jeudi, février 28, 2008

jeudi 28 février - lionel suarez

... reçu ce matin par Alapage un disque que j'attendais depuis plusieurs jours et dont j'attends beaucoup :

- "Around Jaco". 2006 Frédéric Monino 2006 Yak Production. Frédéric Monino en est le leader, mais surtout par rapport à mes intérêts musicaux Lionel Suarez y intervient à l'accordéon. Et il n'est pas facile de le retrouver sur des disques.


Un rapide examen montre que huit musiciens ont contribué à cet album. Monino, basse ; Suarez à l'accordéon (sauf titre 4) ; Huchard, batterie : c'est le trio de base. Et comme invités, Olivier Ker Ourio, harmonica sur les titres 1, 2 et 5 ; Jeanneau, saxo soprano sur 2 et 9 ; Tortiller, vibraphone, sur 3 et 9 ; Winsberg, guitare, sur 2, 7, 10 et Depourquery , saxo alto sur 6 et 9.


Comme le titre l'indique, il s'agit d'une sorte d'hommage à Jaco Pastorius, une manière de tourner autour et d'en restituer le climat.



Diverses obligations m'ont empêché d'écouter attentivement cet album et j'ai dû me contenter d'une écoute en diagonale... juste le temps de percevoir un style. J'y reviendrai. Parmi les compositeurs, on note les noms de J. Pastorius, bien sûr, d'O. Coleman, de Pat Metheny ou de H. Hancock. C'est une indication majeure.




mercredi, février 27, 2008

mercredi 27 février - "casse-toi, pauvre con !"

Mon intention n'est pas de commenter cette parole proférée par le premier personnage de l'Etat, comme on dit. Non que je n'ai pas d'opinion, mais parce que je ne vois pas l'intérêt de la publier. Ce qui me frappe dans cette apostrophe, dans cette réaction, dans cette insulte, ce n'est pas le propos lui-même, c'est la manière dont il s'inscrit dans un monde que je qualifierais de saturé. Un monde plein, sans surprise, sans espaces. Car il s'agit bien d'espaces en effet, et d'espaces saturés.



Espace saturé d'abord, celui des journalistes qui entouraient le président de la république visitant le salon de l'agriculture. Trop de monde, trop de regards, trop d'objectifs et de micros. Un espace panoptique, une machine à traduire tout comportement en images. Un monde de traque et de chasse au scoop. Un monde de connivences et de complicités pour alimenter la machine à produire de l'apparence.



Espace saturé ensuite, celui de la diffusion de la vidéo d'amateur, vidéo de mateur, sur internet. Des milliers de messages, en boucles ; pour saturer l'écran, des morceaux de messages passés en boucles sont eux-mêmes montés en boucles. Espace en abime. L'image de l'image de l'image... Un jeu de miroirs sans objets ni sujets : des simulacres, des reflets de simulacres. Le monde de la caverne platonicienne. Un mur d'images.



Espace saturé enfin, celui des commentaires, exégèses et autres gloses. Commentaires déjà élaborées, tout préparés suivant les clivages politiques. Pas de marge de liberté, pas de propos personnels. La langue de bois comme une caricature. Je dois dire que la rencontre d'un costume trois pièces et de la langue de bois dans un studio de télévision a toujours été chez moi un déclencheur de rires irrépressibles. Je ne saurais donc m'en plaindre. L'hypocrisie à l'état pur. On se rappelle que l'hypo-crite, c'est bien celui qui avance sous le masque. Politicien masqué. Truisme. Un monde d'images de masques. Quand on croit tenir enfin la réalité, on a affaire à un masque.



Ce monde saturé manque d'espaces de respiration, de comportements vrais et de confrontations dialectiques. C'est le règne du plein, du déjà-là, du déjà-pensé, du prêt-à-penser. Un monde immobile comme une lave refroidie. Qui voit de la lave longtemps après son refroidissement ne peut imaginer celle-ci, à son origine, vivante, tumultueuse et éclatante de couleurs vives. Tout est plein, saturé, immobile et surtout prévisible. Il y a de la mort là-dedans.



Au bout d'un moment, lassé par la vision de ces documents clonés, de ces commentaires clonés, de ces personnages clonés, de ce monde saturé de discours de justification et de discours de dénonciation, je coupe le son, je coupe l'image et je choisis un disque d'accordéon.



