dimanche 1er octobre
Le café passe, le percolateur commence à siffler ; le thé infuse ; une odeur de pain grillé se répand dans la cuisine. Avant d’entamer le petit déjeuner, nous faisons le tour du jardin. L’herbe est encore humide de la rosée du lever du jour. La lumière du soleil bas fait scintiller les toiles d’araignées accrochées aux branches des cyprès dorés. Celle qui figure sur la première photographie est installée depuis plusieurs jours. Elle est suspendue au centre de son hamac comme un acrobate sur un mur d’escalade immatériel. Elle bouge au gré des coups de vent sans jamais perdre son sang-froid ni son flegme très britannique. Elle sait que sa survie tient à la perfection de la géométrie de sa toile. L’araignée sera euclidienne ou ne sera pas ! Elle vit au grand air malgré les intempéries.
Mais toutes les araignées n’ont pas les mêmes mœurs ni les mêmes goûts. Il en est une autre qui a élu domicile dans le parasol. Chaque fois que j’ouvre celui-ci, je fais bien attention à le faire sans mouvements brusques et j’explique à celle-là qu’elle n’a aucune raison de s’inquiéter. Je doute qu’elle comprenne mes propos, mais peu importe, elle entend bien, au son et au rythme de ma voix, qu’elle peut continuer sa vie tranquille. Je l’appelle « Black Note »… Je crois qu’elle aime bien la géométrie des lignes du parasol.
Toute cette géométrie me fait penser à Bach… plus précisément aux « Variations Goldberg »… plus précisément à un disque, que nous écoutons en petit-déjeunant :
- « Johann Sebastian Bach, The Goldberg Variations », Mika Väyrynen, accordion.
M. Väyrynen joue sur un Bayan Jupiter ; il est lui-même le producteur du disque, qui a été enregistré à l’église St. Peter, Siuntio, les 16-19 et 25-26 août 2003. Durée, 75 :37.
C’est ainsi que j’associe, par l’intermédiaire de la rigueur géométrique, Bach et les araignées.
…
L’après-midi nous accrochons au prunier deux tresses de piments d’Espelette que nous avons achetées au marché. C’est la promesse de pipérades et d’omelettes parfumées. Encore de la géométrie, mais avec la couleur en plus. Rien qu’en voyant l’éclat de ces piments, le rouge monte aux joues. Ce soir on ouvre une bouteille d’Irouléguy, on coupe quelques tranches de jambon de chez Oteiza et on écoute un disque venu du Pays basque :
- « Tapia Eta Leturia, Amuriza, Bizkaiko Kopla Zaharrak », 1999.
Tout le livret est en langue basque… Je comprends tout de même que « Musikariak » signifie « musiciens », que « txikia » signifie « accordéon », que le leader est Joseba Tapia… je comprends aussi quelques mots comme « perkusioak », « gitarrak », « mandolina », etc…