mardi, février 28, 2006

mardi 28 février

Dernier jour de février. La température est fixée obstinément entre 1 et 3 degrés. Le ciel est plombé ; les choses se fondent dans un jour sans ombres. Comme au ski on parle de jour blanc, on pourrait ici parler de jour gris. Le hasard de l’ordre chronologique me conduit à écouter une nouvelle fois un disque que je considère comme un chef-d’œuvre :

- « Blow Up », Galliano – Portal, Dreyfus Jazz, 1997. Enregistrement public les 18 et 19 mai 1996, à Paris.

Richard Galliano joue de l’accordéon et, sur un titre, du piano. Michel Portal joue de la clarinette basse, du bandonéon, de la clarinette si bémol, du saxophone soprano et du jazzophone. Une complicité sur le fil du rasoir.

On retrouve dans ce disque un grand nombre de titres déjà rencontrés dans les disques précédents. Par exemple :

- Libertango
- Oblivion
- Ten Years Ago
- Viaggio
- Leo, estante num instante

Brésil, tango, gypsies, jazzophone et piano… C’est encore et toujours du jazz. Ce que j’admire le plus, dans de duo, c’est que la virtuosité n’est jamais gratuite. C’est pour cela que je classe ce disque parmi ceux, rares, que je considère comme des chefs-d’œuvre. J’ajoute que la photographie de couverture, en noir et blanc, est magnifique. Son auteur : William Laxton. Visages de Michel Portal et de Richard Galliano, comme sculptés par la lumière ; majesté des instruments ; mains de Portal, bras de Galliano. On pourrait parler de photographie essentielle. Il ne s’agit pas en effet de psychologie, mais de rendre manifeste l’essence même de ce duo. La qualité d’attention des regards est impressionnante.

lundi, février 27, 2006

lundi 27 février

Lundi ! Une nouvelle semaine commence. Février s’achève. Bientôt, mars et les promesses du printemps. Des bourgeons pointent au bout des branches du prunier. Les crocus ont explosé partout dans le jardin, mauves et oranges. Partout des violettes comme un miroitement dans l’herbe sombre. L’olivier semble déplier ses feuilles : pulsation grise, verte et argentée. A son pied, le basilic, l’angélique, le thym, le romarin et le persil ont résisté aux gelées hivernales. Les coups de vent de ces derniers jours ont répandu dans tout le jardin des morceaux de branches des bouleaux. Certains entrelacs préfigurent déjà les nids que les pies construisent chaque année au sommet du prunier.

En 1996, « New York Tango ». Un quartet, comme pour « New Musette » ou pour « Viaggio ». Bref rappel !

Richard Galliano Quartet, « New Musette », 1991 :
- Richard Galliano, accordéon
- Philippe Catherine, guitare
- Pierre Michelot, contrebasse
- Aldo Romano, drums

« Viaggio », 1993 :
- Richard Galliano, accordion, piano, accordina
- Bireli Lagrene, acoustic guitar, electric guitar
- Pierre Michelot, bass
- Charles Bellonzi, drums

« New York Tango », Disques Dreyfus, 1996. Enregistré les 11, 12 et 13 juin 1996 à N.Y.
- Richard Galliano, accordion
- Bireli Lagrene, guitar
- Al Foster, drums
- George Mraz, bass.

Il est encore question de rencontres et de mélanges ; de métissages de cultures, de genres ou de personnes… C’est ainsi que Richard Galliano énumère un guitariste manouche, un batteur qui a accompagné Herbie ou Miles, un contrebassiste tchèque immigré aux Etats-Unis… sans compter lui-même, « le Rital fidèle à sa fisarmonica » !

Il y est aussi question d’exil, de retour aux sources, de double attachement au sud natal et à Paris, à son soleil ; mais encore de Piazzolla et de Bernstein, et d’un certain tango ostinato ; d’Afrique et de Brésil ; de Clichy et de Broaddway ; et même de java mystique…

Deux citations à propos de Fou Rire et de To Django, qui me donnent beaucoup à réfléchir.

- « Fou Rire – Eclats de rire, Pleurs, Feu de joie, Tristesse, Allégresse, Mélancolie, c’est là toute la différence entre Musette et Tango ».
- « To Django – L’intérêt à jouer des valses musette avec des jazzmen c’est que tout peut arriver… Métamorphose de la valse en Shuffle ».

Aujourd’hui, je suis particulièrement touché par Soleil, New-York Tango et To Django. J’y perçois les déambulations d’un promeneur solitaire, qui va sa vie, vaguement ironique, sans se laisser happer par la machinerie de la mégalopole...

dimanche, février 26, 2006

dimanche 26 février

… et l’on retrouve Coloriage au cœur de Viaggio.

- Viaggio, Disques Dreyfus, 1993.

Quel quartet !

- Richard Galliano, accordion, piano, accordina
- Bireli Lagrene, acoustic guitar, electric guitar
- Pierre Michelot, bass
- Charles Bellonzi, drums.

De titre en titre, valse, java, tango, bossa…Au fond, l’unité de tout ça, c’est le jazz, c’est-à-dire d’abord une question de pulsation et d’inspiration, quelque chose qui vient du cœur et du ventre, d’où procède toute respiration profonde. En écoutant ce disque, on ne peut s’empêcher de penser qu’il est comme l’origine d’une tradition. Il s’inscrit dans plusieurs traditions et tout à coup avec la force d’une évidence, il les transcende et ouvre de nouvelles voies à explorer.

Les portraits photographiques de Richard Galliano sont remarquables : les yeux clos à la recherche de ce qui doit advenir ; les yeux mi-clos et mi-rieurs ; le regard attentif, bienveillant et tendu par la volonté de comprendre. Une tension sereine… et toujours cette tignasse noire !

Et maintenant, puisque nous sommes un dimanche...

- Laurita, Disques Dreyfus, 1995.