Et je me dis, outre le plaisir que me procure la musique de cet instrument, que justement son monde n'est pas saturé. Même si certains concerts attirent une foule nombreuse, le public reste à taille humaine, ce ne sont pas des masses houleuse, trop pleines, où l'on perd toute identité dans le mouvement hypnotique de vagues irrésistibles. On peut voir et écouter de l'accordéon sur internet, mais ce n'est pas un raz-de-marée. On peut lire des chroniques et des critiques de disques, mais on est loin des livres ou du cinéma avec ces clivages trop prévisibles entre journalistes spécialisés.



C'est pour cela aussi que j'aime l'accordéon. Pour revenir au titre de cette page, je trouve, qu'il s'agisse du public des concerts ou des échanges d'idées que je puis avoir certains accordéonistes ou certains amateurs d'accordéon, que c'est un monde plutôt moyen, ni jeune con, ni vieux con... Un monde ouvert, plein de surprises à venir, vivant quoi... Un monde qui cherche et qui se cherche, donc qui se transforme, apprend, tâtonne et évolue. Un monde qui change et qui de ce fait garde toute sa force d'étonnement.

lundi, février 25, 2008

mardi 26 février - jazz corner (5)



Dix heures. Un facteur interiméraire sonne une fois. "Un paquet recommandé". Une petite signature et suivant un rituel maintenant bien rodé je me donne quelques instants pour regarder l'envoi de "Paris Jazz Corner" avant de l'ouvrir. La facture d'abord. Ensuite, ouvrir le paquet délicatement, découvrir le cd et la fiche technique qui l'accompagne.




- "Sivuca sinfonico", enregistré en 2004, édition digipack 2007, Discmedi.




Je n'ai aucune idée de la musique de Sivuca et de celle de ce disque en particulier. Je lis sur la fiche technique : "Thèmes : Big Band / Jazz moderne / Musiques latines (Cuba, Brésil, Antilles)".





La pochette ajoute quelques informations : sept titres, de 3:40 à 9:21 ; les compositeurs : Luis Gonzaga, Sivuca, Chico Buarque, Paganini, etc... Quant aux titres : Rapsodie, Concerto sinfonico, etc... Tout cela m'intrigue.



Autre indication : la liste des musiciens participants. Pas moins de soixante-quinze. Par exemple, onze premiers violons, dix seconds violons, sept altos, huit violoncelles, huit contrebasses, etc... Je suis de plus en plus intrigué.




La musique ? Heureusement que je suis assis. J'en reste littéralement sur le cul ! Surprenante, étonnante, inattendue... Comme un accordéon au milieu des chutes du Niagara. Un souffle énorme et magnifique ; un soufflet plein de finesse. Sur le cul ! J'ai ouvert les portes et les fenêtres. Les chats des voisins, un peu surpris au début de leur sieste, ont pris quelque distance. Il faut qu'ils s'habituent. Le prunier frétille d'aise, traversé de la couronne aux racines par des ondes quasi telluriques. Françoise esquisse un regard dans l'encadrement d'une porte et lache ce commentaire : "Ben, dis donc...". Charlotte parcourt le petit fascicule informatif et reste rêveuse. Camille danse à sa façon... jusqu'à en perdre l'équilibre.




"Big Band" selon "Paris Jazz Corner". On pourrait dire aussi "Big Bang".





samedi, février 23, 2008

lundi 25 février - pau, lourdes via nay, tarbes (3)

En route pour Tarbes, à l'heure où les "RTT" rentrent du travail. La circulation manque de fluidité et nous continuons à écouter "Figuri Express". Les morceaux ne nous surprennent plus et l'on commence à en apprécier les nuances, on commence à mieux saisir le jeu de Roberto de Brasov et le moelleux des violons d'Ile de France.





A Tarbes, plus précisément à Ibos, nous nous rendons à l'espace culturel de l'hypermarché Leclerc, "Le Parvis", un lieu de culture s'il en est. A l'affiche, un spectacle dédié à Yvette Horner, "La madone des dancings, les mille et une vies d'Yvette Horner". Il faut se souvenir qu'elle a débuté sa carrière au théâtre des Nouveautés en cette capitale de la Bigorre. Un salut donc à Yvette.


Et puis, une exposition de photographies de Carlos Medeiros. Géomètrie étrange. Net et flou. Précision du cadrage et de la mise au point sur des ombres, des reflets, des fragments. Espace sinon surréaliste, du moins imaginaire. Images à la frange du conscient et de l'inconscient, du perçu et du rêvé.





