jeudi, août 31, 2006

vendredi 1er septembre

- « Lume Lume », Nabila, Arion 2005.

Comme nous en avions le projet, nous avons écouté le disque de Nabila, dont on apprend par le livret qu’elle est née à Genève et qu’elle a pour nom de famille Schwab. Bien qu’elle n’ait aucun lien de parenté avec les pays du pourtour méditerranéen, en particulier ceux du Sud-est, on comprend qu’elle entretient de longue date une relation affective forte avec leurs musiques. Ce disque a donc été enregistré par un quatuor où elle chante et joue de l’accordéon, et où Sylvain Fournier joue des percussions (un capharnaüm hétéroclite revendiqué), de la mandoline ou de la scie musicale, Roland Kneubühler du violon et Raphaël Anker de la trompette. J’apprécie particulièrement la trompette de Raphaël Anker, qui reste toujours pure, égale, nuancée, sans les dérapages hystériques auxquels souvent cet instrument n’échappe pas. Curieusement, cette trompette me fait penser parfois à Dave Douglas, avec qui Nabila a été mariée et a vécu aux Etats-unis dans les années 80-90.

Le projet de ce disque est tout à fait intéressant. Il parcourt la Grèce, la Serbie, la Bosnie, la Moldavie, la Macédoine et Israël, souvent en explorant de manière originale le répertoire traditionnel des fanfares. Mais le fait qu’ils ne soient que quatre musiciens donne aussi une dimension intimiste à des morceaux que jouent souvent des tarafs avec bruits et fracas. Chaque titre est finalement comparable à une aquarelle délicate, à un objet précieux finement ciselée. On est loin des fresques démesurées que déploient les tarafs. La voix de Nabila m’a fait penser à plusieurs reprises à celle d’Angélique Ionatos. Le fait qu’elle chante en s’accompagnant à l’accordéon donne à sa voix et à son instrument un souffle fragile mais en accord intime.

La production a été assurée par les ateliers d’ethnomusicologie de Genève. C’est une garantie de sérieux, qui se manifeste certes dans la prise de son, mais aussi dans le livret informatif, qu’il s’agisse d’éléments biographiques éclairants sur la production du quatuor, sur la diversité des expériences musicales ou théâtrales de ses membres, ou de la description des thèmes des morceaux et de leurs caractéristiques musicologiques.

Après plusieurs écoutes de "Lume Lume", je me rends compte qu'outre la voix de Nabila et la trompette de Raphaël Anker, j'apprécie beaucoup la rencontre d'une approche savante des airs traditionnels qui composent ce disque avec une spontanéité intacte. En ce sens, il s'agit bien d'une lecture originale de la tradition, une lecture qui la renouvelle, et non d'une énième reprise.

Post-scriptum : ce jeudi, vers 18 heures, j'ai eu le plaisir de trouver le numéro 56 (septembre) de la revue "Accordéon & accordéonistes" au point presse de l'hypermarché où, avec Françoise, nous étions aller voir une exposition de photographies de Zola. Nous connaissions cette exposition pour l'avoir vue, il y a plusieurs années, à la galerie du Château d'Eau, à Toulouse. C'est un grand bonheur d'avoir pu retrouver certaines photographies magnifiques : la voiture du laitier dans une rue de Londres, un train qui s'éloigne, des enfants jouant dans la neige d'un jardin public, des portraits, des scènes familières, la construction de la tour Eiffel, etc... On connait Zola romancier ou journaliste, mais Zola photographe est au moins aussi grand ! Même si, à ma connaissance, il n'a pas photographié d'accordéonistes, ni d'accordéons. Nul n'est parfait !

mercredi, août 30, 2006

jeudi 31 août



















Gag ! Hier après-midi, vers 17 heures, je reprends l’invitation que la Fnac de Pau nous avait envoyée pour l’inauguration de son nouveau magasin sur le site du Palais des Pyrénées, qui a vocation à devenir le centre commercial de l’agglomération. Surprise ! Cette invitation était pour le 29 à partir de 20 heures, et non pour le 30 comme je l’avais noté par erreur sur mon agenda. Le plus rigolo, c’est que mardi soir, le 29 donc, nous avons fait un tour de ville et qu’à notre grand étonnement les rues autour du Palais des Pyrénées étaient interdites pour cause d’inauguration officielle. J’ai alors pensé qu’il s’agissait d’une inauguration institutionnelle, organisée par la municipalité, et que le lendemain auraient lieu les inaugurations commerciales. Ce genre de malentendu rend modeste.

Bref, nous sommes donc allés visiter la Fnac, hier mercredi, pour le premier jour d’ouverture à la vente et pour faire un premier repérage des lieux. Beaucoup, beaucoup, beaucoup de monde… Il faudra y revenir dans un environnement plus calme pour s’y orienter et envisager de pouvoir faire quelques achats raisonnés.

Finalement, je retiens trois choses de cette visite qui s’est déroulée avec une météo magnifique : température idéale, ciel bleu, gros nuages blancs paisibles et pacifiques, simplement là pour animer le ciel, pas de vent :

- L’esplanade du Palais des Pyrénées avec des gens qui déambulent, entrent et sortent des magasins, s’arrêtent pour échanger quelques mots, repartent, s’arrêtent pour prendre un pot, et ainsi de suite… cette esplanade m’a fait penser aux ramblas de Barcelone et en tout cas à une ville du Sud qui assume sa douceur de vivre. Les parasols fleurissent à foison sur toutes les terrasses des bistrots. Au loin, dans l’axe, les Pyrénées que l’on devine derrière une sorte de brume bleutée.
- Il faisait tellement doux que nous sommes allés nous rafraichir, Boulevard des Pyrénées, à « l’Aragon », dont le standing m'oblige à dire qu’il s’agit d’un café, non d’un bistrot. Limonade pour Françoise, Bière « Affligem » pour moi, sur une table sol y sombra.
- En parcourant les rayons de disques, où j’ai noté l’absence d’un rayon « accordéon », que pourtant j’appelais de mes vœux, notre regard se porte sur un cd, qui retient notre attention par sa simplicité même. Couverture blanche, une silhouette de femme peinte en quelques traits de couleurs ; elle joue de l’accordéon. Curieusement, il y a des touches sous sa main gauche, mais pas à droite. Un nom en haut à droite : « Nabila ». Deux mots en bas à droite : « Lume Lume ». En bas, à gauche, cette notation : « Balkans, Ateliers d’Ethnomusicologie de Genève ». Au dos, nous en apprenons un peu plus. Par exemple, qu’il s’agit de quatre musiciens : Nabila, chant, accordéon, Sylvain Fournier, percussions, mandoline, scie musicale, Raphaël Anker, trompette, Roland Kneubühler, violon. Seize titres, dont « Lume, Lume, Soro Lume » (monde, monde, sœur monde), Roumanie (Valachie). L’éditeur : Arion 2005. Ce disque attire notre sympathie : nous l’écouterons ce soir.

mardi, août 29, 2006

mercredi 30 août



Dans le classement établi par Philippe Krümm, où il dresse une liste de ceux qu’il appelle les accordéonistes surdoués de la troisième génération, on trouve Joss Baselli. Je dois dire que justement j’ai un goût particulier pour un disque qu’il a enregistré, en 1963, à New York. En plus, et cela ajoute au charme, il l’a enregistré sous le nom de Jo Basile, ce qui a un petit air rigolo. Un type qui change ainsi son nom ne peut pas être complètement sérieux. Le nom de ce disque :

- « Bossa Três e Jo Basile », Ubatuqui, UBCD 311, 2002 Blue Moon Producciones Discograficas.