Outre le plaisir, évidemment, que me procure ce disque, certains titres en particulier comme Leo, estante num instante ou Libertango ou encore Milonga del Angel, entre autres, il m’intéresse pour deux raisons au moins :

- La formation de base est un trio : Richard Galliano, accordion, Palle Danielsson, bass et Joey Baron, drums. Mais il y a aussi des invités : Michel Portal, bass clarinet, Didier Lockwood, violon et Toots Thielemans, harmonica, qui interviennent sur deux titres chacun. Cette variation à partir d’une sorte de noyau central donne une couleur particulière à ce disque. Unité et diversité.
- Dans un texte de présentation, Richard Galliano nomme explicitement un certain nombre d’artistes qu’il estime et qu’il a invités ou dont il joue les compositions. Cette liste est intéressante, car on peut la lire comme un ensemble de références, de repères, d’amers qu’il se donne pour tracer sa propre voie, nourrie de ces influences choisies. Il cite Astor Piazzolla, Toots Thielemans, Michel Portal, Hermeto Pascoal, Serge Gainsbourg, Didier Lockwood, Palle Danielsson, Joey Baron et Clifton Chénier. Je trouve vraiment intéressant de voir comment Richard Galliano s’inscrit ainsi dans une tradition qu’il crée en s’y référant.

samedi, février 25, 2006

samedi 25 février

Encore un duo : accordéon et clarinette.

- Coloriage, Richard Galliano, accordéon, Gabriele Mirabassi, clarinette, EGEA, 1992.

Dans ce disque, plusieurs compositions de Galliano, que je qualifierais de classiques : Beritzwaltz, Spleen, Il Viaggio, Tea for Toots, Giselle, Ballade pour Marion, sans compter Coloriage ; et puis Reflections de Thelonious Monk et Chiquilin de Piazzolla. Plusieurs de ces titres sont des versions longues : Il Viaggio, 10 :13 ; Spleen, 8 :15 ; Giselle, 7 :30, par exemple. Une atmosphère s’installe par touches successives.

L’unité de ce disque me parait tenir dans l’équilibre entre Galliano, qui déplace imperceptiblement des masses sonores, comme des aquarelles, et la clarinette de Mirabassi, fragile mais obstinée, qui nous fait avancer sur le fil du rasoir.

vendredi, février 24, 2006

vendredi 24 février

- Richard Galliano, accordéon, Jean-Charles Capon, violoncelle, Blues sur Seine, La Lichère, 1992.

Ce disque est le produit a priori improbable de la rencontre entre un accordéon et un violoncelle dans un studio, à Paris, en février 1992. On pense d’abord que ces deux instruments appartiennent à deux mondes, à deux classes si distantes qu’elles n’ont aucune intersection. Mais voilà, la rencontre a bien existé… pour notre plaisir. Sous le signe du blues.

Au fil de ce parcours tendre, en demi-teinte et quelque peu nonchalant, le bois du violoncelle et les soufflets de l’accordéon nous font partager leur dialogue et l’alternance de leur présence. Chemin faisant, on croise Toots Thielemans, Bill Evans, Laura et Astor Piazzolla, Henri Sauguet, Django Reinhardt, Claude Nougaro, Miles Davis ou Lester Young. On longe les bords du canal Saint Martin. Une ondulation à peine perceptible, fragile mais insistante.

Pour ma part, j’apprécie particulièrement trois titres :

- Blues sur Seine
- For My Lady
- Les Forains

Richard Galliano joue sur Cavagnolo et Titano Victoria ; Jean-Charles Capon joue sur un violoncelle François Steininger, Paris 1829.

jeudi, février 23, 2006

jeudi 23 février

En parcourant des blogs où il est question d’accordéon, je suis tombé sur un commentaire, bref mais enthousiaste, à propos d’une prestation de Daniel Mille avec son quintet le 21 de ce mois, au New Morning.
Cet enthousiasme ne me surprend pas tant « Après la pluie » est un disque, disons une œuvre multiple et propice à la méditation. Une sorte de jazz intimiste et plein de profondeur. J’avais moi-même noté l’écoute du cd le 24 décembre dans ce blog.
En revanche, une phrase me parait à la fois étonnante et significative. Je cite : « A découvrir de toute urgence, pour ceux qui auraient raté une marche et seraient encore restés aux origines de l’accordéon jazz, avec le fameux Clifton Chénier de l’Acadie ».
Quel intérêt de se croire autorisé à donner ainsi des leçons et implicitement à désigner ceux qui apprécient Clifton Chénier comme des attardés ? Qu’a-t-on à faire de tels conseils ? Il est curieux de constater comme le jugement esthétique ici n’arrive pas à se détacher d’un jugement moral et quelque peu méprisant. Bourdieu y reconnaîtrait à l’œuvre le travail de la distinction. En un sens, ne serait-il pas plus simple, mais moins gratifiant sans doute pour l’ego, de s’en tenir au plaisir pur d’écouter Mille et Chénier et bien d’autres encore, sans se croire obligé de les situer sur une échelle de valeurs relatives…

Justement, a contrario de cette pensée, le génie de Richard Galliano me semble être dans une démarche d’ouverture et d’inclusion où le musette et le tango coexistent avec le jazz, sans qu’on se croit obligé de les enfermer dans des chapelles, ni de les situer historiquement, ni de les affubler d’étiquettes comme « ringard », « nouveau », « indispensable », « élitiste », etc…

Mais, venons-en à Richard Galliano et à « Ballet Tango »…

J’ai une affection particulière pour ce disque. L’illustration de couverture réalisée par Guy Peellaert installe d’emblée une atmosphère de café de Buenos Aires. Les couleurs chaudes du décor et les cheveux noirs et gominés des hommes connotent une certaine âme argentine. Un homme, en chemise blanche et fines bretelles, et une femme blonde, le dos nu, sont enlacés, les yeux clos. Ils dansent le tango dans leur tête.

Ce disque lui-même est dédié à Laura et Astor Piazzolla. A l’intérieur, Ballet Tango est dédié par Piazzolla à Galliano. Dédicaces croisées ; admiration réciproque. Galliano est le seul interprète.

J’y vois quatre parties :

- Adios Nonino, Oblivion, Chiquilin de Bachin, pour quatre accordéons et bandonéon solo ;
- Pedro y Pedro, pour accordéon solo ;
- Ballet Tango pour quatre accordéons ;
- Trois Préludes, pour accordéon solo.

Tout le disque exprime une culture hors du commun du tango. C’est l’âme du tango qui se manifeste de titre en titre. J’avoue que je suis particulièrement touché par les interprétations d’Adios Nonino, d’Oblivion, de Chiquilin et des Trois préludes, qui ont été pour moi une révélation. Ajoutons à cela la perfection du rerecording et la virtuosité de Galliano. Il joue sur un accordéon de concert Cavagnolo modèle Artiste III et sur un bandonéon Alfred Arnold modèle « Double A ».

