dirait plutôt celles d’un bucheron. Il s’en dégage une impression de puissance qui me fascine.

Pour accompagner cette déambulation imaginaire, un disque s’impose :

- « Balajo » de Jo Privat.

Ce qui me frappe dans la rencontre entre ce disque et ces photographies, ce n’est certes pas la nostalgie qui pourrait s’en dégager, c’est plutôt la manifestation d’un monde avec ses correspondances : la rue, la nuit, l’habitat, le bal musette, les amoureux, les artisans, les gamins, les retraités, les cours intérieures, les fêtes foraines… Un monde sans doute en grande partie imaginaire. Il y a de l’inconscient là-dedans. En tout cas, il m’apparaît de plus en plus évident, à la troisième écoute de « Balajo » que le disque et le bouquin sont indissociables.

.......

En fin d’après-midi, je suis allé à la Fnac pour réserver deux places pour le concert de Daniel Mille Trio à Caveirac, près de Nîmes, le 6 octobre. Ce concert a lieu dans le cadre de « L’agglo au rythme du jazz » et il est situé dans la cave à vin, le Dolium. Tout un programme a priori sympathique.

En parcourant les présentoirs de disques, je tombe sur le dernier opus du groupe de jazz manouche « Les pommes de ma douche », nom qui pourrait intriguer jusqu’à ce que l’on sache qu’il a été obtenu par glissement de « pompe manouche ». Humour verbal !

- « On n’est pas là pour se faire engueuler », 2006, Les pommes de ma douche – Le chant du monde.

Malgré mes recherches, je ne trouve pas leur second disque « J’ai connu de vous Monsieur Trenet ». J’aurais bien aimé compléter la série commencée avec « Y va tomber des cordes », mais pour l’instant il manque à l’appel.

Du coup, en rentrant à la maison, je fais un détour par l’espace culturel de l’hypermarché Leclerc… le dernier disque est là, en bonne place, mais celui que je cherche est tout aussi absent qu’à la Fnac. Alors que j’hésite à le commander, je m’aperçois que le dernier Kepa Junkera est présenté à la vente. Il vient d’arriver et le responsable « musique » m’explique qu’il compte bien en vendre un grand nombre, car cet accordéoniste basque a un public fidèle. C’est pourquoi il en a installé une trentaine d’exemplaires. Je renonce provisoirement à Monsieur Trenet…

- « Hiri », Kepajunkera, Elkar KD-725, l’Autre Distribution, 2006.

« Hiri » signifie la cité, la ville. Je note que le texte de présentation est en quatre langues : basque, anglais, espagnol et français. Il y est question de cité, de désir et d’accordéon. Kepa Junkera, comme dans ses créations précédentes, joue sur plusieurs instruments Zero Sette.

jeudi, septembre 14, 2006

vendredi 15 septembre



Le disque de Danielle Pauly et Daniel Colin, « Accord’Tonic », tourne gentiment pendant que je feuillette un bouquin de photographies pour lequel j’ai beaucoup d’affection et d’admiration :

- « Paris Robert Doisneau », Flammarion 2005.

L’ouvrage est composé de plusieurs chapitres : Paris par hasard [Les jardins, le ballet des passants, galanterie urbaine, les bistrots], Paris se révolte, Paris des parisiens, Paris s’amuse. Evidemment, ce sont les bistrots qui m’intéressent particulièrement, d’autant plus que dans ce cadre on trouve plusieurs photographies d’une accordéoniste dont la posture et le charme, qui en émanait, avait frappé Doisneau lui-même. Il commente en effet cette rencontre dans ses carnets personnels. Je cite :

« … Un paisible dimanche arrivent deux femmes et un accordéon :
- On peut chanter ?
L’une avait un genre trapu, Madame Lulu, registre Berthe Sylva, chantait utile. L’autre, accordéoniste, était bien jolie, ma foi. Elle y allait de sa chanson, toujours la même, une complainte traînante, « Tu ne peux pas t’ figurer comme je t’aime ».
[page 115]


« C’était avec le copain Giraud, je crois bien que tous les deux nous étions sous le charme de l’accordéon. C’est une chose qui existe, sinon comment expliquer la patience de la clientèle, car si les buveurs posent volontiers et même avec une sorte de gloriole, les gens détestent donner leur image quand ils mangent. Il fallait l’anesthésie de la mélodie pour rendre un photographe supportable… Le charme qui émanait de cette femme, au Moyen-âge, aurait été jugé combustible ». [page 118]

On sent bien dans ces photographies l’accord immédiat et quasi ontologique qui unit le monde des bistrots et celui des accordéons, ici un Hohner à touches piano. Il y a quelque chose de touchant dans le portrait de cette femme, si frêle, mais aussi si déterminée, dans ce monde de travailleurs de la nuit et de forts des halles, qu’elle a apprivoisés avec un instrument de prime abord démesuré pour ses forces.