Le disque fait partie d’une collection, « Bossa Nova Groove ». La formation est un quartet : Luis Carlos Vinhas, piano, Sebastian Neto, contrebasse, Edison Machado, batterie, Jo Basile, accordéon.

Au rythme près, j’y retrouve la même décontraction, le même naturel que dans «Manouche Partie ». J’y retrouve un plaisir analogue à celui que j’éprouve à écouter Armand Lassagne ou Daniel Colin. Ils appartiennent bien à une même famille. Dans tous les cas, c’est du grand art, mais un grand art modeste, au sens où il a l’élégance de se présenter comme simple, facile, immédiat. Du coup, je comprends pourquoi je les apprécie tant et pourquoi je suis tellement agacé par ces accordéonistes, tout sourire au vent, qui n’ont de cesse de nous imposer leur virtuosité vide : une prolifération anarchique de notes qui n’ont rien à dire. La mort de l’art par le trop plein de notes…

Finalement, j’aimerais bien savoir ce que Richard Galliano et Daniel Mille, quant aux rythmes brésiliens, Frédéric Schlick et Jean-Luc Amestoy, quant au clavier-piano, pensent du jeu de Jo Basile. Lui reconnaissent-ils une influence sur leur propre style ?

mardi 29 août
















Pour ce qui est du classique, je trouve justement qu’Armand Lassagne assure drôlement. J’entends par là qu’il fait partie des valeurs sûres pour moi. Il ne me déçoit jamais. Je ne reviens jamais vers lui en vain. Il suffit que je l’écoute pour me retrouver dans un monde serein et, si je puis dire, réconcilié. Un monde qui n’est jamais inférieur à mes attentes. C’est pourquoi je suis bien d’accord avec le texte de Philippe Krümm, qui introduit « Le Tournis ». Il classe Armand Lassagne dans ce qu’il appelle la troisième génération d’accordéonistes surdoués à côté de Marcel Azzolla, Joss Baselli, Jean Corti, Joe Rossi, Maurice Vittenet et Daniel Colin…

Dans ce disque, Armand Lassagne est accompagné de Jean-Philippe Viret, contrebasse, de Frédéric Sylvestre et Marie-Ange Martin, guitares, et Fabien Meissonier, batterie. Pas de bluff, pas d’esbroufe, pas de racolage. Dans ce disque, il joue de ses compositions (Le tournis, Celle de demain, Nervioso, Igor et Natacha, A Paris dans chaque faubourg), des compositions de Jo Privat (Mystérieuse), de Nazareth (Cavaquinho), de Gus Viseur (Swing Valse), et d’autres œuvres écrites en collaboration (Made in Valse avec Azzolla, Double Set avec Didier Roussin).

lundi 28 août
















- « Manouche Partie, Jo Privat, featuring Matelot Ferret », 1991 Nocturne, Paris.

J’ai une affection particulière pour ce disque et même beaucoup de tendresse. Quand j’essaie d’en comprendre les raisons, j’en découvre plusieurs, de natures différentes :

- D’abord, la couverture qui se présente comme une sorte de chromo aux couleurs saturées. On croirait une image colorisée. Mais de plus, cette photographie présente une visite de Jo Privat et de quelques uns des musiciens du disque à Naguine, seconde femme de Django Reinhardt sur le seuil de sa verdine. On sent que cette visite a provoqué la réunion de la famille et de quelques amis musiciens… et que les enfants présents seront forcément musiciens à leur tour, guitaristes ou violonistes… par imprégnation.
- Ensuite, le fait que dans ce disque il y a un violoniste hongrois dont le nom reste inconnu, parce qu’il est parti comme il était venu, sans laisser de traces de son passage.
- Enfin, cette anecdote rapportée par Jo Privat lui-même, à savoir qu’il a pu faire ce disque en l’imposant quasiment à sa maison de production parce qu’il avait fait une grosse vente avec « Les danses du balai ». C’est bien la seule raison qui puisse me faire apprécier, indirectement, ce style d’accordéon… que Privat lui-même semblait ne pratiquer qu’à son corps défendant, si l’on en croit son témoignage.

Mais d’autres éléments concernant ce disque m’intéressent beaucoup. J’en retiens quelques uns :

- Il a été conçu par Noël Hervé et Didier Roussin.
- Le livret, très complet, comprend un article de Didier Roussin, intitulé « Un peu d’histoire », un autre, de première main, intitulé « La petite histoire de Manouche-Partie », qui est une interview de Jo Privat par le même D. Roussin et un troisième, intitulé "Manouche Partie", par François Billard. Roussin et Billard, c’est une garantie de sérieux et d’informations puisées à la source.
- Dans cette interview, on apprend que le disque a d’abord été un 33 tours, 25 centimètres, de 10 titres, enregistrés le 3 novembre 1960. 5 titres le matin, repas bien arrosé de vin de Bordeaux dans un bistrot du quartier, 5 titres l’après-midi. Jamais plus de deux prises. Comme le disque a du succès, un nouveau tirage est décidé en 1966. Mais alors les 25 centimètres sont devenus des 30 centimètres… d’où l’ajout de 4 titres enregistrés le 16 décembre 1966. Au total donc 14 titres.
- Pour les dix premiers titres, la formation comprend Jo Privat, accordéon, Jean Matelot Ferret, guitare, « Inconnu », violon, Jacques Montagne, 2nd guitare, Baptiste « Mak Kak » Reilhes, batterie, René Dubois, contrebasse
- Pour les quatre supplémentaires, on note Jo Privat, Jean Matelot Ferret et René Dubois, auxquels se joignent Jean Tordo, clarinette, Jo Privat Junior, 2nd guitare et René Motta, batterie

Mais l’essentiel, ce sont évidemment les morceaux, tous calibrés entre 2 et 3 minutes. Un format qui me plait bien eu égard à l’unité et à la densité qui en découlent. Ce qui me frappe, c’est l’impression de spontanéité, je dirais de naturel, qui émane de chaque interprétation. Parmi les titres, je note quatre compositions de Jo Privat (Rêve bohémien, Rythmes gitans, Java Manouche et La Zingara), quatre de Django Reinhardt (Nuages, Chez Jacquet, Minor Swing, avec Grappelli, Crépuscule), trois traditionnels (Les yeux noirs, arrangement Jo Privat, Les deux guitares, Kalinka) et enfin trois œuvres de Gusti Malha (Valse des niglos), Francisco Cavez (Tamboo) et Archibald Joyce (Songe d'automne). Je ne sais pas si l’on peut parler de classique, mais ça y ressemble drôlement.

