lundi, juillet 31, 2006

mardi 1er août

J’ai exploré deux sites par Google : l’un concernant Beltuner, l’autre Emy Dragoï.

- http://www.beltuner.com/

Je suis allé voir ce qu’il en était de ce site après avoir eu connaissance d’un cd intitulé « Beltuner », que je ne retrouvais pas sur les sites d’achats par internet que je connais. J’avais en effet été intéressé par une présentation du disque et du groupe dans un des précédents numéros de la revue « Accordéon & accordéonistes » (48, décembre 2005, page 52), d’autant plus que ces informations sur le cd avaient été complétées par un portrait de Johann Riche (Beltuner for ever) dans la même revue, numéro 52 d’avril 2006, pages 22 et 23.

J’ai donc appris que le groupe est composé de quatre musiciens : Johann Riche, accordéon, P. Muller, guitare, A. Soidet, guitare, N. Pautras, contrebasse.

Les rubriques « photos », « musiciens » et « écouter » m’ont beaucoup intéressé. Jaimerais bien aussi entendre ce qu’est le son d’un Beltuna… Du coup, j’ai envie de commander le disque (15 €, frais d’envoi compris) à l’adresse indiquée :

- Ici LABEL, 2 rue de Nervaise, 60170 Ollencourt

Par un lien à partir de l’accordéoniste, j’apprends l’existence d’un autre disque bien tentant lui aussi :

- "Tarab Orkestar, lingua franca", même prix. Adresse : PULSATIONS, 8 rue Dumont d'Urville, 10300 Sainte Savine.

Outre J. Riche, il y a aussi G. Levasseur et E. Dragoï comme invités à l’accordéon. Et bien d'autres encore...

C’est l’effet « boule de neige »…


D’autre part, j’ai eu accès à quelques informations sur Emy Gragoï par le site suivant :

- http://c.lartilleux.free.fr/emidragoi.htm

En particulier, j’y ai trouvé une notice biographique et mention d’un disque, signalé à paraître, « La ballade de Claudia ». Par ce site, j’ai trouvé un lien vers celui d’Emy Dragoï :

- http://www.emydragoi.com/

Une biographie, une discographie comprenant « Accordéon Steeple », « La ballade de Claudia », « A feu doux, Doudou Swing » (comme invité), mais aussi « Arbat » en préparation. J’ai remarqué aussi une très belle photographie prise au cours des « Nuits de Nacre 2005 ». Il faut que j’approfondisse mes recherches pour savoir comment me procurer ces disques, hormis le Doudou Swing distribué par Harmonia Mundi.

dimanche, juillet 30, 2006

lundi 31 juillet

Hier, profitant de l’absence de nos voisins, nous avions écouté « Crazy Rythm » en déjeunant sur la terrasse. Nous profitons aujourd’hui des mêmes conditions pour écouter le disque du trio PSP : « Las siluetas portenas ». C’est un grand plaisir ; ce n’est pas vraiment une surprise, car nous connaissions déjà les interprètes, mais c’est la confirmation de nos attentes.

Après cette écoute et pour mettre noir sur blanc mes impressions, j’ai envie de recopier largement des passages du texte de présentation rédigé par Olivier Manoury. Il me permet en effet de fixer l’essentiel de ce que je veux retenir.

« De ce tango authentique [Piazzolla, Juan José Mosalini, Les trottoirs de Buenos Aires, Sexteto Mayor] rien ne manque ici, ni l’audace ni le phrasé… William Sabatier emprunte [ à Leopoldo Federico] son jeu musclé où chaque note est affirmée dans une sorte de semi-staccato. Son ornementation nerveuse et spontanée n’entrave jamais la pulsation. On sent, à l’écoute de ce disque, la profonde connaissance qu’il a du tango classique et sa maîtrise du bandonéon qu’il pratique depuis l’âge de huit ans !... Ciro Pérez, disciple de Roberto Grela, perpétue le style de son maître avec sa propre sensibilité et sa grande originalité harmonique. Les accords changent avec une telle fréquence qu’ils forment comme une mélodie parallèle. Ce style de guitare appelé viola criolla, joué au médiator sur des cordes de nylon, a presque disparu aujourd’hui et Ciro Pérez, qui a accompagné entre autres le grand Edmundo Rivero, en est un des plus authentiques représentants.

Norberto Pedreira, plus connu comme guitariste de Latin Jazz, complète le trio au guitarron. Cet instrument (différent de l’énorme guittaron mexicain) est une guitare légérement plus grande et accordée une quarte plus grave que la guitare espagnole. Il donne sous les doigts de Norberto Pedreira une assise rythmique et harmonique indispensable à la cohésion de l’ensemble ».

Pour ma part, et pour l’instant, je retiens surtout quatre titres :

- Toda mi Vida (Troilo)
- Silueta Portena (Canaro)
- Milonga Triste (Piana)
- Pa’ que bailen los Muchachos (Troilo)

Pour reprendre une analyse de Roland Barthes, je dirais que l’ensemble du disque me satisfait du point de vue du studium (l’intérêt intellectuel que j’y trouve et que traduit bien le texte d’O. Manoury), mais que ces quatre titres y ajoutent la dimension punctum (un quelque chose, un je-ne-sais quoi qui me touche particulièrement).

samedi, juillet 29, 2006

dimanche 30 juillet

Françoise et moi, nous avons mangé sur la petite terrasse bordée de charmes : bavette, piperade, fromage du pays, abricots, pêches, café(s) ; un verre de Madiran et deux d'Ogeu. Depuis hier, où les distributeurs d’essence donnaient lieu à des files interminables de voitures, nous avons l’impression d’être seuls à Pau. Déjà que notre quartier est habituellement calme et paisible, on n’y entend plus aucun bruit. Les voisins sont absents. Les villas sont fermées. La rue est vide. Nous avons donc profité de cet isolement pour écouter le disque de René Sopa et Dino Mehrstein, « Crazy Rythm », en déjeunant sur la terrasse. Sans être très forte, car cela ne conviendrait guère à cette musique, plutôt intimiste malgré son énergie, la puissance du lecteur de cd était assez élevée pour que notre écoute soit vraiment très confortable. Le son remplissait bien l'espace.

Je pense qu’au cours de notre repas nous n’avons dû échanger qu’un minimum de phrases, précisément parce que nous étions attentifs à notre écoute. Juste quelques mots pour nous dire notre plaisir. A la fin, nous avons vérifié que nous étions spontanément d’accord pour penser que ce disque aurait pu aussi bien s’appeler « Nuits parisiennes », tant plusieurs titres en évoquent l’atmosphère. De même, nous sommes convenus que l’accord de l’accordéon et de la guitare fonctionnait vraiment bien, avec en outre la participation heureuse d’autres instruments : contrebasse, clarinette, batterie. Nous avons bien aimé la version vocale du morceau intitulé « Ballade pour Ann », chantée par Bévinda, que l'on aurait volontiers écoutée un peu plus.

Sans doute vais-je me répéter, mais je dois dire que nous avons beaucoup apprécié le son et le jeu de René Sopa, et aussi cette sorte d’apparence de facilité qui est la partie émergée d’un travail que l’on pressent incessant. La touche manouche, sans la virtuosité hystérique que je regrette parfois. En écoutant ce disque, j’ai pensé à Marcel Loeffler…

- « Note Manouche », 1999
- « Sessions », 2002
- « Source Manouche », 2005

Il faudra que je vérifie le bien fondé de ce rapprochement. Il me semble, sous réserve donc de vérification, que les deux ont donné leur version de "Douce Ambiance", mais sans doute que d'autres rapprochements moins directs doivent exister. C'est en tout cas mon intuition.

En attendant, et sous réserve qu’il n’ait pas été déjà utilisé, je trouve que « Touche Manouche » pourrait être un titre tout à fait convenable pour un tel type de musique.

vendredi, juillet 28, 2006

samedi 29 juillet

Trois choses différentes, que je veux noter, mais sur lesquelles il faudra revenir plus en détail :

- J’ai lu un passage du livre d’André Hodeir sur le jazz. J’avais fait allusion à cet ouvrage à l’occasion de la visite de Dominique O. en début de semaine, mardi 25 juillet ;
- J’ai récupéré chez le réparateur le disque d’André Sopa et Dino Mehrstein, « Crazy Rythm ». Mon lecteur de cd est en panne, son tiroir ne s’ouvre plus, il est parti en réparation, mais l’essentiel est sauf, car je peux écouter à nouveau ce disque dont j’étais privé depuis quelques jours. A propos de ce disque, son titre m’intrigue : « Crazy Rythm », car en anglais on devrait avoir « Rhythm », en français « Rythme » ; on a donc ici une sorte de néologisme. Est-il voulu ? délibéré ?
- En parcourant les allées de l’Espace Culturel de l’hypermarché avec Françoise, qui a fait quelques achats de polars, j’ai rencontré un disque dont j’avais eu connaissance par le dernier numéro de la revue « Accordéon et accordéonistes » : « Trio PSP, Las siluetas portenas » ; Ciro Pérez, guitare, William Sabatier, bandonéon, Norberto Pedreira, guitare, 2005, Cinq Planètes, l’Autre Distribution. Impression première très favorable. Un son pur, lisible et des interprétations sans emphase. La technique au service d’une expression directe, dépouillée de tout tarabiscotage inutile. Un certain esprit du tango.



J’ai donc lu attentivement les pages de l’ouvrage d’André Hodeir consacrées au phénomène du swing. Il s’agit du chapitre XII, pages 236 à 252. [référence : Hodeir André, Hommes et Problèmes du Jazz, Au Portulan chez Flammarion, 1954]. Le swing, selon cet auteur, est « … une certaine façon de faire vivre le rythme ». Définition qui a le mérite de rappeler que le swing est un phénomène d’essence rythmique, c’est-à-dire qu'il ne se limite pas à la seule expression des durées, mais qu'il inclut aussi la succession des attaques et des intensités.