En cet instant, l’accord me parait évident entre ces photographies de Doisneau et le disque de Danielle Pauly et Daniel Colin. Ecouter « Vent d’automne » de Péguri ou « La ritale » de Privat et Corti en feuilletant le bouquin de Doisneau, c’est un vrai bonheur.

mercredi, septembre 13, 2006

jeudi 14 septembre

… écouté trois disques de Kepa Junkera :

- “Trikitixa Zoom”, Karonte Records 1991.
- “Bilbao 00:00 h.”( 2 cds ), Resistencia Keltia Music 1998.

Le premier disque est interprété par six musiciens, dont les instruments sont désignés en langue basque, comme c’est quasiment toujours le cas pour les œuvres produites en Eus kadi. C’est ainsi que l’on peut lire : K. Junkera, trikitixa / trikitixa midi ; I. Urkizu, abotsa eta panderoa; A. Landeta, bateria ; A. Gerenu, bajoa ; A. Rodriguez, gitarra elektrikoa eta akustikoa eta mandolina ; J. Alzola, saxo sopranoa eta flagelota.

Je trouve à ce disque une très grande unité et un son tout à fait spécifique.

Si j’en juge d’après la liste donnée à la fin du livret de « Bilbao », les deux autres cds ont mobilisé au total pour les différents morceaux environ une cinquantaine de musiciens, si bien que c’est plutôt la variété entre les titres qui frappe d’abord. Kepa Junkera utilise au moins trois accordéons Hohner et trois accordéons Zero Sette différents. Les formations varient de titre en titre. Mais, en dépit de la variété des sons très étendue, je suis frappé par une grande unité de style et d’inspiration.

A l’écoute de ces disques, parmi lesquels je dois dire que j’apprécie tout particulièrement le premier, deux réflexions me viennent à l’esprit :

- d’abord, à partir de « Bilbao », cette idée qu’il y a une véritable culture musicale de la façade atlantique. De la mer du Nord au Portugal, on sent comme une vision du monde qui parcourt les différents pays et les différentes provinces. On sent une unité profonde, sans doute d’origine géographique avant d’être historique ou sociologique, qui repose sur un fonds commun d’expériences de vie liées à la proximité de la mer. On pense au poète qui disait à peu près : « Homme libre, toujours tu chériras la mer ». Il y a une expérience de l’horizon sans bornes, de l’au-delà du coucher du soleil qui nourrit l’inspiration des musiciens de cette zone. C’est pourquoi ils se comprennent immédiatement.
- Ensuite, à propos de l’ensemble des trois disques, cette idée qu’il y a une culture basque d’une vitalité exceptionnelle et sans doute méconnue. La musique contemporaine basque par exemple est d’une richesse extraordinaire. Habitant Pau, donc peu éloigné du Pays basque, et connaissant assez bien la côte et le pays intérieur, je comprends l’attachement que les basques peuvent avoir pour leur culture et ses différentes manifestations : habitat, musique, danse, littérature, cuisine, théâtre, jeux et sports, etc… Je comprends même parfois la rage qu’ils peuvent éprouver quand ils ont le sentiment que leur sol est vendu à tous les vents et que leurs racines sont folklorisées. Du coup, on comprend aussi la volonté de faire vivre la langue basque, car c’est bien d’une conception du monde et de valeurs qu’il s’agit. C’est pourquoi il ne faut pas regretter l’absence de traductions ; il faut au contraire s’armer d’un dictionnaire et faire soi-même l’effort de traduction comme un premier pas de compréhension.

mardi, septembre 12, 2006

mercredi 13 septembre


















Nous sommes arrivés hier soir, vers 20 heures, à Hossegor. Au départ de Pau, il faisait beau, mais au fur et à mesure de la route on a rencontré une pluie de plus en plus dense. De gros nuages noirs s’amoncelaient contre les Pyrénées et crevaient au dessus des Landes. Des grains toute la nuit. Ce matin, quand nous ouvrons les fenêtres, une brume bleutée monte du sol et atténue toutes les couleurs. C’est l’automne ! Pas un bruit dans le quartier ; deux villas seulement sont occupées. Au loin une scie s’acharne à abattre un arbre, sans doute quelque pin mort.

