vendredi, août 31, 2007

samedi 1er septembre - butterflies and illusions

10h30, hier matin. Téléphone ! « Une partie de votre commande est arrivée ». Il s’agit d’un disque de Miki Mie interprétant des pièces lyriques de Grieg.

- « Butterflies and Illusions, Grieg – Lyric Pieces », Mie Miki, Bis Records, 2007.

Ce disque est composé de vingt-neuf morceaux, dont en introduction « Anitra’s Dance » (3 :02), tiré de Peer Gynt, et en conclusion « The Death of Ase » (4 :03), tiré de la même œuvre.
Je ne connaissais pas le jeu de Miki Mie. Je le découvre avec ce disque et, même si je n’ai pas la possibilité de l’écouter autant que je l’aurais souhaité, j’y prends tout de suite beaucoup de plaisir. Si je devais transcrire mes premières impressions, je dirais volontiers que je suis sensible à la virtuosité cristalline et cependant complexe de cette artiste et à son lyrisme transparent mais néanmoins profond. Un accordéon épuré, presque éthéré. Un romantisme diaphane.

Le livret de présentation m’apprend que Miki Mie a fait d’autres disques sous le même label, Bis. Piste à suivre. Elle est née à Tokyo. Elle vit en Allemagne où elle enseigne et se produit en concerts. Son accordéon a été fabriqué par Giovanni Gola pour la firme Hohner en 1972.
Le site de son éditeur : www.bis.se

Les pièces de ce disque ont été écrites pour le piano. Mie Miki explique qu’elle les interprète en effet sur cet instrument, mais qu’elle préfère l’accordéon parce qu’elle fait plus corps avec celui-ci qu’avec le piano, et en effet on sent dans son jeu lumineux qu’elle s’est incorporée son Gola, comme elle dit.

L'image de couverture est un peu kitsch à mon goût : un papillon butinant une fleur sur fond vert... mais bon, passons, même si, selon moi, cette présentation ne rend pas compte de la finesse et de la subtilité de l'écriture.

jeudi, août 30, 2007

vendredi 31 août



Bizarre ! En regardant à nouveau, mais plus attentivement, les deux petites princesses, Brazil et Léningrad, je n'en crois pas mes yeux... l'une joue de l'accordéon tropical et l'autre du bandonéon septentrional. Elles ont un casque sur les oreilles. Sur les premières photographies, les proéminences de ce casque étaient dissimulées sous leur coiffure. Ce qui est vraiment bizarre, n'est-ce pas, c'est que Brazil joue sans bretelles.
En explorant YouTube, je demande "accordion sahara", comme ça... pour voir. J'en crois à peine mes yeux ! Je viens de tomber sur une vidéo improbable :
Pamela at Layali el Sahara, novembre 2003 ; 3 :00
http://www.youtube.com/watch?v=Wgf8xSOyuBI
Enfin, dernière information : le numéro 67 de septembre de la revue "Accordéon et accordéonistes" est arrivé. En "Tête d'affiche", pages 22 à 28, un article signé Françoise Jallot, que j'apprécie beaucoup, sur Joss Baselli. Je vais le lire sans plus tarder.

mercredi, août 29, 2007

jeudi 30 août - lames

La fréquentation assidue, il y a quelques années, des peintres et des poètes surréalistes, comme Max Ernst ou André Breton, m'a donné une attention particulière aux formes imaginaires qui résultent de la rencontre fortuite d'objets quotidiens. Pour peu que l'on y donne un peu d'attention, le réel concret prend une densité inattendue et devient une source inépuisable de perceptions nouvelles et improbables. C'est ainsi que, sous la chaise de Charlotte, nous avons reconnu dans la réparation du plancher usé le regard d'un masque nègre. On me dira que ce ne sont que deux pointes ; certes, mais qui pourrait nier que leur regard est énigmatique et que celle lame s'amuse de notre propre découverte ?

Hier, je commençais ma page d'écriture en disant que je voulais garder traces d'un moment heureux passé avec Charlotte au musée des beaux arts, bien qu'il ne soit pas question d'accordéon. Mais, finalement, est-ce bien sûr ? Je viens à l'instant de me rendre compte, à propos des propositions imaginaires du plancher, qu'il s'agit de lames. Lames aux résonnances visuelles, comme dans l'accordéon on a affaire à des lames à résonnance sonore... Il n'y a pas de hasard !

mercredi 29 août - beaux arts





























Ce matin, entre 10h30 et 12h00, un vrai moment de bonheur. Je veux absolument en garder traces, même s’il n’est pas question d’accordéon.

Lundi, les « petits » sont donc allés passer la journée à Hossegor pour la dernière fois avant la rentrée. Hier, mardi, comme je le pressentais, Charlotte a émis le désir d’aller au musée des beaux-arts pour terminer la copie qu’elle avait entreprise du tableau « Brazil – Leningrad », variation sur « les Ménines ». Je redoutais un peu ce moment car le mardi est jour de fermeture pour les musées nationaux. Déception donc pour Charlotte, puisque le retour de toute la famille à Toulouse était prévue ce mercredi. Finalement, nous avons trouvé un arrangement pour mener au bout le projet de Charlotte en allant au musée à partir de 10h30. Le départ du retour est retardé. On y gagne un dernier déjeuner ensemble !