dimanche 27 août



...écouté ce matin « Gus Viseur à Bruxelles » dans la collection « Les As du Musette ». La couverture est signée Crumb 1999. Je reconnais bien le visage de Gus Viseur tel que j’ai pu le voir sur quelques photographies, mais en fait c’est bien le dessin de Crumb qui reste comme image dans mon esprit. Je note aussi que sur l’accordéon dessiné par Crumb on lit « Crosio ». Je pense à l’instrument d’Armand Lassagne.
Ce disque m’intéresse à un double titre : d’une part, par ce qu’il me permet d’apprendre, d’autre part par sa qualité affective. J’apprends en effet par le livret de présentation que Gus Viseur est né à Lessines, en Belgique, le 15 mai 1915, d’un père mouleur de pierre et de sa mère, ménagère. J’apprends aussi que les titres de ce cd ont été enregistrés au cours de trois sessions : 5 mai 1943, 18 janvier 1946 et 7/9 juin 1942. Il s’agit de 78 tours qui ont été pressés dans de « la cire de guerre », mélange de matières diverses étant donné la pénurie inhérente aux circonstances. Dire que, même neufs, ils « grattaient » est peu dire. On retrouve bien cette « qualité » aujourd’hui encore. Qualité évidemment rarissime dans les productions actuelles.

Mais d’autres éléments me touchent directement. D’abord le fac–similé d’une affiche où l’on peut lire ceci : « Grand Gala de Jazz et de Music Hall, Le Roi de l’Accordéon moderne, la grande attraction du jazz français, Gus Viseur et son formidable quintette swing ». Sur la même affiche, on lit aussi la présence de Gus Deloof ; plus exactement « Du jazz pur avec Gus Deloof… ». Le Roi de l’Accordéon Moderne ! Et, en effet, j’écoute ce disque comme une rupture radicale avec l’esprit musette.

Mais une autre chose me trouble, à quoi je n’avais jamais donné une telle attention : deux des trois sessions qui composent ce cd ont été enregistrées en 1942 et en 1943. Or il se trouve que je suis né moi-même en 1943 et que je me suis toujours demandé, sans arriver jamais à une réponse satisfaisante, comment on pouvait « faire des enfants » au cours de ces années-là, disons en pleine guerre. De même, comment, où, pour quel public pouvait-on jouer du jazz à l’accordéon durant cette période ? Faut-il voir dans ces deux faits l’expression d’une force vitale irrépressible ? Faut-il y voir la manifestation de compromis ? Perpétuer l’espèce malgré tout ! La musique malgré tout ! Ces questions, je l’avoue, me troublent. Celles-ci en particulier : qui écoutait alors Gus Viseur, le roi de l’accordéon moderne ? Quelles étaient la position et les conditions de vie sociale et économique de ses auditeurs ? Quels lieux accueillaient des musiciens tels que lui ? Qui achetait ses disques (la présentation parle de séries de 10000 avec étiquette or, dans les années 40, ce qui me laisse perplexe) ?

Ente ce que j’apprends et ce qui me touche, je retrouve la grille de lecture de Roland Barthes, auquel je me suis plusieurs fois référé, à savoir que le plaisir que j’éprouve vient de la conjonction immédiate d’éléments qui combinent du «studium » et du « punctum ». Je comprends mieux mon attachement à ce disque et à Gus Viseur, sans pour autant me l’expliquer clairement. Mais il ne faut pas vouloir tout clarifier.

samedi 26 août




Depuis le départ des « petits », le temps s’est détraqué. La journée a vu se succéder des grains. Gros nuages noirs qui montent de l’horizon, averses, ouvertures bleues dans le ciel, coups de vents violents et ainsi de suite. C’est une bonne façon pour le ciel de les aider à ne pas avoir de regrets. Corollaire de cette météo, la circulation est quasiment bloquée dans les rues d’Hossegor.

Du coup, on se terre dans la villa… Sans hésiter, nous décidons d’écouter « Mon Amant de Saint-Jean, Brelan d’As » dans la collection « Les As du Musette ». Vingt-quatre titres : sept par Médard Ferrero, six par Gus Viseur, dix par Jo Privat et un par Lucienne Delyle. Parmi ces titres, quatre versions de « Mon Amant de Saint-Jean » : Ferrero, Privat (2) et L. Delyle. J’apprécie beaucoup de pouvoir mettre ces différentes versions en correspondance. J’apprécie beaucoup aussi le grain 78 tours de ces disques des années 30 à 50. Quelques reproductions de pochettes d’époque complètent l’impression. C’est une nostalgie sans doute un peu facile, mais qui n’en est pas moins émouvante.

J’apprends que Médard Ferrero a eu comme élèves, entre autres, Louis Corchia, Joe Rossi, Marcel Azzolla, ce qui suffit déjà à montrer son influence. Ferrero, Viseur, Privat, c’est vraiment le musette au-delà du musette. On a l’impression d’une source d’énergie et de créativité inépuisable, offerte aux successeurs pour qu’il l’exploite.

Parmi les titres, je suis frappé par ce que j’appellerais volontiers « la couleur tango » de certains : Mon Amant de Saint-Jean, Passion, Sans rancune, Soir de dispute, Nuit blanche, Reproche, Cauchemar, Mystérieuse. Comme l’écrit Gilles Tordjman dans sa présentation : « …lorsqu’il parle d’amour, le musette n’a pas son pareil pour dresser la liste des mauvais sentiments qui vont avec ». Si, il a sinon son pareil, du moins son semblable : le tango.

Contrairement à ce que dit la chanson, du passé, parlons-en… il n’en reste plus que du plaisir, le plaisir d’évoquer les états d’âme passés, une fois apaisées les crises de la passion.

Plaisir supplémentaire : la couverture est signée Crumb 2004.

vendredi 25 août

Hier soir, j’ai rejoint toute la troupe à Hossegor. Françoise et « les petits » avaient décidé d’aller dîner « Chez Lamoliatte ». C’est une tradition, chaque année, un jour de la deuxième quinzaine d’août, d’aller manger dans ce restaurant du bord du lac. J’ai partagé le dessert avec eux. Sébastien a commandé des profiteroles, Camille a préféré manger ma glace que l’esquimau de son menu enfant, Charlotte a choisi une ile flottante, qui lui a tourneboulé l’estomac. En fait, nous fréquentons en famille ce bistrot, qui a grossi au fil des années, depuis plus de quarante ans. Pour « les petits », c’est un lieu naturel, comme la forêt, le lac ou l’océan, comme la pluie et le beau temps. Ils l’ont toujours connu. Nature et tradition se confondent pour eux dans cet établissement. Ce bistrot, même s’il est devenu un restaurant à la mode, sera de toute éternité : « Chez Lamoliatte ». Or, il se trouve justement qu’hier, et ce fut une surprise, nous avons découvert qu’il avait été acheté par un rugbyman, Olivier Roumat, ancien joueur de Dax et de Biarritz, ancien international de renom. Mais il a gardé le style et le personnel.