Pendant longtemps, j'ai regretté que les photographies, sauf exception rarissime, soient protégées par des vitres reflétant tout l'espace alentour. Je regrettais de devoir tourner autour des images accrochées aux murs pour trouver le bon angle. Aujourd'hui, cet inconvénient me parait plein d'avantages. Je ne cherche plus à voir l'image photographique dans sa pureté, je m'amuse de voir ma propre image dans l'image, comme un moment éphémère, mais bien réel de la vie de l'oeuvre. Pour quelques instants, je me dédouble, je me vois me voyant et me voyant me voir... et pensant cela, je pense à Paul Valéry et à son "héros", Monsieur Teste. Je fixe cet instant et ce faisant je crée une oeuvre originale, qui, en plus, est un auto-portrait.
















Il est temps de retrouver nos pénates. "Figuri Express" dans les oreilles ; le soleil rouge et bas sur l'horizon en plein dans les yeux.




lundi 25 février - pau, lourdes via nay, tarbes (2)

De Nay à Lourdes, toujours "Figuri Express". A vrai dire, les accents de cet album me paraissent plus païens que religieux, encore que le paganisme soit traversé en tous sens par de forts sentiments frappés au sceau de la religiosité. En tout cas, nous sommes contents d'avoir tout notre temps pour déambuler dans la cité mariale. A peine quelques passants, mi-touristes, mi-pélerins. Nous notons, grâce à un panneau indicateur, la direction du paradis. Pas aussi inaccessible que j'aurais cru. Je m'en souviendrai.



Quelques boutiques sont ouvertes : vierges Marie en forme de gourdes et bidons d'eau de Lourdes.

Le "Palais du Rosaire", supermarché des objets de piété, est-il ouvert ou fermé ? En tout cas, sa porte, en forme de croix, nous ravit.


Sur le même trottoir, "Au berceau de Bernadette" brille de mille lumières. Mais on voit bien qu'il n'y a personne dans les rues, nous qui cherchons non des objets pieux, mais un thé pour Françoise et un chocolat pour moi. Difficile, car la plupart des bistrots sont fermézs. Quant à un bistrot des accordéons, il faudrait croire au miracle...



Voilà bien la preuve : les rues sont vides, vides, vides...





Tout de même, nous voilà attablés devant notre thé et notre chocolat. Le serveur range ses verres et passe une serpillère sur le sol. Serait-ce, à cinq heures de l'après-midi, l'heure de la fermeture ?



Comment, alors que nous sommes seuls dans ce bistrot, derniers et peut-être premiers clients de la journée, comment résister au plaisir de se tirer l'auto-portrait dans le reflet des glaces ?











lundi 25 février - pau, lourdes via nay, tarbes (1)

Ainsi donc, il y a quelques jours, l'envie nous est venue, après avoir effacé les traces du déjeuner et rempli le lave-vaisselle, d'aller boire un chocolat ou un thé à Lourdes. La distance entre Pau et Lourdes est d'environ quarante kilomètres ; la route traverse d'abord la plaine de Nay puis s'enfonce dans une vallée plutôt encaissée sans que l'on puisse cependant la qualifier de route de montagne. Le gave y est rapide, sans être violent. Et, au bout du chemin, Lourdes, mise à part toute considération religieuse, est une ville surréaliste. Traversée par des foules extatiques pendant quelques mois de l'année, vaste marché d'objets pieux, le reste du temps elle est vide et ses rues ne sont bordées que de vitrines closes et de rideaux métalliques cadenassés. Ville de contraste, ville vouée au bleu et au blanc, cité surréaliste à tous points de vue : baignée par une atmosphère irréaliste, vouée au surnaturel. D'où notre fascination pour ce lieu hors saison.



En route donc, accompagnés par l'étrange musique de "Figuri Express". Etrange parce qu'elle est, si j'ose dire, post-balkans. Enracinée dans les Carpathes et en Ile de France, sans contradictions. Sur le chemin, nous faisons halte à Nay. Nous avons repéré en effet un panneau indiquant la présence d'une maison carrée, récemment rénovée. Le lieu, qui fait penser à une construction de la Renaissance, est beau. Tout simplement. L'ombre et la lumière y découpent des formes et des espaces superbes. Nous regardons de tous nos yeux. Tout simplement.