L’apport théorique d’André Hodeir consiste à mettre en évidence que les conditions optima dont la réunion aboutit à l’actualisation du swing paraissent être au nombre de cinq :

- 1. la qualité de l’infrastructure : tempo et accentuation
- 2. la qualité de la superstructure : équilibre rythmique de la phrase
- 3. la mise en place des valeurs et des accents
- 4. la décontraction
- 5. la pulsion vitale

Il ajoute que les trois premières sont d’ordre technique et donc susceptibles d’une appréhension rationnelle, tandis que les deux dernières, qui sont d’ordre psycho-physique, ne peuvent être saisies que par l’intuition. Le rythme est donc un phénomène complexe, dont l’appréhension, sinon l’analyse, combine des approches multiples : rationnelle et intuitive, discursive et immédiate. Précision supplémentaire : la qualité de la superstructure, et dans une moindre mesure celle de l’infrastructure, relève de la conception musicale en tant que telle, alors que la mise en place des valeurs et des accents, la décontraction et la pulsion vitale relèvent de l’exécution ou de l’interprétation.

Il n’est pas dans mon intention de faire ici un compte-rendu fidèle des pages où l’auteur examine cette question. Je me contenterais de noter que chaque paragraphe, toujours étayé d’exemples précis finement analysés, m’a ouvert de multiples horizons et que l’ensemble m’a paru drôlement excitant pour l’esprit. Et si j’ose dire pour l’esprit au double sens pascalien : esprit de géométrie, esprit de finesse.

vendredi 28 juillet - nokia 26 juillet-2

Françoise et moi, nous avons grand plaisir à regarder ces photographies de Pascal Contet parce que leur graphisme nous rappelle ses interventions. Il y a quelque chose d'abstrait et, si j'ose dire, de janséniste dans son jeu d'accordéon. Il y a là comme un équivalent pictural à sa musique.

D'autre part, en cherchant bien, on voit nettement Polo...

vendredi 28 juillet - nokia 26 juillet-1

Je retiens ces quatre photographies car j'y retrouve d'une part la qualité des échanges de regards échangés entre Amestoy, Dulieux et Suarez et d'autre part, à l'inverse, leurs regards pleins d'intériorité, qui semblent se fixer sur un monde intime qui appartient en propre à chacun d'entre eux. Je les retiens aussi car j'y retrouve quelque chose de la qualité visuelle des concerts d'accordéons où la forme des instruments, les postures des musiciens et les mouvements des mains et des soufflets constituent une sorte de chorégraphie indissociable de la musique. Un concert d'accordéons, c'est aussi un spectacle pour le plaisir des yeux.



J'ai plaisir à regarder cette photographie d'Amestoy et Suarez. On y lit immédiatement leur accord, peut-être parce que curieusement le fond est uniformément sombre, si bien qu'il n'y a rien d'anecdotique pour détourner l'attention de leurs postures et de cet entre-deux qui les distingue et les unit.

vendredi 28 juillet

Quatre portraits que nous aimons beaucoup, Françoise et moi. Bien sûr, il manque de la qualité technique, mais pour nous il s'agit en quelque sorte de traces de moments forts ; nous y retrouvons des postures caractéristiques d'Amestoy, de Dulieux, de Sanchez et de Contet. Le regard d'Amestoy vers un horizon lointain et son pied droit un peu décollé du sol. L'allure d'adolescent de Dulieux, appliqué et facétieux. La prestance de Suarez et son intériorité. De la photographie de Contet, nous aimons l'abstraction du graphisme qui lui correspond bien.


jeudi, juillet 27, 2006

jeudi 27 juillet

De gauche à droite : Pascal Contet, Lionel Suarez, Jean-Luc Amestoy, Didier Dulieux
Deux chauves à gauche ; deux longs cheveux à droite.

Salut final... et Polo, "La voix de son Maître".

mercredi 26 juillet

Départ de Pau vers Toulouse à 14h30. La canicule. Arrivée à Toulouse. L’hyper-canicule ! 39° et pas un souffle d’air. Coup sur coup, deux douches froides chez « les petits » qui nous ont laissé les clés de leur maison. En contrepartie, on arrosera d’abondance et l’on cueillera des amandes. C’est le délice de Charlotte et Camille.

Nous sommes en effet venus à Toulouse pour assister au concert « Défi d’accordéons » dans le cadre du festival Toulouse d’Eté. Concert initialement prévu à 21h au jardin Raymond VI, autrement dit sur les bords de la Garonne dans le parc des Abattoirs. Lieu magique. Craignant des orages, les organisateurs l’ont déplacé à la Halle aux grains, à 21h30. Autre lieu magique. Qu’est-ce que ce « Défi d’accordéons » ? C’est la rencontre du trio J.L. Amestoy / D. Dulieux / L. Suarez, déjà formé lors de l’accordéon Summit en mars, avec un invité : Pascal Contet… et son chien Polo, la copie conforme du chien de La Voix de son Maître !

Début donc à 21h30. Arrivés à 20h45, nous nous asseyons au premier rang, juste au milieu ; ça vaut la peine d’arriver en avance… Fin à 23h30. On peut parler d’un très gros succès.

- JL Amestoy joue du piano à bretelles Accordiola (j’ai vérifié)
- D. Dulieux joue sur Victoria
- L. Suarez sur Piermaria
- P. Contet sur Ballone Burini (sous réserve de vérification)

En quelque sorte, ce sont les Trois Mousquetaires !

Après le concert on s’attarde un peu en échangeant quelques mots avec JL Amestoy, quelques mots encore avec D. Dulieux, tout sourire, et P. Contet, avant de croiser L. Suarez, le temps de lui dire notre admiration. Un dernier salut à Polo, bien planté sur ses pattes, au milieu de la sortie, comme pour jauger la satisfaction des gens en vue, je suppose, d’en faire un compte-rendu. Cette soirée (j’y reviendrai en photos si elles sont bonnes) a été un vrai régal. Tous les degrés de complicité y ont été déclinés. Mention particulière à un fandango « à notre façon », joué aussi en rappel. Mais aussi, un duo (archi-écrit) Amestoy / Suarez ; un duo (archi-improvisé) Dulieux / Contet ; des trios ; une place de choix faite à l’invité pour des solos. Je trouve que JL Amestoy tient avec bonheur son rôle de leader, bienveillant, attentif, attentionné et déterminé. Tout cela avec une infinie gentillesse, qui permet à chacun d’exprimer au mieux ses qualités personnelles. Par exemple, je retiens cette interprétation collective de "Sous les toits de Paris", en l'honneur de l'invité, Pascal Contet, qui est parisien. Le plaisir des quatre accordéonistes est une évidence, plaisir du tissage entre improvisation et phrases classiques, que chacun reconnait et peut immédiatement fredonner.

Pendant que l’on déguste une dernière bière blanche à la terrasse du bistrot face à la Halle aux grains et que l’on se remémore à chaud le concert, on se dit que l’on est bien content d’être content.

mardi 25 juillet

Dominique O. est venu à la maison prendre l’apéritif. Comme il est parisien et plutôt du Nord de la Loire, j’ai profité de l’occasion pour lui faire découvrir le Pacherenc du Vic-Bilh (Domaine Laougué) et le Madiran de Bouscassé. Le blanc sec avec des canapés de Tarama, quelques carottes et du céleri en bâtonnets, et des tomates grelots ; le rouge avec le melon et la chiffonnade de jambon ; le blanc doux avec le foie gras et in fine le russe. Tout cela l’a enchanté. Un verre d’Ogeu sur la salade de fruits. Pas de café, mais une 33cl, Leffe brune 6°5, pour la route. Tout ça nous mène à 2h du matin. On lui trace la route jusqu’à la sortie de Pau vers sa résidence de vacances. Retour à la maison : vaisselle, coup de balai… 3h40. On découvre alors qu’il fait vraiment trop chaud pour espérer pouvoir dormir.

Une soirée très agréable où nous avons parlé de choses et d’autres, et en particulier de jazz. Au cours de notre conversation, il évoque André Hodeir. Je me rappelle alors avoir un livre de cet excellent théoricien et compositeur. Je le retrouve pour séparer une rangée de Verve d’une rangée de Savoy. Je l’avais oublié.

- Hodeir André, Hommes et Problèmes du Jazz, Au Portulan chez Flammarion, 1954.

Dominique O. me signale, partie IV, Le problème de l’essence du jazz, le chapitre XII, Le phénomène du swing. Page 238, on lit ceci : « On verra que la réunion des cinq conditions énumérées est indispensable à une manifestation satisfaisante du phénomène ». Evidemment, ça donne envie de lire. J’y reviendrai…

lundi, juillet 24, 2006

lundi 24 juillet

Bon, c’est sûr, c’est la canicule : 38° dans l’après-midi, 25° la nuit. Pas un souffle d’air. Heureusement, pas d’interdiction d’arroser. Ce qui reste du jardin de curé boit toute l’eau qu’on lui donne, idem pour l’olivier et les herbes qu’il abrite, idem pour les lauriers roses et rouges, idem pour les glycines qui semblent en pleine forme dans ce monde desséché. Dès que le soleil a disparu à l’horizon, on arrose à tout va. A défaut de faire baisser la température autour de la maison, on débusque des odeurs sucrées.

Ce matin, on a suivi le conseil de la météo : réfugiez-vous dans les grandes surfaces climatisées, si vous ne pouvez squatter un distributeur de boissons réfrigérées, ce qui est en effet assez difficile et qui a peu de chance d’échapper au regard professionnel des vigiles. On a passé quasiment une heure dans la cave à vins à choisir trois bouteilles pour l’apéritif que DO, en vacances dans la région, vient prendre avec nous demain soir. Finalement, on a arrêté notre choix sur un Madiran, château Bouscassé 2001, un blanc sec Pacherenc du Vic-Bilh, Domaine Laougué 2004, et un blanc doux de même origine 2003. Canapés de foie gras, chiffonnade de jambon noir des Aldudes, saucisson béarnais, tomates grelots, melon, vache et brebis de la vallée d’Aspe, russe de chez Thibaud et salade de fruits : abricots du Roussillon, pèches et nectarines blanches. Eau minérale d’Ogeu à volonté.