Demain, on écoute "Blues sur Seine"

mercredi, février 22, 2006

mercredi 22 février

- Richard Galliano Quartet, Philip Catherine, Pierre Michelot, Aldo Romano. New Musette. Passions Jazz – Label Bleu, 1991.

Ce disque, enregistré en public, fait partie, si j’ose dire, de mon panthéon de l’accordéon. D’abord parce qu’il est inaugural. Richard Galliano, parfaitement conscient de sa place dans l’histoire de la musique, écrit en présentation : « Aujourd’hui, je crée le New Musette car j’estime que l’on ne doit plus jouer cette musique comme en 1930 et je joue cette musique en y mêlant mes plus fortes influences : Piazzolla, Coltrane, Bill Evans, Debussy… »

D’autres aspects m’intéressent : l’illustration de couverture est une sorte de collage cubiste très architecturé (on y devine un accordéon à touches piano) et, à l’intérieur, la photo de Richard Galliano est l’une des photos de Spleen. Continuité d’une œuvre. Le disque est dédié à Laura et Astor Piazzola, qui a inspiré à Richard Galliano le projet du New Musette à l’instar du Nouveau Tango.

Dans sa présentation, Richard Galliano situe bien ce projet dans l’articulation entre le musette et le jazz : « le musette est un mot qui fait peur aux musiciens dits de jazz ». J’aime bien l’expression « dits de jazz ». Mais surtout il le situe dans le mouvement des métissages humains et culturels :
- italiens et français pour le musette
- italiens et argentins pour le tango
- africains et américains pour le blues

Le New Musette est donc au confluent du musette, du tango et du blues… Continuité et nouveauté. Quelque chose de nouveau et à certains égards de radicalement nouveau émerge de la tradition ou plus exactement d’un métissage de traditions. Les philosophes parleraient volontiers de dépassement dialectique. Quelque chose de nouveau englobe ce qui existait déjà et en dévoile tout à coup les potentialités jusqu’ici inexploitées. Et cela parait évident… après coup, parce que Richard Galliano s’est inspiré de l’essentiel et non de l’apparence superficielle de chacune de ces musiques. Le mot philosophie me semble assez bien qualifier le projet de Richard Galliano, mais bien entendu une philosophie sensible.

Chaque titre de ce disque mérite d’être rappelé comme un moment unique :

- Beritzwaltz (écrit Beritwaltz au dos de la pochette)
- Des voiliers
- Le clown perdu
- La valse à Margaux
- Dum Dum Dum
- Giselle
- Corail
- Les oiseaux
- Laura et Astor
- Oblivion

Après un tel Quartet, demain, on écoute « Ballet Tango »…

mardi, février 21, 2006

mardi 21 février

Florence M. et Frédéric S. sont venus déjeuner. Moment agréable. Françoise avait préparé une salade composée (scarole, tomates, betterave, noix), une blanquette d'agneau accompagnée de riz et de carottes, et des merveilles. Quelques fruits : pommes, clémentines et poires. Café ou thé. Après le repas, Frédéric m'a montré quelques logiciels intégrés, de la création à la publication sur son blog. Impressionnant !

Après le départ de Florence et de Frédéric, on écoute Spleen.

- Spleen. Disques Dreyfus, 1985.

Dans un texte chaleureux, Marcel Azzola écrit ceci :

« Fils d’un excellent accordéoniste-pédagogue, Richard Galliano, musicien d’exception, nous offre ici des enregistrements originaux.
Ses différentes expériences en studio et en concert le désignent comme leader de la nouvelle génération. Compositeur, il renouvelle le répertoire, son coup de chapeau à « Toots », sa « Ballade pour Marion », « Spleen » et « Honey Fingers » sont des références pour notre instrument. On y retrouve l’esprit des grands stylistes, dans un langage qui personnalise l’aspect harmonique et rythmique.
Avec ses multiples aventures musicales, Richard n’a pas fini de nous étonner.
Il a toute mon admiration ».

Il n’y a rien à ajouter, sinon que ce texte était prémonitoire. Richard Galliano ne cesse de nous étonner et de susciter une admiration chaque fois renouvelée.

Il est intéressant de relever enfin les instruments dont il joue dans ce disque : acoustic accordion, synthesizer accordion (connected on Mini Moog), accordina (key harmonica), acoustic piano, fender piano, Yamaha DX7 and Prophet 5 synthesizers, trombones.

Demain, on écoute « New Musette ».

lundi, février 20, 2006

lundi 20 février

Je décide de mettre un peu d’ordre dans mes disques d‘accordéon et pour cela d’utiliser l’ordre alphabétique, finalement bien commode.
Mais quand j’arrive à Richard Galliano, me vient l’idée d’écouter ses cd dans l’ordre chronologique. Ma collection est certes limitée et incomplète, mais peu importe…

Pour commencer, un trio assez original :

- Capon, Galliano, Perrin, Blue Rondo A La Turk, Production Patrice Caratini, 1982, La Lichère, 2001.

- Jean-Charles Capon, violoncelle, Richard Galliano, accordéon, Gilles Perrin, vibraphone et percussions.


Le violoncelle de Capon est très présent ; l’esprit du jazz inspire Richard Galliano ; Gilles Perrin donne une couleur particulière à certaines compositions, comme par exemple Violette de Jean-Charles Capon. Même si chaque thème a sa personnalité propre, je retiens surtout une certaine atmosphère. Peut-on parler de jazz classique ?

Demain, on écoute Spleen

dimanche, février 19, 2006

dimanche 19 février

Changement de décor. Après les brumes irlandaises, un petit tour vers la côte atlantique de la Colombie. La région de Valle de Upar très exactement. L’accordéon diatonique d’Antonio Rivas Padilla, c’est quelque chose ! On comprend pourquoi dans diatonique, il y a tonique.

- Musique Colombienne, Antonio Rivas, « El jardinero Colombiano », Ethnic, 1995, Auvidis.

Je retiens principalement cinq titres :

- Recuerdos Azucarados De Espana (Cumbia), 3 :14
- El Jardinero Colombiano (Chambon), 4 :40
- Christina (Merengue), 4 :10
- Puya Chocoana (Puya), 3 :38
- Virgenes del Sol (Fox Incaico), 3 :20

Au dos du livret, il y a une photographie d’Antonio Rivas : veste jaune d’or, cravate bariolée, sourire « Email Diamant », accordéon Saltarelle blanc… L’image même du disque.