Comment dire la joie de Charlotte ? Bien plus, le gardien, à l’accueil, nous informe que les photographies sans flash sont autorisées. Nous n'osions l'espérer. J’installe Charlotte sur la chaise du gardien de la salle des peintures du XXe siècle avec son carnet de croquis, ses crayons et sa gomme. Pendant qu’elle peaufine sa copie - avec quelle application !-, je prends quelques photographies : le diptyque, Charlotte face à son modèle, chacun des deux tableaux, Charlotte de plus en plus concentrée et attentive, chacune des deux princesses… Peu avant midi, Charlotte se détend enfin, contente du résultat obtenu mais drôlement fatiguée.

En rentrant, nous passons acheter trois baguettes de pain chez le boulanger. Charlotte en a mangé les six pointes quand nous arrivons à la maison.

Elle montre fièrement son œuvre à ses parents, à sa Mamou et à Camille. Le repas terminé, tout le monde embarque pour Toulouse. Charlotte nous fait un signe de la main ; dans l’autre main, elle tient son carnet de croquis. Je vois ou j’imagine que ses yeux brillent. Lorsque la voiture disparaît au premier virage, je revois Charlotte devant le diptyque, faisant tous les efforts possibles pour se l’approprier. Pour prolonger ce moment de bonheur, je retouche les photographies que j’ai prises, je les lui envoie par courriel et j’écris ces lignes.








mardi 28 août - canicule

Une journée caniculaire dès le matin. L'air est immobile et lourd. Les orages montent dans le ciel en venant de l'ouest. Faut-il ouvrir les volets ou les laisser fermés ? Cette question existentielle occupe tout l'espace de nos cerveaux tétanisés. La soirée n'apporte aucune fraicheur. Les cds restent dans leurs boitiers et le lecteur n'a aucun grain à moudre.

Enfin... l'été.

lundi, août 27, 2007

lundi 27 août

La température de l’après-midi est caniculaire. Les « petits » sont partis tôt ce matin pour un dernier bain à Hossegor. J’ai tondu la pelouse avant le déjeuner et déjà la chaleur était écrasante. L’air est immobile, mais l’on sent bien que ce soir, cette nuit, demain matin au plus tard des orages éclateront sur les Pyrénées. Hier soir, j’ai arrosé abondamment le pot de courgettes que Charlotte et Camille ont amené de Toulouse pour qu’on en prenne soin pendant l’été à Pau. Ce qui a été fait. Nous avons mangé deux courgettes de cette culture. On a pris soin aussi du pied de tomates : elles sont trois, dont deux rouges, qu’il faut cueillir. Il y a quelques jours, nous avions récolté notre plantation de pommes de terre. Charlotte et Camille en ont fait un plat de pommes sautées à la poêle, qu’elles ont trouvées délicieuses. On a bien entretenu les pots de basilic et de ciboulette pour les salades. Ils semblent avoir trouvé leur terrain au pied de l’olivier de Françoise. Tous les matins, en ouvrant les fenêtres, nous comptons les fleurs d’un jour qui s’entortillent dans ses branches pâles.


Françoise est partie faire quelques courses en ville et sans doute chercher un ou deux livres pour ses longues heures d’insomnie. Je suis seul dans la maison aux volets mi-clos.


Je sais que j’ai suffisamment de temps devant moi, sauf coup de téléphone impromptu, pour écouter une sélection de morceaux en toute quiétude. J’en profite pour reprendre un cd que je me suis fait à mon usage personnel et qui est composé de sept versions de la valse de Murena et Colombo, « Indifférence ».


- Murena in « Swing accordion »
-
Murena in « Valse des pionniers », in « From Valse to Swing » de Rivière
- O’Connor in « Paris Musette 3 » (même version dans « Le son du Musette »)
- Sylvestre in « Valses Caprices »
- Portal et Galliano in « Concerts »
- Bolovaris in « Paris Musette 2 »
- Rivière in « From Valse to Swing »

J’y ajoute la version de Galliano et Tangaria in “Luz Negra” et une version de Lubat et Minvielle, que j’avais découverte il y a quelques jours sur YouTube,


http://www.youtube.com/watch?v=IYS_6ASp7YY


Neuf versions à la suite… Que demander de plus ? Une dixième ? J’ai en tête le souvenir d’une version donnée par Galliano et Tangaria Quintet à Foix, d’une autre donnée à Toulouse par Marcel Loeffler, d’une autre de Lacaille à Trentels… Mon souhait évidemment serait d’en avoir les enregistrements, mais bon, c’est déjà un grand plaisir de pouvoir écouter ces neuf versions et de se remémorer les émotions des versions live. C’est un plaisir d’autant plus vif que chaque version a ses particularités et que cette écoute « massée » et, si je puis dire, récurrente me permet d’en prendre conscience dans l’espace vide de la maison. Une parenthèse de bonheur !