Quiétude géométrique.








Ombre et lumière ; dedans et dehors : harmonie des contraires. Quel équilibre. Et curieusement, dans ces murs architecturés par l'ombre et la lumière - sol y sombra - se tient une exposition de photographies de corridas. Le photographe, Cathala, est un artiste que nous connaissons depuis fort longtemps et que nous admirons.



Sortie du toril. Le toro dans toute sa sauvagerie. Et en toute candeur aussi...




Fragment d'un habit de picador. Broderies fines de la mort.





Une photographie exceptionnelle : il s'agit d'un toro, mis à mort à Dax, de l'élevage de Miura. Une ganaderia de toros assassins. Non pas des toros, des légendes.

Avant de reprendre notre chemin, nous allons voir ce qu'il en est d'un bâtiment nommé "La minoterie" et présenté comme un centre d'art. C'est en effet une ancienne minoterie, rénovée par un artiste iranien, où sont exposées en permanence des peintures et des sculptures, et où il est possible d'emprunter dans la cadre de l'artothèque des oeuvres originales au tarif de 30 euros pour trois mois.




On ne voit si souvent que des reproductions d'oeuvres d'art que nous sommes touchés et contents de pouvoir contempler in vivo des sculptures et des peintures, même si leur qualité nous parait inégale. Elles ont toutes en effet une qualité de présence qui nous les fait appréhender comme des personnes et non comme de simples objets. Elles sont là et cet être-là est déjà en tant que tel une sorte de miracle.


Miracle ? En route pour Lourdes !







dimanche 24 février - le trio et le taraf

Hier matin, dix heures, dans la boite à lettres, un envoi d'"Audio archives" :

- "Hermetotico", Jacques Bolognesi / Marc Fosset Trio. 2007 J. Bolognési / Frémeaux & Associés. Du jazz comme une épure. Une première écoute en diagonale nous confirme qu'il s'agit bien d'artistes qui tracent leur route, sans souci des modes, mais avec une attention extrême à la modernité. Un jazz de haute tradition.

Après avoir sacrifié au rituel des achats alimentaires aux rayons de l'hypermarché, avant de rentrer à la maison pour ranger les courses, petit détour par l'espace culturel, "Le Parvis". J'ai l'intention de commander le dernier cd de Roberto de Brasov, mais - heureuse surprise - le disque est en rayon. En fait, j'avais commandé cet album début janvier, puis vu les délais de livraison, j'avais fini par annuler cette commande. Mais cette annulation et l'envoi par le distributeur s'étant croisés, le disque avait été classé parmi les productions de Bretagne. Et il m'attendait.

Nous déjeunons donc en écoutant ce dernier opus de Roberto de Brasov et du taraf Idf (Ile de France).
- "Figuri Express", 2006 Nord-Sud. Une vingtaine de musiciens ; un enregistrement en direct à la MJC Bobby Lapointe (tout un programme !) de Villebon-sur-Yvette. Les violons ne sonnent pas comme des violons des Carpathes et c'est bien. On sent que Roberto de Brasov a insufflé son énorme énergie à l'ensemble et cela aussi, c'est bien. La pochette du disque, posée sur une table basse, semble flotter dans l'air entre tapis et fleurs de prunier.


Dehors, le prunier affole les abeilles, qui ont entrepris leur allers-retours incessants. Au moindre souffle de vent les pétales blancs s'envolent et tournoient comme flocons de neige.


Quelques tasses de café, "Salvador", en écoutant quelques morceaux de l'album "Taraf de Haïdouks, Band of Gypsies" et, d'autre part, de "Veselina, Martin Lubenov & Jazzta Prasta Band". C'est notre façon de situer "Figuri Express" entre tradition et modernité.