Pour ce petit séjour à Hossegor, jusqu’à mardi ou mercredi au plus tard, puisque mercredi à 20h nous sommes invités à l’inauguration du nouveau site palois de la Fnac, je n’aurai guère de temps pour écouter de l’accordéon, car nous avons maints rangements à faire. C’est pourquoi, après quelques hésitations, j’ai décidé de n’emporter que six cds, qui font partie de ce que j’appelle « mes essentiels ». J’essaierai d’en écouter au moins un par jour.

J’ai retenu « Gus Viseur à Bruxelles », « Les As du Musette, Mon Amant de Saint-Jean, Brelan d’As (Médard Ferrero, Gus Viseur, Jo Privat) », « Manouche Partie, Jo Privat », « Passion Gitane, Daniel Colin », « Le tournis, Armand Lassagne », « Bossa Três e Jo Basile ».

En fait, ces disques et quelques autres sont pour moi essentiels en ce sens qu’ils sont comme la source et l’origine de l’accordéon que j’apprécie. Je me rends compte que j’éprouve le besoin de les écouter régulièrement, comme j’éprouve le besoin de relire quelques pages de Balzac, de Zola ou de Pérec pour comprendre ce qu’est l’écriture romanesque, ou comme j’éprouve le besoin de regarder des dessins d’Ingres, De Léonard de Vinci et de Picasso pour comprendre ce que dessiner veut dire.

……

Pendant que Françoise avait amené Charlotte se baigner au lac, que Sébastien et Nadja préparaient leurs bagages (la rentrée approche et ils nous ont quittés ce soir pour revenir à Toulouse), que Camille, saoulée de tours de manège, s’était endormie, je me suis occupé de préparer le diner : soupe de légumes écrasés à la fourchette, chichons, chiffonnade de jambon de Bayonne, melon, plateau de fromages, salade de pêches de vigne, café. Pour accompagner ce travail de préparation, j’ai écouté Daniel Colin. C’est vraiment l’expérience d’un retour aux sources.

- « Passion Gitane », Daniel Colin, swing-musette et jazz manouche.

Bien entendu, on ne peut isoler Daniel Colin des autres musiciens : P. Saussois, guitare, K. de Cauter, guitare, J.-C. Beneteau, contrebasse, D. Vernhes, clarinette (sur quatre titres). Le son boisé de la clarinette, les guitares, c’est quelque chose… Et que dire de la contrebasse…

Parmi les titres, comment choisir ? Je retiens cependant particulièrement le titre 1, « Les Yeux noirs », mais aussi « Paris, je t’aime », « Mon Amant de Saint-Jean », « Dinette », « Passion Gitane », « Angera », «Germaine », « Seul ce soir »… Finalement, c’est un accordéon très parisien. On est dans un pays familier, bien balisé, rassurant.

mercredi, août 23, 2006

jeudi 24 août






Comme j’en avais fait le projet, j’ai écouté ce matin Roberto de Brasov et Ionica Minune.

Il me semble qu’on peut à bon droit les qualifier de lautaris, au sens où tous les deux s’inscrivent dans cette tradition de chanteurs itinérants. Mais tous les deux aussi, par des voies différentes, la dépassent par leurs compositions ou par leurs interprétations. Tous les deux se montrent d’abord comme des virtuoses, mais tous les deux dépassent de beaucoup la simple virtuosité en intégrant des influences d’autres musiques. Chacun à sa manière.

Roberto de Brasov dirige une formation de sept musiciens : accordéon et chant pour lui, guitare éléctroacoustique, guitare acoustique, contrebasse, cymbalum, batterie, flûte et chant avec Matriona Iankovskaia sur quelques titres.

Ionica Minune est à la tête d’une formation de onze musiciens : lui-même à l’accordéon, six violons, contrebasse, cymbalum, flûte, trompette.

Pour mémoire, je me rappelle la composition du Martin Lubenov Orkestar : chant, accordéon, clarinette et saxophones, contrebasse, guitare acoustique, batterie et percussions, trompette.

Pour mémoire encore, les six instruments qui accompagnaient Panseluta Feraru : accordéon, violon, contrebasse, clarinette, trompette, cymbalum.

Je trouve cette liste intéressante, car sa simple lecture permet de saisir la communauté des quatre formations et leurs particularités, leur couleur propre.

En tout cas, j’ai commencé à écouter Roberto de Brasov et Minune à 9 h 30… une petite pause pour une douche rapide… et à 14 h passées, je me demande ce que je vais manger pour le déjeuner. J’ai comme une petite faim.

mardi, août 22, 2006

mercredi 23 août

… écouté, ce matin, au petit déjeuner, un disque que j’avais un peu oublié :

- « Chants Lautar de Bucarest, Panseluta Feraru ». A l’accordéon, Constantin Lacatus.

En fait, j’en ai écouté une partie an grignotant mes biscottes et en buvant mon thé ; puis, après ma douche, j’ai écouté l’autre partie en m’occupant de balayer les terrasses et de nettoyer les pieds du prunier et des lauriers roses, qui commencent à être recouverts de feuilles sèches. Tout ça, ça sent l’automne, avec les nuits fraiches et les brumes matinales qui tardent à se lever. Comme moi… J’apprécie toujours l’absence des voisins et j’en profite pour écouter mes disques à un niveau sonore élevé sans crainte de déranger quiconque.

De cette audition, je retiens une information, à savoir que le mot «lautar», originellement luth ou violon, désigne un chant qui est en quelque sorte le ferment du patrimoine traditionnel roumain. En ce sens, Panseluta Feraru s’inscrit dans une tradition musicale et en particulier féminine propre à Bucarest. Je retiens, d’autre part, la virtuosité des musiciens du taraf qui l’accompagnait lors de l’enregistrement en décembre 1999 au Théâtre de la Ville : accordéon, clarinette, violon, contrebasse, trompette et cymbalum. Cette virtuosité, elle aussi, est bien ancrée dans la tradition roumaine. Taraf est souvent synonyme de virtuosité. Je retiens enfin, et cela m’a paru surprenant et amusant, que Panseluta Feraru se présente elle-même, avec une certaine fierté, comme « une chanteuse de restaurant ». Elle veut sans doute signifier par là que chanter dans des restaurants en ville implique un répertoire bien plus vaste que celui des noces de campagne. Idée intéressante et fort pertinente qui définit les qualités de l’interprète par ses conditions de travail et les critères d’appréciation qui en découlent.

Peu avant midi, j’ai fait quelques courses alimentaires à l’hypermarché. Comme je suis seul, j’ai choisi des conserves locales : tripes béarnaises, daube de bœuf, daube de toro, jambonneau aux lentilles, haricots tarbais à la graisse d’oie, etc… Rien que du diététique. Et puis, bien sûr, des fruits. Beaucoup : fraises Mara des Bois, prunes Reine-Claude, pêches de vigne, ananas de la Réunion (une pensée pour Lacaille !). J’ai aussi dans le réfrigérateur un quart de jambon de Bayonne, des œufs et des pots de caillé venus du Pays Basque.