dimanche, août 26, 2007

dimanche 26 août


Depuis hier après-midi, le temps s’est enfin mis au beau presque fixe. Ce matin, un vent chaud venu de sud soulevait les feuilles avant de les éparpiller dans les pièces de la maison ouvertes sur les terrasses. Ce sont de bonnes conditions pour étendre sur l’herbe le linge fraichement lavé. Curieusement, alors que la pluie semble n’avoir pas cessé depuis des jours et des jours, tout parait sec.
Cet après-midi, j’ai rendu visite à ma mère, à Nay, où la maison de retraite résonne des bruits de la fête toute proche. En partant, je croise un chœur d’une quinzaine de chanteurs pyrénéens, chemise blanche, pantalon, béret et sandales noirs. Ils sont venus égayer un peu la vie des personnes âgées qui résident en cette maison Saint Joseph. A leur tête, un accordéon. Je n’ai pas le temps de dégainer mon Nokia, ils se sont déjà engouffrés dans le monte-charge. Je suis un peu frustré.
En quittant Nay en fête, alors qu’une animation pour enfants bat son plein, j’aperçois sur une petite estrade un guitariste et un accordéoniste qui font les réglages en vue du bal de l’après-midi. Cette fois, l’accordéon ne m’échappera pas. Je m’arrête devant eux et je fais ces deux photos. Ils me remercient en réponse à mes propres remerciements et leur pose témoigne de la fierté qu’ils ont eue à se faire tirer leur portrait d’artiste. Ma frustration s’estompe. Ce moment fugitif me fait plaisir, même si cela ne suffit pas à compenser la tristesse de la situation. En tout cas, c’est un petit bonheur. Il ne s’agit pas de lui manquer d’attention.




vendredi, août 24, 2007

samedi 25 août - variations plastiques















Finalement, je n'ai pu résister au plaisir de garder traces de ces cinq variantes à partir des traces photographiques de l'incendie d'un abri à poubelles. Des poubelles, des restes de flammes et de fumée, des matières plastiques calcinées, peut-être un acte de vandalisme à l'origine de cette chose noire et boursouflée ... Tout ça peut-il produire un objet esthétique ? Il me semble que oui...





vendredi 24 août




En revenant de faire quelques courses alimentaires, un peu avant midi, j’ai eu la surprise de découvrir le mur flambé d’une résidence de type HLM, « Dahlias » ou « Edelweiss », qui vient de faire l’objet d’une rénovation de fond en comble. De toute évidence, il s’agit d’un incendie déclenché par le feu d’un local à poubelles. Bien entendu, on pense à un acte de vandalisme. L’enquête de police nous le dira. Mais, pour l’instant, je pense à une peinture monumentale, qui aurait pu être signée par le peintre catalan Tapies. Le choc esthétique l’emporte sur le jugement moral. La rénovation des résidences a consisté, entre autres travaux, à poser des plaques de protection contre les intempéries et contre le bruit sur les murs avant de les repeindre. Le local à poubelles avait été refait à neuf pour recevoir quatre énormes conteneurs de tri sélectif. L’incendie a mis à nu le système de fixation de ces plaques et de grandes surfaces de toile protectrice.

En arrivant à la maison, j’écoute plusieurs morceaux de deux disques qui me sont venus immédiatement à l’esprit en découvrant ce mur qui a quelque chose d’infernal :

- « Sofia Gubaidulina, De Profundis / Jokinen / Zolotaryov», David Farmer, accordion
- « Kluster, Kimmo Pohjonen »

… et en effet la correspondance me parait évidente. Ce qui est en jeu, ce qui est mis en scène, ce sont des forces sombres, qui échappent à la conscience. Peu importe que ces forces se présentent sous la forme du religieux tragique, du magma tellurique ou du vandalisme, la face noire de notre système social.



jeudi, août 23, 2007

jeudi 23 août

Charlotte et moi, nous avons passé un peu plus de deux heures au musée des beaux-arts de Pau. Charlotte avait emporté son carnet de dessin, deux crayons et une gomme. Après une première prise de contact rapide, Charlotte a décidé de copier un diptyque du peintre espagnol Taule Antoni, deux tableaux jumeaux intitulés « Brasil – Leningrad ». Il s’agit d’une sorte de variation sur « Les Ménines » de Velazquez. Sur l’un, une princesse de la cour d’Espagne pose devant un décor luxuriant. C’est le Brésil. Sur l’autre, une autre princesse, ou peut-être la même, pose devant un ensemble d’immeubles. C’est Leningrad. J’ai retrouvé la description et les caractéristiques de ce tableau de 1975 dans les collections du ministère de la culture, mais la notice ne comprend pas une reproduction photographique. Dommage !
Charlotte, sept ans et demi, a passé plus d’une heure et demie à peaufiner son dessin. Elle compte bien revenir pour s’approcher d’une réalisation satisfaisante. Cette copie est un vrai projet et ce fut un vrai bonheur de commenter avec elle ses intentions, de s’interroger sur la manière la plus efficace de résoudre tel ou tel problème. Il m’a semblé vérifier ainsi qu’il n’est d’apprentissage que dans l’action. En l’occurrence, si Charlotte apprend quelque chose, c’est parce qu’elle fait quelque chose et qu’elle a, chemin faisant, la possibilité de commenter sur le vif son action et ses tâtonnements.
Alors que nous quittions le musée, faisant allusion au titre d’un tableau, Charlotte me demande à brule-pourpoint : «C’est quoi un philosophe ? ». Je lui réponds : «Un philosophe c’est quelqu’un qui se demande tout le temps à quelles conditions on peut être heureux, si bien qu’il ne sait pas profiter des moments de bonheur qui se présentent à sa portée ». Je ne suis pas certain que Charlotte ait saisi tout le sens de ma réponse, mais il suffit qu’elle ait compris qu’on n’est pas forcément plus heureux parce qu’on réfléchit au bonheur, surtout si l’on fait profession de cette réflexion. Quant à moi, dois-je le dire, je suis assez content de ma réponse.
Avant qu’elles ne partent rendre visite à leurs grands-parents paternels avec Nadja et Sébastien, j’ai demandé à Charlotte et à Camille d’écouter « Chat pitre » dans la version « Tangaria, live in Marciac » et de me dire si ça leur plaisait ou non et si ça évoquait quelque chose pour elles, en d’autres termes si elles imaginaient quelque chose à l’occasion de cette écoute. Réponse lapidaire des deux : «Non, ça n’évoque rien, mais ça nous plait parce que ça fait danser». Démonstration à l’appui. Bon, évidemment, après, il faut ramasser deux ou trois objets bousculés en cours de démonstration, mais l’éducation esthétique et la connaissance de la psychologie de Charlotte et Camille (je n’irai pas jusqu’à parler de psychologie des enfants) vaut bien cette prise de risques et ce petit dérangement.