La mairie d’Hossegor a entrepris d’installer le tout à l’égout. Le tour de notre rue est arrivée. Des traces oranges à la peinture de chantier indiquent la place des raccordements au milieu de la chaussée et au pied des murets. Je fais quatre photographies de ces signes :

- un signe chiffré, cabalistique
- une flèche, au milieu de la rue, pointée vers le portail
- un rond orange contre la butée du portail
- ce même rond orange contre la butée avec le bas du portail

C’est entre la flèche et ce rond que sortiront les eaux usées de notre villa pour aller vers la station d’épuration de Capbreton. J’ai pris ces quatre photographies, car elles ont, me semble-t-il, leur place parmi les manifestations involontaires de l’art conceptuel urbain et surtout parce qu’elles me font penser spontanément à Anzellotti interprétant, sur son accordéon Armando Bugari, une pièce de John Cage ou de Globokar, par exemple « Dialog über Luft ». C’est de l'épure, du minimalisme, du conceptuel, c’est du signe pur ! On n’aurait pas pensé immédiatement à une analogie entre l’accordéon et le tout à l’égout, mais à la réflexion il m’apparaît comme une évidence.

lundi, septembre 11, 2006

mardi 12 septembre

En faisant quelques recherches, que je pensais rapides, sur l’accordina, j’ai découvert sur le site http://www.accordinas.com/, site dédié à aux fabrications de Marcel Dreux, un choix de sept morceaux que j’ai eu particulièrement plaisir à écouter :

- D. Mille, « Aube » extrait de « Entre chien et loup »
- M. Loeffler, « Dina » extrait de « Sessions »
- L. Beq à Saint Martin de Londres
- R. Carter et R. Galliano, « Panamanhattan » extrait du cd du même nom
- L. Beier, « Cool Times » extrait de « New Montmartre »
- L. Suarez, « Song for Lionel »
- R. Lacaille, “Mazurka” extrait de “Mapou”

Du coup, j’ai poussé mes recherches du côté des productions de Laurent Jarry. On y trouve une discographie intéressante et des extraits d’accordina. Par exemple, « Jazz N’Roses » de F. Belleau, des morceaux joués par Bolognési et d’autres morceaux, extraits du disque « Accordina Jazz », du trio Jauvain – Ithursarry – Bras, publié par La Lichère / Frémeaux et associés en 2004. Le site : http://www.boite-accordeon.com/. Du coup, j’ai eu envie d’écouter ce disque… De fil en aiguille, comme on dit, la soirée s’est passée à écouter de l’accordina…

Les deux sites sont fort intéressants et complémentaires au plan informatif et en l’occurrence j’ai trouvé dans l’écoute de ces morceaux le plaisir de mieux connaître les différents visages de cet enfant naturel de l’accordéon et de l’harmonica… Du coup encore, je me suis attardé à écouter un peu D. Mille, Beier et Loeffler…

Je fais le vœu et même l’hypothèse que l’on n’a pas fini de voir éclore de plus en plus de créations induites par cet instrument encore méconnu et par ses possibilités que de nombreux musiciens vont vouloir explorer.

Demain, j’écoute « The Charm of Chamamé » de Chango Spasiuk. J’avais en effet l’intention de l’écouter ce soir et surtout de compléter cette écoute par les deux disques des frères Flores, « Argentine, Chamamé – Musique du Parana » et « Argentine, Chamamé – Musique de Corrientes », enregistrés respectivement en 1993 et en 2003-2004 par Ocora Radio France, mais internet en a décidé autrement… Je ne le regrette pas. Il faut savoir ne pas vouloir toujours s’obstiner à réaliser ses projets. Le petit chaperon rouge a fait bien des découvertes dans la forêt profonde et a beaucoup appris pour avoir su ne pas marcher suivant le plus court chemin…