Cet après-midi, influencé sans doute par l’audition du disque de chants "lautar" de Bucarest, j’avais fait un choix de trois disques de la même zone géographique et qui me semblent avoir une certaine parenté, ne serait-ce que parce que dans tous les cas il s'agit d'accordéons à touches piano Weltmeister :

- « Le swing des Carpathes, Roberto de Brasov »
- « Ionica Minune »
- « Dui Droma, Martin Lubenov Orkestar »

En fait, j’ai commencé par le troisième… et je ne l’ai plus quitté. Si j’osais, je dirais qu’il s’agit de jazz des Balkans. J’apprécie beaucoup la voix de Neno Iliev, en particulier sur le titre éponyme du disque, « Dui Droma », mais j’apprécie plus que tout les instrumentaux :

- « Latino Tschuss »
- « Kasalbaschki Choucheck »
- « Crazy Colo »

L’orchestre est composé, outre N. Iliev, chant, et M. Lubenov, accordéon, de Z. Stoyanov, clarinette et saxophones, de N. Vasilic, contrebasse, de A. Yuseinov, guitare acoustique, de V. Radev, batterie et percussions, et de A. Radev, trompette.

Demain… j’écoute Roberto de Brasov et Minune.

lundi, août 21, 2006

mardi 22 août

… écouté trois versions de la « Gnossienne n°1 » d’Erik Satie.

- « Erik Satie, compositeur de musique / Teodoro Anzellotti, joueur d’accordéon », 1998, Winter & Winter. Ce disque est parfois référencé sous le titre « Sports et divertissements » avec la précision suivante : music for piano solo written by Erik Satie – Teodoro Anzellotti, accordion. La « Gnossienne n°1 » est le titre 8. Durée : 5 :38.
- « Ruby, My Dear », New York Trio, Richard Galliano with Larry Grenadier, contrebasse, et Clarence Penn, batterie, 2005, Dreyfus Jazz. La “Gnossienne n°1” est le titre 5. Durée 5:46.
- “Beltuner”, 2005, Ici Label. Johann Riche, accordéon Beltuna, Arnaud Soidet, guitare, Pascal Muller, guitare, Nicolas Pautras, contrebasse. La « Gnossienne n°1 » est le titre 8. Durée : 8 :38.

En fait, au terme de cette écoute comparative, mais nullement destinée à faire quelque classement ou palmarès que ce soit, chaque version ayant son potentiel propre de plaisir, je me dis qu’il serait bien que Galliano et Beltuner nous proposent aussi leurs versions des autres Gnossiennes. Anzellotti, sous les titres 8 à 14, donne son interprétation de six gnossiennes (j’ignore s’il y en a d’autres ou s'il s'agit de la totalité des compositions sous cet intitulé). Pour l’instant, l’interprétation par Galliano et Beltuner de la seule « Gnossienne n°1 » fait un peu exercice de style. Suivant une idée qui m’est chère, à savoir que « le tout est plus que la somme des parties », s’ils nous donnaient leurs versions des six gnossiennes, je pense que l’on aurait un ensemble d’une tout autre dimension et dans lequel la n°1 prendrait elle-même une tout autre signification. On aurait affaire alors à la lecture d’une œuvre, avec sa logique et sa cohérence, et non, comme je le disais plus haut, à un simple exercice de style.

Je fais donc le vœu que Galliano et Beltuner s’affrontent à ce problème.

dimanche, août 20, 2006

lundi 21 août






Hier, dimanche, au retour d’ « Hestiv’Oc », je suis passé par le centre de Pau, en particulier par la place Clémenceau et le Palais des Pyrénées, qui font partie d’un vaste programme de transformation et de rénovation du centre ville. La place Clémenceau a été creusée pour construire un énorme parking souterrain. Le palais des Pyrénées a été vidé entièrement et rénové. Entre autres magasins, la Fnac doit s’y installer. L’ouverture des commerces est prévue pour le 30 mai. C’est pourquoi, sur le seuil et à l’intérieur de toutes les boutiques, des artisans s’affairent. Les gravats sont encore devant les vitrines ; les premiers éléments de décoration commencent à être installés. Certains trous béants dans les trottoirs sont entourés de grillages.

Nous avons reçu une invitation pour deux personnes pour le cocktail d’inauguration du nouveau site de la Fnac, le 30 août, à partir de 20 heures. Les parrains seront Frédéric Beigbeder (bof !) et Alain Chamfort (je suis content !).

J’espère qu’il y aura dans ces nouveaux locaux un rayon spécialement dédié à l’accordéon dans tous ses états. Cela montrerait à l’évidence le flair commercial et le sens stratégiques des managers de la Fnac… Il faut rêver ! Ne disait-on pas, il y a maintenant fort longtemps : « Soyez réalistes ! Demandez l’impossible ! ».

Peut-être même qu'il y aura autour de l'esplanade des bistrots sympathiques avec des accordéons et des bistrots avec des accordéons sympathiques.

Au moment où je rédige cette page, Sergent Garcia présente son dernier disque, qui sort ce lundi, sur France Inter. A cette occasion, il signale qu'il a introduit des nouveautés par rapport aux disques précédents : l'accordéon, comme instrument, et la cumbia, comme rythme. Je pense évidemment à Antonio Rivas et à sa prestation à Trentels. Encore l'accordéon !

dimanche 20 août







… écouté ce matin une nouvelle fois « Beltuner » et « Douces illusions » d’Ivan Paduart. Le petit déjeuner a été interminable, car nous n’arrivions pas à nous résoudre à aller prendre notre douche. Il est vrai que le temps instable, mais agréable, et l’absence de voisins, qui nous permettait d’écouter assez fort, toutes fenêtres ouvertes sur les terrasses, nous incitaient à prolonger ce farniente matinal. De « Beltuner », nous avons bien apprécié encore la « Gnossienne n°1 », « Libertango » et un très étrange « Opération Tango »… Du disque « Douces illusions », nous nous sommes dit qu’entre un piano jazz froid et des cordes chaudes, c’est la présence de Galliano qui donnait toute son originalité aux compositions d’Ivan Paduart. Mais peut-être que nous sommes de parti pris. En tout cas, le plaisir pris est pris.

Vers midi, Françoise est partie rejoindre « les petits » à Hossegor. Je lui ai confié une salade de pêches de vignes pour Charlotte et Camille. C’est ma spécialité. Elle a aussi emporté un choix de fromages que nous avions achetés hier, samedi, à un producteur du sud de la lande girondine, venu vendre ses produits à « Hestiv’Oc ».

Après son départ, je suis allé faire un tour jusqu’à cet « Hestiv’Oc », qui se présente comme un festival des peuples occitans et qui se tient, outre quelques spectacles dans des salles et des animations de bistrots, sur la place Royale et sur le Boulevard des Pyrénées, face aux montagnes.

Malgré mes recherches, je n’ai pas vu d’accordéons. Il y en a pourtant puisque sur le site internet du festival figure au moins un accordéoniste.

Je retiens de mes pérégrinations une assiette (6 €) de porcelet grillé aux haricots de maïs, à manger debout sur le couvercle d’un tonneau. Excellente ! Surtout si elle est accompagnée d’un verre de Madiran, château d’Aydie (2 €). Un pas de côté vers une autre tente : une assiette (4 €) de fromages du pays avec un verre (2 €) de Jurançon, domaine du Cinquau.