mardi, août 21, 2007

mercredi 22 août

Une journée du type de celles que je déteste. La nuit venue, je n’ai plus guère le cœur à reprendre le cours de ce blog alors même que je n’arrive pas à comprendre comment j’ai pu la consommer à ne rien faire d’autre que des tâches nécessaires et de stricte intendance. Petites courses indispensables pour assurer le quotidien, petit courrier sans intérêt, mais qui demande réponse et donc du temps, petites factures à régler et petits comptes à tenir à jour, participation à la préparation du petit déjeuner, du déjeuner et du diner, au couvert, à la vaisselle et au coup de balai final pour effacer toutes traces des repas, mettre de l'engrais au pied des cyprès, démarches administratives, prises de rendez-vous avec le mécanicien, le coiffeur, le médecin, jeux divers avec Charlotte et Camille, prise d’information sur internet, etc… etc…etc… C’est comme cela que vingt-deux heures sonnent (c’est une image) et que je n’arrive pas à me remettre dans mon projet de blog : trop tard pour commencer une écoute digne de ce nom, impliquant des conditions d'attention et de tranquillité d'esprit qui me font défaut, trop tard pour entamer un vrai travail d’écriture. Finalement, écouter chaque jour de l’accordéon, y prendre du plaisir et traduire ce plaisir en mots, c’est plus difficile à réaliser qu’on pourrait l’imaginer. Presque un projet subversif. En plus, ce même jour, alors même que je passais l’aspirateur, Michel L. m’a téléphoné. Comme je lui décrivais mon occupation, il me dit en rigolant qu’il ignorait totalement en quoi pouvait consister celle-ci et qu’il avait quant à lui toujours veillé à cultiver et à afficher son incompétence en la matière.
Parfois, je me dis que je verrais assez bien cette épitaphe sur l’urne contenant mes cendres : « A vingt-cinq ans, il passait des concours. A soixante ans, il passait l’aspirateur ». Ce n’est pas très gai certes, mais c’est terriblement vrai.
En fait, de cette expérience personnelle, limitée mais hélas fréquente (que de jours consommés simplement pour que la vie n’aille pas à vau-l’eau !), je tire cette idée, moi qui ne suis ni artiste, ni créateur, que la création suppose sans doute une énergie et une constance sans failles, une volonté que l’on ne soupçonne pas devant l’œuvre achevée. Mon admiration n’en est que plus grande pour tous ces accordéonistes en particulier, compositeurs ou interprètes, que j’écoute avec tant de plaisir. Quelle force morale outre bien sûr leur créativité !