De 14 à 16 heures, séance de révision chez le dentiste. Anesthésie locale : trois heures la gueule en biais et la mâchoire tétanisée jusqu’aux oreilles. Mon dentiste est un passionné de musique classique : il essaie d’harmoniser le son des roulettes avec la musique de Mozart. Mais je n’avais pas l’esprit assez détendu pour apprécier ses efforts à leur juste valeur.

Au retour à la maison, j’ai une envie irrépressible de retour aux sources…

- « Balajo », Jo Privat, Productions WH Records, 2001


- Le blues du musette (swing rock), 2:33
- Ca balance (valse), 3:00
- Souvenir de Django (valse), 3:03
- El Conquistador (paso-doble), 2:55
- Viva Pancho (tango), 3:25
- Besame mucho (boléro), 3:00
- C’est un mauvais garçon (java), 2 :33
- Accordéon tzigane…4 :17

Huit titres sur les dix-sept de l’album, je me garde une poire pour la soif.

dimanche, juillet 23, 2006

dimanche 23 juillet

… passé une partie de l’après-midi à consulter le site de René Sopa : http://www.renesopa.com/

En accroche, « Le jazz au bout des doigts ».

J’ai trouvé ce site très « classe » : graphisme rouge et or sur fond noir. Esthétiquement très réussi. Réussi également du point de vue ergonomique et du point de vue informatif. J’ai beaucoup apprécié la discographie avec la possibilité d’écouter un certain nombre d’extraits. Du coup, j’ai découvert sept disques :

- Crazy Rythm, 2006 (cd maquette)
- Sandunga 2002
- Nuits parisiennes (dont je n’ai pas vu la date)
- Solo, 2002
- Antonio, 1999
- Passion, 1996
- El Ritmo del Sol, 1994

J’ai remarqué avec amusement qu’en remontant le cours des dates de sorties des disques, on voyait René Sopa remonter vers son adolescence. A l’inverse, on voit le passage de l’adolescent à l’adulte. J’ai noté que de disque en disque des titres se retrouvent, comme Maria, Sonéro, Accordina ou Viver senti… J’aime bien cette continuité, cette manière au fil des albums de sentir une évolution à travers ce jeu de titres connus et de titres nouveaux. Il y a un effet de tuilage qui permet de bien saisir comment une œuvre se construit.

La rubrique Concerts (faits et à faire) et celle des Festivals (déjà faits) sont pleines d’intérêt.

Autre rubrique très intéressante, la rubrique Presse. J’ai appris beaucoup en particulier sur les musiciens qui jouent avec René Sopa.

De même Liens et Contacts sont deux rubriques efficaces.

En résumé, un site très professionnel et très sympathique, ce qui ne va pas forcément ensemble, mais qui n’est pas non plus contradictoire.

Deux choses pour terminer :

- je me demande encore comment je n’ai pas eu l’idée d’explorer ce site plus tôt. J’ai décidément des méthodes documentaires assez bizarres et un peu fantaisistes !
- je crois que je vais essayer de savoir si les quatre derniers disques (sur la liste, donc les plus anciens) sont encore disponibles.

samedi, juillet 22, 2006

samedi 22 juillet

Je continue donc mon parcours, toujours avec la même gourmandise…

- R. Galliano & M. Portal, « Blow Up », Chorinho pra Ele & Leo, estante…
- Art Van Damme, “Accordion à la mode”, A la mode & Sweet and lovely
- F. Schlick, « Art for Art », Art for Art & Blues for Birelli
- M. Berthoumieux, “No Jazz”, Obrigado Brasil
- L. Beier et A. Debarre, “Entre amis”, Douce Ambiance

Arrivé au terme de ma sélection, j’ai un fort sentiment de contentement mêlé à une sorte d’incrédulité : je suis étonné par une telle densité de talents et je me dis que j’ai vraiment beaucoup de chance de pouvoir les écouter à tout instant. C’est sans doute un petit bonheur, mais je pense qu’il est bon d’avoir conscience qu’il est à portée de ma main et de m’en saisir… Un bonheur accessible, même petit, ça ne se refuse pas… Décidément, le Brésil est toujours bien présent, l’esprit de Van Damme et celui de Django aussi…

vendredi 21 juillet

Je continue le feu d’artifice, image qui m’est suggérée par la sélection des titres que j’ai emportés avec moi et qui sont à mon écoute comme autant de fusées…

- R. Galliano & M. Portal, « Concerts », Chorinho pra Ele
- R. Galliano & M. Portal, « Duo », Leo, estante num instante
- S. Pessoa, « Bate o manca », Chora Bananeira & Casa de Aranha
- Jo Basile, « Bossa Tres e Jo Basile », Chora tua Tristeza & Bossa nova guitar
- D. Mille, « Après la pluie », As rosas nao falam & Ouro prêto
- L. Beier & A. Debarre, « Come into my swing ! », Venez donc chez moi


Chaque écoute est un vrai plaisir complexe, car au plaisir de retrouver des morceaux d’accordéons que j’apprécie s’ajoute la satisfaction plutôt intellectuelle de vérifier que « mon » réseau « tient » : le jeu de rapprochements, d’échos et d’évocations croisées fonctionne bien. Au fond, je dois l’avouer, même si je ne le dis pas, je suis plutôt content de moi… Encore beaucoup de Brésil et, pour finir, un zeste de swing…

jeudi 20 juillet

Comme « Crazy Rhythm » est enfermé dans le tiroir de mon lecteur de cds actuellement en réparation et comme je rejoins le reste de la « troupe » à Hossegor, j’ai décidé d’emporter dans mon sac de voyage une sélection de titres d’accordéon et d’accordéonistes qui font écho aux « Nuits parisiennes ». Je les écouterai la nuit venue, quand l’obscurité apporte un peu de fraicheur, ou l’après-midi, au moment de la sieste, si du moins le temps le permet, la canicule devant s’accompagner d’orages fréquents dans les jours à venir.

Cette sélection correspond aux évocations que me suggère l’écoute des « Nuits parisiennes » ; elle concrétise en quelque sorte ce réseau dont je parlais hier et auquel, pour moi, participe René Sopa.

J’ai retenu dix-sept albums et vingt-cinq titres, que je vais répartir sur trois jours : ce jeudi, vendredi et samedi… avec bien sûr quelques retours vers les « Nuits parisiennes » afin de renforcer et probablement d’étendre encore le dit réseau. J’ai bien conscience en effet que les premiers liens que j’ai faits n’épuisent pas toute la richesse potentielle de ce réseau virtuel. Heureusement d’ailleurs, car il serait un peu triste de ne trouver au cours de cette écoute que ce que j’en aurais déjà anticipé.

Programme de ce jour :

- R. Galliano, « New York Tango », Sertao
- R. Galliano, « French Touch », Sanfona & Passarinho
- Silverio Pessoa, “Cabeza elétrica, coraçaon acustico”, Forro na Gafieira
- F. Schlick, “New Accordéon”, Roseville & Rotterdam Meeting
- D. Mille, “Entre chien et loup”, Entre chien et loup
- L. Beier et A. Debarre, « Swing Rencontre », Manoir de mes rêves

Beaucoup de Brésil, de l’accordéon « jazz classe », façon Art Van Damme, et Django Reinhardt…

mercredi, juillet 19, 2006

mercredi 19 juillet

Cette nuit, vers minuit, gros coup de vent sur Pau. Une sorte d’orage sec, mais non sans éclairs. Deux heures plus tôt, Françoise m’avait téléphoné d’Hossegor. Le coup de vent était alors en train d’y faire des dégâts en brisant quelques branches ici et là. Cette fois, c’est l’arbousier, qui se dresse devant la terrasse, qui en est la victime : la tempête l’a fendu quasiment en deux. Après cette tornade, vers une heure, alors que le calme est revenu et avec lui une moiteur peu propice au sommeil, j’écoute encore quelques titres de « Crazy Rhythm », comme on prend quelques provisions pour la route. Mais, pas de chance ! Au cinquième titre, je veux arrêter là cette écoute, d’autant plus que j’ai laissé toutes les fenêtres et portes ouvertes, et là… le lecteur de cd refuse obstinément d’ouvrir son tiroir. « Open » s’affiche, mais rien ne se passe… Dès 9 heures donc, je suis allé porter la machine malfaisante au réparateur, la machine et bien sûr le disque que j’avais voulu écouter. Délai : lundi ou mardi… En attendant, je dois donc me contenter des « Nuits parisiennes ».

Finalement, ce sera l’occasion de focaliser toute mon attention sur ce seul disque. Pour savourer au mieux cette écoute et en tirer le plus de plaisir possible, j’ai décidé d’adopter une attitude compréhensive ou, si l’on veut, phénoménologique. En d’autres termes, je mets entre parenthèse tout regard objectif ou technique sur cet album, je ne m’intéresse pas aux caractéristiques proprement musicales des différents titres, tout simplement d’ailleurs parce que j’en suis incapable et que je laisse cela aux professionnels (musiciens et critiques ou chroniqueurs), et je me demande uniquement d’où vient le plaisir que j’éprouve. Qu’est-ce qui se passe, qu’est-ce qui fait que l’écoute des différents titres de ce disque me fait plaisir ?

D’abord, au fur et à mesure que les titres se succèdent, je me rends compte que je situe René Sopa dans un réseau. Il ne s’agit pas d’identifier des influences ou de repérer des filiations, mais de mettre en relation ce que j’entends avec d’autres noms. C’est ainsi que le premier titre fait surgir les noms de Galliano, Berthoumieux, Mille ; le deuxième, « Lucie », évoque pour moi Galliano. Le troisième, « Artillerie lourde », me fait penser à Joss Baselli, à Art Van Damme et à Schlick… Plus tard, c’est « Viver sen ti » qui me donne à penser à Hermeto Pascoal et à Galliano encore… et encore lui pour « Maria ». Enfin avec le 13, « Portugal em festa », c’est au forro brésilien que je pense. Tout cela fait une bien belle galaxie ou, en termes plus techniques, un bien beau réseau.