Le temps est incertain, les montagnes disparaissent derrière des nuages menaçants, mais l’atmosphère est paisible et détendue.

samedi, août 19, 2006

samedi 19 août

Françoise étant revenue d’Hossegor, nous avons pris le petit déjeuner ce matin en écoutant « Beltuner ». Alors que je posais le disque dans le lecteur et comme elle me demandait quel était le style du groupe, je lui répondis qu’il y avait une base de swing manouche, mais que je préférais lui laisser découvrir, car il me paraissait complexe et, disons, évolutif.

Et en effet, s’il y a bien une inspiration swing et manouche au début, je pense à « No Comment », « Sa préférée » ou « Swing 39 », celle-ci se complexifie avec « Gnossienne n° 1 » ou « Libertango ». C’est même dans ces deux morceaux que l’on trouve vraiment, à mon sens, l’originalité créative du groupe. C’est un tissage de grand art avec des introductions pleines de suspense ! Il y a certes de l’esprit manouche là-dedans, mais pour ma part je suis surtout sensible au dépassement de celui-ci vers autre chose, qui signe l’identité du groupe et qui, me semble-t-il, préfigure de belles interprétations et compositions à venir.

Le groupe est donc un quatuor : accordéon, guitare, guitare et contrebasse, un quatuor d’une extraordinaire homogénéité et complicité. Pour ma part, j’apprécie beaucoup le son de Johann Riche, même si je ne le dissocie pas des guitares et de la contrebasse. En l’écoutant, je pense à Viseur, à Privat, à Roberto de Brasov, mais aussi à Galliano ou même à Armand Lassagne. De surcroit, son instrument est magnifique si j’en juge d’après la photographie publiée dans la revue « Accordéon & accordéonistes », n° 52, page 22, à l‘occasion d’un portrait de Johann Riche.

J’ai l’intuition que nous n’avons pas fini d’écouter ce disque.

Autre chose. Hier, en fin d’après-midi, je suis allé faire quelques courses alimentaires à l’hypermarché « Leclerc ». Comme c’est plutôt une corvée, j’ai fait ensuite un petit détour par l’espace culturel. A l’entrée, il y avait deux présentoirs remplis de disques « à prix cassés ». On y trouve tout et le reste… Passons… Tout le monde connaît ces déversoirs. J’aime bien m’y plonger, car on y fait parfois des rencontres improbables. Tout à coup, je tombe littéralement sur un disque sombre, fond noir et bleu(s), avec un nom en lettres blanches, « Ivan Paduart », un titre en lettres rouges, «Douces illusions », et le nom des autres musiciens, à peine lisible : R. Galliano, Ph. Aerts, B. Castelucci, G. Lisein et l’ensemble de Musique Nouvelle (strings). Or, j’ai écouté il y a peu, à Marciac, Paduart et Aerts avec Galliano, les deux d’ailleurs dans des formations différentes ce soir là. J’ai bien apprécié. L’occasion est trop belle, d’autant plus que le prix est « cassé » de 20.92 € (137, 23 fr.) à 9.99 € (65,53 fr.).

J’ai commencé à écouter « Illusions sensorielles » et « Après l’amour » donnés à Marciac, et « Giselle » de Galliano. Un vrai bonheur de jazz. Il suffit de savoir ne pas laisser passer la chance. Mais vraiment que faisait ce disque dans ce fatras ?

Le disque, édité en 2004, est produit par le label « Sowarex asbl ». A l’intérieur, un catalogue « Igloo », 9 rue P. E. Janson, 1050 Bruxelles. On y retrouve Paduart et Galliano…

vendredi, août 18, 2006

vendredi 18 août

Avant de partir de Pau pour la Feria de Dax, j’avais commandé à ICI Label le cd « Beltuner », qui est à la fois le titre du disque et le nom du groupe. A mon retour, comme je l’espérais, je le trouve dans ma boite à lettres, parmi un empilement de publicités et autres réclames… évidemment. J’avais en effet été très intéressé par la critique faite dans la revue « Accordéon & accordéonistes », page 52, dans le numéro 48 de décembre 2005. J’avais été conforté dans mon intuition par le portrait de Johann Riche, accordéoniste du groupe, tracé dans le numéro 52 d’avril 2006, pages 22 et 23. J’avoue qu’en outre la couverture de l’album me paraissait recéler une dose d’humour fort sympathique. L'écuyère qui y est représentée est de la famille des Botero et en particulier du torero de l'affiche de la Feria dacquoise.

Je dois dire, après deux premières écoutes, que je ne suis pas déçu. Ce disque me plait beaucoup. Je trouve le groupe très homogène avec des sons originaux et des interprétations pleines d’inventivité. Je pense par exemple à « Gnossienne n° 1 » ou à « Libertango »… J’ai beaucoup apprécié également « Sa préférée » ou « Swing 39 ». Je note qu’il s’agit de morceaux que je connaissais déjà bien et j’ai donc pu accorder toute mon attention aux interprétations. Mais j’ai noté aussi que nombre de compositions originales me plaisaient beaucoup. Je pense à « No comment » ou à « Tikni Chaj »…

De toute façon, des gens qui citent au moins deux bistrots dans leurs remerciements : « Le bistrot des oies » et le bistrot « Les copains d’abord », ces gens-là ne pouvaient qu’avoir une place de choix dans « Le bistrot des accordéons ». Déjà je fais le vœu qu’ils viennent explorer le Sud-Ouest, qui ne manque pas de bistrots à découvrir.

jeudi 17 août - dax feria / 16 août






Vue de la pendule de l’arène à 18 heures précises : les clarines donnent le départ du paséo. Les ondées ayant détrempé le sable du ruedo, un agent d’entretien avait retracé en rouge les cercles limitant les déplacements des picadors. Au terme de cette dernière corrida de la feria, les bandas se réunissent au centre de l’arène et se fondent par instruments. Les foulards rouges agités en cadence au-dessus des têtes annoncent la fin des fêtes et l’espoir de retrouvailles, mêmes lieux, mêmes jours, mêmes heures l’an prochain. C’est une nouvelle année qui commence. La boucle est bouclée avec les foulards rouges de l'ouverture. Nadja a amené Charlotte et Camille à un macro pique-nique dans le parc Théodore Denis : elles sont contentes de me signaler qu’elles ont dansé avec un groupe de roumains… au son d’un accordéon, évidemment !