On l’imagine avec René Lacaille ou Raul Barboza ou Michel Macias… ou, mais c’est plus improbable, Clifton Chénier.

samedi 18 février

Jacques et Régine P. sont venus à la maison pour nous aider à installer une Livebox. Après l’installation, petit apéritif sur un coin de table. On parle accordéon. Ils connaissent bien l’Irlande et ont beaucoup de souvenirs de soirées dans des pubs : bière et orchestres locaux, avec ces drôles d’accordéons comme l’on en voit un sur la couverture d’Irish Accordion Favourites... A Collection of Irish Medleys

C’est autre chose que de la nostalgie. C’est tout un monde chaleureux, tendre, convivial et imbibé. Les airs s’y déploient de toute éternité.

vendredi 17 février

Maria Kalaniemi, reparlons-en… J’écoute quasiment en boucle trois titres :

- 01. Sininen Huvimaja – Blauer Pavillion, 4 :19. Compositeur, J. Armandola. Un tango !
- 02. Indifférence - Välinpitämättömyyttä, 2 :32. Compositeurs : Murena et Colombo. La sonorité de l’accordéon !
- 08. Soir de Paris – Pariisin Iltoja, 2 :30. Compositeur : L. Ferrari. Et toujours ce son inimitable !

jeudi, février 16, 2006

jeudi 16 février

Alapage m’a prévenu de l’expédition de ma commande du disque de Maria Kalaniemi, Ambra, le mardi 14 à 18h42.

Il est 11h15. Le courrier est passé. Pas de colis. Grosses bourrasques humides et tièdes. Présage de mauvais temps persistant dans les jours à venir. Les nappes phréatiques se reconstituent. Les poulets sont enfermés dans des hangars trop étroits : on va manger de la viande agressive… Le Clémenceau revient à la case départ avec ses soutes amiantées, mais en faisant le tour de l’Afrique.

A l’instant, 11h30, la remplaçante du facteur, hospitalisé, vient de me remettre le colissimo contenant le disque que j’attendais :

- Ambra, Maria Kalaniemi, accordéon, Timo Alakotila, piano, Amigo Musik AB, 2001.

A l’instant même où j’écris, un moment délicieux :

- titre 2 : Indifférence de Murena ! En finlandais : Välinpitämättömyyttä ! Comme ça se prononce.

On en reparlera.

mercredi 15 février

Journée de travail à Tarbes avec Françoise. Aux environs de 16 heures, avant de repartir vers Pau, petit détour par la boutique « Harmonia Mundi ». Le crachin s’est mis à tomber avec obstination. Longue discussion à bâtons rompus avec le responsable. Au détour de nos échanges, il se rappelle qu’il vient de recevoir un disque d’Anzellotti. Il n’a pas eu le temps de l’écouter. Bien entendu, je l’achète de confiance…

De retour à Pau, je me dis que ma confiance a été bien récompensée. Le disque ?

- Manuel Hidalgo, Teodoro Anzellotti, accordion, WDR Sinfonieorchester Köln, Peter Rundel, conductor ; Music Edition, Winter & Winter, 2005.

Ce disque est composé de trois pièces :

- Nuut für Akkordeon und Orchester, 13 :12
- Introduktion und Fuge, 12:23, Bearbeitung des letzten Satzes aus des Klaviersonate op. 106 von Beethoven für Akkordeon und Orchester
- Gran Nada, 16:40, für Akkordeon und Streichorchester.

D’un commun accord, Françoise et moi, nous apprécions particulièrement l’Introduktion und Fuge, où il nous semble entendre des échos de Bach.

mardi 14 février

Courses alimentaires à l’hypermarché. Petit détour par l’espace culturel. Parmi les disques du monde, une heureuse surprise :

- Irish Accordion Favourites, Musicbank 2000.

C’est un mélange d’airs classiques ou traditionnels, ou en voie de le devenir. Aucune mention des musiciens. Une photo de couverture intéressante dans un cadre vert, Irlande oblige ! Trois personnages : un accordéoniste, au centre et en couleurs ; à sa gauche, en noir et blanc, un homme, qui joue de la flûte traversière ; à sa droite, aussi en noir et blanc, une femme attentive et souriante, qui observe l’accordéoniste. Sur une table ronde, deux verres de bière brune. La suite des mélanges est paisible et attachante.

lundi, février 13, 2006

lundi 13 février

" La sensation est irrationnelle et […] ne peut être réfutée par aucun critère… Toutes nos connaissances viennent en effet des sensations, soit par concomitance, soit par comparaison, soit par ressemblance, soit par synthèse. A elles se surajoute le raisonnement, qui les élabore". Diogène de Laërte, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres de chaque secte, X, 31-32, trad. R. Genaille, Paris, Garnier-Flammarion, 1965, tome 2, page 225.

Contrairement à une tradition philosophique classique issue du platonisme, pour laquelle la sensation étant subjective ne peut servir de base pour connaître le réel, l’épicurisme, auquel fait allusion la citation ci-dessus, argumente cette idée que tout ce qui est perçu est réel et que la sensation est mesure et critère de la connaissance. Si les sensations varient, elles ne sont pas pour autant incertaines ni contradictoires. Cette variation manifeste tout au contraire la vie de notre rapport au monde et sa présence sensible. C’est le corps d’abord qui nous met en présence des choses, immédiatement. C’est ainsi que le plaisir s’éprouve ; il ne se prouve pas et donc il est imperméable à toute tentative de réfutation. Il n’a pas à donner de raisons, ni même à en chercher.

Ceci me plait, cela ne me plait pas. C’est ainsi. Il s’agit d’évidences, de faits de conscience clairs et distincts. Les arguments n’ont rien à faire ici. Seule compte l’authenticité. Mais pour parvenir à cette authenticité, quel travail ne faut-il pas faire pour percevoir ses propres sensations, ici et maintenant, sans prothèses ni filtres culturels ? On peut parler d’ascèse.