mardi 21 août

Mon épicier est un type étonnant. Dans une page précédente j’avais raconté comment pendant plusieurs semaines il avait fait la promotion d’une vente de fraises à moitié prix. Moitié de quoi ? Peu importe ! Ce qui compte, c’est l’effet produit : moitié prix. Et dire qu’on aurait pu payer le double de cette moitié ! Son annonce informait ses clients que cette promotion s’appliquerait le samedi suivant. Suivant quel jour ? Quelle date ? Justement, toute l’astuce est dans l’absence de précision. C’est imparable ! Tout samedi a un samedi suivant, celui de la prochaine semaine. Et ainsi passent les jours, sonnent les heures… sans que le client ne voit rien venir. Si je lui demande des explications, il me dit qu’il est désolé mais que ses fournisseurs sont décidément des gens sans foi, ni loi, qui refusent obstinément de lui vendre à perte. Voilà pourquoi il ne peut, à son corps défendant, réaliser la promotion qu’il annonce en toute bonne foi. Mais là où je le trouve gonflé, c’est lorsqu’il annonce en plus de sa promotion que le port sera gratuit. Livraison gratuite à domicile ! Oui, mais objecté-je s’il n’y a pas de fraises comment proposer une livraison gratuite ? Décidément, je ne comprends rien au commerce d’aujourd’hui. Me regardant à la fois désolé et apitoyé, il me dit : "C’est ça le commerce virtuel ! C’est ça l’avenir". De toute façon, la saison des fraises est finie et celles qui seraient importées à grands frais de l’autre bout du monde, qui voudrait en manger tant leur saveur est fade et leur texture flasque…
Mon épicier connaît sans doute bien les stratégies d’Alapage. Promotion sur la sortie du disque de Tangaria, live in Marciac. Des semaines de promotion. Le temps des commandes venues, changement de registre : les fournisseurs ne fournissent plus. A chaque demande d’explication, j’ai affaire à des correspondants désolés du retard… mais incapables de m’en donner les raisons et non moins incapables de me mettre en contact avec un responsable, même un tout petit responsable. Le temps passe, mais l’offre persiste et signe : en commande sous trois jours environ… Humour du commerce virtuel ! Bien plus, un jour apparaît une nouvelle offre : port gratuit, alors même que l’on m’explique que ma commande ne pourra être honorée. Rupture de stock chez les fournisseurs.
Ce matin enfin, Alapage m’annonce l’annulation de ma commande. Les mots sont choisis avec délicatesse et courtoisie. C’est un plaisir de recevoir une telle lettre ! Mon épicier a tout compris ; il est petit, mais il deviendra grand : le commerce virtuel, c’est ça !

Du coup, je suis allé acheter le disque de Tangaria, live in Marciac : 17,99 euros au lieu des 13,45 d’Alapage. La différence ? J’écoute actuellement le disque sur mon lecteur et avec mes oreilles. Ce n’est ni une étiquettette sur un écran, ni une simple possibilité, ni une virtualité… et ça change tout, même si le désir y perd en trouvant sa réalisation. Merci Alapage d’entretenir le désir pendant six semaines ; merci Monsieur Leclerc de me permettre de le réaliser.

Un dernier mot cependant pour dire que sur ce coup Alapage m’est apparu sous un aspect particulièrement minable. Absence de coordination, de cohérence, de contrôle, de feed-back… que sais-je ? Une grosse machinerie anonyme de qualité fort médiocre.

dimanche, août 19, 2007

lundi 20 août

Hier, dimanche, j’ai rendu visite à ma mère en sa maison de retraite à Nay. J’ai profité du parcours pour écouter à nouveau les « Gnossiennes » interprétées par Anzellotti. Les six pièces ont une durée d’environ vingt minutes. C’est exactement le temps qu’il me faut pour aller de Pau à Nay. Peu de circulation, si bien que je peux accorder beaucoup d’attention à la musique, même si ces conditions d’écoute ne sont pas mes préférées.
J’ai donc écouté cette version des « Gnossiennes » une fois à l’aller, une fois au retour. De manière générale, je suis sensible à la dimension d’écriture de ces pièces et à ce que j’appellerais un certain dandysme de Satie, quelque chose comme une distance à l’égard des sentiments. Mais en la circonstance, il m’a semblé y percevoir une profonde nostalgie et j’ai perçu l’enchainement des six morceaux comme des variations sur une tristesse pleine de retenue et de pudeur. Avec Charlotte et Camille, j’avais entendu en priorité la construction très intellectuelle de ces œuvres, quelque chose de très fabriqué, d’où les sentiments sont sinon exclus du moins tenus éloignés. Au cours de cet aller-retour, c’est la traduction, voire la transmutation d’impressions nostalgiques en formes sonores quasi arithmétiques qui m’a frappé.
Avant de revenir à la maison, j’ai fait un détour par une fête occitane, à Pau, « Hestiv’oc ». Elle se tient sur le boulevard des Pyrénées et sa tonalité est plutôt militante. On y trouve aussi des spécialités culinaires originales. C’est ainsi que j’ai pu y acheter un assortiment de cinq conserves, qui m’ont servi, de retour à la maison, à confectionner un petit apéro impromptu arrosé de vin Clairet de Bordeaux. Cet assortiment :

- Rillettes d’huitres
- Brandade de thon au basilic
- Mousse de truite au basilic
- Foie de lotte aux algues
- Filets de sardines marinés aux piments d’Espelette

samedi, août 18, 2007

dimanche 19 août

Les véhicules de Charlotte et Camille à l'entrée des allées de pommiers.
Récolte de framboises et de haricots verts. La plus grosse partie de la récolte de framboises a été consommée sur place.

Lorsque j'ai vu ces deux pommes au sol, je n'ai pu résister au plaisir de faire cet auto-portrait en forme de zombi.


Vertige de la balançoire... On prend l'air à l'aise, mais elles ne sont pas rassurées, Charlotte et Camille, perchées si haut sur le siège du tracteur.