Il est un peu plus de deux heures lorsque nous avons fini de ranger la vaisselle dans la machine à laver. Il fait 17°. Tout naturellement nous vient l'envie d'aller boire un chocolat ou un thé à Lourdes. Pourquoi Lourdes ? Pourquoi pas ?
Un circuit en forme de triangle isocèle : Pau - Lourdes, 40 kms, via Nay à mi-route ; Lourdes - Tarbes, 40 kms ; Tarbes - Pau, 40 kms. Bien entendu nous avons fait des photographies. Retour à la maison à 19 heures. Il sera bien temps alors de se replonger dans les nouvelles et dans les sempiternelles polémiques autour de l'os médiatique du jour...
Pour accompagner notre route, "Figuri Express"...





jeudi, février 21, 2008

samedi 23 février - le son de maria kalaniemi

Au sujet de Maria Kalaniemi et de "Bellow Poetry", on peut trouver quelques informations sur le site ci-dessous et surtout écouter des extraits de trois morceaux, extraits significatifs du "climat" de l'album :


http://www.cdroots.com/aito-mk1.html




On trouvera des informations complémentaires et le premier morceau de 3:46, "Spirit of the Moon", sur le site suivant :




http://www.rootsworld.com/reviews/mk2006.shtml




A noter que ce dernier site renvoie au premier par un lien direct.



On peut écouter des extraits des neuf titres de l'album sur le site de l'éditeur Aito.



http://www.aitorecords.com/

vendredi 22 février - kalaniemi kalevala

J'écoute en boucle l'album de Maria Kalaniemi, "Bellow Poetry". C'est un ensemble de pièces très attachant, d'où émane une sorte de charme éminemment nordique. On y retrouve l'âme finlandaise. L'ensemble, très homogène, est un mélange d'inspiration venue du fond des âges légendaires, de soufflet d'accordéon et de voix.

Dans la présentation de son oeuvre - compositions personnelles et accordéon solo pour la quasi totalité des titres -, Maria Kalaniemi se réfère à un immense poème, "Le Kalevala". On trouve quelques informations sur cette épopée sur le site de Wikipedia entre autres. On y apprend qu'il s'agit en fait d'une épopée nationale créée dans les années 1834 - 1847 à partir d'un patchwork de poèmes populaires authentiques collectés dans la campagne finlandaise. La référence à ce poème faite par Maria Kalaniemi renforce le sentiment de retour aux sources, de cheminement personnel à partir d'un fonds originel. Chaque titre est comme un parcours en boucle, qui nous ramène à un point de départ après avoir traversé des paysages à la fois semblables et différents entre eux. Pour prendre une autre image, il y a du Sisyphe là-dedans : au bout du chemin, on est revenu au point de départ. Et, comme le disait Albert Camus, contrairement à ce que l'on pourrait en penser spontanément, il faut imaginer Sisyphe heureux...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Kalevala

mercredi, février 20, 2008

jeudi 21 février - souffle de lames / souffles de l'âme

... reçu ce matin le disque de Maria Kalaniemi, que j'avais commandé à Alapage... il y a plusieurs jours :

- "Bellow Poetry", 2005 Aito Records / Maria Kalaniemi.


Plusieurs occupations ne me permettent de l'écouter qu'une seule fois. Insuffisant pour se faire une idée un peu fondée et surtout pour l'apprécier à sa juste valeur. Nonobstant cette contrainte, je peux en écouter assez pour retrouver avec plaisir le son de Maria Kalaniemi. Délicieusement acide et puissant à la fois. Manifestement, il s'agit d'un album très personnel : compositions de Maria Kalaniemi himself, interprétations solo (à deux morceaux près, intervention d'Olli Varis à la guitare), accompagnement de la voix, enregistrement at home...



Bien entendu, je le répète, une seule écoute ne suffit pas, sinon pour en tirer le désir d'autres écoutes. Mais d'ores et déjà, la dimension très personnelle de cet album me touche. Il s'agit de soufflet, de souffle, de lames et d'âme, au sens d'anima (souffle vital), de méditation poétique. Et puis, cette phrase, que je relève dans le texte de présentation : "In my composition and playing, I hold melody in the highest reverence : the melody is the message." Une profession de foi qui n'est pas anodine en des temps où parfois les sophistications conceptuelles oublient chemin faisant le plaisir de la mélodie...




mardi, février 19, 2008

mercredi 20 février - politique et accordéon

… continué à lire « Storytelling », dont je relève ici quelques passages, sans commentaires.


Page 133. Dick Cheney (futur vice-président de G. W. Bush) disait en 1992 : « Pour avoir une présidence efficace, la Maison Blanche doit contrôler l’agenda. Le plus puissant outil dont vous disposez est la capacité d’utiliser les aspects symboliques de la présidence pour promouvoir vos objectifs. Vous ne devez pas laisser la presse fixer les priorités. Ils aiment décider ce qui est important et ce qui ne l’est pas. Mais si vous les laissez faire, ils saccageront votre présidence. »

Page 134. Le White House Office of Communication est alors chargé de gérer l’agenda stratégique de la présidence… Chaque jour on élabore la line of the day (la « ligne du jour » qui deviendra dans les années 1990 la « story du jour"), diffusée auprès des différentes branches de l’exécutif et de la presse accréditée à la Maison Blanche, mais aussi à travers des messages télévisés adressés directement au public.