D’écoute en écoute, je suis toujours aussi attentif au jeu de René Sopa et à ce que j’appellerais volontiers la souplesse et la netteté de son phrasé, mais je suis plus attentif aux autres instruments : guitare, batterie, percussions, contrebasse. Par exemple, dans « Sonéro », j’aime beaucoup la complicité entre les percussions, la contrebasse et la guitare. Idem pour la guitare, la batterie et la contrebasse dans « Artillerie lourde ». Dans le jeu leader / accompagnement, le comportement de René Sopa me fait souvent penser à Galliano : dans tous les cas, une présence sans failles.

Pour beaucoup de titres, je pense à des aquarelles : il y a comme une espèce de fragilité et en même temps on sent bien que le trait est immédiatement juste et définitif. Je pense à des croquis de voyages comme ceux de Titouan Lamazou. Un art de la composition qui a l’extrême finesse de se donner comme si tout cela venait naturellement…

A l’écoute des différents titres, je pense aussi à cette expression des systémiciens, que je trouve si pertinente : « il y a plus dans le tout que dans la somme des parties ». Les titres se succèdent, mais pas seulement comme une juxtaposition, comme une somme d’éléments ; chacun renvoie à tous les autres et en modifie la perception. C’est là la caractéristique d’un système ou, en d’autres termes, d’une œuvre. Cette mise en système ou en réseau des quatorze titres signe ce que l’on appelle une œuvre.

Dans cet ensemble, le titre 14, « Paris anachronique », sonne pour moi différemment. Le piano modifie le climat et esquisse une ouverture sur un autre monde. L’accordéon me semble jouer une mélodie qui est autre que celles des titres précédents. Je pense à l’univers de Daniel Mille. Je pense qu’il y a là un autre disque en germe.

Deux expressions pour finir, expressions que je recueille telles quelles, sans essayer de les analyser : « demi-teintes ; pas d’éclats ni d’effets de virtuosité gratuite », « une trajectoire tendue, une ligne claire ».

mardi, juillet 18, 2006

mardi 18 juillet

Ce matin, à 11h, j’ai trouvé dans ma boite à lettres un envoi de René Sopa, qui contient les deux cds que je lui avais commandés à son adresse personnelle. Ils sont dans des pochettes transparentes, encore provisoires, et c’est pour moi une surprise heureuse. On est loin en effet des produits commerciaux distribués en masse et destinés à être achetés par quantités industrielles. J’ai vraiment l’impression, en les sortant de leur pochette, d’avoir en main des objets qui ont été créés par une personne et non par des machines.

- « Nuits parisiennes » comporte quatorze titres et dure 58 :55,
- « Crazy Rhythm » comporte également quatorze titres et dure 51 :40.


Comme je suis impatient, je choisis de les écouter par groupes de 3 titres : 3 « Nuits parisiennes » / 3 « Crazy Rhythm » / et ainsi de suite…

D’emblée, j’ai l’impression de bien entrer dans le monde de René Sopa, où je reconnais « quelque chose » de brésilien et « quelque chose » du jazz manouche. Dans les deux cas, une expression me vient à l’esprit : « rigueur nonchalante », la nonchalance pour l’apparence et la surface, la rigueur pour la composition et pour la mise en place. Autre expression : « la qualité de la présence de l’accordéon ». Difficile à analyser, mais c’est une évidence : il y a un son, une manière d’être-là, en leader, qui parcourt tous les titres comme un fil rouge, comme un trait constant. Je ne trouve pas de mot plus pertinent pour exprimer cela que de parler de présence. Cette évidence n’est pas si fréquente.

Depuis ce matin, les deux cds tournent donc en boucle. Chacun a sa couleur et son climat spécifiques : brésilienne pour les nuits, manouche pour l’autre. Pour l’instant, je m’en tiens au plaisir immédiat de l’écoute, sans chercher à m’engager dans la moindre analyse ou dans un quelconque effort réflexif pour essayer d’en comprendre l’origine. Et je laisse venir à mon esprit un certain nombre de noms qui sont comme les éléments d’une constellation dont ferait partie René Sopa : Jo Basile, Art Van Damme, Schlick, Mille, Toucas, Berthoumieux, Azzolla, Gus Viseur, Jo Privat, Beier et Debarre, Galliano (en particulier à propos des titres « Lucie » et « Maria ». Bien entendu, cette liste n’a aucune prétention ni à l’exactitude, ni à l’exhaustivité…

Chemin faisant, il m’a semblé que le dernier titre des « Nuits parisiennes », à savoir « Paris anachronique » ouvrait sur un autre monde, une sorte de méditation, comme la préfiguration d’un autre disque à venir ; que le dernier titre de « Crazy Rhythm » avait quelque chose des mélodies parisiennes les plus classiques. Dernière remarque, sous réserve de vérification : à plusieurs reprises, j’ai eu l’impression d’entendre des phrases familières traverser la scène avant de laisser la place à des inventions pleines d’attraits pour mieux revenir ensuite comme pour un clin d’œil. J’interprète cela comme une manière de distance et d’humour que j’apprécie beaucoup.

lundi, juillet 17, 2006

lundi 17 juillet

J’avais noté dans le dernier numéro (n° 55, juillet-août) de la revue « Accordéon & accordéonistes » que René Sopa avait fait deux nouveaux disques : « Crazy Rhythm » et « Nuits parisiennes ». J’ai donc pris contact directement avec lui en me référant à la très utile rubrique « Contacts », page 66 de cette revue. Après quelques échanges par courriel, il m’annonce l’envoi de ma commande le mercredi 12 ou le jeudi 13 au plus tard… En attendant et entre deux écoutes de Piazzolla (je n’ai emporté à Hossegor que le coffret de 10 cds, ce qui me donne l’occasion de multiplier les croisements et de répéter les écoutes jusqu’à saturation), je m’occupe de mettre en bonne forme le jardin pour la venue des « petits ». Je tonds l’herbe, je la retonds, je taille les haies, je les retaille, je prends soin des lauriers roses qui ont beaucoup souffert du manque d’eau, j’enlève les feuilles mortes et craquantes du laurier sauce, je lave le muret et le portail, je balaie le toit couvert de feuilles de chênes-lièges et d’aiguilles de pins et j’arrose, j’arrose, j’arrose… avec des pauses au son de Piazzolla et de ses orchestres. J’apprécie, pendant ces moments de pause, de me mettre en situation d’écoute flottante suivant l’expression de la psychanalyse. Par écoute flottante, j’entends une attention qui n’attend rien de précis, qui ne cherche ni vérification, ni preuve, mais qui se prépare à ce qu’advienne quelque chose… et en effet je vérifie chaque fois que quelque chose d’inouï advient, quelque chose qui était là, mais que je n’avais pas perçu jusqu’alors. C’est assez dire l’importance de l’attitude, de la posture, de l’attente dans l’écoute. Ecoute saturée et attention flottante entre deux tâches jardinières, avec une petite bière basque pour s’hydrater… Le bonheur quoi ! Surtout quand on jette de temps à autre un œil sur l’étape du Tour accablé de chaleur.

Une petite précision sur la bière : « Eki », Euskaldunen Garagarnoa, brasserie du pays basque, 64520 Bardos. 33 cl, Bière blonde, 5%. A consommer de préférence avant le 20.10.06. Vendue par trois.

Comme je n’ai ni les compétences, ni le vocabulaire techniques pour expliquer les œuvres musicales que j’écoute, ni la culture en la matière nécessaire pour les mettre en perspective et les analyser, je m’en tiens aux sensations et impressions que j’éprouve pour essayer d’en comprendre l’origine et parfois les raisons. C’est pourquoi aussi je ne m’intéresse qu’aux œuvres qui me procurent du plaisir, car essayer d’en comprendre l’origine, c’est encore le prolonger et l’approfondir ; en revanche, ce qui « me laisse froid » ou ce qui ne me plait pas ne vaut pas la peine que je m’y attarde, car je ne vois guère l’intérêt de décortiquer ce qui ne provoque pas de plaisir ou a fortiori qui ne provoque que du déplaisir. S’y attarder ne serait vraiment que temps perdu…

dimanche 16 juillet

Deux fils rouges :

- « Moderato Mistico » : cd 3 – 3 (5 :30) et cd 5 – 8 (5 :27)
- « Los Pajaros Perdidos » : cd 3 – 10 (2 :56, J.A. Trelles, vocal) et cd 10 – 8 (3 :44, J.A. Trelles, vocal)

Est-ce un effet de halo lié à mes impressions d’hier (bandonéon / Piazzolla / romantisme), mais je trouve ces deux titres très sombres… et la voix de Trelles y contribue fortement.

Quant au cd, j’écoute le numéro 9, enregistré en direct, « Decarissimo ». Il s’agit de trois séries de prises : 1972 à Rome, 1976 à Buenos Aires et 1984 à Milan. Encore une fois, j’apprécie bien Libertango, mais aussi Escualo et Amelitango.
Le dernier des dix cds, constitué d’enregistrements en direct, comprend plusieurs titres que j’éprouve grands plaisirs à écouter : deux versions d’Adios Nonino (version électronique, 7 :41 et version « classique avec guitare », 11 :30), Bandoneon, Balada para un loco… Et trois titres qui m’étaient inconnus ou du moins que je ne reconnais pas : Revirado, Zita, Divertimento Nueve. Un équilibre (re)connu / non connu qui me satisfait.

De cette écoute systématique, je retiens les versions électroniques, le plaisir chaque fois plus intense de retrouver encore et encore des compositions et des interprétations connues (c’est comme un lin d’attachement qui se renforce d’écoute en écoute), le plaisir de saisir des différences entre des interprétations, celui d’avoir suivi plusieurs fils rouges et enfin le monde sombre de Piazzolla, monde que je qualifierais volontiers de romantique. Mais je retiens aussi l’envie de reprendre l’écoute de tel ou tel titre après un détour par d’autres morceaux d’accordéon, forcément d’accordéon.