Toutes nos connaissances se construisent à partir des sensations par concomitance, par comparaison, par ressemblance et dissemblance, par synthèses successives. C’est ainsi en effet, qu’à la manière épicurienne, un monde de l’accordéon s’élabore :

- accordéon et valse musette : concomitance,
- bandonéon et tango : concomitance encore,
- accordéons et bandonéons : comparaisons de plus en plus fines,
- interprétations multiples de Passion, de la Flambée montalbanaise, d’Adios Nonino, de Libertango, d’Indifférence, etc… Ressemblances et dissemblances…
- valses et tangos : synthèses successives,
- jazz manouche et jazz new-yorkais, accordéon cajun et accordéon de concert, accordina et bayans : des mondes coexistent …
- etc… etc…etc…

Un puzzle prend forme, mais un puzzle qui se caractérise par le fait que chaque pièce nouvelle modifie la forme des pièces déjà en place, si bien que chaque pièce nouvelle entraîne une nouvelle configuration inattendue et imprévisible de l’ensemble. Curieux puzzle qui n’existe pas antérieurement à ses réalisations successives et dont la découpe des morceaux se modifie sans cesse au cours du temps et des écoutes.

dimanche, février 12, 2006

dimanche 12 février

Au milieu du jardin, il y a un énorme prunier sauvage. Ses six troncs entrelacés éclatent en une multitude de branches, dont les plus hautes culminent à une dizaine de mètres. Tout en haut, un couple de pies avait fait son nid en transportant des branches et des brindilles arrachées à trois bouleaux proches. A son pied, parmi des feuilles en décomposition, des crocus, par dizaines, commencent à émerger. Un peu plus loin, deux larges coupes d’eau pour les oiseaux. Autour de ces coupes, répandus largement, les grains de deux sacs pour tourterelles et pour des oiseaux de plein air. Accrochées aux plus basses branches, huit boules de gras.

Une volée d’oiseaux : des moineaux, des pinsons, des mésanges, des rouges-gorges, des merles et des tourterelles. Ils sont environ une quarantaine qui régulièrement s’abattent sur le sol, puis s’envolent d’un seul mouvement au moindre bruit, au plus léger souffle de vent ou au moindre éclat de lumière. Deux chats des maisons voisines rodent sans agressivité ni mauvaises intentions. Ils savent qu’ils auront leur bol de lait au premier miaulement. Les moineaux s’affairent dans la précipitation, les rouges-gorges et les pinsons sont plus circonspects, les mésanges s’accrochent tête en bas aux boules de gras qui bougent comme des balanciers, les merles et les tourterelles font autour d’eux un vide plein de respect et de prudence…

- Duo de Bretagne, Seizh Hun ; Pierrick Lemou, violon, Patrick Lefebvre, accordéon ; Made in Breiz via France, 1998, Production - Edition – Distribution Keltia Musique.


Les accordéons sont de Paolo Soprani (chromatique), Castagnari (Do/Fa et La/Ré) et Saltarelle (Sol/Do).


A l’abri des regards, protégés par la haie de cyprès dorés, on se croirait dans un cloître isolé des bruissements du monde. Un arbre et des oiseaux sans âge, une musique enracinée dans un temps sans durée. Quelques merveilles dorées, quelques confitures de Francis Miot, un verre de Pacherenc du Vic-Bilh… Quelques traînées nuageuses atténuent l’éclat trop vif du soleil d’hiver.

samedi, février 11, 2006

samedi 11 février

… commandé un cd de Maria Kalaniemi, « Ambra », et un dvd, « Les sœurs fachées », le 1er février à 14h30 par Alapage.
Délai de livraison annoncé : sept jours.
A ce jour, 11 février, ils sont toujours signalés en commande chez le fournisseur.
Renseignement téléphonique pris, le dvd n’est pas disponible et pour le cd, il faut attendre.

Pourquoi noter ce fait ? Parce qu’il n’est pas isolé. Je constate en effet que depuis plusieurs fois mes commandes par Alapage ne sont pas honorées. Ou bien l’un des produits commandés manque finalement, ou bien c’est la totalité qui n’est pas disponible ; en tout cas, rien ne se passe comme annoncé. Pour preuve, un bon de réduction reconduit de commande en commande non livrées. De trois choses l’une : ou bien je n’ai vraiment pas de chance, ou bien j’ai le don de commander des choses exceptionnelles (mais alors il faudrait le signaler dans le catalogue), ou bien Alapage ne contrôle pas la fiabilité de ses offres…

Chaque fois que j’ai téléphoné pour avoir des précisions sur mes commandes, j’ai eu affaire à des personnes fort aimables, qui ne pouvaient rien d’autre que comprendre ma déception et me proposer de « faire remonter » ma réclamation. On sentait bien qu’elles avaient l’habitude ou qu’elles avaient été bien formées pour ce genre d’action. Ce serait bien que des contrôleurs de disponibilité des produits soient aussi bien formés.

Lorsque Patrick Frémeaux & Claude Colombini écrivent que « plus que jamais le catalogue Frémeaux et Associés offre aujourd ‘hui – par le non déréférencement de ses produits – une diversité culturelle qui s’oppose à la réduction quantitative des œuvres et produits mis à la disposition du public », on comprend quel travail, quelle organisation et quel respect des clients cela implique. On comprend aussi pourquoi le grand Prix « In Honorem » de l’Académie Charles Cros leur a été attribué pour l’ensemble de leur œuvre éditoriale, et l’on en mesure la valeur.

Pour « lancer » cette journée, j’écoute le cd3 « Live in Montagny » de L’Anthologie de Raul Barboza avec, en particulier, son interprétation festive et émouvante de « la foule » avec le public du festival. Une superbe édition signée justement Frémeaux et Associés.

vendredi, février 10, 2006

vendredi 10 février

Hier donc, j’ai acheté le disque Impression tzigane de Ludovic Beier. J’ai dit mes réserves et en tout cas le plaisir limité qu’il me procurait. En l’écoutant à nouveau, je le perçois comme une sorte d’exercice de style, une manière de faire des gammes et d’exercer sa virtuosité pour un musicien plein de talent. Une façon de se préparer à des interprétations vraiment personnelles. Ce que l’on trouve par exemple effectivement dans le duo, le dialogue avec Angelo Debarre, à propos des Yeux noirs.

Mais, alors même que j’écoutais ce disque, l’esprit quelque peu distrait, un titre a attiré mon attention :
- Le temps des fleurs, air traditionnel, 4 :11…

Cela m’a rappelé un 45 tours acheté à Marrakech en 1970… Vérification faite, il s’agit bien de la même mélodie. Ce disque :

- My Name is Mary Hopkin, Those Were the Days, 5 :00, Appel 2A, APF 502, Raskin, Arr. Richard Hewson, Prod. Paul Mc Cartney, Made in France by Pathé Marconi. La face 2B a pour titre : Turn Turn Turn, 2:49.