Page 135. Il s’agit moins désormais de communiquer que de forger une histoire et de l’imposer dans l’agenda politique. « Trousser une histoire (spinning the story), explique Maltese, cela signifie la tourner à son seul avantage, la présenter sous un jour favorable à l’administration, et la diffuser en utilisant les porte-parole, les communiqués de presse, les sources d’information amies, en veillant à ce que l’histoire soit toujours présentée sous le meilleur jour possible. Cela implique aussi d’engager les médias à jouer le jeu… »

Page 136. Si l’exercice du pouvoir présidentiel tend à s’identifier à une sorte de campagne électorale ininterrompue, les critères d’une bonne communication politique obéissent de plus en plus à une rhétorique performative (les discours fabriquent des faits ou des situations) qui n’a plus pour objectif de transmettre des informations ni d’éclairer des décisions, mais d’agir sur les émotions et les états d’âme des électeurs, considérés de plus en plus comme le public d’un spectacle. Et pour cela de proposer non plus un argumentaire et des programmes, mais des personnages et des récits, la mise en scène de la démocratie plutôt que son exercice.

Page 137. Ce n’est plus la pertinence qui donne à la parole publique son efficacité, mais la plausibilité, la capacité à emporter l’adhésion, à séduire, à tromper (comme le fameux slogan « Travailler plus pour gagner plus » de Nicolas Sarkozy lors de la campagne présidentielle de 2007).

La lecture de ce bouquin n’est pas toujours facile. L’expression n’est pas toujours limpide. C’est un livre de chercheur. Mais je trouve que l’effort pour le lire vaut largement la peine qu’on se donne. Je dirais qu’il me parait éclairant.

Du coup j’écoute avec gourmandise l’excellent album de Robert Santiago y su Tipica, « Panamericana ». J’ai déjà dit mon goût pour cet album et pour son auteur. Bien au-delà de la musique et de l’accordéon festif qui s’y manifeste, c’est d’une conception du monde, d’une vision de la vie, d’une philosophie en acte qu’il s’agit. Et tout en l’écoutant, je me dis que le plaisir que j’éprouve a quelque chose de politique puisqu’il repose en grande partie sur la rencontre d’une authenticité, d’une histoire vraie, rencontre éminemment révolutionnaire aujourd'hui. On pourrait en effet à bon droit parler de rupture avec les moeurs communicationnelles devenues habituelles. Je me demande si je ne vais pas remplacer le temps que je passe à m’informer avec les radios ou les télévisions par l’écoute systématique de Santiago… et quelques autres. Ce serait déjà un premier pas sur le chemin d’une certaine dépollution.

Dans cet album, entre autres pièces magnifiques, le titre 15 : "La Gran Noticia. Cancion a mi Mama". Ce sera "le titre du jour"...

lundi, février 18, 2008

mardi 19 février - son du tango, son du musette

"Paris Jazz Corner" propose actuellement, à 14 euros l'un, deux packs de la collection "Vibrations". Chaque pack comprend deux cds. Le premier de ces packs est dédié au son du tango, le second au son du musette. Ce sont des anthologies d'une rare qualité. Toutes les deux, Universal 2004.
Je dois avouer que j'ai un faible pour "le son du musette". Présentation impeccable, livret très bien documenté. Cd1, moderne ; cd2, classique.
Parmi les modernes, Macias, Galliano, Martin O'Connor, Les Primitifs du Futur, Bolo Varis Tiboum, etc... Parmi les classiques, Azzola, Murena, Gus Viseur, Lassagne, etc... Oui, vraiment, une rare qualité.

lundi 18 février - festival de trentels réservations

Une seule information pour aujourd'hui :

Le site du festival de Trentels est opérationnel. On peut retenir sa place : une soirée, deux soirées, trois soirées!... Le pass trois soirées : 38 € ! Sans compter les stages ! Trio Miyasaki ; Jean-François Baëz Trio, Ponty Bone et Blues Station band ; Meriadec Gouriou, Quatuor diatonique Danças Ocultas...