J’ai aussi le projet de m’informer précisément sur la carrière et le parcours de Piazzolla, car j’aimerais donner plus de sens aux dates, aux lieux d’enregistrements et aux formations qui constituent le coffret qui m’a fourni matière à ces derniers jours d’écoute. J’aimerais aussi approfondir la place de cette période dans le monde de Piazzolla, période d’une quinzaine d’années, de 1968 à 1984, pour mieux comprendre comment il se situe dans ce moment très important du point de vue de l’histoire générale et artistique du XXe siècle. Pourquoi par exemple tant d’enregistrements réalisés en Europe ? C’est un chantier…

samedi 15 juillet

Avec le cd 8, « Anos de Soledad », on entre dans les trois disques enregistrés en direct, dont j’ai dit à plusieurs reprises, je crois, combien je les apprécie.

Ce disque comprend la Suite del Angel, mais j’en retiens essentiellement le morceau qui donne son nom au cd lui-même. Il dure 4 :44. On a déjà rencontré la formation qui l’interprète ; j’ai une affection particulière pour celle-ci ; je la rappelle ici : Astor Piazzolla, lead bandoneon, conjunto electronico ; H. Malvicinio, electronic guitar ; J. C. Cirigliano, piano ; A. Cevasco, electronic bass ; S. Giaccobbe, organ ; E. Roizner, percussion ; D. Piazzolla, synthesizer & percussion ; A. Schneider, saxophone & flute ; (J.A. Trelles, vocal).
La couleur est vraiment très électronique et donne un charme très particulier à ces « Anos de Soledad ». Une idée me vient en même temps, comme une évidence, que je ne saurais clairement argumenter, mais qui s’impose à moi : je ne sais quel était le comportement psychologique et social de Piazzolla, mais à l’écouter il ne donne pas l’impression d’un joyeux drille. On a plutôt l’impression d’un monde tourmenté : violet plutôt qu’orange, rouge plutôt que bleu, noir plutôt que blanc… Le bandonéon n’est décidément pas l’instrument de la gaudriole et de la franche rigolade. C’est plutôt des tourments de l’âme qu’il s’agit. Le bandonéon, instrument romantique ! Piazzolla, une expression du romantisme !

Par association d’idée autour du romantisme, je pense à un titre étrange du cd 6 : Oda para un Hippie… Enregistré à Rome en 1972.

vendredi 14 juillet

… écouté les cds 6 et 7. Le 6, « Homenaje a Cordoba » comprend beaucoup de titres qui étaient inconnus de moi. Je ne sais si cela tient à mon état d’esprit actuel, mais je trouve qu’il y a beaucoup de violons, même si j’apprécie bien toujours celui d’Antonio Agri. Il faudra que j’écoute à nouveau ce disque qui pour l’instant, à mon goût, comporte trop de cordes et pas assez de bandonéon. Le 7, « Tangata del Alba », me réconcilie avec la musique de Piazzolla, sans doute parce que je me retrouve en terrain connu : Primera Portena, Oblivion, Remembrance, Otono Porteno, Introduccion del Angel… L’orchestre aussi m’est connu : Agri, violon, Baralis, violon, Panik, viola, Bragato, contrebasse, Tarantino, piano, Lopez Ruiz, guitare, Correale, percussion, Diaz, basse.

Il n’y a, me semble-t-il, pas moins de violons et de cordes que dans le cd 6, mais je me sens plus à l’aise et je perçois bien mieux les interventions d’Astor Piazzolla. Est-ce que cela tient aux compositions elles-mêmes, est-ce que cela tient à ma propre perception ? Pour l’instant je ne saurais trancher. Une interférence entre les deux dimensions, objective et subjective, peut-être…

L’écoute de ce cd me donne envie d’explorer un fil rouge et j’y trouve grand intérêt et grand plaisir, sans doute parce que les thèmes me touchent immédiatement : les quatre saisons de Buenos Aires.

- cd 2 – 6, Otono Porteno (1968, Buenos Aires, 5 :08) et cd 7 – 6 (1984, 6 :38)
- cd 9 – 10, Invierno Porteno (1984, 5 :19)
- cd 7 – 1, Primera Porteno (1984, 5 :12)
- cd 8 – 4, Verano Porteno (1972, Rome, 9 :13) et cd 9 – 5 (1984, 9 :13)

Les différences sont perceptibles et fort intéressantes, mais c’est un trait commun à toutes ces interprétations qui me frappe, à savoir l’énergie qui s’en dégage.

mercredi, juillet 12, 2006

jeudi 13 juillet

Comme j’ai dû rester à Pau hier soir, j’ai décidé d’écouter deux fils rouges :

Adios Nonino, dont le coffret contient trois versions :

- cd 10 – 4 (7 : 41). Enregistrement en direct. Ni date, ni lieu. Astor Piazzolla, lead bandoneon, conjunto electronico ; H. Malvicinio, electronic guitar ; J. C. Cirigliano, piano ; A. Cevasco, electronic bass ; S. Giaccobbe, organ ; E. Roizner, percussion ; D. Piazzolla, synthesizer & percussion ; A. Schneider, saxophone & flute ; (J.A. Trelles, vocal).
- cd 3 – 4 (8 : 00). 1974, Buenos Aires. A. Piazzolla, lead bandoneon ; A. Schneider, sax contralto ; Noneto electronico
- cd 2 – 5 (7 : 59). 1968, Buenos Aires. A. Piazzolla, bandoneon ; J. Gosis, piano ; A. Agri, violon ; H. Baralis, violon ; V. Pontino, violoncelle ; N. Panik, viola ; K. Diaz, contrebasse ; C. Tirao, guitare ; A. Schneider, flute ; J. Correale, percussion ; T. Bisio, harpe & xylophone et carillon.

A l’écoute de ces trois versions, par ailleurs différentes, je suis frappé par un je-ne-sais quoi d’expérimental. Comme des essais et des tentatives pour chercher une manière nouvelle de dire les choses.


D’autre part, la trilogie : Milonga del Angel, La Muerte del Angel et Resurrection del Angel.

- Milonga del Angel : cd 8 – 7 et 10 – 1
- La Muerte del Angel : 8 – 3, 8 – 8 et 9 – 14
- Resurrection del Angel : 8 – 9 et 2 – 10

Ce sont des versions enregistrées en direct. Je ne suis pas loin de penser que finalement tous les enregistrements devraient se faire en direct. Le mieux, dit on, est parfois ennemi du bien. Il y a peut-être des approximations, des hésitations ou des scories dans le direct, mais il y a la vie, la vraie respiration, la présence palpable des participants (mots que je préfère à spectateurs) et non une production in vitro.

mercredi 12 juillet

Comme je dois revenir à Pau cet après-midi, je profite de la matinée pour en déguster une belle tranche et, si j’ose dire, pour m’en mettre jusque là. Du coup, j’écoute sans discontinuer les cds numéros 3, 4 et 5, intitulés respectivement Libertango, Balada para mi muerte et Moderato mistico. 43 + 50 + 50 minutes… Un long petit déjeuner ! Un petit farniente ! Du 3, je retiens, évidemment ! Adios Nonino, avec une introduction étonnante au piano, et Libertango, mais aussi un curieux Ave Maria. Du 4, je retiens Fuga y Misterio et une étrange Contramilonga A la Funerala. Du 5, je retiens Chiquilin de Bacin chanté par José Angel Trelles avec des accents tragiques et à nouveau Ave Maria. Mais encore Oblivion. J’avoue mon goût pour les airs les plus classiques, car la connaissance que j’en ai me permet d’en saisir au mieux les nuances.

Je note, non sans naïveté sans doute, que le piano et le violon sont très présents dans tous ces morceaux et qu’ils donnent une couleur particulière à tous ces enregistrements, surtout si l’on considère qu’à l’époque où ils ont eu lieu la technique donnait une sorte de halo à toutes les interprétations, halo que j’apprécie parfois mieux que les sons découpés au scalpel par les machines d’aujourd’hui. L’état de la technique, dépassé actuellement, produit une perception feutrée, granuleuse et pour tout dire nostalgique. J’ai bien dit parfois… et je n’en fais surement pas un principe. Autre naïveté : je trouve le style de Piazzolla d’une extrême concision. Chaque fois qu’il intervient, il le fait avec un minimum de notes et cette économie de moyens est émouvante. Curieusement, je pense à Miles Davis à cause de cette manière d’intervenir de façon définitive : rien de trop, rien à ajouter.

mardi 11 juillet

Retour sur les trois interprétations de Balada para un loco. L’une a été enregistrée en 1974 à Milan par Amelita Baltar (4 :40) ; les deux autres par José Angel Trelles. L’une à Milan en 1975 (4 :11), l’autre ne comporte ni date, ni lieu (5 :05). En revanche on sait qu’elle a été enregistrée en direct. Ces trois interprétations sont différentes et justement leurs différences renforcent leur identité. J’ai quand même un goût particulier pour la voix d’Amelita Baltar.

Comme chaque fois que nous ouvrons « Hossegor » pour les vacances, les deux premiers jours sont consacrés aux impedimenta. En d’autres termes, il faut tondre les herbes hautes et un peu folles, tailler les haies, éclaircir les fusains et autres lauriers sauce, passer l’aspirateur, enlever la poussière sur les meubles, laver les carrelages, organiser les armoires, et faire quelques courses alimentaires entre deux marées hautes… C’est dire qu’il reste peu de temps pour écouter des disques. Malgré tout, je me donne le temps d’écouter le cd 2 : Balada para un loco. Les quatre premiers titres sont chantés par Amelita Baltar. Ils ont été enregistrés en 1974 à Milan. Trois autres titres ont été enregistrés en 1968 à Buenos Aires. Trois titres majeurs : Adios Nonino, Otono Porteno, Michelangelo 70. L’orchestre de Piazzolla comportait onze membres, dont J. Gosis, piano, A. Agri, violon, N. Panik, viola, A. Schneider, flute, etc… Les trois derniers ont été enregistrés en 1974 à Buenos Aires. J’en retiens principalement Tristeza de Un Doble « A ». Je crois comprendre la fascination que Piazzolla devait éprouver à jouer en compagnie d’orchestres de cette dimension.