Pour le coup, un vrai plaisir jaillit de cette improbable rencontre, un jour de février 2005, entre un cd vaguement tzigane et un 45 tours acide comme une pomme verte… cueillie un certain jour de 1970 à Marrakech.

jeudi, février 09, 2006

jeudi 9 février

… En flânant dans les rayons du centre culturel de l’hypermarché Leclerc, je tombe sur un disque improbable :

- Ludovic Beier, Impression tzigane, Marianne Mélodie, 2005.

Petit prix ; je n’en attends pas grand-chose ; je me laisse néanmoins tenter, car j’apprécie bien Ludovic Beier, que ce soit dans ses duos avec Angelo Debarre ou dans son quartet.

Finalement, beaucoup de virtuosité, mais ça manque d’âme… Un disque alimentaire qui, à ce titre, a sa place dans le bistrot des accordéons, version cabaret tzigane. L’âme slave clinquante !

Tout de suite après, quelques titres des disques suivants :

- Angelo Debarre – Ludovic Beier, Come into my swing ! New Montmartre...
- Ludovic Beier quartet, “New Montmartre”; Waltz in Paris
- Angelo Debarre – Ludovic Beier, Entre amis ; Les yeux noirs

Finalement, ça va mieux…

mercredi, février 08, 2006

mercredi 8 février

Aujourd’hui, deux choses sans rapport entre elles :

- Florence M. m’a indiqué le site d'un avocat, spécialiste en droit sur la musique et le multimedia http://www.pierrelautier.com/?gclid=COH_ht7EiIMCFRIYQgod3Uk-jQ. Depuis que Frédéric S. m’a montré comment inclure des extraits musicaux dans mon blog, je cherchais en effet à savoir s’il était possible de citer des extraits de 30 à 40 secondes sans être soumis à redevance. J’ai trouvé sur ce site la réponse que je cherchais dans la rubrique jurisprudence : il n’y a pas de possibilité de citation sans autorisation ni contrepartie financière. Dont acte. L’essai restera donc en l’état. Je le regrette car tous les disques dont je parle sont des cd qui ont été achetés dans le commerce et d’autre part je ne mentionne que des titres que j’apprécie si bien que mon rôle est plutôt d’incitation à l’achat. C’est comme ça…


Je reviens souvent, presque quotidiennement, à un disque d’Eric Champion :

- Eric Champion, Accordéon diatonique, Auvergne, Cinq planètes, 2002.

… et j’y reviens pour écouter un seul titre : Le petit gamin.

C’est un air traditionnel, une mazurka qui, dans sa simplicité même, me touche beaucoup. Eric Champion est à l’accordéon, son frère Didier est au saxophone et au chant. La rencontre de l’accordéon et du saxophone est un moment rare, une sorte d’instant décisif, suivant l’expression de Cartier-Bresson. Les paroles sont d’une naïveté désarmante. On pense à Charlie Chaplin, à Vitorio de Sica, à Doisneau… Ces paroles n’évoquent pour moi aucun souvenir d’enfance, mais elles m’évoquent l’enfance. Peut-être qu’elles parlent directement à mon inconscient, c’est-à-dire non à mon passé lointain, mais à ce qu’il y a encore de fragilité enfantine en moi. Il est en effet si fragile et si déterminé ce petit gamin : si petit comme il s’en va loin… si petit et déjà si loin sur le chemin… si petit et déjà trop loin sur le chemin…

mardi, février 07, 2006

mardi 7 février

A déguster…

- Domaine du Cinquau
- Domaine Latapy
- Domaine Larredya
- Château de Rousse
- Clos Thou
- Clos Lapeyre
- Clos de la Vierge
- Domaine de Souch
- Domaine Larroudé
- Domaine Pierre Bordenave
- Domaine de Montesquiou
- Clos Uroulat
- Domaine Bellegarde
- Domaine Nigri
- Domaine Castéra
- Domaine Bru-Baché
- Domaine Cauhapé

Ce sont les stations de la route des vins de Jurançon. Sortir de Pau vers Gan par la N 134, la route des stations de ski, Gourette ou Artouste, tourner à Gan vers Lasseube par la D 24 et rejoindre Lacommande par la D 34. Après… de coteau en coteau, de terrasse en terrasse, d’amphithéâtre en amphithéâtre de vignes, toutes les routes sont un enchantement : la rencontre des Pyrénées sauvages et d’un paysage de haute civilisation dans une lumière humide. Artiguelouve, Gan, Jurançon, Chapelle de Rousse, Lahourcade, Laroin, Lucq de Béarn, Monein, ce sont des lieux où l’on sent de sensation immédiate que la rencontre d’un verre de vin et d’un rayon de soleil dans la pénombre d’un chai est l’une des manifestations les plus achevées de la culture …

A déguster…

- Michel Portal – Richard Galliano, Concerts
- Galliano – Portal, Blow Up

A la nième écoute, c’est toujours la même évidence : on ne pourrait rien changer ; ça tient !

A déguster…

- des Européens, Henri Cartier-Bresson, Maison Européenne de la Photographie / Seuil, 1997.

Que dire, sinon que « ça tient ». Encore et toujours, saisir l’instant décisif : la rencontre de la géométrie et du sens, la rencontre d’un accordéon et d’une clarinette, la rencontre des sens et de 15 cl d’une explosion de plaisirs…

A déguster…

- Fautrier, Peintres d’Aujourd’hui, Fernand Hazan, Paris, 1963.

Il s’agit de dix planches : La grande place, Ronces, Striures, Lignes erronées, Milwaukee, Anything else but love, Griffures, New Perspectives, Néons et Herbes folles. Préface de Pierre Restany : Fautrier et le style informel. Sortir les planches, une à une de leur boîtier gris, les tenir entre ses mains, sentir l’odeur du vélin, passer les doigts sur les reliefs des lithographies… A l’intérieur de l’emboîtage, une petite étiquette jaunie : Librairie – galerie MIMESIS, 5bis rue de Grassi, Bordeaux. A vingt ans, on fait parfois des achats sur un coup de cœur, et quarante ans plus tard on s’en félicite parce que le plaisir est toujours là, comme au premier instant.