http://accordeon.catfamilie.com/les-concerts-du-festival-d-accordeon/tarifs-et-reservations/10-reservations-concerts-accordeon/32-billets-concerts-festival-trentels

dimanche 17 février - storytelling, stoïcisme et accordéon

J’ai une drôle d’impression, je trouve l’époque actuelle un tout petit peu bizarre. A chaque jour son lot d’émotions, de provocations, de polémiques et autres débats ou duels, alimentés par le pouvoir politique à son plus haut niveau et relayés par des armées de journalistes flanqués d’experts ou de soi-disant experts. Tout ce monde s’agite, rongeant chaque jour un os nouveau et souvent peu ragoutant, jouant le jeu d’une communication destinée à se consommer dans l’instant. Demain sera un autre jour ; demain sera une autre histoire. J’ai beaucoup de compréhension pour ces journalistes, qui feignent d’organiser ce tourbillon de pseudo-informations, de pseudo-réflexions et de dialectiques dévoyées. J’ai beaucoup de compréhension car la mise en scène de ce jeu communicationnel est leur gagne-pain… De ce point de vue, il serait intéressant d’évaluer le nombre de personnes que la stratégie politique du chef de l’Etat fait vivre. Ce n’est pas « ma petite entreprise », c’est « mon entreprise tentaculaire ». Tout fonctionne pour produire du conflit, pour provoquer de l’émotion, pour submerger l’esprit critique sous un flot de mots et de phrases au mieux vides, au pire incohérentes ou contradictoires, une sorte de tsunami ou de marée noire dont les catastrophes réelles ne donnent qu’une image très édulcorée.

Lisant « Storytelling », sous-titré « La machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits », je note, page 128, dans le chapitre « La mise en histoires de la politique » le paragraphe suivant :
« Dans ses Mémoires, Clinton défend une conception inédite de la politique : selon lui, elle ne consiste plus aujourd’hui à résoudre des problèmes économiques, politiques ou militaires, elle doit donner aux gens la possibilité d’améliorer leur histoire. Le pouvoir présidentiel cesse d’être un pouvoir de décision ou d’organisation : le président est le scénariste, le metteur en scène et le principal acteur d’une séquence politique qui dure le temps d’un mandat, à l’image des séries qui passionnent le monde comme 24 heures chrono ou The West Wing ».

Il me semble que ce texte donne une clé pour comprendre ce qui se passe aujourd ‘hui, en France. Pour comprendre quelle est la stratégie politique et de communication, c’est la même chose, qui fonde les prises de paroles et les discours du chef de l’Etat et de ses thuriféraires, pour ne pas dire larbins ou portes-coton, ce qui serait plus juste.

Mais ce jeu de massacre où la solidarité doit être remplacée par la compétition de chacun contre tous, par le conflit, la rivalité, la dispute, le dissensus généralisé, ce jeu se passe à l’extérieur… Pendant ce temps, j’écoute avec plaisir « Swinguette » du Marc Leseyeux Quartet, comme ce sage stoïcien qui mesurait son bonheur en contemplant l’agitation du monde, sans y participer. Avec cette supériorité sur ce sage stoïcien, que moi, j’ai la chance de pouvoir écouter de l’accordéon.

samedi, février 16, 2008

samedi 16 février - jazz corner (4)

10 heures. Le facteur sonne une fois. "Un petit autographe ! Ce sont vos disques". Une signature, une poignée de main, deux réflexions sur le temps - très beau en plaine, mais trop beau en montagne-, quelques mots sur les projets de week-end. "Au revoir", "Au revoir"...
Une fois de plus "Paris Jazz Corner" fonctionne comme une horloge bien réglée. J'apprécie au plus au point la fiabilité de cette boutique. Je regrette d'autant plus de voir, de visite en visite et de commande en commande, que le nombre des cds d'accordéon offerts n'augmentant pas, mes possibilités d'achat se réduisent.


Le moment où je suis sur le point d'ouvrir le paquet est toujours plein d'envie et de plaisir, c'est pourquoi, avant de manier le couteau, un Laguiole bien sûr, pour couper les bandes d'emballage, je le regarde un instant... et je rêve un peu.

La facture est bien là, complète... ce qui différencie les envois de "Paris Jazz Corner" d'un certain nombre d'autres sites de vente sur internet. Passons !