Quant au fil rouge, je choisis Balada para mi Muerte : cd 2 – 2, cd 4 – 7, cd 10 - 6. Comme dans le cas de Balada para un loco, ces versions sont chantées respectivement par Amelita Baltar (4 :12) et José Angel Trelles (5 :00 et 5 :03). Je me dis qu’un jour il faudra que j’écoute spécialement une sélection des titres chantés par A. Baltar et par J.-A. Trelles, d’autant plus que la plupart de ceux-ci sont chantés par l’une et par l’autre.

lundi 10 juillet

En ce lundi 10 juillet, nous transportons nos pénates pour quelques jours à Hossegor. Par pénates, j’entends divers jouets de Camille et Charlotte, leurs vélos, un autocuiseur, de la confiture, du linge de toilette et de maison, des draps et bien d’autres choses… et bien sûr nos ordinateurs. Comme je suis embarrassé pour faire un choix de disques à emporter au bord de l’océan, dans la villa ouverte aux quatre vents rythmés par les pulsations des marées, je prends un coffret de dix cds d’Astor Piazzolla. Ce coffret m’a toujours intrigué. J’avais en effet relevé son existence parmi des offres d’Alapage. Quasiment pas d’informations ; un prix fort modique ; j’en avais fait l’acquisition. Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire, je crois, dans ce blog, les dix cds sous pochettes noires ne comportent que trois indications : « Astor Piazzolla », le numéro du cd de 1 à 10, le nom en bas à gauche, nom qui est d’ailleurs celui de l’un des titres qui le composent.

Je me propose donc de profiter de ces quelques jours de farniente pour écouter systématiquement chacun des dix disques dans son intégralité, d’autre part de suivre quelques fils rouges (j’ai d’ores et déjà remarqué la présence de certains titres sur plusieurs cds) et enfin de consacrer une écoute aux dix titres éponymes des dix albums.

Je note au dos du coffret les indications suivantes : Membran Music Ltd, Licensed by Pagani Srl / Bella Musica. Aucune date, aucun lieu. En revanche, les dates et les lieux d’enregistrement des différents titres figurent au dos de chaque pochette. Elles vont de 1968 à 1984 en passant par 1972, 74, 75 et 76 ; quant aux lieux, ce sont Buenos-Aires, Milan et Rome. Les formations sont évidemment variables, en général 7, 9 ou 12, avec aussi les orchestres de Milan ou le SWF Rundfunkorchester…

Pour commencer, aujourd’hui j’écoute le cd numéro 1 : Soledad et en particulier son titre éponyme. Je relève les noms d’Antonio Agri, de Jaime Gosis, de Nestor Panik ou d’Arturo Schneider, entre autres. Une mention particulière pour la voix d’Amelita Baltar sur cinq titres, dont Los Paraguas de Buenos Aires et Violetas Populares.

Pour l’écoute « fil rouge », je choisis Balada para un loco (cd 2 - 1, cd 3 – 7 et cd 10 – 11). J’y reviendrai pour dire un mot des interprétations.

dimanche, juillet 09, 2006

dimanche 9 juillet

Charlotte (6 ans) et « sa petite sœur », Camille (3 ans), sont venues passer quelques jours à Pau. Les prunes sont mures. C’est le temps des confitures. Camille a ramassé les prunes tombées à terre dans de petites cagettes. Charlotte est montée à l’échelle pour cueillir celles qui tardent à tomber. Notre petite récolte, la première, nous a donné six kilos de fruits. Nous y avons ajouté du sucre et laissé le tout reposer dans un grand récipient de cuivre, une nuit durant. Après cuisson, Charlotte et Camille ont fait un festin de la barbe à papa qui s’est formée sur la paroi de la bassine. Il nous reste à remplir les pots, à coller l’étiquette de l’année et à les stériliser pour les petits déjeuners et les goûters de l’hiver.

J’ai profité de ces moments de tâches domestiques pour écouter à nouveau Motion Trio. Il n’est en effet pas si facile de s’en défaire. Bien plus, il me semble, d’écoute en écoute, que j’entre de mieux en mieux dans leur univers. C’est comme si des plans sonores jusqu’ici non perçus se dévoilaient, me révélant une complexité et des perspectives qui m’avaient échappé jusqu’ici. Ce dévoilement n’est pas sans me faire penser à ce qui se passe lorsqu’on contemple certaines peintures abstraites, qui au-delà de la première perception globale paraissent inépuisables pour peu que l’on veuille approfondir le premier regard. C’est ainsi par exemple que je perçois de mieux en mieux l’individualité de chacun des accordéons, ce qui était loin d’être le cas auparavant. J’ai l’impression que l’exploration n’est pas achevée, loin s’en faut. Finalement, si j’essaie de noter ce que j’ai particulièrement bien aimé aujourd’hui, je retiens :

- Tango et Asfalt Tango in « Pictures from the Street »
- Helicopter et Yellow Trabant in “Play Station”. A noter que sur Helicopter, le trio s’adjoint un invité, Tomas Sanchez qui utilise son accordéon comme un instrument de percussion
- Psalm et Stars in « Live in Vienna »

Il s’agit bien de mon choix de ce jour, car j’ai bien conscience qu’il n’est pas stabilisé et que bien des facteurs, comme l’humeur ou les circonstances, pourront le modifier. En tout cas, j’avais l’intuition d’emblée d’avoir affaire à une musique très élaborée, très composée ; d’écoute en écoute, cette intuition s’élabore et se vérifie, un peu comme une hypothèse qui se confirmerait en se donnant des arguments de mieux en mieux étayés et de plus en plus convaincants. D’autre part, il me semble clair que nos trois polonais, derrière leurs lunettes noires, se donnent une allure un peu déjantée, mais derrière cette apparence il y a une culture et une maitrise technique hors du commun, et une créativité qui n’a surement pas fini de nous étonner et de nous surprendre.


Au bout d’un long moment, Charlotte et Camille ont envie de danser et Motion Trio, c’est trop difficile. Pour les satisfaire, je dois les remplacer par un disque de Jean-Marc Luisada :

- « Chopin – 17 valses », Jean-Marc Luisada, 1991, Deutsche Grammophon (58 :09).

Encore et toujours la Pologne !

samedi, juillet 08, 2006

samedi 8 juillet

10h15, ce matin. Déception. Le facteur est passé sans déposer le disque de Motion Trio que j’avais commandé à Alapage et qui avait été expédié depuis quarante-huit heures.
10h45, ce même matin. Heureuse surprise. Le facteur, en fin de tournée, me remet le disque qu’il avait oublié lors de son premier passage.

Comme aurait pu le dire le Père Ubu : « De par ma chandelle verte, s’il n’y avait pas de Pologne, il n’y aurait pas de Polonais ; s’il n’y avait pas d’accordéons, il n’y aurait pas d’accordéonistes ; s’il n’y avait ni polonais, ni accordéons, il n’y aurait pas de Motion Trio… et Merdre, ce serait fort dommage ! ».


Ubu Roi, Alfred Jarry, Fasquelle éditeur, 1958, p. 36.

Capitaine Bordure – Eh ! Mère Ubu que nous donnez-vous de bon aujourd’hui ?
Mère Ubu – Voici le menu.
Père Ubu – Oh ! Ceci m’intéresse.
Mère Ubu – Soupe polonaise, côtes de rastron, veau, poulet, pâté de chien, croupions de dinde, charlotte russe…
Père Ubu – Eh ! En voilà assez, je suppose. Y en a-t-il encore ?
Mère Ubu (continuant) – Bombe, salade, fruits, dessert, bouilli, topinambours, choux-fleurs à la merdre.
Père Ubu – Eh ! Me crois-tu empereur d’Orient pour faire de telles dépenses ?


« Play Station », Motion Trio, acoustic accordions, Asphalt Tango Records, 2005.

“With bursts of sound, sparkling triplets, tribal rhythms, and percussive notes, Motion trio is reinventing the accordion for the 21st century”.

Capitaine Bordure – Eh ! Mère Ubu quel bon programme nous avez-vous préparé pour aujourd’hui ?
Père Ubu – Eh ! De par ma chandelle verte, moi aussi ça m’intéresse !
Mère Ubu – Voici ce que je vous ai mijoté !

1. Ufo
2. You dance
3 Tranceaccordion
4. Helicopter
5. Chinatown
6. Tilt
7. Fly
8. Yellow Trabant
9. Carrousel
10. Stars
11. Game over
12. You dance (techno version).

Père Ubu – Me crois-tu empereur d’Europe pour concocter un menu si mirifique ?

Et pourtant, c’est vrai… ce sont bien les douze titres de « Play Station ». Les accordéonistes, polonais donc, jouent tous les trois sur Pigini Super Serius Bayan ; ils jouent ensemble et c’est comme un tapis volant dans un monde de bandes dessinées (Helicopter), de jeux vidéo (Game over), de flippers de bistrot (Tilt), d’humour d’Europe de l’Est (Yellow Trabant)… On se croirait parfois dans un univers de fête foraine. Mais c'est Motion trio et personne d’autre.

La couverture, qui évoque irrésistiblement la rencontre de trois cosmonautes armés de leurs Bayans sur une table de flipper vaut à elle seule le détour. C'est Luna Parc à Baïkonour !

vendredi, juillet 07, 2006

vendredi 7 juillet

J’apprécie beaucoup « Sandunga », j’apprécie même tellement le jeu de René Sopa à l’accordéon que j’étais persuadé de lui avoir consacré au moins une page de mon blog. En fait, une recherche rapide m’a montré que je ne l’avais mentionné qu’à deux reprises à propos de sélections d’accordéon – jazz que j’avais faites à mon usage personnel. Il s’agissait de deux titres : Pensées Jazz et Mister Richard, qui figurent dans ces deux sélections.