jeudi 17 août - dax feria / 15 août


















Une violente averse est tombée sur Dax en début d’après-midi. Les services d’entretien des arènes ont recouvert le sable de bâches. A 18 heures précises, les bâches ayant été retirées, les clarines annoncent le début du paséo, que rien ni aucune intempérie ne saurait retarder, rituel oblige. Au second toro, la foudre s’abat à maintes reprises tout autour de la plaza : un arbre du parc est quasiment fendu en deux sur toute sa hauteur. La pluie et la grêle donnent au travail du torero impavide une intensité dramatique et une beauté sauvage exceptionnelles. A ce moment-là, il y a une sorte d’accord sublime entre un toro, un torero, les déchainements du ciel, la piste gorgée d’eau… et des aficionados. Deux oreilles tombent de la présidence qui suit la pétition générale des spectateurs enthousiastes, pétition sous forme de mouchoirs blancs agités avec détermination, et qui y ajoute de surcroit l’expression de sa propre satisfaction. A la fin de la corrida, les gens sont heureux et fourbus. Le mayoral, représentant du propriétaire de l’élevage toréé en cet après-midi, est invité par les toreros à saluer le public, qui l’acclame. Il sort par la grande porte en compagnie du matador triomphateur de la tarde. Ils sont juchés sur les épaules de costauds qui les conduiront des arènes au Splendid.
J’ai repéré dans le journal local la présence d’un accordéon Cavagnolo dans l’une des bandas qui animent les fêtes. D’autre part, Françoise et Nadja m’ont indiqué la présence d’un accordéon, encore un Cavagnolo, dans l’orchestre qui anime les bistrots de l’Estanquet, qui est une sorte de place aux multiples bistrots, un par comité des fêtes de quartier de Dax. Elles m’ont dit aussi qu’elles avaient vu un accordéon dans l’orchestre qui anime les déjeuners du restaurant « El Meson ».
Jamais il n’y avait eu au cours de la Feria une telle densité d’accordéons !

jeudi 17 août - dax feria / 14 août

















Sur le chemin de la corrida, on entend les échos d’un accordéon. C’est tout à fait inhabituel. Ce sont des Biélorusses qui participent aux défilés officiels des fêtes et qui profitent de leur temps libre pour proposer des objets de l’artisanat de leur pays afin d’arrondir leurs revenus. En fait, ils se sont installés en deux groupes de part et d’autre d’une allée. Quand les uns jouent, les autres se reposent et vice-versa. C’est ainsi que sur ces deux photographies, on peut voir d’une part un accordéoniste en action, d’autre part l’accordéon d’en face en train de se reposer. Vue de la pendule : 18 heures précises. Le paséo commence.

jeudi 17 août - dax feria / 13 août




Vue des arènes en blanc et rouge à 15h55. Vue de la pendule à 18 h précises : les clarines annoncent le début du paséo. A midi, et je regrette de ne pas en voir fait une photographie, d’après le témoignage de Françoise, Nadja et Sébastien, « Les Gouyats de l’Adou » défilaient parmi d’autres bandas dans les rues de Dax et comme ils avaient dû essuyer plusieurs grains, ils avaient enveloppé leurs accordéons dans des sacs poubelles. J’aurais aimé voir ça.

jeudi 17 août - dax feria / 12 août


















Le journal local « Sud-Ouest » donne une photographie pour illustrer la présence de l’accordéon dans l’animation destinée aux personnes âgées des quartiers. Je me rends compte en les dépliant pour les photographier que nos abonnements aux cinq corridas sont présentés suivant un pliage en accordéon. Je photographie l’un de nos billets où l’on reconnaît toutes les caractéristiques de nos places : delantera soleil, soit le troisième rang, face à la présidence qui, évidemment, est à l’ombre et relativement à l’abri en cas de pluie. Parmi les billets en accordéon, on reconnait aussi le programme et un autocollant, que les dacquois posent sur la vitre arrière de leurs voitures. Ils sont signés Botero. Vue de la pendule des arènes : il est 18 heures. Le signal du début du paséo retentit.

jeudi, août 17, 2006

jeudi 17 août - dax feria / 11 août


















Vers 17 heures, quatre musiciens landais sur une pelouse du parc Théodore Denis, autrement dit le parc des Arènes, s’efforcent d’initier les badauds à des danses folkloriques, parmi lesquelles diverses sortes de rondes et des scottishs, danse d’origine exotique certes, mais très répandue dans le pays landais. Ils sont donc quatre musiciens : une flute traversière, un violon, un accordéon diatonique et quelque chose que j’identifie comme un instrument de la famille des cornemuses. Peut-on parler de cabrette ? Mes connaissances sont trop fragiles pour que je puisse être affirmatif. Il faudra que je fasse une recherche sur internet pour en savoir plus. Dans une rue qui conduit au Splendid, un magasin d’instruments de musique propose des accordéons en location. A 20h30, le maire de Dax remet les clés de la fête à deux représentants des festayres. La foule en blanc et rouge brandit des foulards rouges en chantant. Ces foulards seront le signe de ralliement de tous les festayres pendant les six jours, du 11 au 16 août. Ils sont aussi le signe d’un engagement

jeudi 17 août - pré feria dax / 10 août

Le mercredi 9 août, j’avais interrompu mon blog quotidien pour cause de Feria à Dax. Aujourd’hui, 17 août, lendemain des fêtes, je reprends l’écriture de mon blog. Mais, entre temps, chaque jour, j’ai pris quelques notes écrites ou photographiques. Ce sont ces notes que je vais publier sous le double titre du 17 août et de la date où je les ai rédigées. « Le bistrot des accordéons » est un lieu imaginaire… Son temps n’est pas celui des agendas. Les faits rapportés sont réels, qu’ils soient observés ou vécus, mais pour autant l’exigence d’objectivité n’est pas impérative.

Lors de sa « carte blanche » à Marciac, Richard Galliano était dans son habituelle tenue de scène : pantalon et chemise noire. Mais, pour la troisième partie, il avait remplacé sa chemise noire par une rouge. Ce changement m’a surpris et spontanément m’a suggéré deux réflexions :

- je me suis dit d’emblée que je l’aurais vu plutôt en rouge et noir pour la seconde partie avec les cordes de Toulouse, dans la partie jouée au bandonéon et commençant par une composition de Piazzolla. Associer ainsi Piazzolla, le tango ou la milonga et le bandonéon aux couleurs rouges et noires, c’est vraiment un stéréotype ! Oui, mais les stéréotypes font partie de nos perceptions et de manière plus générale de notre vision des choses. En un sens, ils rassurent : on est dans un monde connu, familier, situé, déjà pensé. De ce point de vue, il faut remercier Galliano de ne pas avoir joué ce jeu. En dérangeant ma vision spontanée des choses, il m’oblige en effet à la remettre en question. Les choses ne sont pas si simples ! C’est ainsi que l’on apprend !
- je me suis dit tout aussi spontanément que le noir, habituel à Galliano, s’imposait presque nécessairement à lui eu égard à son éclectisme et à la diversité des musiques qu’il interprète. La musique sur scène a nécessairement une dimension visuelle, or le noir est la seule couleur qui ne détourne pas l’attention sur cette dimension. Cette neutralité du noir est pour ainsi dire la toile de fond la mieux adaptée à la variété des mondes musicaux qu’il explore sans cesse.

A ce sujet, je note que les musiciens des formations organisées autour d’un accordéon ou avec la présence d’un accordéon sont souvent habillés sans unité, voire de bric et de broc. On sent bien qu’il n’y a eu aucune concertation sur ce problème. Je le regrette, car la dimension visuelle, manifeste dans le jeu des éclairages et dans le soin qu’on y apporte, gagnerait beaucoup à une telle concertation. Parler de concertation ne signifie évidemment pas que tous les musiciens devraient avoir la même tenue. L’harmonie ne se confond pas avec l’uniformité, mais elle implique réflexion.