A l'intérieur, deux disques :
- "Swinguette", Marx Leseyeux Quartet, 2005
- "Bouts de souffles", Andy Emler & Pascal Contet, 2003.
Je trouve le titre du cd de Marc Leseyeux plutôt rigolo et je me demande un peu ce qu'il va nous proposer.
Je me fais une idée un peu plus précise du disque de Pascal Contet et j'attends de vérifier mes attentes en l'écoutant. Je n'ai pas photographié la quatrième de couverture, mais aux pieds de Pascal Contet on voit bien Polo, placide et revêche à la fois.

L'écoute de "Swinguette" est une heureuse surprise. L'album nous accompagne tout au long du déjeuner. Comment le définir après une première écoute ? Une alternance de jazz et de new-musette, parfois des interférences entre les deux... Des phrases et un phrasé qui font penser à Richard Galliano et puis, en titre 9, une perle, "Tango sur Seine". Nous pensons à "Blues sur Seine" de Galliano. Et puis d'autres clins d'oeil : "La capricieuse", "Blues du printemps", "Ballade pour Bill"... Un disque très agréable et bien plus que cela encore. Du coup, nous explorons internet où nous voyons que Marc Leseyeux se produira à Toulouse le 30 avril. Pourquoi pas aller l'écouter ce soir-là avant de rejoindre Trentels et son festival le lendemain ?
Quant au disque de Pascal Contet, je le trouve difficile pour moi, comme tout ce qu'il propose. J'ai du mal, mais je suis décidé à m'accrocher. Je ne suis pas touché immédiatement par le son de son accordéon et je perçois son jeu comme très conceptuel. Je le perçois en effet comme la traduction d'idées, de concepts, de desseins intellectuels, mais les sensations sont absentes. En fait, le titre "Bouts de souffles" me parait parfaitement choisi : il connote pour moi une respiration haletante, fragmentée, pénible, quelque chose comme l'expérience de l'asthmatique. Il y a pour moi du malaise dans cette écoute, mais je suis bien décidé à m'obstiner. Je crois en effet qu'aucun apprentissage n'est impossible.




jeudi, février 14, 2008

vendredi 15 février - la grue, le chêne et les trois écureuils



























































Ce matin, de retour de la boulangerie, muni de mes deux baguettes de pain passion, j'ai été surpris de voir se dresser dans le ciel de notre quartier, une grue de levage - la même qui, il y a quelques semaines, déplaçait un wagon sur le site de la communauté d'Emmaüs. En y regardant de plus près j'ai bien vu trois... comment dire ?... trois écureuils qui montaient, tels des alpinistes, à l'assaut d'un chêne, qui avec quelques uns de ses congénères faisait la fierté de la rue. La chute des feuilles, d'après ce qui se dit, encombrait le toit des voisins du propriétaire de l'arbre.



J'ai passé la journée à suivre la disparition progressive du chêne et, je ne sais pourquoi, à écouter en alternance les deux versions des "Variations Goldberg" par Mika Väyrynen et Wolfgang Dimetrik. La première sous label "Alba" (2004), la seconde sous label "Telos Music" (2007). En fait, je sais un peu pourquoi, même si mon choix n'a pas été délibéré et réfléchi. Le découpage du chêne, branche par branche, avec les variations du bruit des scies, leur répétition obstinée jusqu'à l'effacement du tronc, cela m'a donné envie d'accompagner ce travail avec d'autres variations, celles de Bach et celles des deux interprètes. Chaque branche qui tombe est tronçonnée comme les autres, enfin... pas tout à fait pareil. Pas tout à fait la même, pas tout à fait une autre. De même ces variations, pas tout à fait les mêmes, pas tout à fait autres.



Mais avant de boucler cette page, je dois ajouter un dernier mot. Françoise, qui rentre d'un petit tour dans le quartier où un candidat aux municipales l'a interviewée devant des caméras de FR3, Françoise donc me dit :"Tu as entendu les pies (deux couples ont investi notre rue) ? Elles tournent au-dessus des maisons sans se poser nulle part... Je me demande s'ils (les écureuils) n'ont pas détruit leurs nids". Je me dis alors in petto que, si elles dérangent trop les gens avec leur agitation par trop sonore, il y aura bien un voisin pour réclamer de la police leur reconduite à la frontière ou en tout cas dans un autre quartier. Ce serait assez dans l'air du temps !