dimanche, septembre 10, 2006

lundi 11 septembre

En écoutant « Tango para todo el Mundo », alors même que la chaleur sur Pau est lourde et accablante, si bien que nous vivons dans une atmosphère confinée, toutes fenêtres closes jusqu’au milieu de la nuit, je pense distraitement à ces séries d’oppositions culturelles, comme bistrot / accordéon vs café / bandonéon… ou encore tango / milieu urbain vs chamamé / milieu rural, etc… Une idée me vient alors sous forme de question : comment se fait-il que l’Argentine, pays du tango, ne soit pas (du moins à ma connaissance) un pays de corrida ? Ces deux pratiques culturelles sont en effet associées à la passion, à l’expérience des limites, aux couleurs noire et rouge ; en outre, l’Argentine est un pays d’élevage bovin. La corrida semble avoir investi d’autres pays de langue hispanique comme la Colombie, le Venezuela ou le Mexique… pourquoi pas l’Argentine ? Cette absence est d'autant plus étonnante que, pour qui connait un peu la corrida, l'analogie avec le tango est évidente : mêmes enlacements, mêmes mouvements d'attraction et de répulsion, d'unions et de séparations, d'abandon et de tension entre les danseurs de tango qu'entre le matador et le toro.

Dans cette atmosphère que l’on peut qualifier de caniculaire, où ne passe à travers les persiennes qu’une faible lumière, je retrouve quelque chose de l’espace du tango : chaleur, bruits amortis, vibrations de l’air. Il ne manque, mais ce n’est pas rien, que la fumée des cigares et des cigarettes et l’agitation policée des cafés de la capitale argentine. Je parcours distraitement la fiche signalétique du disque quand mon attention est attirée par une note indiquant qu’Osvaldo Montes a participé aussi à un autre disque de Winter & Winter : « Tango vivo ! Noches de Buenos Aires ». En effet, je vérifie qu’il intervient au bandonéon en particulier dans le cadre de la « Casa del Tango » dans le Javier Gonzalez Trio ou avec la chanteuse Patricia Barone. J‘ai plaisir à le retrouver sur ce disque et à lui donner un visage, puisque son portrait photographique figure sur la couverture de « Tango para todo el Mundo ».

samedi, septembre 09, 2006

dimanche 10 septembre

- « Tango para todo el Mundo – tango for the World ». Osvaldo Montes, bandonéon y Anibal Arias, guitare. Music Edition, Winter & Winter, 2006.

C’est un disque dont il m’est difficile de parler, pour lequel il m’est difficile de trouver les mots correspondants à mes sensations. Comment dire ? Je suis touché d’abord par les visages des deux artistes. Ils sont dans le troisième âge, déjà au-delà de la force de l’âge. Peut-être sont-ils amenés à mesurer leurs forces et cela se traduit par une extrême économie de moyens. Comme la flèche va directement au but, sans détours. La photographie de couverture montre le visage d’Arias qui regarde un horizon lointain, un peu au-delà de l’horizon. Pendant ce temps, Montes regarde Arias, le regard perdu vers cette limite, vers son au-delà. Leurs visages portent, comme on dit, les marques du temps : rides pour l’un et paupières lourdes, taches sur les pommettes et sous les yeux pour l’autre.

Si j’osais, je dirais de ce disque qu’il a une dimension philosophique, en ce sens qu’il en émane une sérénité et une sagesse profondes. On y trouve des compositions de Gardel, Troilo, Cobian, Aieta, entre autres… Par exemple, « Arrabal Amargo », « Romance de Barrio », « Pa’ que Bailen los Muchachos », « La ultima Curda », « Volver », « La Cumparsita », « Sur », « Los Mareados », entre autres.

Evidemment la présentation est impeccable jouant sur un bleu passé et des couleurs chocolat et orangé… Il me semble, à l’écoute de ce disque, comprendre mieux l’âme du tango. Passion et sérénité existent ensemble, contrairement à ce que l’on pense habituellement : ou bien la passion, ou bien la sagesse. Tout le génie de ce disque, c’est justement de les faire tenir ensemble à travers les jeux entrecroisés du bandonéon et de la guitare. On est loin de l’accordéon et du bistrot… et c’est beau !

samedi 9 septembre

Nous sommes rentrés de Toulouse vers minuit et ce matin, Françoise et Nadja sont parties vers 10 heures pour passer la journée à Dax, qui fête son « Toro y Salsa », comme tous les ans aux alentours du 9 septembre. Je suis donc seul à la maison et bien embarrassé pour savoir comment commencer à écouter tous ces disques que j’ai rapportés de mon séjour toulousain.