Ces deux mentions ne rendent pas compte de l’intérêt que je porte au disque de René Sopa ni du plaisir que j’éprouve à son écoute. Même si cela parait anecdotique, je dois dire d'abord que j’aime beaucoup la couverture de « Sandunga » : Les trois quarts de la couverture sont noirs avec ces seules lettres au milieu, horizontalement : rené sopa en blanc et sandunga en rouge et en italiques. Sur la partie gauche, de haut en bas, le visage de René Sopa et sa main droite sur son clavier. Couleurs orangé et or. Discrétion, rigueur, introversion. Il joue sur un accordéon Bonifassi.

J’apprécie particulièrement dans ce disque l’homogénéité des compositions et des interprétations. J’apprécie aussi la complexité des orchestrations et le son propre à René Sopa. Parfois je pense à Galliano (Mister Richard, Pensées Jazz), parfois je pense à Hermeto Pascoal (Sol do Algarve), parfois à d’autres rapprochements possibles avec du latin jazz, mais dans tous les cas, on ne peut s’y tromper, il s’agit bien d’un musicien qui a un style propre, qu’il s’agisse de ses compositions originales ou de ses interprétations.

Pour écrire cette page, j’ai écouté à nouveau « Sandunga » et aujourd’hui, sans faire un palmarès, je dois dire que je suis particulièrement sensible aux titres suivants : Sandunga, Impasse des lavandes, La valse du soleil, Grito et Odéon (d’Ernesto Nazareth).

En tout cas, c’est pour moi un grand disque d’accordéon si j’en juge par le plaisir que j’y trouve. Un dernier mot pour dire qu’outre l’accordéon en tant que tel, j’apprécie aussi son alliance ici avec des percussions, là avec la contrebasse, ailleurs encore avec le saxophone. C’est en ce sens que j’évoquais la complexité des orchestrations.

- « Sandunga », René Sopa, 2002 René Sopa, 2002 Le Chant du Monde. Réalisation de septembre 2001 à mai 2002. Enregistrement et mixage : studio René Sopa à Cannes. A noter que René Sopa joue sur ce disque de l’accordéon, de l’accordina et des percussions.

jeudi, juillet 06, 2006

jeudi 6 juillet

Hier, en fin d’après-midi, j’ai acheté le numéro 55 (juillet – août) de la revue « Accordéon & accordéonistes » au point presse de l’hypermarché Leclerc. Parcours en diagonale pour commencer. Je retiens deux articles :

- en rubrique « portrait », deux pages (une photographie et une page de texte) sur René Sopa ;
- en rubrique « entretien », une page sur Jean-François Baëz.

Le portrait de René Sopa m’intéresse car j’apprécie beaucoup son disque « Sandunga » et je cherche en vain depuis longtemps déjà à savoir s’il a fait d’autres disques depuis 2002. Or cet article m’informe que deux disques récents, « Crazy Rhythm » et « Nuits parisiennes » sont disponibles sur son site internet. Je prends donc contact avec René Sopa (en fait par son adresse mail, rubrique « Contacts », page 66), qui me répond immédiatement. Moins d’une heure plus tard, je poste un chèque de 30 euros à son adresse postale. Il ne me reste plus qu’à attendre son envoi… non sans impatience.

En attendant justement, j’écoute plusieurs titres de « Sandunga » : Sandunga, Recordaçao, Mister Richard, Pensées Jazz, La valse du soleil.

Je note, ce qui m’avait un peu échappé jusqu’ici, qu’il joue avec une formation importante : accordéon, saxophones, guitare acoustique et électrique, contrebasses, basse, percussions… il me semble que les deux disques plus récents ont des formations plus restreintes. Pour « Nuits parisiennes », par exemple, je vois qu’il s’agit d’un batteur, d’un guitariste, d’un percussionniste et d’un contrebassiste. Pour « Crazy Rhythm », il est question d’un clarinettiste et d’une chanteuse portugaise. Bref, j’ai hâte de voir quelle a été l’évolution de René Sopa. Quels sons ? Continuité, rupture, ruptures dans la continuité ? Il dit aussi, vers la fin de l’article, qu’il aimerait se produire sur scène avec un groupe d’amis, avec qui il prévoit de publier bientôt un nouvel album, en précisant qu’il est très sensible à l’aspect visuel des concerts. On peut rêver… et pour ma part, je rêve de l’entendre et de le voir se produire par exemple à Trentels en 2007. Pourquoi pas ?



Quant à l’entretien de Jean-François Baëz, il complète parfaitement, me semble-t-il, le numéro précédent et la problématique des relations entre l’accordéon et le jazz. L’article débute en effet par la question : « Vous définissez-vous comme musicien de jazz, en partie ou jamais ? ». De l’ensemble du texte, je retiens ces quelques idées :

- « taper » un chorus jazzy de temps en temps ne suffit pas à faire d’un musicien un jazzman. L’accomplissement du jazzman, c’est de ne jouer que du jazz… mais, si j’ai bien compris, les contraintes économiques et programmatiques sont telles que cette exigence n’est guère possible à tenir. Je traduis : il fait aussi faire bouillir la marmite.
- Le jazz implique à la fois la prise de risque permanente et l’échange perpétuel entre les musiciens. Les deux exigences semblent d’ailleurs intimement liées : si l’on accepte des échanges perpétuels, il en résulte nécessairement que l’on prend des risques… en particulier celui d’être attentif aux autres, qui par définition ne sont jamais totalement prévisibles.
- Au fond, le problème, c’est de toujours continuer à innover… même si nécessairement ici ou là telles ou telles phrases déjà jouées reviennent.
- A propos du « mariage » entre l’accordéon et le jazz, J.F. Baëz a cette réponse, que je trouve très nuancée : « Tout dépend de l’orchestration : l’accordéon tient-il la place du pianiste ou est-il solo, comme un saxophone par exemple ? J’entends difficilement un accordéon dans le quintet de Charlie Mingus, mais j’imagine aussi l’accordéon dans plein d’autres contextes.

Autre chose…

- Quant à ce qu’il écoute et qui, bien entendu, l’influence, il cite beaucoup de pianistes (Bill Evans, Keith Jarrett, Ahmad Jamal, Lennie Tristano), mais aussi Charlie Mingus, Louis Sclavis et bien d’autres jusqu’au free jazz, mais hormis le style Nouvelle-Orléans.
- Et un projet : continuer à développer son trio, dit-il, tout en continuant à donner des cours à Jazz Action Valence « pour tous mes élèves qui recherchent une approche de l’improvisation, car il est important de donner aux autres ».
- Enfin, J.F. Baëz dit faire partie d’une association : l’ARFI (association à la recherche d’un folklore imaginaire » qui n’est pas sans me faire penser à l’OULIPO de Queneau, Perec, Le Lionnais et quelques autres : l’ouvroir de littérature potentielle…

mercredi, juillet 05, 2006

mercredi 5 juillet

En écoutant divers titres de “Swing Rencontre”, “Come into my swing !” et “Entre amis”, je me suis amusé à noter quelques caractéristiques de ces trois disques :

- « Swing Rencontre ». Quatre musiciens : A. Debarre, guitare solo, L. Beier, accordéon, A. Licusati, contrebasse et M. Delacroix, guitare. Plus deux autres sur trois titres : F. Rottier, batterie, percussions, et J.P. Jamot, basse.
- « Come into my swing ! ». Trois musiciens : A. Debarre, guitare, L. Beier, accordéon et A. Licusati, contrebasse. Et la participation amicale de Niglo Micheli, guitare rythmique.
- « Entre amis ». A. Debarre, L. Beier et A. Licusati. Plus Tchavolo Hassan, guitare rythmique et Chiquito Lambert, guitare rythmique.

Je m’étonne, étant donnée la présence constante d’A. Licusati, qu’il ne figure pas sur la couverture, d’autant que sa présence ne se résume pas à de la figuration.

D’autre part, j’ai relevé que Django Reinhardt représente 1/3 des titres du premier album (14 titres), 1/7 du deuxième (15) et ¼ du troisième (16). Debarre et Beier ont composé ¼ des titres du premier album, ½ du deuxième et 1/5 du troisième. Dans le premier, on note une composition de Gus Viseur, mais aucun morceau traditionnel ; dans le deuxième, un morceau traditionnel russe et des compositions de Donaldson, Bechet ou Cole Porter ; dans le troisième, un air traditionnel russe (Les yeux noirs, bien sûr !) et un américain (Swannee River), une composition de Murena et Colombo (Passion, évidemment !).

Je n’en tire aucune conclusion si ce n’est qu’avec les fils rouges qui traversent les trois disques et les variations qui les différencient on a affaire à une œuvre qui se construit patiemment et avec beaucoup de constance. Comme diraient les systémiciens, le tout (les trois disques) est plus que la somme des parties (la simple juxtaposition de 14 + 15 + 16 titres). Au fur et à mesure que l’on avance, chaque nouvelle pièce conduit à réinterpréter ce qui précède. C’est en cela que je parle d’une œuvre : unité et diversité.

mardi, juillet 04, 2006

mardi 4 juillet

… écouté aujourd’hui les deux disques que le responsable d’Harmonia Mundi à Tarbes m’avait apportés à Oloron.

- « Swing Rencontre » d’Angelo Debarre et Ludovic Beier
- « C.J. Chenier, The Desperate Kingdom of Love », 2006 World Village.

Avant même de les écouter, ces deux disques m’intéressent à plusieurs titres.