Je pense, d’autre part et par association d’idées, à une remarque que je me suis faite à partir du comportement de Galliano comparé à celui de certains de ses collègues. J’ai noté en effet qu’il annonce systématiquement les titres des morceaux qu’il joue, soit avant, soit après. C’est à mon sens un indice manifeste de respect du public. En revanche, beaucoup d’autres annoncent les titres de manière aléatoire (au petit bonheur la chance), certains même n’annoncent rien du tout… J’avoue que cette annonce me serait agréable, car je trouve qu’elle instituerait, en direct, une complicité sympathique avec le public et qu’en ce qui me concerne, elle me permettrait de noter le programme et d’avoir le plaisir, plus tard, de pouvoir le relire avec toutes les sensations et émotions qui y sont associées.

mardi, août 08, 2006

mercredi 9 août - dax feria - 11/16 août

Fermeture provisoire pour cause de Feria.

Ce soir, nous repartons à Hossegor rejoindre « les petits » qui se préparent pour les fêtes de Dax. Dans la région, on parle de Feria, proximité de l’Espagne oblige. J’essaierai de retenir quelques traces et quelques échos de ces journées, du 11 au 16 août. Mais, ce qui est certain, c’est qu’en cette période de turbulences, je serai dans l’impossibilité et, les jours passant, dans l’incapacité de trouver un peu de temps pour écouter de l’accordéon.

Outre les diverses animations qu’on ne saurait manquer : bandas, bodegas, tertulias, estanquets, journée des enfants, bistrots, bistrots et encore bistrots… petit déjeuner et apéritifs au Splendid ou Chez Bala, expositions de peintures taurines, etc… etc… outre donc ces multiples sollicitations, sans compter les courses alimentaires à assurer… outre tout cela et le reste que j’oublie… il y a les corridas. Cinq corridas de toros, à 18 heures précises, les 12, 13, 14, 15 et 16 août, soit trente toros toréés dans les formes et mis à mort par les maestros.

Depuis un temps immémorial, chacun d’entre nous, Nadja, Sébastien, Françoise et moi, a son abonnement, sur lequel, à 17 h 45 précises, nous mettons notre coussin pour adoucir la dureté et surtout la chaleur du béton. Nos places, ce sont des Tendidos Delantera Soleil : S-ESC7-323, S-ESC7-324, S-ESC7-325, S-ESC7-326.

L’affiche de la Feria est signée Botero. Elle est très belle !

Charlotte et Camille ont déjà leurs repères et une bonne représentation des moments des fêtes à ne manquer sous aucun prétexte. Elles apprennent vite et bien. Du coup, ces moments incontournables augmentent d’année en année. Demain, nous irons avec elles acheter les tenues indispensables : Tee-shirt blanc et rouge millésimés, version officielle reproduisant l’affiche de la Feria, et version propre à telle ou telle boutique dont l’illustration nous séduit. Nous avons déjà les pantalons ou shorts blancs et les foulards rouges marqués « Feria ». Certains sont marqués « Ricard »…

Réouverture du Bistrot des accordéons le 17 août !

lundi, août 07, 2006

mercredi 9 août

… écouté « Panamanhattan » en déjeunant avec Françoise sur la terrasse, à l’ombre des charmes et du parasol. Pas de voisins alentour ; on a monté le niveau sonore. Nous avions l’impression de faire partie du public et de pouvoir participer à ses applaudissements. Je me disais que pour apprécier pleinement un tel disque et en particulier le jeu de Ron Carter, il vaut mieux disposer d’une chaîne performante et d’un environnement sonore favorable. J’imagine en effet assez mal l’écoute de ce disque par l’intermédiaire de ces sortes de suppositoires que certains s’introduisent dans une oreille, l’autre restant disponible pour les bruits de la rue ou pour la conversation.

A propos de « Panamanhattan », duo entre Richard Galliano (accordéon et accordina) et Ron Carter (contrebasse), enregistré en direct en juillet 1990, on peut lire cette note en présentation : « Panamanhattan ou le mariage de la carpe et du lapin. La contrebasse élégante et rebondie du titan de la pulsation saurait-elle épouser les méandres inspirés, riches en harmonies et en émotions, de l’accordéoniste new musette ? ».

A propos de « Blues sur Seine », duo entre lui-même à l’accordéon et Jean-Charles Capon au violoncelle, Richard Galliano écrit ceci : « Dans l’esprit d’une grande partie du public, l’Accordéon et le Violoncelle appartiennent à deux couches sociales bien distinctes et très éloignées l’une de l’autre. A travers ce disque nous avons l’ambition de démontrer que ces deux instruments sont aussi nobles l’un que l’autre, que leur mariage est des plus riches, que le répertoire peut être le plus universel qui soit, et enfin que le blues est un langage musical à part entière dont le contenu ne passe pas uniquement par Harlem. Paris, je t’aime… »

Dans les deux cas, la rencontre instrumentale parait de prime abord improbable entre deux univers musicaux que le classement social a mis à distance et qu’il a fini par considérer comme incompatibles par nature. Dans les deux cas, Richard Galliano et ses associés réussissent leur pari de métissage. Les classements sociaux sont faits pour être transgressés. Ici, cette transgression a lieu sur le mode intimiste. Comme on le dit en parlant des anges, une pulsation passe…

Mais, à bien y réfléchir, on se rend compte que de telles rencontres, loin d’être des exceptions, jalonnent constamment le parcours de Richard Galliano. Ce sont chaque fois des frontières qui sont franchies et abolies…

- « Face to Face ». Richard Galliano, accordéon, bandonéon ; Eddy Louiss, Orgue Hammond
- “Blow Up”. Richard Galliano, accordion, piano ; Michel Portal, clarinette basse et si bémol, bandonéon, saxophone soprano, jazzophone
- « Concerts ». Michel Portal, clarinettes, bandonéon, saxophone, jazzophone ; Richard Galliano, accordéon
- « Coloriage ». Richard Galliano, accordéon ; Gabriele Mirabassi, clarinette.

Et encore, ne s’agit-il que d’albums. On pourrait trouver bien d’autres duos dans les disques et les concerts de Galliano. Je pense par exemple à deux très récents : l’un avec H. de Hollanda à la mandoline, l’autre avec Aerts à la contrebasse, à l'occasion de sa "carte blanche" à Marciac. Passer les frontières, transgresser les limites, provoquer des rencontres de personne à personne, au fond, c’est une véritable pulsion chez lui. Une pulsion vitale. Un style de vie.

mardi 8 août - nokia 6 août - 3

Quelques minutes avant le début de la soirée, les techniciens empressés s'affairent in extremis pour peaufiner les derniers réglages. Les chaises de jardin attendent les strings ; les caméras attendent de se mettre en action.


Trois photographies des dernières minutes du concert. De gauche à droite : Ivan Paduart, Richard Bona, Richard Galliano et à sa gauche, derrière lui, Manu Katché. La dernière les montre, tous les quatre, pour un dernier salut final. On remarquera la chemise rouge(s) de Richard Galliano : rouge fraise écrasée, sa couleur originelle, en bas ; rouge violacé, saturé de transpiration, en haut. Le public finit la soirée debout !