Tout de même, la rencontre d’un vin de Jurançon dans un verre de cristal, d’un livre de photographies de Cartier-Bresson, d’une lithographie de Fautrier, et d’un disque de Galliano / Portal, c’est quelque chose… Un jour, il faudra revenir sur ce fait que le vin est un original, que la lithographie est aussi un original, même si dans les deux cas il s’agit de multiples, alors que la photographie est une reproduction, de même que le cd. Une photographie dans un livre, ce n’est pas un tirage original ; un cd, ce n’est pas le moment d’un concert vécu sur le vif. C’est autre chose…

lundi, février 06, 2006

lundi 6 février

Retour en fin d’après-midi à Pau. Les Pyrénées sur la gauche. Le soleil de face qui descend durant la route. Lunettes de soleil obligatoires en cette journée froide de février. Le tableau de bord clignote : « - 1°. Attention risques de verglas ».

Ecoute de Time Zone sur la chaîne hi-fi. Je n’avais pas prévu que cette écoute se développerait comme une arborescence arbitraire et nécessaire à la fois.

Qu’on en juge !

- David Venitucci nous pousse, nous oblige même à écouter à nouveau Cascade ;
- Stéphane Guillaume aux saxs, clarinets et palmas nous oblige à reprendre Jazz / No Jazz de Marc Berthoumieux,
- où l’on retrouve Stéphane Huchard aux drums ;
- Nelson Veras, guitar, nous rappelle d’écouter encore le très beau Confluences de Jean-Louis Matinier,
- Minino Garay nous incite à revenir vers Entre chien et loup de Daniel Mille,
- qui, lui-même, nous dit d’aller voir d’un peu plus près Après la pluie.
- David Linx à son tour nous ramène encore vers No Jazz

D’écoute en écoute, quelque chose comme un objet aux multiples facettes se construit. Dialectique du même et de l’autre. D’écoute en écoute, quelque chose émerge de cette totalité. On pense au propos d’Edgar Morin suivant lequel dans un ensemble d’éléments qui font système, il y a plus dans la totalité que dans la somme des parties. On pourrait à juste titre parler de réseau…

dimanche 5 février

Dès les premières lueurs du jour, le ciel est sans nuages. La station se découpe sur un ciel entre le bleu pâle et le vieux rose. La neige est immaculée. C’est une image banale, mais qui garde toute sa justesse quand elle vient spontanément et comme nécessairement à l’esprit. Sous le village, la vallée est étouffée sous une brume d’où émergent ici ou là quelques arbres givrés.
Au programme : petit déjeuner copieux, ski, luge, sandwichs sur des terrasses au bord des pistes, crème solaire et marche entre les sapins dans des chemins bordés de pères noëls énigmatiques.
Retour par le col de Portet d’Aspet. Toutes les forêts sont givrées. La route a été récemment dégagée : étroite saignée noire dans une surface uniformément blanche. Entre ce trait noir et cette surface blanche, toutes les nuances de gris. Pour nous accompagner, un disque de Christophe Wallemme.

- Christophe Wallemme, Time Zone, Nocturne 2004.

Parmi les différents titres, sur lesquels intervient le plus souvent David Venitucci à l’accordéon, nous retenons particulièrement le n° 4, où c’est Daniel Mille qui joue :

- En la orilla del mundo, Martin Rojas, 4:31. Daniel Mille au bandonéon, David Linx, voix.

Je n’apprécie guère d’écouter de la musique en voiture, car je trouve que l’on ne peut y prêter l’attention qu’elle mérite. Dans ce cas, la tension du jazz de Time Zone ne s’harmonise pas bien avec la tension de la conduite. Il faudrait se donner de meilleures conditions d’écoute. Reste que le titre ci-dessus, malgré son atmosphère brésilienne, entre en consonance avec notre environnement. Harmonie des contrastes ? En tout cas, on peut rêver d’un disque de Daniel Mille au bandonéon. Pour bientôt ?

samedi 4 février

Nous sommes arrivés hier soir à Toulouse. Circulation fluide. A l’arrivée, les périphériques sont saturés. Les voies vers le centre aussi. On s’engage dans le flot des voitures et l’on suit.

Ce matin, toute la petite troupe se met en route : Nadja, Charlotte, Camille, Françoise et moi-même. Destination, Le Mourtis : station de ski familiale et sympathique à 150 kilomètres de Toulouse. A partir du col de Menté, fatal en 1971 à Ocana, on entre dans le brouillard. Le soleil à peine perceptible transforme le paysage en jour blanc. La dernière partie de la montée se passe avec l’accompagnement de Maria Kalaniemi et Aldargaz.

- Maria Kalaniemi et Aldargaz, Ahma, 1999.

Du coup, les lacets prennent une couleur nordique. Nous apprécions bien cette musique que l’on reconnaît dès la première mesure et dont la ligne mélodique nous charme.

Au programme : ski, luge, goûters sur la terrasse de l’hôtel, repas arrosé d’un vin de Fronton, glaces italiennes pour Charlotte et Camille et bonne nuit de sommeil (chambres 12 et 14). Hôtel très agréable : patrons et personnel attentifs, attentionnés, précis et rapide. L’adresse ? Hôtel La Grange.

vendredi, février 03, 2006

vendredi 3 février

Hier matin, j’ai acheté le numéro 50 d’Accordéon et accordéonistes au point presse de l’hypermarché Leclerc. C’est vraiment un très bon numéro. D’abord, j’apprends que la « Tête d’affiche » du mois de mars sera Marc Perrone. Je l’attends déjà avec impatience. Ce mois-ci, la revue fait sa « Tête d’affiche » sur Jo Privat et Didier Roussin. Les deux portraits en couverture sont particulièrement réussis : Didier Roussin, le regard amusé sur le monde, avec une coiffure et une moustache de flibustier ; Jo Privat, le regard attentif, mine de rien, et plein de vivacité malgré la fatigue d’innombrables nuits sans sommeil. Illustrateur : Marc Taraskoff d’après des photos de Véronique Guillien. Tout dans l’article est réussi : la mosaïque de témoignages qui font mouche à tout coup. Les photographies qui ont toutes une grande force d’évocation. La photographie de sur-titre est émouvante, celle de la page 18 exprime mieux que de longs discours la complicité de Didier Roussin, de Jo Privat et de Jean Corti. « La dernière avec Jo » est une sorte de fil rouge, le texte est plein de saveur et de gouaille. On sent bien à quels développements pourrait donner lieu la mosaïque de témoignages. Par exemple, que veut dire Franck Bergerot quand il dit que sa collaboration avec Jo Privat sur « Paris Musette » fut un échec, une longue suite de malentendus ? Et surtout lorsqu’il ajoute que cet échec le préoccupe encore. De même, on voudrait que Daniel Colin nous raconte encore d’autres souvenirs, par exemple à propos de ce qu’il appelle un sacré quartet. Bref, une excellente « Tête d’affiche ».