Grâce à Nadja, Charlotte et Camille, qui m’ont prêté leurs cartes de médiathèque, j’ai pu emprunter sept disques jusqu’au 27 septembre et j’ai ramené d’autre part les deux disques achetés à « Harmonia Mundi »… et le cd d’Aimable, cadeau de Charlotte.

Comment vais-je m’y prendre pour les écouter ? Systématiquement, l’un après l’autre ? Trop méthodique. Au hasard des titres ? Trop aléatoire. Deux ou trois titres de chaque disque ? C’est mieux. Finalement, je décide d’adopter la démarche qui me parait recéler la plus forte charge d’humour :

- Aimable, « Ah ! Le petit vin blanc », « La vie en rose », « Fleur de papillon »
- Anzellotti, « Vagabonde blu »
- Aimable, « La java bleue », « Indifférence »
- Anzellotti, « Push Pull »
- Aimable, « l’air de San Pedro », « Java javanaise »
- Anzellotti, « NE MA-UM »

Et ainsi de suite. D’une certaine façon, j’ai l’impression d’écouter ainsi deux pôles de l’accordéon. Une fois passée la surprise d’une telle expérience, j’essaierai de voir si en effet je peux placer mes cds sur cet axe en les situant par rapport à ces deux extrémités. Je dois avouer d'ailleurs que je me sens aussi loin de l'un et de l'autre, pour des raisons évidemment différentes. En revanche, et c'est pour moi une révélation, j'écoute avec délice maintenant le disque d'Ildo Patriarca, "Verano Porteno". Il faudra que j'essaie de comprendre pourquoi il me plait à ce point.



En fait, s’il est vrai que je me sens aussi loin d’Aimable que d’Anzellotti, je dois dire cependant qu’une caractéristique les rapproche : j’ai beau faire effort, leur écoute m’ennuie. L’un, Aimable passe tout ce qu’il joue à sa propre moulinette et il en sort quelque chose qui n’a plus aucune saveur, qui est réduit à sa plus simple expression. Trop facile. L’autre, Anzellotti, tire de son instrument des sons qui me laissent froid. Trop difficile, trop conceptuel. En revanche, je me sens emporté par le rythme de Patriarca. Il y a comme des réminiscences d’orgue de barbarie et c’est touchant. Mais surtout, j’ai le sentiment d’avoir affaire à un interprète au sens propre. Tout ce qu’il touche est comme traduit dans son langage, d’où la grande unité de son disque au-delà de la variété des œuvres, de Piazzolla à Murena et Colombo.

vendredi 8 septembre






Rendez-vous avec Michel L. pour déjeuner au « Louchebem », l’un des restaurants du marché Victor Hugo. Notre rendez-vous est fixé à 11h45. J’arrive très en avance, à 11h20, tant le métro est rapide. Cela me laisse un peu de temps pour passer à la boutique « Harmonia Mundi ». Coup d’œil en diagonale. Rien de neuf. Finalement, alors que je vais devoir repartir, le responsable de la boutique me signale un disque récent de bandonéon et guitare publié par Winter & Winter :

- « Tango para todo el Mundo », Osvaldo Montes et Anibal Arias, W & W, 2006-09-09

Nous échangeons alors quelques mots à propos de Pascal Contet et du coup, par association d’idées, cela lui rappelle l’existence d’un disque d’Anzellotti, disque qui est en promotion. Pourquoi ne pas essayer ?

- « Push Pull », Teodoro Anzellotti, accordion, Hat Hut Records, 1999.

Je repars content de ma petite moisson !

En arrivant au marché Victor Hugo, je prends une photographie de cette architecture à la fois fonctionnelle et esthétique, tout en fluidité. A la fin de notre déjeuner je photographie l’enseigne du « Louchebem », une vue vers les boulevards, l’autre vers la place Wilson et le dessin d’une serviette de table. Pas de fioritures, mais des produits de première qualité, la viande en particulier. Un verre de vin de l’Aude et trois cafés chacun pour affronter la canicule toulousaine.