vendredi 1er septembre
Comme nous en avions le projet, nous avons écouté le disque de Nabila, dont on apprend par le livret qu’elle est née à Genève et qu’elle a pour nom de famille Schwab. Bien qu’elle n’ait aucun lien de parenté avec les pays du pourtour méditerranéen, en particulier ceux du Sud-est, on comprend qu’elle entretient de longue date une relation affective forte avec leurs musiques. Ce disque a donc été enregistré par un quatuor où elle chante et joue de l’accordéon, et où Sylvain Fournier joue des percussions (un capharnaüm hétéroclite revendiqué), de la mandoline ou de la scie musicale, Roland Kneubühler du violon et Raphaël Anker de la trompette. J’apprécie particulièrement la trompette de Raphaël Anker, qui reste toujours pure, égale, nuancée, sans les dérapages hystériques auxquels souvent cet instrument n’échappe pas. Curieusement, cette trompette me fait penser parfois à Dave Douglas, avec qui Nabila a été mariée et a vécu aux Etats-unis dans les années 80-90.
Le projet de ce disque est tout à fait intéressant. Il parcourt la Grèce, la Serbie, la Bosnie, la Moldavie, la Macédoine et Israël, souvent en explorant de manière originale le répertoire traditionnel des fanfares. Mais le fait qu’ils ne soient que quatre musiciens donne aussi une dimension intimiste à des morceaux que jouent souvent des tarafs avec bruits et fracas. Chaque titre est finalement comparable à une aquarelle délicate, à un objet précieux finement ciselée. On est loin des fresques démesurées que déploient les tarafs. La voix de Nabila m’a fait penser à plusieurs reprises à celle d’Angélique Ionatos. Le fait qu’elle chante en s’accompagnant à l’accordéon donne à sa voix et à son instrument un souffle fragile mais en accord intime.
La production a été assurée par les ateliers d’ethnomusicologie de Genève. C’est une garantie de sérieux, qui se manifeste certes dans la prise de son, mais aussi dans le livret informatif, qu’il s’agisse d’éléments biographiques éclairants sur la production du quatuor, sur la diversité des expériences musicales ou théâtrales de ses membres, ou de la description des thèmes des morceaux et de leurs caractéristiques musicologiques.
Après plusieurs écoutes de "Lume Lume", je me rends compte qu'outre la voix de Nabila et la trompette de Raphaël Anker, j'apprécie beaucoup la rencontre d'une approche savante des airs traditionnels qui composent ce disque avec une spontanéité intacte. En ce sens, il s'agit bien d'une lecture originale de la tradition, une lecture qui la renouvelle, et non d'une énième reprise.
Post-scriptum : ce jeudi, vers 18 heures, j'ai eu le plaisir de trouver le numéro 56 (septembre) de la revue "Accordéon & accordéonistes" au point presse de l'hypermarché où, avec Françoise, nous étions aller voir une exposition de photographies de Zola. Nous connaissions cette exposition pour l'avoir vue, il y a plusieurs années, à la galerie du Château d'Eau, à Toulouse. C'est un grand bonheur d'avoir pu retrouver certaines photographies magnifiques : la voiture du laitier dans une rue de Londres, un train qui s'éloigne, des enfants jouant dans la neige d'un jardin public, des portraits, des scènes familières, la construction de la tour Eiffel, etc... On connait Zola romancier ou journaliste, mais Zola photographe est au moins aussi grand ! Même si, à ma connaissance, il n'a pas photographié d'accordéonistes, ni d'accordéons. Nul n'est parfait !