Samedi après-midi, nous sommes allés avec Charlotte et Camille jusqu’aux « Cueillettes d’Aragnon », une exploitation agricole aux portes de Pau, où l’on peut librement cueillir fruits et légumes de saison avant d’en régler le prix à la sortie. Elles ont voulu ramasser des haricots verts pour le diner et des framboises pour le dessert. Chemin faisant, elles ont mangé sur le moment au moins autant de framboises qu’elles en ont mis dans la boite de carton ad hoc. Sur le parcours vers les pommiers, « Akane » et « Reine des reinettes », j’ai trouvé des mures qui ont coloré nos doigts en violet, nos doigts et quelques vêtements aussi. Là encore la dégustation a été très approfondie. Sur le chemin du retour, nous avons fait étape pour essayer les balançoires et pour parader sur les carcasses de tracteurs antiques. Enfin, nous avons bu une bouteille de jus de pomme bien frais. C’était vraiment un bel après-midi… surtout si l’on considère que Charlotte et Camille se sont laissé voiturer par « Mamou » et moi-même dans de petites remorques en bois.

A l’aller et au retour, nous avons écouté Teodoro Anzellotti interprétant les "Gnossiennes n° 1 à 6" de Satie. A son habitude, bercée par le bruit du moteur et les mouvements de la voiture, Camille a dormi… d’un œil, tandis que Charlotte a bien apprécié cet accordéon. Et je dois dire que c'est un vrai bonheur de la voir charmée par une musique que j'apprécie tant moi-même.

- «Erik Satie, compositeur de musique, Teodoro Anzellotti, joueur d’accordéon », Winter & Winter, 1998. Parfois, ce disque est référencé sous le titre "Sports et divertissements", du nom d'une partie des pièces qui le composent.




vendredi, août 17, 2007

samedi 18 août

« Les petits » ont débarqué de Dax avec leur chargement de linge sale. Heureusement que le soleil fait son office. On en est à la cinquième lessive et ce n’est pas fini. En outre, ils ont mangé n’importe quoi, n’importe comment, à n’importe quelle heure pendant les fêtes et ils s’attendent à retrouver des nourritures civilisées. Pour le déjeuner, lotte et piperade, Bordeaux clairet, plateau de fromages du pays et sorbets. Café arabica du Costa-Rica. Charlotte a décidé d’apprendre à cuisiner. Bientôt cela facilitera l’intendance ; pour l’instant on est en phase d’apprentissage et cela demande du temps… surtout si Camille décide à son tour de nous aider.

Bref, l’accordéon est réduit à la portion congrue, voire à la peau de chagrin. Je profite d’un petit moment où « Mamou » joue à l’école avec Charlotte et Camille pour explorer YouTube. Je n’ai guère d’autre opportunité pour l’instant que d’entreprendre des écoutes-flash… Par chance, je tombe sur une vidéo de 7 :25. Un accordéoniste dont j’ignorais absolument l’existence. Pour aujourd’hui cela suffira à mon bonheur.

Vladimir Chernukh - Fractals opus 142 de Wolfgang Plagge
http://www.youtube.com/watch?v=zkxKGAfwdsg&mode=related&search=

Je note qu'il apparait dans le blog de Caroline sous la double orthographe Tchernyck, page 22, et Chernukh, page 57, où est donnée cette vidéo.

..........

Quelques heures plus tard, le lave-vaisselle chargé, je profite du fait que Charlotte, Camille et Sébastien dégustent "Koh-Lanta" (sic !), tandis que Françoise et Nadja se passionnent pour une partie de scrabble, pour aller explorer encore un peu YouTube.

Chemin faisant, je trouve deux perles…

- une version de « Indifférence », d’une durée de 5 :09, donnée par Lubat et Minvielle. Une explosion de créativité poétique. Minvielle me fait penser à Isidore Isou et au lettrisme ; Lubat a du génie. Parfois, ça dérape, mais quand ça fonctionne, c’est du grand art.
http://www.youtube.com/watch?v=IYS_6ASp7YY

- le grand art, il se trouve justement dans cette improvisation, d’une durée de 10 :07, de Bernard Lubat à l’accordéon et de Michel Portal au bandonéon. Superbe !
http://www.youtube.com/watch?v=uNxQsgxFOOQ&mode=related&search=

jeudi, août 16, 2007

vendredi 17 août

Après les fêtes, quelques traces, semblables à celles des années précédentes et pourtant si différentes. Permanence et altérité. L'offre de réabonnement, les billets de nos quatre delanteras soleil, que nous occupons régulièrement depuis de nombreuses années, des mouchoirs blancs et les cartels avec les noms des matadors et autres toreros de leurs quadrillas, plus quelques publicités. Par exemple pour Intermarché, qui vend de la daube de toros. Sur la plupart des documents, la reproduction de l'affiche officielle de la feria.
Cinq corridas. Quatre delanteras soleil, escalier 7 : 323, 324, 325, 326.

Les affichettes des cartels : au recto, les matadors et leurs quadrillas, la ganaderia ; au verso, le sorteo, le nom du mayoral de l'élevage et les noms des membres de la présidence technique. On pourra noter au fur et à mesure le nom, l'âge, entre quatre et cinq ans, le poids de chaque animal, entre 480 et 550 kilos. On pourra noter aussi sa caste, sa bravoure, le nombre de piques, etc...


Les mouchoirs blancs que distribuent des membres de la Croix Rouge et que l'on agite pour réclamer au président l'oreille du toro, voire plus, en faveur du matador, si son travail a provoqué émotions et enthousiasme. Blancs, les mouchoirs, forcément blancs, comme une multitude de papillons...