Je cherche en vain à commander sur internet les disques suivants :

- Daniel Colin, Quel temps fait-il à Paris ?
- Daniel Colin, Jazz Expérience
- Emy Dragoï, La ballade de Claudia
- Ferro Gaita, Rei di Funana
- Joe Rossi et Hiroko Ito, Accordéon en couleur
- Richard Galliano, Concerts inédits
- Pascal Contet et J. Léantre, Grave

Ou bien, ça n’est plus référencé, ou c’est provisoirement indisponible, mais le fait est que je n’arrive pas à me les procurer. Je le regrette d’autant plus que j’avais pu les écouter, du moins quelques titres, à la médiathèque de Tulle, début janvier. J’ai téléphoné à l’éditeur ILD au sujet de Daniel Colin. Réponse évasive : «… peut-être d’ici quelques mots ». Autant dire qu’aucune nouvelle édition n’est programmée. Je rêve qu’un revue comme Accordéon et accordéonistes puisse servir de relais pour inciter les éditeurs à commercialiser les « indispensables ».

Finalement, j’ai commandé sur Alapage le dernier disque de Maria Kalaniemi, dont j’apprécie beaucoup Ahma. Déjà, sur la couverture, son accordéon Lasse Pihlajamaa me parait impressionnant de sobriété, de puissance et de technicité.

Hier soir, à 20h30, au Palais Beaumont, nous sommes allés écouter le Quatuor Talich et Inger Södergren. Parterre K6 et K8.

- W. A. Mozart, Quatuor K 156 en sol majeur
- L. Van Beethoven, Quatuor op. 18 n°3 en ré majeur
- R. Schumann, Quintette avec piano op. 44 en mi b majeur

Excellent moment ! Nous avons particulièrement apprécié le quintette. Françoise a croisé son dentiste ; moi-même j’ai bavardé quelques minutes avec un ancien collègue. On a un peu parlé métier. A la sortie, le responsable de la boutique « Harmonia Mundi » de Tarbes avait installé un stand. Nous nous sommes salués cordialement. Depuis le bar du palais Beaumont, où nous avons bu une dernière bière, Mosbräu (je ne connaissais pas !), légère et assez fruitée, nous avons pu voir que les clients étaient nombreux autour des disques présentés. Signe sans doute du succès du concert. En quittant le palais Beaumont, nous avons croisé les musiciens qui attendaient un taxi. « Bonsoir ! »

jeudi, février 02, 2006

jeudi 2 février

A l’origine, il y a une sorte de magma composé de choses plus ou moins semblables et plus ou moins dissemblables. Très tôt, l’accordéon et le bandonéon se distinguent par l’apparence et par le son. Plus tard, chromatique et diatonique se distinguent à leur tour. Des formes émergent : la valse musette, le tango, le tango nuevo, le new musette, le swing des Carpathes, la majesté du Bayan, le zydeco et le swing manouche. Toute une géographie apparaît avec des continents qui dérivent les uns par rapport aux autres, s’éloignent ou se rapprochent. Des noms émergent à leur tour qui, comme des amers, serviront à orienter la navigation autour de ces continents : Gus Viseur, Galliano, Piazzolla, Azzolla, Barboza, Perrone… Tout cela en désordre, avec parfois des lignes de force, de grands axes lumineux, d’autres fois des chemins en tous sens. Comment reconnaître le chemin forestier et le chemin de grande randonnée quand on ne sait lire ni les cartes, ni les panneaux indicateurs et que l’on avance sans GPS ? Il y a aussi de vastes clairières insoupçonnées : Anzellotti, Klucevsek, Küstner, Väyrynen, Fabiano… Le hasard d’une rencontre : Lassagne déclenche une série d’associations : Corti, Colin, Rossi… Un autre hasard : Manouche Partie et c’est le monde de Jo Privat qu’il faut explorer, non sous l’injonction d’un devoir mais sous la pulsion d’un désir insatiable. Hasard encore : le nom de Clifton Chénier ou celui d’Antonio Rivas, et l’envie de savoir quelle est leur musique. Une autre fois, une exploration rêveuse croise la route de Macias ou d’Amestoy et là, c’est la surprise d’y trouver son plaisir. Faut-il mettre de l’ordre dans tout ça ? Sûrement pas ! Faut-il choisir, trier, classer ? Encore moins ! C’est Bergson, je crois, qui disait en substance que le désordre n’est jamais que l’expression de la perplexité de l’observateur devant une réalité dont il ne comprend pas le principe d’organisation. L’ordre est là, toujours plus complexe que ce que l’on sait penser, mais petit à petit il se construit… Déjà, l’ordre alphabétique réserve de bien agréables rencontres. Par exemple : Matinier, Mercadante, Mille, Minune, Montironi, Mosalini, Motion Trio, Nano… Finalement, le chemin se construit au fil du parcours et non en mettant ses pas dans le tracé d’une carte…

mercredi, février 01, 2006

mercredi 1 février

Voici un disque un peu étrange :

- Tangoloco, Daniel Garcia Quinteto, Tangos de Liverpool, 2003.

Ils sont donc cinq musiciens nés à Buenos-Aires entre 1957 et 1968. Daniel C. Garcia, piano ; Walther Castro, bandonéon ; Horacio Hurtado, contrabajo acustico ; Horacio Montesano, guitarras electricas y nylon ; Cristian Colaizzo, bateria. Sans compter, sur tel ou tel titre, quelques musicos invitados…

Ils interprètent des compositions de J. Lennon et P. Mc Cartney. Liverpool.

La rencontre est pour le moins intéressante. Après plusieurs écoutes, j’apprécie particulièrement quatre titres :

- Eleanor Rigby, 3 :43
- Michelle, 5 :07
- Ticket to Ride, 2 :57
- Yesterday, 4 :14

Sur Eleanor Rigby et sur Yesterday, il y a des cordes : violin, violin, viola et cello. La rencontre de l’esprit des Beatles avec l’esprit Orquesta tipica ! Dans tous les cas, la guitare d’H. Hurtado donne un son qui signe le quintet.