Je cherchais depuis longtemps « Swing Rencontre » parce qu’il s’agit du premier disque d’Angelo Debarre et Ludovic Beier, et qu’il était indisponible. Cette réédition vient donc combler un manque et je dois dire ma satisfaction d’avoir maintenant la série complète, si j’ose dire :

- « Swing Rencontre », Angelo Debarre et Ludovic Beier, 2006 Le Chant du Monde, réédition de Marianne Mélodie 2002
- « Come into my swing ! », 2003 Le Chant du Monde, 2003 City Record
- “ Entre amis”, 2004 City Record, 2005 Le Chant du Monde

Pour être complet, il faudrait ajouter qu’outre quelques autres musiciens, différents suivant les disques, ce duo s’adjoint toujours Antonio Licusati à la contrebasse. Bien que relativement récent, ce disque « Swing Rencontre » peut à mon sens être d’ores et déjà considéré comme un classique dans la mesure où il ouvre une voie nouvelle, où il impose un style spécifique qui se complexifie avec les disques suivants. Dialogue de virtuoses par standards interposés. Des standards revisités par deux virtuoses complices et inventifs…


Quant au disque de C.J. Chenier, je dois avouer d’abord que son auteur m’était inconnu. Quelques recherches rapides sur internet m’apprennent qu’il a déjà plusieurs disques dans sa discographie. J’y apprends aussi qu’il est le fils du King du Zydéco et que C.J. ne signifie pas Clifton Junior, mais Clayton Joseph… Je ne comprends pas que son père - le King !- ne l’ait pas prénommé Joseph Clayton : J.C., dans notre civilisation, ça a une autre allure que C.J. !

A part ça, je trouve que ce C.J. Chenier est bien le fils de son père. Un blues zydéco sans failles. C’est agréable, car sans véritables surprises, mais ça assure de manière très professionnelle. On n’est pas pris au dépourvu ; on s’attend à écouter du blues zydéco et on écoute du blues zydéco. Curieusement, l’accordéon me fait penser à des sonorités d’harmonica. Ce n’est finalement guère surprenant si l’on considère que l’accordéon et l’harmonica sont de la même famille : l’un a un soufflet intégré, qui fonctionne avec les bras et le ventre de l’accordéoniste ; l’autre a un soufflet externe qui fonctionne avec les lèvres, les poumons et le ventre de l’harmoniciste. Un détail !

J’ajoute ces informations du livret : C.J. Chenier, vocals, accordion, Fender Rhodes, washboard & Hammond B 3 ; The Fry Pharmacists : Scott Mc Even, string & electric bass, Adam Mujica, drums, Jean Falconetti, guitars, with Joe Deleault, piano.

lundi, juillet 03, 2006

lundi 3 juillet

Retour sur les concerts de Macias et de Lacaille.

Le concert du quartet de Michel Macias se déploie entre Germaine et Indifférence. Au milieu, Caï Caï Caï, que j’attends toujours avec la même envie et qui chaque fois m’émeut avec la même intensité. Je trouve que c’est un vrai air traditionnel, qui dit quelque chose de primordial. C’est cette profondeur et cette simplicité qui sont si émouvantes. Et l’interprétation sans fioritures y ajoute une authenticité rare. Je sens comme un accord essentiel entre cette chanson et l’âme du quatuor. On a droit aussi à Lo curé de la capéla, que je trouve rigolo. Mais il y a aussi d’autres morceaux que j’écoute toujours avec un même plaisir : Romska Elégija, La morsure, Salé fort, Salsa Lubat (hommage à Bernard Lubat et à la musique de Gascogne et d’ailleurs).

Chaque fois que j’ai l’occasion d’écouter Michel Macias, je suis frappé par deux de ses comportements opposés l’un à l’autre : d’une part, une sorte de détente et d’abandon, soufflet déployé et, si j’ose dire, relâché, état fugitif certes mais nettement perceptible, que je qualifierais de pôle zen de son jeu ; d’autre part, une sorte de tension, de crispation extrême, de densité dans le repliement sur son accordéon, comme s’il s’agissait d’atteindre un degré de concentration à la limite du supportable, un état de cristallisation… avant, parce que ce n’est pas longtemps soutenable, de rejeter sa tête en arrière, les yeux clos, tendu vers… ailleurs !

Le concert du quintet de René Lacaille est d’une tout autre nature. L’organisation de sa formation est caractéristique : au centre, René Lacaille avec son accordéon et bien d’autres instruments : de percussions, à cordes, à vent (disons, à nez)… Il en joue comme un gamin émerveillé par ses propres trouvailles. Il est entouré par trois percussionnistes placés derrière lui. Tous des Lacaille ! Ceux-ci, beaucoup plus jeunes que lui, le soutiennent en permanence, mais en même temps on sent bien que c’est lui, le repère. L’heureux père ! A sa droite, sur le même plan, Aldo Guinard, saxophone ou flute traversière. Plusieurs dialogues entre eux ont un punch (des iles) étonnant. On retrouve avec joie et gourmandise plusieurs morceaux de « Patanpo » et de « Mapou » et quelques titres authentiquement jazz (il s’agit bien d’un festival de jazz à Oloron).

Et puis, le final, après deux longs rappels, un final quelque peu délirant. On pose l’accordéon, on oublie tous les instruments, les mains suffisent comme percussions… Tout le monde en scène pour de longues minutes. Chauffe René !

dimanche, juillet 02, 2006

dimanche 2 juillet - nokia lacaille 30 juin










Huit photographies de René Lacaille, accordéoniste et multi-instrumentiste... et de son quintet !

dimanche 2 juillet - nokia macias 30 juin






Cinq photographies de Michel Macias... pour le plaisir ! Parfois détendu et relaché ; à d'autres moments comme un spasme, talons décollés du sol. A la limite...

samedi, juillet 01, 2006

dimanche 2 juillet

Quatre images des concerts du quartet de Michel Macias et du quintet de René Lacaille. Je revois Michel Macias, les yeux fermés, le visage tourné vers le ciel, illuminé par les projecteurs. Il est dans son rêve. Je pense à l'expression "regard intérieur". Autre image : le quartet, tellement complice. Je pense à ma fascination en suivant d'un seul et même regard les mouvements de la main droite de Macias (de Belin-Beliet) sur son clavier et de la main gauche de Girardon (de Cucuron) sur son violon.














Je revois René Lacaille avec son phrasé chantant et nonchalant, sa casquette à la manière de Doc Gynéco. Je trouve son attitude bien caractéristique de son comportement : bien droit sur sa chaise, le visage tourné vers sa droite, souvent en complicité avec Aldo Guinard à la flute ou au saxo. Et puis, il y a cette dernière photographie : les gens se sont levés pour danser à l'invitation de René Lacaille, ils ont envahi la scène. Il n'est plus qu'un parmi les autres, mais c'est bien lui qui mène le bal.


samedi 1 juillet

Beaucoup de choses… Je vais essayer de mettre un peu d’ordre dans tout ça.

D’abord, hier soir, vendredi 30 juin, concerts d’ouverture du festival de Jazz à Oloron (Oloron Sainte Marie, 64400), « festival des rives et des notes ». L’auditorium Jeliote qui les accueille est un lieu d’une acoustique extraordinaire, de l’avis même des artistes et des ingénieurs du son. Nous avons, Françoise et moi, une place pour chacun des deux concerts (placement libre, prix TTC par la Fnac : 28,80 euros). Les billets portent la mention : 19h01. Précision inhabituelle… et inutile étant donnée la pratique dite du quart d’heure béarnais, lequel quart d’heure est d’environ vingt minutes à quelques paquets de secondes près.

- 19h00 (19h20) – 20h15 (20h45) : Michel Macias Quartet. Michel Macias, accordéon ; Vincent Macias, guitare ; Vincent Girardon, violon ; Eric Duboscq, basse. Nous sommes assis au premier rang, au centre, juste en face de la chaise de Michel Macias. Les autres instruments sont en place, pas son accordéon Maugein, ce qui est inhabituel. A gauche, le violon ; entre le violon et la place de l’accordéon, une guitare ; à droite, une guitare basse.
- Intermède sandwich sur un banc devant l’auditorium. Un petit verre de Jurançon doux au bistrot d’en face. La lumière est douce ; les Pyrénées sont bleues ; la chaleur de l’après-midi s’est atténuée. Retour à la salle de concert : la fraicheur est agréable, le bois est chaleureux, les fauteuils sont confortables, la lumière crue venue des cintres détache les instruments sur un fond de pénombre. Au milieu, un accordéon et divers autres instruments ; de part et d’autre et derrière la chaise de l’accordéoniste des percussions ; à gauche, un peu décalé, un saxophone et une flute traversière.
- 21h30 (21h45) – … (23h45) : René Lacaille Quintet. René Lacaille (accordéon et autres…) ; Aldo Guinard (saxophone et flute traversière) ; Marc Lacaille (percussions) ; Oriane Lacaille (percussions) ; Yanis Lacaille (percussions).

Bien entendu, nous reviendrons sur ces deux concerts, dont nous sommes ressortis heureux. Retour à Pau entre minuit et une heure. Juste le temps de nous remémorer à chaud nos premières impressions.

Mais ce n’est pas tout. Il se trouve qu’Harmonia Mundi offre un cd, parmi trois sélections, sur présentation d’un billet d’entrée aux concerts de ce festival. Comme je lui téléphone dans l’après-midi pour confirmation, le responsable de la boutique de Tarbes m’informe qu’il tiendra un stand le soir avec des disques de Macias et de Lacaille. Françoise choisit comme cd offert à cette occasion le disque 17 de la collection « La musique des siècles – A History of Music » : L’éveil des Nations.

Mais ce n’est pas tout. Bruno G., le responsable donc de la boutique, m’indique de surcroit deux choses qui pourraient m’intéresser :

- la réédition de « Swing Rencontre » d’Angelo Debarre et Ludovic Beier, d’une part,
- un disque intitulé « C.J. Chenier, The Desperate Kingdom of Love ».

Le premier disque me ravit car il n’était plus disponible et je le cherchais en vain ; le second m’intrigue : quelle relation entre C.J. Chenier et Clifton Chenier ? En tout cas, il est convenu qu’il me portera les trois disques le soir même. Ce qui fut fait. Dès demain, on essaie de fixer un peu toutes ces bonnes choses.

Après réflexion et avant de faire quelques recherches à propos de la question que je viens de me poser, je me dis que sans doute C.J. correspond à Clifton et J. à Junior. Hypothèse plausible à vérifier.