Parfois, quand la canicule frappe trop fort, on humecte le mouchoir avant de le passer sur son visage et sur sa nuque. Il en ressort tout fripé. Parfois, c'est une averse qui s'abat sur l'arène et le mouchoir sert à s'essuyer les gouttes qui viennent brouiller la vue. Là encore le mouchoir en ressort tout fripé. Définitivement fripé, dans ses plis il garde, fragile mais indélébile, le souvenir de moments de haute intensité. Ces mouchoirs fripés, parfois délavés, ce sont des traces du passé qui, lorsqu'on on les retrouve plus ou moins oubliés, contribuent à rendre plus dense le présent.




mercredi, août 15, 2007

jeudi 16 août - fêtes de dax - corrida du 15

17h50. Le ciel est couvert de nuages sombres et lourds de menaces d'orage. Prudents, nous nous sommes munis de nos imperméables. Heureusement, le vent fort éloigne les nuages les plus noirs qui passent au-dessus de l'arène.
18h00. Les clarines retentissent. La dernière corrida des ferias peut commencer. Que dis-je ? Doit commencer. Un tel rituel exige le strict respect de l'heure.

18h02. Les matadors se saluent réciproquement avant d'entamer le paseo.


19h07. Les projecteurs sont allumés. Le ciel est de plus en plus sombre.



19h56. Deux cameramen, perchés tout en haut d'une flèche, filment impassibles malgré le vent en rafales et les grains qui les frappent de plein fouet. Leurs images alimenteront le journal télévisé régional de demain.




jeudi 16 août

… écouté hier soir, au retour de Dax, vers 22h30, comme une première fois, le disque de Will Holshouser, « Will Holshouser Trio, Singing To A Bee ». Je me rappelle que W. Holshouser est l’accordéoniste de David Krakauer et que ce disque sous son nom et en trio est fait de compositions originales. Le trio comprend donc Holshouser à l’accordéon, Ron Horton, trompette, et David Phillips, contrebasse.
Curieusement, quand on pense à la musique déjantée et proliférante de Krakauer, il s’agit ici de pièces intimistes. On pense à un jazz d’après minuit, à l’heure où les formes, les pensées, les sentiments et tous les autres repères se font incertains. Une sorte de méditation aux antipodes de la musique de corrida ou de la musique de bandas que j’ai quittées il y a moins de deux heures, peu avant le feu d'artifice qui signe la fin des fêtes dans une orgie de fusées lumineuses et de bruits.
Trois tranches de pain passion, trois tranches de jambonneau froid, cornichons, moutarde, deux verres de vin clairet de Bordeaux, tranche de Brie, nectarines jaunes, pêche blanche… Il est bientôt 1 heure… Je crois bien que je pourrais écouter le trio toute la nuit.

mardi, août 14, 2007

mercredi 15 août - fêtes de dax - corrida du 14

16h58. Le ciment des gradins n'est guère accueillant surtout, comme aujourd'hui, lorsque le soleil frappe fort. Mais nous avons nos sous-culs et cela nous rassure.
16h59. Charlotte remarque avec pertinence que nos quatre coussins ressemblent à un accordéon... vu de loin !

17h29. Avant de se plonger dans la fournaise des arènes, nous faisons une pause "galopin pression". On parle de tout et de rien à l'ombre de catalpas hors d'âge et c'est bien agréable.


17h55. Sol y Sombra. Le temps est incertain. On scrute le ciel pour s'assurer que les orages ne sont pas imminents. Mais on n'est sûr de rien. Un vrai temps de canicule. C'est quoi un four solaire ?



18h00. Les clarines retentissent. La corrida commence. On est écrasé par la chaleur venue du ciel ; on est accablé par la chaleur qui irradie depuis le ciment des gradins.




mercredi 15 août

Comment n’y ai-je pas pensé ? Pour faire un disque évoquant la corrida dans son essence même et non par ses aspects les plus superficiels, folkloriques ou convenus, c’est le « Motion Trio » qui convient le mieux. Curieusement, je me rends compte qu’hier j’évoquais Pohjonen, aujourd’hui « Motion Trio », autrement dit des nordiques. Sans doute parce qu’à mon sens, la corrida est trop marquée par les espagnolades et que pour en retrouver l’âme, il faudrait prendre quelques distances par rapport à cette tradition. La corrida est affaire de matador, non de toréador. La présence de la mort, ce n'est pas chose anodine.

En tout cas, les choses se précisent. Je vois assez bien donc le « Motion Trio » nous donnant un disque qui pourrait avoir l’allure suivante :

- « Corrida »
- Paseo
- Tercio I : sortie du toril, capes et piques
- Tercio II : banderilles
- Tercio III : faena, muleta et mise à mort
- Mort et sortie d’un toro brave ; palmas ou broncas
- Apéros et controverses

Bien entendu, il faudrait affiner tout cela, mais la structure y est. Enrico Rava a fait un disque, « Carmen », d’après Bizet où sa trompette est entourée d’une batterie, d’une guitare, d’un tuba, d’une clarinette, d’une contrebasse, mais aussi d’une harpe, d’une autre guitare, d’une trompette, d’un trombone, d’un cor, d’une flûte, d’un hautbois, d’un basson, mais encore de l’orchestre symphonique de Romagne « Arturo Toscanini ». Le « Motion Trio » accompagné par l’orchestre symphonique de Romagne « Arturo Toscanini »… j’en rêve ! On pourrait même imaginer que les parties « Tercio I, II, III, mort et sortie d’un toro brave ; palmas ou broncas » donnent lieu à six variations. Comme dans la corrida.

lundi, août 13, 2007

mardi 14 août - fêtes de dax - corrida du 13

17h50. Ni Sol, ni Sombra. Un ciel uniformément gris, mais lumineux. Pas de menace d'orage.
18h00. Les clarines retentissent. Le paseo commence.

18h24. Ultime rencontre entre Cesar Rincon, colombien, et le toro Haraposo, 490 kg, né en novembre 2002 dans l'élevage de Conde de Mayalde. de la région de Tolède. L'un a une muleta dans la main gauche et une épée dans la droite ; l'autre a deux cornes effilées. Le matador pousse son estocade jusqu'à s'exposer entre les cornes de son adversaire.


18h29. Cesar Rincon accompagné de ses peones fait un tour d'arène triomphal. Il a coupé une oreille réclamée très majoritairement au président par les spectateurs.



mardi 14 août

Il y a une sorte d’accord « naturel » entre la corrida et des formes musicales venues de l’Espagne. C’est facilement compréhensible puisque la corrida est d’origine espagnole, plus précisément andalouse. La musique jouée autour des corridas ou au cours de celles-ci ne saurait avoir une autre couleur. Et pourtant, il m’arrive souvent d’essayer d’imaginer ce que pourrait être un accordéoniste s’emparant des moments de ce rituel pour en exprimer l’essence. Je pense qu’Amestoy serait capable de proposer des images intéressantes tant il est imprégné de culture du Sud. Mais peut-être manque-t-il de la violence nécessaire pour exprimer la sauvagerie que ce rituel met en forme.
Finalement, celui qui me paraitrait le mieux à même de donner un équivalent des moments de cette cérémonie où se combinent un extrême raffinement jusqu’à la préciosité et une barbarie injustifiable jusqu’à l’écœurement, ce serait Kimmo Pohjonen. Le rapprochement peut sembler bizarre, en tout cas inattendu, et pourtant je retrouve dans ses compositions et dans son jeu tous les ingrédients de cette mise en scène de la mort et du risque mortel où se confrontent l’intelligence et l’instinct brutal.
Pour me convaincre que l’idée n’est pas si farfelue qu’il y parait de prime abord, j’écoute deux disques de Kimmo Pohjonen :

- « Kielo », 1999 Zen Master Records
- « Kluster », 2002 Rockadillo Records

La rencontre entre une âme primitive, originelle, une sorte de souffle vital sans mesure et des structures formelles issues d’une tradition culturelle de longue date, c’est bien la corrida. C’est aussi l’accordéon de Pohjonen.

dimanche, août 12, 2007

lundi 13 août - fêtes de dax - corrida du 12

17h45. Sol y Sombra... surtout Sombra. Sous le ciel plombé, l'orage menace d'éclater durant toute la corrida, mais sans jamais mettre sa menace à exécution.
18h00. Les clarines retentissent. Le rituel peut commencer.

18h05. Le premier des six toros sort du toril. Le combat commence.


lundi 13 août

Est-ce l’influence de l’Espagne dont la culture est omniprésente aux fêtes de Dax, toujours est-il que j’ai eu envie d’écouter le « Romancero Gitano » de Vicente Pradal d’après l’œuvre de Federico Garcia Lorca.

- « Romancero Gitano », 2004 EMI Records / Virgin Classics.

Douze tableaux, comme des eaux fortes, où Jean-Luc Amestoy donne toute la mesure de son art en dialoguant avec les voix, les palmas, la guitare flamenca, les percussions et le violoncelle d’Emmanuel Joussemet. Parenthèse : je vérifie encore une fois que j’apprécie au plus haut point la guitare flamenca, alors que la guitare manouche me laisse plutôt indifférent. C’est comme ça. En tout cas, je ne sais pas si l’on peut parler d’accordéon flamenco, mais si ce n’est pas encore le cas, on pourrait l’inventer pour qualifier le jeu d’Amestoy.

Souvent j’ai quelques réticences à l’égard d’un certain excès dans les expressions vocales flamencas et quand le flamenco veut trop séduire le touriste, ça peut devenir insupportable, comme en ce qui concerne le tango, le musette ou, j’y reviens, la guitare manouche. Mais ici, tout est pur, clair, sans fioritures, en un mot, classique. Du coup, il n’y a pas lieu de s’étonner que Jean-Luc Amestoy soit une pièce maitresse de ce disque.

dimanche 12 août - fêtes de dax : corrida du 11

17h45, Sol y Sombra. Les arènes sont pleines en blanc et rouge.

18h. Les clarines retentissent. La corrida commence.

Surprise ! Le président de la République est dans les gradins. Je le croyais en train de déjeuner avec le président des Etats-Unis. Cet homme a le don d'ubiquité.


Au cas où l'on en douterait, la photographie atteste la présence du premier personnage de l'Etat à la corrida du samedi 11.